Allégations: arrestations, licenciements, suspensions et radiations de syndicalistes à la suite de grève, fermeture de locaux syndicaux
- Allégations: arrestations, licenciements, suspensions et radiations de syndicalistes à la suite de grève, fermeture de locaux syndicaux
- 224 Le comité a examiné le cas no 1851 à deux reprises, à ses sessions de juin 1996 et de juin 1997. (Voir les rapports du comité approuvés par le Conseil d'administration à ses 266e et 269e sessions, mai-juin 1996 et 1997, au cours desquelles il a formulé des conclusions intérimaires, 304e rapport, paragr. 255 à 286, et 307e rapport, paragr. 253 à 272 respectivement.)
- 225 Le cas no 1922 présenté par l'Internationale de l'éducation (EI), le Syndicat des enseignants du second degré (SYNESED) et le Syndicat des enseignants du primaire (SEP) est contenu dans une communication du 4 avril 1997.
- 226 Face à la gravité des allégations présentées dans ces deux cas, à sa session de mai-juin 1997, le Comité de la liberté syndicale a demandé au gouvernement d'accepter la visite sur place d'une mission de contacts directs. (Voir 307e rapport, paragr. 272.)
- 227 Le gouvernement ayant donné son consentement à la venue de la mission, dès le mois d'août 1997, pour qu'elle ait lieu au début de 1998, des dispositions ont été prises à cet effet. Le Directeur général a désigné le professeur Jean-Maurice Verdier, membre de la Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations, comme son représentant pour effectuer cette mission, qui s'est tenue à Djibouti du 11 au 18 janvier 1998. Au cours de cette mission de contacts directs, le représentant du Directeur général était accompagné par Mme A.-J. Pouyat, haut fonctionnaire du Service de la liberté syndicale, ainsi que par Mme M. Guillio, chargée de programme, et de M. C. Kompier, expert associé pour les normes internationales du travail, au bureau de zone de l'OIT à Addis-Abeba. Ce bureau avait pris les contacts utiles pour assurer le bon déroulement de la mission. Le rapport de mission figure en annexe à la fin du présent rapport.
- 228 Djibouti a ratifié la convention (no 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948, ainsi que la convention (no 98) sur le droit d'organisation et de négociation collective, 1949.
A. Situation antérieure à la mission
A. Situation antérieure à la mission
- 229. Les allégations dans le cas no 1851 se référaient aux arrestations, licenciements massifs, suspensions et radiations de militants et de dirigeants syndicaux de nombreux secteurs d'activité (chemins de fer, aéroport, électricité, postes et télécommunications, santé, eau et enseignement) à la suite d'une grève de protestation déclenchée en septembre 1995 contre une loi de finance qui portait lourdement atteinte au niveau de vie des travailleurs. Par la suite, d'autres grèves déclenchées par les enseignants au cours de l'année 1996 pour protester contre les retards accumulés dans le paiement des arriérés de salaires avaient été à nouveau suivies d'arrestations et de licenciements massifs d'un très grand nombre d'enseignants (400 enseignants auraient été radiés par une note de service du ministère de l'Education et 180 instituteurs suppléants auraient été licenciés le 28 janvier 1996 pour avoir participé à une grève), ainsi que de la suspension puis de la radiation d'enseignants fonctionnaires dirigeants du SYNESED et de nouvelles arrestations contre une manifestation de solidarité des enseignants à l'égard des radiations de leurs camarades grévistes. Parallèlement, une organisation syndicale acquise à la cause du gouvernement, le Congrès djiboutien du travail (CODJITRA), a été créée et, en mai 1996, les locaux de l'Union générale des travailleurs de Djibouti (UGTD) ont été fermés par les forces de sécurité. En outre, les cotisations syndicales des syndicats de base (postes et télécommunications (OPT) et électricité (SEED)) ont été gelées, et l'avocat de la coordination intersyndicale UDT/UGTD, Maître Mohamed Aref, a été suspendu de ses fonctions et inculpé.
- 230. Le cas no 1922 présenté par l'Internationale de l'éducation (EI), le Syndicat des enseignants du second degré (SYNESED) et le Syndicat des enseignants du primaire (SEP) se rapportait également aux mesures de représailles antisyndicales qui avaient frappé des enseignants au cours des événements qui s'étaient déroulés en 1995, en 1996 et en 1997.
- 231. Lors de son dernier examen du cas no 1851, le comité avait regretté que le gouvernement n'ait pas fourni de réponse concrète et détaillée aux allégations, ce d'autant plus que les mesures répressives qui avaient frappé les militants et les dirigeants syndicaux n'avaient pas été levées, mais qu'au contraire elles s'étaient aggravées. Il avait demandé instamment au gouvernement de libérer les syndicalistes arrêtés pour fait de grève en août et en septembre 1995 qui seraient encore détenus et dont il avait donné la liste à l'annexe I de son rapport, de le tenir informé du sort des dirigeants qui feraient l'objet de poursuites judiciaires et de communiquer le texte des jugements rendus. Il avait aussi demandé au gouvernement de fournir des informations sur les licenciements, suspensions et radiations de grévistes en 1995, 1996 et 1997, dont il avait donné la liste à l'annexe II de son rapport, et l'avait exhorté à prendre des mesures pour lever immédiatement les sanctions massives qui avaient frappé les grévistes et pour les réintégrer dans leur poste de travail. Il avait également demandé au gouvernement de rétablir les dirigeants syndicaux dans leurs fonctions, de mettre un terme à la fermeture du local de l'UGTD par les forces de l'ordre, estimant que cette mesure constitue une sérieuse entrave à l'exercice des droits syndicaux, et de lever le gel des cotisations syndicales du Syndicat des employés de l'Office des postes et télécommunications (OPT) et du Syndicat des employés de l'électricité de Djibouti (SEED). Par ailleurs, il avait demandé au gouvernement de fournir ses commentaires au sujet de la création alléguée d'une organisation syndicale acquise à sa cause, le Congrès djiboutien du travail (CODJITRA), de la radiation alléguée de cinq dirigeants d'un syndicat d'enseignants en février 1997, ainsi que de la déportation de 500 personnes dans un camp suite à une manifestation, et de la suspension de l'avocat de la coordination intersyndicale UDT/UGTD, Maître Mohamed Aref.
B. Conclusions du comité
B. Conclusions du comité
- 232. Compte tenu de ce que les informations recueillies par le représentant du Directeur général au cours de la mission de contacts directs figurent en annexe au présent rapport, le comité se propose de formuler directement ses conclusions sur les divers aspects des cas relatifs à Djibouti actuellement en instance.
- 233. Le comité estime, tout d'abord, que le rapport détaillé du représentant du Directeur général prouve l'utilité de telles missions pour un examen approfondi et objectif des plaintes.
- 234. Le comité note avec intérêt l'esprit de coopération dont a fait preuve le gouvernement dans cette affaire et les facilités qui ont été accordées sans réserve à la mission. Il exprime le ferme espoir que le gouvernement continuera à agir dans le même esprit. Le comité relève notamment, avec satisfaction, que la mission a pu obtenir toutes les informations désirées et rencontré toutes les personnes avec lesquelles elle souhaitait s'entretenir pour le bon accomplissement de sa tâche.
- 235. Sur le fond des affaires en instance, s'agissant des arrestations et des détentions de syndicalistes, le comité note avec intérêt qu'il n'y a plus actuellement de personnes détenues pour des faits intéressant l'exercice de la liberté syndicale ou le droit de grève, ni de poursuites judiciaires pour les mêmes raisons, sous réserve d'un appel interjeté par le secrétaire général adjoint de l'UGTD concernant sa condamnation à trois mois de prison et 60 000 francs d'amende pour outrage. L'intéressé ayant fait appel de sa condamnation n'a toutefois pas exécuté sa peine. Quant aux poursuites judiciaires intentées contre les enseignants du secondaire, dirigeants du SYNESED, elles ont été abandonnées. Il n'en demeure pas moins que de très nombreuses personnes ont été mises en garde à vue dans le centre de détention de Nagad pendant 72 heures à la suite de mouvements de grève ou de manifestations de solidarité en 1995, 1996 et 1997 pour, selon les autorités gouvernementales, trouble de l'ordre public, qu'elles n'ont été libérées souvent qu'à la suite de l'intervention personnelle du ministre de l'Education nationale et qu'un dirigeant syndical a été condamné à trois mois de prison et à une amende pour outrage dès la première grève de 1995, sans toutefois qu'il ait exécuté sa peine.
- 236. Dans ces conditions, le comité rappelle l'importance qu'il attache au droit de grève qui est un corollaire indissociable du droit d'association syndicale protégé par la convention no 87. Il souligne que l'arrestation et la détention de dirigeants syndicaux et de syndicalistes dans l'exercice d'activités syndicales légitimes, même si c'est pour une courte période, constituent une violation des principes de la liberté syndicale (voir paragr. 70, Recueil de décisions et de principes du Comité de la liberté syndicale, quatrième édition, 1996) et que les condamnations pénales de dirigeants syndicaux pour le simple fait d'avoir appelé leurs militants à un mouvement de grève légitime ne sont pas compatibles avec la liberté syndicale. Le comité demande au gouvernement, à l'avenir, de respecter ces principes.
- 237. Au sujet des mesures de licenciements massifs qui ont frappé les grévistes dans l'enseignement, le comité note également que les 400 radiations d'instituteurs alléguées par la CISL et la coordination intersyndicale UDT/UGTD concernaient en réalité des chômeurs utilisés en remplacement temporaire d'enseignants grévistes recrutés durant la grève pour assurer la garde des enfants qui n'ont pas été maintenus en emploi. Il note aussi que la plupart des 180 instituteurs grévistes licenciés après les grèves ainsi que les grévistes d'autres secteurs de l'activité économique ont été repris à la satisfaction des organisations syndicales. Le comité observe cependant que, selon les représentants des travailleurs, ces réintégrations dans l'enseignement, notamment, sont intervenues après que les intéressés aient dû s'engager par écrit à ne pas adhérer à un syndicat, ce que les autorités gouvernementales du ministère de l'Education nationale ont fermement nié. Sur ce dernier point, le comité insiste sur l'importance qu'il attache au principe selon lequel les déclarations de loyauté ou autre engagement de même nature ne devraient pas être imposées pour obtenir la réintégration dans l'emploi, et il insiste auprès du gouvernement pour que soient abrogées de telles déclarations.
- 238. Le comité observe par ailleurs avec un profond regret que, d'après les informations recueillies par la mission, la totalité des hauts dirigeants de la coordination intersyndicale UDT/UGTD et plusieurs hauts dirigeants du SYNESED et du SEP sont toujours privés de leur emploi, ou même radiés pour cinq d'entre eux, de la fonction publique, à la suite des actions de grève et des manifestations pacifiques de 1995, 1996 et 1997. De plus, le comité relève que les autorités gouvernementales du ministère de la Fonction publique ont déclaré à la mission que seuls les enseignants fonctionnaires en activité pouvaient appartenir aux deux syndicats d'enseignants, le SYNESED et le SEP. Force est donc de constater que les dirigeants syndicaux licenciés dans l'enseignement et que les fonctionnaires enseignants radiés de la fonction publique ainsi que les employés grévistes des chemins de fer, de l'aéroport, de l'électricité de Djibouti et de la poste ne sont plus reconnus par les autorités comme des dirigeants syndicaux élus susceptibles de défendre et de promouvoir les intérêts de leurs mandants. A ce sujet, le comité rappelle que la perte de qualité de syndicaliste résultant d'un licenciement pour fait de grève n'est pas conforme aux principes de la liberté syndicale. (Voir le cas no 1266 Burkina Faso, 246e rapport, paragr. 164.)
- 239. Le comité note que le gouvernement a déclaré que certains enseignants grévistes avaient quitté le pays, mais il a indiqué qu'il ne s'opposerait pas à la reprise comme contractuels des enseignants radiés s'ils en font la demande.
- 240. Le comité exprime le ferme espoir que le gouvernement remplira le calendrier de rencontres dont le début a été fixé lors de la réunion tenue au cours de la mission de contacts directs au ministère du Travail avec les organisations syndicales, en vue d'examiner les mesures à prendre pour que soient rapportés ou annulés les licenciements des dirigeants syndicaux licenciés et pour qu'ils soient réintégrés le plus rapidement possible dans leur poste de travail et dans leurs fonctions. Il s'agit en particulier de MM. Ahmed Djama Egueh, Aden Mohamed Abdou, respectivement président et secrétaire général de l'UDT, de MM. Kamil Diraneh Hared et Mohamed Doubad Wais, secrétaires généraux de l'UGTD, de M. Habib Ahmed Doualleh, secrétaire général du Syndicat des employés de l'électricité, M. Abdillahi Aden Ali, responsable de la coordination intersyndicale, ainsi que de trois syndicalistes des chemins de fer, MM. Houssein Dirieh Gouled, Ahmed Elmi Fod et Moussa Wais Ibrahim. Tous ces dirigeants et militants syndicaux ont été licenciés depuis le mois de septembre 1995 à la suite de la grève de protestation contre la politique économique et sociale du gouvernement, il y a deux ans et demi. Le comité invite également le gouvernement à tout mettre en oeuvre pour que les cinq enseignants fonctionnaires titulaires de l'enseignement secondaire radiés de la fonction publique, en février 1997, et les deux enseignants du primaire révoqués en 1996, nommément désignés par les plaignants, soient réintégrés dans leur poste et dans leurs fonctions s'ils en font la demande.
- 241. Au sujet du gel des cotisations syndicales, le comité note avec intérêt que les banques qui détenaient les avoirs du Syndicat des employés de l'Office des postes et des télécommunications (OPT) et du Syndicat des employés de l'électricité de Djibouti (SEED) ont restitué les cotisations syndicales aux dirigeants de ces syndicats.
- 242. Au sujet de la création d'une organisation syndicale acquise à la cause du gouvernement, le Congrès djiboutien du travail (CODJITRA), le comité note que la Commission de vérification des pouvoirs de la Conférence internationale du Travail de juin 1997 a estimé à l'unanimité que les pouvoirs du délégué des travailleurs de Djibouti, M. Mohamoud Ali Boulaleh, secrétaire général du Congrès djiboutien du travail, désigné par arrêté gouvernemental no 97/086/CAB en tant que représentant des travailleurs de Djibouti à la Conférence internationale du Travail de juin 1997, devraient être invalidés. Elle indiquait notamment: "Les éléments dont dispose actuellement la commission indique que le délégué travailleur a été choisi au sein de l'organisation, étroitement liée au gouvernement, au détriment de l'organisation qui apparaît indiscutablement comme la plus représentative à Djibouti, en violation de l'article 3, paragraphe 5, de la Constitution de l'OIT. (Compte rendu provisoire, 85e session, Genève 1997, VII D)". Dans le cas où existe une étroite relation entre un syndicat et les autorités publiques, le comité a toujours souligné l'importance qu'il attache à la résolution de 1952 concernant l'indépendance du mouvement syndical et a demandé instamment au gouvernement de s'abstenir de faire preuve de favoritisme ou, au contraire, de discrimination à l'égard d'un syndicat donné, et d'adopter une attitude neutre lorsqu'il traite avec les organisations d'employeurs et de travailleurs afin qu'elles soient toutes placées sur un pied d'égalité. (Voir op. cit., paragr. 305.)
- 243. S'agissant du local de l'UGTD fermé par les forces de l'ordre depuis le 7 mai 1996, le comité note avec satisfaction qu'au cours de la réunion tenue dans le bureau du ministre du Travail avec les représentants des organisations syndicales en présence de la mission le ministre du Travail a chargé le directeur du travail d'en remettre les clés au porte-parole de la coordination intersyndicale UDT/UGTD et que la remise a été effectuée le jour même, le 15 janvier 1998.
- 244. Toutefois, le comité observe avec préoccupation que, selon les informations recueillies par la mission auprès des représentants des travailleurs, le 7 juillet 1997, un huissier de justice et des policiers en uniforme ont forcé la porte du domicile privé du président de l'UDT, M. Egueh, également secrétaire général du Syndicat des employés de l'aéroport, et qu'ils ont emporté les archives syndicales de l'UDT, alors que la justice avait donné gain de cause à M. Egueh sur la question de son logement.
- 245. Le comité rappelle l'importance du principe de l'inviolabilité des biens syndicaux. Il attire en conséquence l'attention du gouvernement sur le fait que toute descente au siège d'un syndicat ainsi qu'au domicile de syndicalistes sans mandat judiciaire constitue une très grave violation de la liberté syndicale. (Voir Recueil, op. cit., paragr. 175.) Le comité invite le gouvernement à restituer au plus vite les archives syndicales de l'UDT et à le tenir informé des mesures prises à cet égard.
- 246. Au sujet de la suspension de Maître Aref, avocat des organisations syndicales, le comité observe que la version des plaignants et du gouvernement sont en partie contradictoires. D'après les informations recueillies par la mission, le gouvernement estime que Maître Aref a été suspendu pour des faits autres que la défense des intérêts des militants syndicaux. Il serait poursuivi pénalement pour s'être constitué défenseur d'une société de droit privé à Djibouti et de la partie adverse, une société de droit britannique dans un même procès. L'affaire le concernant devrait être jugée au mois de mars 1998. En attendant, le Barreau de Djibouti lui a interdit temporairement d'exercer la profession d'avocat. Maître Ali Dimi, bâtonnier de l'ordre des avocats de Djibouti, a fait état des mêmes causes pour la poursuite pénale. En revanche, les représentants des travailleurs contestent vigoureusement cette version des faits et estiment que Maître Aref fait l'objet de sanctions pour les avoir défendus et que, depuis lors, aucun avocat de Djibouti n'ose prendre la défense des syndicalistes, d'autant que les plaintes déposées par ces derniers auprès du ministère public restent sans suite. Selon le rapport d'une organisation de droits de l'homme adressé à la mission par Maître Aref, une réclamation purement disciplinaire avait été déposée par un cabinet d'avocats londonien en mars 1995, mais elle était restée sans suite pendant plus d'un an, après les explications fournies par Maître Aref au bâtonnier et au cabinet d'avocats londonien. Puis Maître Aref a été inculpé pour escroquerie le 23 janvier 1997 et cité à comparaître devant le tribunal correctionnel le 6 octobre 1997 sans avoir pu obtenir de précision sur les charges retenues contre lui. Parallèlement, le Conseil de l'ordre des avocats de Djibouti lui a interdit provisoirement d'exercer ses fonctions depuis février 1997, soit deux ans après la réclamation disciplinaire du cabinet britannique. Maître Aref a introduit un recours devant la Cour d'appel contre la décision d'interdiction provisoire d'exercer la profession d'avocat qui le frappe ainsi qu'un pourvoi devant la Cour suprême soulevant des moyens de nullité de la procédure pénale engagée contre lui. Les procédures pénales et disciplinaires engagées à son encontre auraient été menées dans des conditions contraires à la présomption d'innocence et au respect des droits de la défense, en vue de l'empêcher d'exercer son activité de défenseur en justice.
- 247. Le comité relève avec préoccupation que, selon les représentants des travailleurs rencontrés par la mission depuis que Maître Aref a fait l'objet de sanctions, aucun avocat à Djibouti n'ose prendre la défense des syndicalistes et que les plaintes déposées par ces derniers restent sans suite. Le comité insiste donc sur l'importance du principe selon lequel les garanties de procédure judiciaire régulière ne doivent pas seulement être exprimées dans la législation mais elles doivent être appliquées dans la pratique. (Voir Recueil, op. cit., paragr. 107.) Le comité demande au gouvernement d'exercer la plus grande vigilance dans la promotion et la défense de la liberté syndicale et de prendre les mesures nécessaires pour que soient instruites les plaintes déposées par les organisations syndicales ou les syndicalistes ainsi que celles déposées par Maître Aref, et de communiquer le texte des décisions de justice rendues au sujet de la situation disciplinaire et pénale de Maître Aref, avocat défenseur des syndicalistes.
- 248. Le comité observe par ailleurs, d'après les informations recueillies par la mission, que la révision du Code du travail est actuellement en cours en consultation avec les représentants des employeurs. Le comité rappelle l'importance de la consultation de l'ensemble des partenaires sociaux, y compris des représentants des travailleurs, lors de l'élaboration des législations sociales et la disponibilité de l'assistance technique du BIT pour la révision de la législation du travail en cours.
- 249. Le comité a été informé que, depuis le retour de la mission, un Séminaire national tripartite sur la révision du Code du travail s'est tenu à Djibouti et qu'une représentante du Service des relations professionnelles du BIT a pu y participer. Le comité prend note de cette information avec intérêt.
- 250. De même que la Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations dans son observation de décembre 1997, le comité exprime le ferme espoir qu'une législation conforme aux principes de la liberté syndicale sera adoptée et que la révision en cours de la législation du travail permettra de modifier le décret du 10 septembre 1983 afin de circonscrire les larges pouvoirs du Président de la République de réquisitionner les fonctionnaires indispensables à la vie de la nation et au bon fonctionnement des services publics essentiels, aux cas dans lesquels, de l'avis des organes de contrôle, les restrictions, voire les interdictions, à l'exercice du droit de grève sont admissibles, à savoir à l'égard des fonctionnaires qui exercent des fonctions d'autorité au nom de l'Etat ou dans les services essentiels au sens strict du terme, c'est-à-dire ceux dont l'interruption mettrait en danger, dans l'ensemble ou dans une partie de la population, la vie, la sécurité ou la santé de la personne, ou en cas de crise nationale aiguë, et de lever les restrictions relatives aux élections syndicales contenues dans l'article 6 du Code du travail qui réservent l'exercice des fonctions syndicales aux nationaux pour permettre aux étrangers d'accéder aux fonctions syndicales, tout au moins après une période raisonnable de résidence dans le pays afin d'assurer l'application de l'article 3 de la convention no 87.
Recommandation du comité
Recommandation du comité
- 251. Au vu des conclusions intérimaires qui précèdent, le comité invite le Conseil d'administration à approuver les recommandations suivantes:
- a) Le comité note avec intérêt l'esprit de coopération dont a fait preuve le gouvernement dans cette affaire et les facilités qui ont été accordées à la mission de contacts directs qui a pu obtenir toutes les informations qu'elle désirait et rencontrer toutes les personnes avec lesquelles elle souhaitait s'entretenir, et il exprime le ferme espoir que le gouvernement continuera à agir dans le même esprit.
- b) Le comité note également avec intérêt que plus personne n'est actuellement en prison ou ne fait l'objet de poursuites judiciaires pour des faits intéressant l'exercice de la liberté syndicale ou le droit de grève. Observant néanmoins que de très nombreuses personnes ont été mises en garde à vue dans le centre de détention de Nagad pendant 72 heures à la suite de mouvements de grève et de manifestations pacifiques en 1995, 1996 et 1997 et qu'elles ont été libérées par la suite, souvent grâce à l'intervention du ministre de l'Education nationale, le comité rappelle l'importance du droit de grève qui est un corollaire indissociable du droit d'association syndicale protégé par la convention no 87. Il souligne en conséquence que l'arrestation et la détention de dirigeants syndicaux et de syndicalistes dans l'exercice d'activités syndicales légitimes et pacifiques, même si c'est pour une courte période, constituent une violation des principes de la liberté syndicale. Il demande au gouvernement à l'avenir de respecter ce principe.
- c) Le comité note également avec satisfaction que les clés du local de l'UGTD fermé par les forces de l'ordre depuis le 7 mai 1996 ont été restituées au porte-parole de la coordination intersyndicale UDT/UGTD le 15 janvier 1998 au cours de la réunion tenue dans le bureau du ministre du Travail avec les représentants des organisations syndicales en présence de la mission. Néanmoins, le comité observe avec préoccupation que depuis le 16 juillet 1997 les archives syndicales de l'UDT ont été confisquées par les autorités au domicile privé du président de cette organisation. Le comité attire l'attention du gouvernement sur l'inviolabilité des biens syndicaux et invite le gouvernement à restituer au plus vite les archives syndicales de l'UDT et à le tenir informé des mesures prises à cet égard.
- d) Le comité note avec intérêt qu'un grand nombre de travailleurs licenciés pour avoir participé à des grèves et à des manifestations ont été réintégrés dans leurs fonctions et que les personnes qui avaient été engagées pour remplacer les enseignants grévistes n'ont pas été maintenus en emploi à la satisfaction des organisations syndicales. Cependant, le comité note avec une profonde préoccupation que la haute direction de la coordination intersyndicale licenciée depuis deux ans et demi pour avoir lancé un mot d'ordre de grève de protestation contre la politique économique et sociale du gouvernement et plusieurs syndicalistes nommément désignés par les plaignants n'ont toujours pas été réintégrés dans leur emploi, que deux enseignants du primaire ont été révoqués en 1996 et que cinq enseignants fonctionnaires titulaires de l'enseignement secondaire ont été radiés de la fonction publique en février 1997 à la suite de grève. Le comité exprime le ferme espoir que le gouvernement remplira le calendrier de rencontres fixé lors de la réunion tenue au cours de la mission de contacts directs au ministère du Travail avec les organisations syndicales et invite très fermement le gouvernement à assurer que tous les dirigeants syndicaux et les syndicalistes licenciés ou radiés qui en font la demande soient réintégrés dans leur emploi et dans leurs fonctions, et le prie de le tenir informé des développements qui interviendront à cet égard. A ce sujet, compte tenu des conditions dans lesquelles s'est produite la réintégration de grévistes dans leur poste de travail, le comité insiste sur l'importance qu'il attache au principe selon lequel les déclarations de loyauté ou autre engagement de même nature ne devraient pas être imposés pour obtenir la réintégration dans l'emploi, et il insiste auprès du gouvernement pour que soient abrogées de telles déclarations.
- e) Le comité demande au gouvernement d'exercer la plus grande vigilance dans la promotion et la défense de la liberté syndicale et donc de prendre les mesures nécessaires pour que soient instruites les plaintes déposées par les organisations syndicales ou les syndicalistes ainsi que celles déposées par Maître Aref, et de communiquer le texte des décisions de justice rendues au sujet de la situation disciplinaire et pénale de Maître Aref, avocat défenseur des syndicalistes.
- f) Enfin, le comité exprime le ferme espoir que la révision de la législation du travail en cours se poursuivra en consultation avec l'ensemble des partenaires sociaux employeurs et travailleurs et qu'elle permettra l'adoption de dispositions conformes aux principes de la liberté syndicale en ce qui concerne en particulier l'exercice du droit de grève et l'élection des dirigeants syndicaux, et demande au gouvernement de le tenir informé à cet égard.
Annexe
Annexe- Rapport sur une mission de contacts directs effectuée à
- Djibouti
- (11-18 janvier 1998)
- Par des communications datées des 19 septembre et 9
- décembre 1995, et des 28
- janvier et 12 mars 1996, la Confédération internationale des
- syndicats libres
- (CISL), l'intersyndicale, Union djiboutienne du travail/Union
- générale des
- travailleurs de Djibouti (UDT/UGTD), et l'Organisation de
- l'unité syndicale
- africaine (OUSA) ont présenté des plaintes en violation de la
- liberté
- syndicale contre le gouvernement de Djibouti (cas no 1851).
- Sur la base des plaintes relatives au cas no 1851, des
- informations
- complémentaires envoyées par les organisations plaignantes
- en mars 1997 et des
- réponses écrites fournies par le gouvernement en février 1996
- et mai 1997, le
- Comité de la liberté syndicale a examiné ce cas à deux
- reprises (en mai-juin
- 1996 et en mai-juin 1997) et abouti à chacune de ses réunions
- à des
- conclusions intérimaires (voir 304e rapport, paragr. 255 à 286,
- et 307e
- rapport, paragr. 253 à 272, approuvés par le Conseil
- d'administration à ses
- 266e et 269e sessions respectivement).
- Par ailleurs, l'Internationale de l'éducation (EI) a présenté une
- autre
- plainte en violation de la liberté syndicale contre le
- gouvernement de
- Djibouti, par une communication datée du 4 avril 1997 (cas no
- 1922).
- A sa session de mai-juin 1997, le Comité de la liberté syndicale
- a demandé au
- gouvernement d'accepter la visite sur place d'une mission de
- contacts directs
- (voir 307e rapport, paragr. 272).
- Dans une communication du 30 août 1997, le gouvernement a
- indiqué qu'il
- souhaitait que la mission de contacts directs concernant les
- cas nos 1851 et
- 1922 ait lieu au début de 1998. Le 10 décembre 1997, le
- ministre du Travail et
- de la Formation professionnelle a adressé une communication
- au Directeur
- général du BIT acceptant la venue de la mission de contacts
- directs dans le
- cadre des cas en instance devant le comité.
- Le Directeur général a désigné le professeur Jean-Maurice
- Verdier, membre de
- la Commission d'experts pour l'application des conventions et
- recommandations,
- pour effectuer cette mission qui a eu lieu du 11 au 18 janvier
- 1998. Le
- professeur Verdier était accompagné de Mme Pouyat, haut
- fonctionnaire du
- Service de la liberté syndicale, et de deux fonctionnaires du
- bureau du BIT à
- Addis-Abeba, Mme Martine Guilio, chargée de programme, et
- M. Coen Kompier,
- expert associé pour les normes internationales du travail, qui
- avaient pris
- les contacts nécessaires pour préparer la mission et en assurer
- le bon
- déroulement.
- Le déroulement de la mission
- Au cours de son séjour à Djibouti, la mission a eu des
- entretiens avec, entre
- autres personnalités, le ministre du Travail et de la Formation
- professionnelle, M. Mohamed Ali Mohamed, de hauts
- fonctionnaires des
- ministères du Travail, de la Justice, de l'Education nationale,
- de la Fonction
- publique, de hauts dirigeants représentant les travailleurs de la
- coordination
- intersyndicale, Union djiboutienne du travail/Union générale
- des travailleurs
- de Djibouti (UDT/UGTD), du Syndicat des enseignants du
- second degré (SYNESED)
- et du Syndicat des enseignants du primaire (SEP), ainsi que de
- hauts
- dirigeants de l'Union syndicale interentreprises (USIE) et le
- Bâtonnier de
- l'Ordre des avocats de Djibouti, Maître Ali Dini.
- La mission tient à souligner qu'elle a bénéficié de la plus
- grande coopération
- de toutes les personnes avec lesquelles elle s'est entretenue.
- Elle a pu
- accomplir sa tâche en toute liberté et en toute indépendance
- et a reçu du
- gouvernement de Djibouti toutes les facilités nécessaires à la
- meilleure
- réalisation de la mission.
- Etat des cas en instance devant le Comité de la liberté
- syndicale
- S'agissant du cas no 1851, le comité avait noté que les
- allégations de fond
- faisaient état tout d'abord du fait que les deux centrales de
- travailleurs de
- Djibouti, regroupées en une intersyndicale, UDT/UGTD,
- avaient déclenché une
- grève en septembre 1995 pour protester contre un projet de loi
- de finances
- qui, selon les plaignants, avait un impact catastrophique sur le
- niveau de vie
- des travailleurs, ainsi que contre le refus du gouvernement de
- dialoguer avec
- les syndicats à propos de l'élaboration de cette loi. La grève
- aurait duré
- deux jours et elle aurait été suivie par plusieurs secteurs
- d'activité. Elle
- aurait eu pour conséquence de nombreuses arrestations et
- des condamnations de
- dirigeants et de militants syndicaux, ainsi que des
- licenciements massifs, des
- suspensions et des radiations, surtout dans les secteurs de
- l'enseignement
- (400 enseignants notamment), du chemin de fer
- djibouto-éthiopien, de
- l'aéroport, de l'électricité, des postes et télécommunications,
- de la santé et
- de l'eau. Par la suite, une autre grève, déclenchée en janvier
- 1996 par les
- enseignants contre le retard dans le paiement des arriérés de
- salaires, aurait
- été suivie de l'arrestation de 230 enseignants, dont 217
- auraient été
- rapidement libérés, et du licenciement de 180 instituteurs
- suppléants. Treize
- enseignants arrêtés auraient été déférés devant un tribunal,
- puis élargis
- grâce à l'intervention de leurs avocats. Parallèlement, une
- organisation
- syndicale acquise à la cause du gouvernement, le Congrès
- djiboutien du travail
- (CODJITRA), aurait été créé ultérieurement, les locaux de
- l'UGTD auraient été
- fermés par les forces de sécurité, les dirigeants syndicaux
- auraient été démis
- de leurs fonctions, les cotisations syndicales des syndicats de
- base (postes
- et télécommunications et électricité) auraient été gelées et
- l'avocat de
- l'intersyndicale UDT/UGDT (Maître Mohamed Aref) aurait été
- suspendu de ses
- fonctions et inculpé.
- Le gouvernement avait, dans sa réponse écrite, assuré le
- comité de son
- attachement aux syndicats et à la démocratie, mais il avait
- dénoncé les
- troubles sociaux graves qui avaient secoué le pays et qui
- l'avaient conduit à
- faire intervenir la police pour rétablir l'ordre. Il avait insisté sur le
- fait
- que le Président de la République n'avait pas suspendu la
- Constitution et
- qu'il avait privilégié la conciliation, la médiation et l'arbitrage en
- tant
- que mode de règlement pacifique des conflits, la Constitution
- reconnaissant le
- droit syndical et le droit de grève. Néanmoins, les
- licenciements qui avaient
- été prononcés faisaient suite à des absences au travail, à des
- atteintes à la
- liberté du travail et à des activités purement politiques.
- S'agissant du siège
- des syndicats, le gouvernement avait expliqué que l'immeuble
- des syndicats
- appartenait à l'Etat, mais que l'UGTD avait refusé de les
- partager et de
- signer une convention avec l'UDT sur les conditions et les
- modalités
- d'utilisation desdits locaux, comme le gouvernement l'avait
- invitée à le
- faire.
- Lors de son dernier examen du cas no 1851 en mai-juin 1997,
- le Comité de la
- liberté syndicale avait demandé au gouvernement de libérer
- les syndicalistes
- arrêtés pour faits de grève, de le tenir informé du sort des
- dirigeants qui
- faisaient encore l'objet de poursuites judiciaires ainsi que de lui
- communiquer le texte des jugements rendus en la matière. Il
- avait, en outre,
- demandé au gouvernement de réintégrer dans leur poste de
- travail les
- dirigeants et les membres des syndicats licenciés, suspendus
- ou radiés pour
- avoir participé à des grèves en 1995, 1996 et 1997. Il avait
- aussi insisté sur
- la nécessité de rétablir dans leurs fonctions syndicales les
- dirigeants
- syndicaux suspendus, de lever immédiatement les scellés sur
- le local de l'UGTD
- et le gel des cotisations syndicales du Syndicat des employés
- de l'Office des
- postes et des télécommunications (OPT) et du Syndicat des
- employés de
- l'électricité de Djibouti (SEED). Enfin, il avait demandé au
- gouvernement de
- commenter les dernières allégations des plaignants concernant
- la création
- d'une organisation syndicale acquise à sa cause: le Congrès
- djiboutien du
- travail; la radiation, le 16 février 1997, de cinq dirigeants du
- Syndicat des
- enseignants du second degré (SYNESED); la déportation et
- l'incarcération dans
- un camp de police situé à 10 km de la capitale de 500
- personnes à la suite
- d'une manifestation pacifique organisée pour protester contre
- la radiation des
- cinq dirigeants en question, et la suspension de l'avocat de
- l'intersyndicale
- UDT/UGTD, Maître Mohamed Aref.
- Pour ce qui est du cas no 1922, l'Internationale de l'éducation
- (EI), le
- Syndicat des enseignants du second degré (SYNESED) et le
- Syndicat des
- enseignants du primaire (SEP) ont critiqué, dans une
- communication du 4 avril
- 1997, la situation syndicale dans l'enseignement au regard des
- conventions nos
- 87 et 98, ratifiées par Djibouti. Ils ont expliqué que ces deux
- syndicats,
- fondés respectivement en 1994 et en 1995, étaient parvenus
- le 9 juin 1996 à un
- accord avec le gouvernement au sujet des arriérés de salaires
- des enseignants
- qui depuis deux ans étaient payés partiellement et
- irrégulièrement après avoir
- menacé de faire grève, et l'avoir fait a plusieurs reprises tout
- en restant
- prêts à négocier avec le gouvernement. Ce jour-là, en effet, le
- ministre de
- l'Education nationale avait promis au secrétaire général de
- l'Union
- djiboutienne du travail (UDT), à laquelle les deux syndicats
- sont affiliés, de
- répondre à leurs revendications après la levée du boycott, et
- les syndicats
- lui avaient fait confiance. Les revendications des enseignants
- portaient
- encore sur la demande de paiement des arriérés de salaires de
- quatre mois, le
- retrait d'un décret supprimant le droit au logement des
- enseignants, la
- réintégration dans leur poste de travail des responsables et
- des militants
- syndicaux. Le gouvernement n'aurait toutefois pas respecté
- l'accord et, à la
- rentrée des classes, les 14 et 15 septembre 1996, la grève a
- recommencé. La
- répression se serait alors intensifiée et des manifestations
- pacifiques
- auraient été réprimées avec violence. Le ministre de
- l'Education nationale
- aurait, le 16 septembre 1996, sanctionné et muté dans les
- régions reculées du
- pays les responsables syndicaux du SEP et du SYNESED.
- Nombre d'instituteurs
- auraient été radiés. Le 5 octobre, une manifestation pacifique
- organisée par
- le SYNESED, à l'occasion de la Journée mondiale des
- enseignants, aurait été
- réprimée violemment par les forces de l'ordre. Plusieurs
- personnes auraient
- été blessées, dont une grièvement. Soixante enseignants
- auraient été arrêtés
- et transférés au centre de détention de Nagad. Le 17
- novembre, une note de
- service no 185/96/DGEN a interdit aux enseignants
- suspendus l'accès aux
- établissements scolaires et d'organiser des réunions. A partir
- du 4 décembre
- 1996, les enseignants ont déclenché des grèves échelonnées
- de deux jours,
- suivies de deux jours de cours, tout en demandant au ministre
- de l'Education
- nationale de reprendre le dialogue avec le SEP et le
- SYNESED. Le 16 février
- 1997, le Conseil de discipline de la fonction publique a
- révoqué cinq
- professeurs dirigeants du SYNESED qui avaient été
- suspendus, ce qui a conduit
- à une nouvelle manifestation de solidarité réprimée avec force.
- Des centaines
- d'enseignants auraient été envoyés au camp de détention de
- Nagad puis libérés
- dans le désert sans eau ni nourriture au début du mois de mars
- 1997. Depuis
- lors, le ministre de l'Education nationale aurait constitué, à
- partir du 4
- mars 1997, une commission composée de deux enseignants
- par établissement, en
- dehors du syndicat, pour chercher à résoudre les difficultés.
- Les plaignants
- indiquent que l'avocat des militants syndicaux enseignants,
- Maître Mohammed
- Aref, aurait été suspendu de ses fonctions. Ils demandent la
- levée des
- sanctions, l'application des accords collectifs conclus en juin
- 1996 et le
- paiement des arriérés de salaires.
- Informations recueillies pendant la mission
- Situation politique et économique
- La République de Djibouti est un pays de 23 000 km2, d'une
- population estimée
- à 600 000 habitants, dont le taux de croissance naturelle est
- de 3 pour cent
- par an. Les deux tiers des habitants se concentrent dans la
- capitale,
- Djibouti. L'arrière-pays, semi-désertique, offre très peu de terres
- arables,
- et l'agriculture connaît de ce fait de sérieuses contraintes liées
- à la terre
- et à l'eau. L'économie est très largement fondée sur les
- services axés sur le
- port, la voie ferrée, la fonction publique et la garnison militaire
- française,
- soit 76 pour cent du produit intérieur brut (PIB). Entre 1983 et
- 1987, de
- graves sécheresses ont affecté le pays. Les pertes lourdes en
- bétail,
- principale ressource des populations nomades, ont entraîné
- un afflux de
- réfugiés vers les zones urbaines, où le chômage est déjà
- élevé. Enfin,
- l'économie a été sérieusement perturbée entre 1991 et 1994 à
- cause de la
- guerre civile ayant opposé le gouvernement aux forces du
- Front pour la
- restauration de l'unité et la démocratie (FRUD), représentant la
- rébellion
- afar.
- Le conflit a pris fin en décembre 1994, date à laquelle le
- gouvernement de
- Djibouti a signé un accord de paix avec certains éléments du
- FRUD.
- En septembre 1992, un référendum visant à modifier la
- Constitution a institué
- le multipartisme. En avril 1997 s'est tenu le premier congrès du
- FRUD. Au
- cours de ce congrès, le FRUD a réalisé sa transformation en
- parti politique
- légal, devenant ainsi la quatrième force politique du pays.
- Djibouti figure parmi les pays les moins avancés de la planète
- (PMA) et occupe
- la 164e place (sur 174) dans le classement établi par le
- Programme des Nations
- Unies pour le développement (PNUD) en fonction de
- l'indicateur de
- développement humain (IDH).
- Le taux d'alphabétisme est parmi le plus bas du monde (44
- pour cent).
- L'éducation formelle est prodiguée essentiellement dans les
- centres urbains.
- Il n'y a pas d'universités et la formation professionnelle y est
- peu
- développée. Tous les secteurs de l'économie souffrent d'une
- pénurie en
- main-d'oeuvre qualifiée.
- L'espérance de vie a été estimée à quarante-huit ans en 1993,
- avec un taux de
- mortalité infantile de 114 pour 1 000.
- Les perspectives de développement de Djibouti dépendent
- beaucoup de sa
- capacité à devenir un centre de services et de transit de biens
- pour la
- sous-région.
- La Constitution du 4 septembre 1992 confère aux travailleurs
- le droit de créer
- des syndicats et de faire grève en son article 15.
- Quatre partis politiques sont autorisés. Il s'agit du
- Rassemblement populaire
- pour le progrès (RPP), actuellement au pouvoir, du Parti
- national démocratique
- (PND), du Parti pour le renouveau démocratique (PRD),
- récemment scindé en deux
- dont l'une des composantes n'est pas légale, d'après les
- autorités
- gouvernementales, les principaux responsables ayant été
- évincés de leur poste,
- malgré des plaintes déposées mais restées sans suite, et du
- Front pour la
- restauration de l'unité et la démocratie (FRUD). Enfin, toujours
- d'après les
- autorités gouvernementales, le Groupe pour la démocratie et la
- République
- (GDR) est une formation politique illégale à laquelle appartient
- un ancien
- directeur du Cabinet du Président de la République, M. Ismael
- Guedi Hared, en
- fonction depuis de nombreuses années à la présidence de la
- République,
- aujourd'hui écarté du pouvoir après avoir été condamné
- comme opposant
- politique.
- Soixante-cinq députés viennent d'être élus le 19 décembre
- 1997 à l'Assemblée
- législative, et un récent remaniement ministériel a eu lieu le 28
- décembre
- 1997. Ainsi, le ministre du Travail et de la Formation
- professionnelle, M.
- Osman Robleh Daach, en fonction lors des événements, objet
- des plaintes, a été
- appelé à d'autres fonctions ministérielles. L'actuel ministre du
- Travail et de
- la Formation professionnelle, M. Mohamed Ali Mohamed, qui
- était ministre des
- Finances et auteur de la loi de finances, contestée par les
- organisations de
- travailleurs plaignantes en 1995 ne vient d'être nommé dans
- ses nouvelles
- fonctions que le 28 décembre 1997.
- Selon les représentants des travailleurs rencontrés par la
- mission, la loi de
- finances rectificative de 1995, objet de la plainte initiale, a été
- déclarée
- inconstitutionnelle par le Conseil constitutionnel trois mois
- après avoir été
- adoptée.
- Arrestation, détention, poursuites judiciaires
- Lorsque la mission est arrivée à Djibouti, les autorités
- gouvernementales et
- les représentants des travailleurs ont confirmé qu'aucun
- syndicaliste n'était
- actuellement détenu et que pratiquement aucune poursuite
- judiciaire n'était en
- instance à l'encontre de militants et de dirigeants syndicaux.
- Seul M. Mohamed
- Doubad Wais, secrétaire général adjoint de l'UGTD et
- secrétaire général du
- Syndicat des employés de l'Office des postes et des
- télécommunications (OPT),
- a été condamné le 14 septembre 1995 par le tribunal de
- première instance de
- Djibouti, à l'audience de flagrant délit pour outrage à l'égard du
- ministre du
- Travail, à une peine de trois mois de prison et 60 000 francs
- djiboutiens
- d'amende ferme. Cependant, l'intéressé ayant interjeté appel,
- la peine n'a pas
- été exécutée. Quant aux poursuites judiciaires intentées
- contre les
- enseignants du secondaire, dirigeants du SYNESED, elles ont
- effectivement été
- abandonnées.
- S'agissant des arrestations massives de militants et de
- dirigeants syndicaux
- intervenues au cours des années récentes lors des différents
- conflits du
- travail et des manifestations syndicales, les autorités
- gouvernementales du
- ministère de la Justice ont expliqué que le ministre de la Justice
- était
- désormais chargé des droits de l'homme. Les affaires qui sont
- venues devant
- les juridictions concernant les troubles de l'ordre public n'ont
- pas conduit à
- des condamnations. Les arrestations qui sont intervenues
- n'ont jamais dépassé
- la durée légale de la garde à vue, qui est de soixante-douze
- heures à
- Djibouti, et qui peut être portée à huit jours en dehors de la
- ville.
- S'agissant du centre de détention de Nagad, les autorités
- gouvernementales ont
- expliqué qu'il s'agit d'un centre où sont détenues
- provisoirement les
- personnes en situation de séjour illégal avant leur expulsion du
- pays. Elles
- ont toutefois convenu que le centre a pu dépasser sa
- destination d'origine.
- Les autorités gouvernementales du ministère de l'Education
- nationale ont admis
- que des arrestations ont eu lieu pour troubles de l'ordre public,
- mais elles
- ont indiqué que les problèmes avaient été réglés dans les
- soixante-douze
- heures à la suite de l'intervention personnelle du ministre de
- l'Education
- nationale.
- Au sujet des perquisitions sans mandat judiciaire qui seraient
- intervenues,
- les autorités gouvernementales du ministère de la Justice ont
- incriminé un
- manque général de connaissances et assuré que les autorités
- judiciaires
- peuvent se saisir d'elles-mêmes de telles violations. En tout
- état de cause,
- ont-elles indiqué, les personnes qui en seraient victimes
- doivent porter
- plainte. Elles ont expliqué que l'état de droit doit s'apprendre.
- Dans
- l'opinion publique, sous la période coloniale, le juge pénal avait
- un
- caractère éminemment répressif. Les justiciables doivent savoir
- que désormais
- le juge pénal a un rôle de protection des citoyens.
- Sur ce point, les représentants des travailleurs ont souligné
- que ces
- derniers, et en particulier les membres des syndicats, n'étaient
- pas incités à
- faire confiance à la justice, les plaintes déposées par eux étant
- restées sans
- suite.
- D'une manière générale, les autorités gouvernementales du
- ministère de la
- Justice ont rappelé que la Constitution, le Code du travail et le
- Statut de la
- fonction publique reconnaissent le droit syndical et le droit de
- grève aux
- travailleurs et aux fonctionnaires, mais que les problèmes
- d'application des
- textes existent, notamment à cause du manque de dialogue.
- Depuis 1977, date de
- l'indépendance, le mouvement syndical et le mouvement
- politique n'étaient pas
- indépendants. Un mouvement syndical indépendant a surgi
- après l'adoption de la
- nouvelle Constitution en 1992, mais les pouvoirs publics n'ont
- pas changé.
- Auparavant, les dirigeants syndicaux étaient nommés par les
- pouvoirs publics.
- Ainsi, le secrétaire général de l'UGTD était membre du
- Parlement et ne
- disposait d'aucune indépendance vis-à-vis de l'exécutif. Les
- autorités
- publiques ont eu des difficultés à comprendre que les
- syndicats puissent se
- révolter contre les pouvoirs publics. La tolérance des pouvoirs
- publics par
- rapport à l'action syndicale est nécessaire, mais les syndicats
- doivent
- également apprendre à se comporter conformément à la loi.
- Licenciements, mutations, sanctions, radiations pour faits de
- grève
- Lors de son arrivée, les représentants des travailleurs ont remis
- à la mission
- la liste des dirigeants syndicaux encore licenciés, ou radiés, à
- la suite des
- grèves de protestation contre la politique économique et
- sociale du
- gouvernement de 1995, 1996 et 1997. Il s'agit de la haute
- direction de la
- coordination intersyndicale, UDT/UGTD, du secrétaire général
- du Syndicat de
- l'électricité, de la secrétaire générale du Syndicat des
- enseignants du
- secondaire et de plusieurs dirigeants et militants syndicaux des
- secteurs des
- chemins de fer et de l'enseignement primaire et secondaire. Ils
- ont rappelé
- qu'une grève légale avait été déclenchée contre le contenu
- d'une loi de
- finances rectificative par les deux centrales syndicales
- UDT/UGTD du 6 au 23
- septembre 1995 conformément aux dispositions relatives au
- droit de grève
- garanti par la Constitution du 4 septembre 1992, et que toutes
- les mesures
- nécessaires avaient été prises pour assurer les services
- minimums tels que
- prévus par la réglementation dans les différents secteurs
- d'activité
- économique. Ils ont précisé que le 14 septembre 1995, un
- ordre de reprise du
- travail avait été imposé par la plus haute autorité de l'Etat et
- que des
- licenciements pour abandon de poste avaient frappé les
- dirigeants syndicaux
- dès le 12 septembre à la poste et à l'aéroport, et dès le 16
- septembre aux
- chemins de fer.
- Dirigeants syndicaux de l'intersyndicale UDT/UGTD licenciés
- depuis septembre
- 1995
- 1. M. Ahmed Djama Egueh, président de l'UDT et coprésident
- de l'intersyndicale
- 2. M. Aden Mohamed Abdou, secrétaire général de l'UDT et
- porte-parole de
- l'intersyndicale
- 3. M. Kamil Diraneh Hared, secrétaire général de l'UGTD et
- coprésident de
- l'intersyndicale
- 4. M. Mohamed Doubad Wais, deuxième secrétaire général de
- l'UGTD et secrétaire
- général du Syndicat de l'OPT
- 5. M. Habib Ahmed Doualleh, secrétaire général du Syndicat
- des employés de
- l'Electricité de Djibouti
- 6. M. Abdillahi Aden Ali, responsable syndical de
- l'intersyndicale
- Enseignants du second degré suspendus depuis août 1996,
- puis radiés de la
- fonction publique le 16 février 1997
- 1. M. Souleman Ahmed Mohamed, secrétaire général adjoint
- de l'UDT et
- ex-secrétaire général du SYNESED
- 2. M. Mohamed Ali Djama, secrétaire général adjoint du
- SYNESED
- 3. Mme Mariam Hassan Ali, ex-secrétaire générale du
- SYNESED
- 4. M. Kamil Hassan, secrétaire chargé de l'information au
- SYNESED
- 5. Mlle Mallyoun Benoit Frumence, secrétaire chargée de la
- documentation au
- SYNESED
- Enseignants du primaire révoqués en 1996
- 1. M. Abdoulfatah Hassan Ibrahim, secrétaire général du SEP
- 2. M. Ahmed Ali Sultan, dirigeant syndical du SEP
- Membres du Syndicat du chemin de fer de Djibouti-Ethiopie,
- licenciés le 23
- septembre 1995 pour agression contre la personne d'un agent
- par décision de la
- Direction des chemins de fer
- 1. M. Houssein Dirieh Gouled
- 2. M. Ahmed Elni Fod
- 3. M. Moussa Wais Ibrahim
- D'après les représentants des travailleurs rencontrés par la
- mission, M. Kamil
- Diraneh Hared, Secrétaire général de l'UGTD a été licencié le
- 16 septembre
- 1995 par la Direction des chemins de fer de Djibouti pour
- absence de son poste
- de travail. Il a été repris par une note de service no 37/97 du
- 15 avril 1997
- du directeur général des chemins de fer, et cette note a été
- annulée par une
- nouvelle note écrite du président et du vice-président du
- conseil
- d'administration des chemins de fer, respectivement ministres
- des Transports
- de Djibouti et d'Ethiopie, le 21 avril 1997. Le licenciement de
- l'intéressé
- est donc maintenu. Les autres syndicalistes, nommément
- désignés, figurant sur
- la liste contenue dans l'annexe II au 307e rapport du Comité
- de la liberté
- syndicale, qui ne sont pas mentionnés parmi les dirigeants
- syndicaux encore
- licenciés, ont été repris ou vivent en exil en France ou au
- Canada.
- S'agissant du cas no 1922, les autorités gouvernementales du
- ministère du
- Travail ont indiqué à la mission qu'elles n'avaient pas reçu
- copie de la
- plainte de l'Internationale de l'éducation (EI) et des deux
- syndicats
- d'enseignants (SYNESED et SEP) plaignants dans cette
- affaire. La mission a
- donc remis en mains propres aux fonctionnaires de ce
- ministère une copie de
- ladite plainte.
- La mission a, par ailleurs, rencontré les représentants des
- travailleurs et
- les autorités gouvernementales des ministères de l'Education
- nationale et de
- la Fonction publique à propos de cette affaire. Ces autorités
- ont indiqué que
- la plupart des enseignants contractuels de l'enseignement
- primaire et
- secondaire ont été réintégrés dans leur emploi. Elles ont
- convenu que cinq
- enseignants fonctionnaires, nommément désignés par les
- plaignants, ont été
- radiés de la fonction publique.
- Les représentants des travailleurs ont fourni une note de
- service no
- 13861/95/MEN du 12 septembre 1995 faisant état de la
- radiation de tous les
- instituteurs suppléants qui n'avaient pas rejoint leur poste le 9
- septembre
- 1995 et qui, de ce fait, ont été radiés de leurs fonctions le 13
- septembre
- 1995. Cette note est signée par le ministre de l'Education
- nationale, M. Ahmed
- Guirreh Waberi. Ils ont par ailleurs précisé qu'une des
- fonctionnaires radiée,
- Mme Hassan Ali, secrétaire générale du SYNESED,
- suspendue de ses fonctions
- depuis le 15 août 1996 puis, comme les autres fonctionnaires,
- radiée de la
- fonction publique le 16 février 1997, a dû s'exiler en France où
- elle a
- rejoint son conjoint, enseignant coopérant français dont le
- contrat de travail
- à Djibouti n'a pas été renouvelé.
- Selon les autorités gouvernementales, le contrat de travail de
- ce coopérant
- avait été renouvelé précédemment et arrivait normalement à
- expiration, les
- coopérants ne restant jamais en poste dans un pays plus de
- six ans.
- Les représentants des travailleurs ont également précisé
- qu'une enseignante
- contractuelle, Mlle Khadija Aboulkader Abeba, a dû quitter le
- pays pour le
- Canada, qu'un enseignant, M. Abdourachid Ali Abdo, a
- changé de travail et que
- M. Farah Abdillahi, secrétaire général du SYNESED, muté
- dans un poste éloigné
- de la capitale, est revenu à Djibouti à la rentrée scolaire
- d'octobre 1997
- après avoir dû produire un certificat médical faisant état d'un
- accident du
- travail, notamment d'une blessure au pied.
- Concernant la radiation alléguée de 400 enseignants par une
- note de service du
- ministère de l'Education nationale, les autorités
- gouvernementales du
- ministère de l'Education nationale ont nié qu'elle ait eu lieu.
- Elles ont
- expliqué qu'à la suite des grèves sauvages, qui s'étaient
- déroulées en 1996,
- environ 400 personnes, chômeurs sans emploi, ont été
- mobilisées pour remplacer
- les instituteurs titulaires et contractuels, grévistes, pendant la
- durée de la
- grève pour assurer la garde des enfants. Toutefois, à la
- satisfaction des
- syndicats, à l'issue des grèves, les enseignants du primaire et
- du secondaire,
- titulaires et contractuels, ont été repris dans leur poste, et les
- 400
- personnes sans emploi, qui avaient été mobilisées
- ponctuellement pour les
- remplacer, n'ont pas été maintenues en emploi. Les
- représentants des
- travailleurs ont, dans l'ensemble, corroboré cette version des
- faits, ajoutant
- toutefois que des enseignants repris dans leur poste avaient
- dû s'engager par
- écrit à ne pas adhérer à un syndicat, ce qu'ont nié les autorités
- gouvernementales du ministère de l'Education nationale.
- Concernant le non-renouvellement allégué des contrats
- d'environ 180
- instituteurs, maîtres auxiliaires, les autorités gouvernementales
- du ministère
- de l'Education nationale ont indiqué que ces instituteurs ont
- été repris après
- trois semaines de grève à la suite de négociations avec le
- Syndicat des
- enseignants du second degré (SYNESED). Cependant, elles
- ont expliqué que
- l'enseignement primaire comptant un millier d'enseignants, dont
- 400 suppléants
- instituteurs maîtres auxiliaires, des discussions ont été
- engagées avec le
- Syndicat des enseignants du primaire (SEP) à propos,
- notamment, de la
- titularisation des suppléants et des arriérés de salaires
- particulièrement
- lourds pour les suppléants. Les autorités gouvernementales du
- ministère de
- l'Education nationale ont convenu que certains maîtres
- auxiliaires n'ont pas
- été renouvelés dans leur emploi non pas, selon elles, pour fait
- de grève, mais
- parce que les autorités souhaitaient que le recrutement des
- instituteurs suive
- la voie de la procédure normale de formation des maîtres,
- notamment en passant
- par l'Ecole normale d'instituteurs.
- Les représentants des travailleurs ont indiqué qu'à la suite des
- grèves un
- certain nombre d'instituteurs maîtres auxiliaires, en fonction
- depuis de
- nombreuses années, parfois de très nombreuses années,
- n'ayant pas obtempéré à
- la demande des autorités de reprendre le travail, ont reçu une
- notification de
- rupture de leur contrat de travail et ils ont fourni la note de
- service du 12
- septembre 1995 qui apportait la preuve de leurs dires.
- S'agissant de la
- titularisation des enseignants du primaire, les représentants des
- enseignants
- du primaire ne contestent pas le mode de recrutement dans ce
- secteur, mais ils
- réclament en vain, depuis des années, une formation
- adéquate pour les
- intéressés.
- D'une manière générale, les autorités gouvernementales du
- ministère de
- l'Education nationale ont expliqué que le système éducatif
- fonctionne, mais
- que les retards dans le paiement des salaires constituent un
- problème
- financier qui touche toutes les personnes qui émargent au
- budget de l'Etat,
- fonctionnaires ou contractuels des secteurs publics et
- parapublics. Sur ce
- point, le ministre du Travail a même indiqué à la mission que la
- masse
- salariale des dépenses publiques s'élève à 17 milliards de
- francs djiboutiens
- et que les recettes ne s'élèvent qu'à 12 ou 13 milliards de
- francs
- djiboutiens. En conséquence, les enseignants, qui
- représentent le troisième
- poste budgétaire après ceux de la Défense nationale et de
- l'intérieur,
- perçoivent leur salaire avec retard. Actuellement ils attendent
- deux mois
- d'arriérés de salaires pour 1995 et trois mois d'arriérés de
- salaires pour
- 1997. Les autorités gouvernementales du ministère de
- l'Education nationale ont
- indiqué à la mission que ces arriérés de salaires ne sont pas du
- ressort du
- ministère de l'Education nationale, mais que le ministère fait
- tout son
- possible pour que les enseignants soient payés et qu'il
- souhaite pouvoir
- s'appuyer sur des syndicats forts, face notamment au ministère
- des Finances.
- Elles ont affirmé qu'à Djibouti, la tâche des enseignants est
- noble et
- respectée, mais il est exact que les professeurs travaillent dans
- des
- conditions difficiles. Il n'y a pas eu de mutations sanctions, le
- ministère
- s'efforçant simplement de répartir les enseignants sur
- l'ensemble du
- territoire. D'ailleurs, le secrétaire général du SYNESED, M.
- Farah Abdillali,
- qui avait été muté dans une province éloignée, est revenu en
- octobre 1997 à
- Djibouti après avoir présenté un certificat médical faisant état
- d'un accident
- du travail. Le ministère de l'Education nationale ne met pas en
- cause la
- compétence pédagogique des enseignants licenciés ou
- radiés; au contraire, il
- s'efforce de les réintégrer. Ainsi, les enseignants contractuels
- ont été
- repris. Deux des cinq enseignants radiés ont fait une demande
- de
- réintégration. Leur cas est en ce moment à l'étude.
- Les autorités gouvernementales du ministère de l'Education
- nationale ont remis
- à la mission le texte d'une communication écrite que ce
- ministère avait
- adressé à l'Internationale de l'éducation (EI) le 6 avril 1997 en
- réponse à la
- plainte que cette organisation avait adressée conjointement au
- BIT et au
- ministre de l'Education nationale de Djibouti, soit deux jours
- après le dépôt
- de la plainte de EI au BIT. D'après cette communication, qui
- répond pour
- partie à la plainte contenue dans le cas no 1922, mais qui
- n'avait pas été
- portée à la connaissance du Comité de la liberté syndicale, le
- dialogue a
- repris avec le SEP; plusieurs rencontres ont fait progresser les
- négociations.
- Après deux semaines de grève, les enseignants ont repris les
- cours. Les
- enseignants sanctionnés pour abandon de poste ont été repris
- et même
- réintégrés dans la fonction publique.
- S'agissant du dialogue avec le SYNESED, le ministre de
- l'Education nationale a
- lui-même effectué des tournées dans les établissements pour
- dialoguer avec les
- enseignants en vue d'une reprise du travail. A l'initiative d'une
- délégation
- de professeurs grévistes, du lycée d'Etat de Djibouti, une
- réunion entre les
- membres d'un commission d'enseignants (désignés par le
- syndicat) et la
- direction générale de l'Education nationale s'est tenue le 8
- mars 1997. Six
- points ont été évoqués au cours de ladite réunion:
- -- la réintégration des professeurs contractuels dont le contrat
- n'a pas été
- renouvelé;
- les trois professeurs ont été repris le 11 mars 1997 dans des
- établissements
- publics;
- -- la réintégration de cinq professeurs fonctionnaires révoqués
- par décision
- du Conseil de discipline le 16 février 1997;
- la décision de ce conseil étant souveraine, leur réintégration
- n'est pas du
- ressort du ministère de l'Education et le syndicat doit, s'il le
- souhaite,
- utiliser tous les recours légaux en vigueur dans le pays;
- -- les salaires et indemnités de logement;
- l'ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire
- international pour
- assainir l'économie a obligé le ministère des Finances de
- séparer salaires et
- indemnités sur deux mandats différents. Salaires et indemnités
- ont donc été
- payés séparément, mais en même temps;
- -- les salaires des professeurs nouvellement recrutés;
- les salaires de la majorité des nouveaux professeurs ont été
- payés et quelques
- décisions sont en cours de règlement;
- -- les retenues sur salaires dues à la grève;
- le syndicat refuse les retenues sur salaires; ces retenues sont
- liées à une
- absence du travail, en application des textes en vigueur.
- Cependant, il a été
- proposé aux syndicats soit d'élaborer un calendrier de
- rattrapage des cours
- pour boucler le programme à tous les niveaux, préalable au
- réexamen de
- l'application de ces retenues, soit d'échelonner les retenues,
- échelonnement
- qui est à l'étude;
- -- le droit de circuler dans les établissements;
- ce droit a été limité dans les situations suivantes: manque de
- respect du
- préavis de quinze jours pour déclencher une grève;
- comportement inacceptable
- de certains délégués, par exemple lorsque le chef
- d'établissement n'est pas
- préalablement informé de l'affichage ou de la visite des
- délégués extérieurs,
- ou lorsque les non-grévistes se plaignent des provocations des
- grévistes dans
- la salle des professeurs. Les grévistes ont le droit de faire
- grève, mais les
- non-grévistes ont aussi le droit de ne pas faire grève. Enfin,
- l'incitation, à
- l'intérieur et à l'extérieur des établissements, des élèves à se
- solidariser
- avec les professeurs et à faire grève a contraint l'administration
- à prendre
- des mesures.
- La communication écrite poursuit en indiquant que le ministre
- de l'Education
- nationale a appelé à la poursuite du dialogue et ajouté
- qu'après quatre
- semaines de grève les professeurs du secondaire ont repris le
- travail. Il a
- confirmé que des professeurs ont été arrêtés à l'extérieur des
- établissements
- suite aux troubles de l'ordre public, puis relâchés sur son
- intervention. Il a
- rappelé que le maintien de l'ordre public n'est pas du ressort de
- son
- ministère. Enfin, il a indiqué qu'une autre réunion entre les
- fonctionnaires
- de l'Education nationale et les syndicalistes a eu lieu le 25
- mars 1997 où les
- questions de rejet de décisions de non-renouvellement de
- contrat concernant
- certains stagiaires, de logement, de salaire des révoqués, de
- liberté
- syndicale (circulation de délégués dans les établissements), de
- retenues sur
- salaire et de réintégration des révoqués ont été abordées.
- Il semble à la mission que cette réunion n'ait pas débouché sur
- un
- procès-verbal de conciliation sur tous les points examinés lors
- de celle-ci,
- d'après les indications fournies par les représentants des
- travailleurs et
- corroborées par les autorités gouvernementales.
- Sur la question des radiations, les autorités gouvernementales
- du ministère de
- la Fonction publique ont elles aussi expliqué que tous les
- agents de l'Etat
- avaient des arriérés de salaires, que des commissions de
- médiation, composées
- de représentants des ministères du Travail, de l'Enseignement
- et de la
- Fonction publique, avaient reçu les enseignants, qu'elles
- avaient écouté leurs
- revendications et fait droit à leurs demandes, sauf à celle
- relative aux
- arriérés de salaires qui concernaient l'ensemble des
- fonctionnaires et des
- employés des secteurs publics et parapublics. Les
- procès-verbaux de
- conciliation l'attestent. Mais les syndicats avaient fait de la
- désinformation. Les préavis de quinze jours, prévus par la loi,
- pour
- déclencher les grèves dans la fonction publique n'avaient pas
- toujours été
- respectés. Les autorités gouvernementales du ministère de la
- Fonction publique
- ont rappelé que les fonctionnaires étaient tenus à un devoir de
- réserve. Ils
- avaient cependant affiché des communiqués syndicaux dans
- des journaux
- d'opposition et fait boycotter des examens et des corrections
- d'examens, ce
- qui avait conduit à des suspensions en août 1996 et à la
- comparution de cinq
- enseignants fonctionnaires devant le Conseil de discipline de
- la fonction
- publique, qui rend des décisions motivées, en février 1997. Le
- Conseil de
- discipline, composé de six membres et présidé par le ministre
- de la Fonction
- publique, avait entendu le rapporteur désigné par les deux
- parties et avait
- rendu, à huis clos, par des décisions adoptées à la majorité
- des voix dans les
- cinq cas proposant la radiation des intéressés à la présidence
- de la
- République. Dans un cas au moins, la décision avait été
- adoptée avec la voix
- prépondérante du président après partage des voix. La
- radiation a donc été
- prononcée par le Président de la République en février 1997.
- Les recours
- devant le tribunal administratif ne sont plus possibles, le délai
- de
- forclusion de trois mois pour faire appel ayant été épuisé. Les
- autorités
- gouvernementales du ministère de la Fonction publique ont
- néanmoins indiqué
- qu'elles ne s'opposeraient pas à la reprise des enseignants
- radiés comme
- contractuels si une demande leur était adressée en ce sens.
- Elles ont
- toutefois exclu la possibilité d'une réintégration des intéressés
- en tant que
- fonctionnaires, ce qui aura selon elles pour incidence qu'ils ne
- pourront pas
- être réélus à la direction syndicale du SYNESED, le syndicat
- des enseignants
- de fonctionnaires.
- Les représentants des travailleurs enseignants du SYNESED
- ont indiqué sur ce
- point à la mission que les conseils de discipline qui les avaient
- radiés ne
- comportaient pas d'enseignants et qu'ils n'avaient pas reçu la
- notification
- formelle de leur radiation, raison pour laquelle ils n'avaient pas
- pu saisir
- le tribunal administratif d'un recours en appel sur ces
- radiations. Par
- ailleurs, ils ont indiqué à la mission que les statuts du SEP et
- du SYNESED,
- dont ils ont remis copie à la mission, permettent à tous les
- enseignants du
- primaire et du secondaire de Djibouti, qu'ils soient ou non
- fonctionnaires,
- d'adhérer à ces syndicats.
- Gel des cotisations syndicales
- Les représentants des travailleurs ont indiqué à la mission que
- les banques
- privées, où se trouvaient les avoirs du Syndicat des employés
- de l'Office des
- postes et des télécommunications (OPT), et du Syndicat des
- employés de
- l'Electricité de Djibouti (SEED), ont restitué aux dirigeants
- syndicaux de ces
- syndicats les cotisations des travailleurs.
- Congrès djiboutien du travail (CODJITRA)
- Les représentants des travailleurs ont indiqué à la mission que
- cette
- centrale, nouvellement créée, n'avait aucune audience dans
- le pays, qu'elle ne
- représentait qu'une seule personne: le dirigeant qui l'avait
- créée et qui
- était proche du gouvernement. Ils ont fourni à la mission des
- communiqués de
- presse de ladite centrale faisant état de son soutien aux
- mesures prises par
- le gouvernement et de la désignation par arrêté du
- gouvernement no 97/086/CAB,
- en tant que représentant des travailleurs de Djibouti à la
- Conférence
- internationale du Travail de juin 1997, de son secrétaire
- général, M. Mohamoud
- Ali Boulaleh. Ils ont également fourni à la mission la décision de
- la
- Commission de vérification des pouvoirs de la Conférence
- internationale du
- Travail de juin 1997, estimant à l'unanimité que les pouvoirs du
- délégué des
- travailleurs de Djibouti devraient être invalidés. La Commission
- de
- vérification des pouvoirs y indiquait notamment:
- Les éléments dont dispose actuellement la commission
- indiquent que le délégué
- travailleur a été choisi au sein de l'organisation, étroitement liée
- au
- gouvernement, au détriment de l'organisation des travailleurs
- qui apparaît
- indiscutablement comme la plus représentative à Djibouti, en
- violation de
- l'article 3, paragraphe 5, de la Constitution de l'OIT (Compte
- rendu
- provisoire, 85e session, Genève, 1997, VII D).
- Les représentants des travailleurs ont également fourni à la
- mission un autre
- communiqué de presse du CODJITRA rédigé notamment
- comme suit:
- Le CODJITRA est une institution sociale, forte et
- démocratique, qui partage
- les mêmes idéaux que les dirigeants actuels, donc proche du
- parti au pouvoir,
- en l'occurrence le Rassemblement populaire pour le progrès
- (RPP).
- Le communiqué conclut que "le contenu du rapport de la
- Commission de
- vérification des pouvoirs de la 85e session de la Conférence
- internationale du
- Travail et du 307e rapport du Comité de la liberté syndicale
- constitue une
- violation grave des articles 2 et 3 de la convention no 87 de
- l'OIT".
- Locaux syndicaux
- Les représentants des travailleurs ont expliqué à la mission que
- les locaux de
- l'UGTD étaient toujours fermés. Ils avaient souhaité, dans un
- premier temps,
- obtenir un local séparé pour l'UDT mais depuis, les
- représentants de l'UGTD et
- de l'UDT étaient parfaitement d'accord pour partager ce local
- qui avait été
- construit en 1958 pour les gens de mer par la Confédération
- française Force
- Ouvrière (CGT-FO). Le gouvernement avait cherché à imposer
- à l'UGTD et à l'UDT
- des conditions inacceptables concernant l'usage des locaux
- syndicaux,
- comportant un grand nombre d'interdits. Ils ont indiqué qu'ils
- souhaitaient
- obtenir la levée des scellés du siège syndical sans condition et
- dans l'état
- initial de l'immeuble. Ils ont rappelé en effet que, ainsi, la
- coordination
- intersyndicale, UDT/UGTD, pourrait tenir des réunions
- syndicales sans devoir
- demander d'autorisation au ministère de l'Intérieur et se la voir
- refuser.
- Par ailleurs, les représentants des travailleurs ont expliqué que,
- le 7
- juillet 1997, un huissier de justice et des policiers en uniforme
- avaient
- forcé la porte du domicile privé du président de l'UDT,
- coprésident de
- l'intersyndicale, M. Egueh, secrétaire général du Syndicat des
- employés de
- l'aéroport, emportant notamment les archives syndicales de
- l'UDT, alors que la
- justice avait donné gain de cause à M. Egueh sur la question
- de son logement.
- Suspension de Maître Aref, avocat des organisations
- syndicales, et poursuites
- judiciaires le concernant
- Concernant la suspension dont fait l'objet Maître Mohamed
- Aref, les autorités
- gouvernementales du ministère de la Justice ont indiqué à la
- mission que
- l'intéressé a été suspendu pour des faits autres que la défense
- des intérêts
- des militants syndicaux. Il serait actuellement poursuivi
- pénalement pour
- s'être constitué défenseur d'une société privée à Djibouti et de
- la partie
- adverse, une société de droit britannique, dans un même
- procès. L'affaire le
- concernant n'a pas été jugée, elle devait l'être en janvier
- 1998, mais elle a
- été reportée au mois de mars 1998. En attendant, le Barreau
- de Djibouti lui a
- interdit, temporairement, d'exercer la profession d'avocat.
- Maître Ali Dini,
- Bâtonnier de l'Ordre des avocats de Djibouti, a fait état des
- mêmes causes
- pour la poursuite pénale.
- Les représentants des travailleurs contestent vigoureusement
- cette version des
- faits; ils estiment que Maître Aref fait l'objet de sanctions pour
- les avoir
- défendus et que, depuis lors, aucun avocat à Djibouti n'ose
- prendre la défense
- des syndicalistes, d'autant plus que les plaintes déposées par
- ces derniers
- auprès du ministère public restent sans suite.
- Des documents de la Fédération internationale des ligues des
- droits de l'homme
- (FIDH) et de la Fédération nationale des unions de jeunes
- avocats (FNUJA) ont
- été adressés par Maître Aref à la mission corroborant les
- indications fournies
- par les représentants des travailleurs.
- Dans la lettre en date du 26 janvier 1996 adressée au
- Président de la
- République de Djibouti, la Fédération internationale des ligues
- des droits de
- l'homme (FIDH) fait état d'informations concernant des
- menaces et des
- tracasseries administratives et policières à l'égard de Maître
- Aref, destinées
- à l'intimider et à le pousser à abandonner certaines affaires en
- cours, et
- s'inquiète d'une paralysie du système judiciaire du fait que des
- plaintes
- déposées par Maître Aref auprès du Procureur de la
- République n'ont pas donné
- lieu aux enquêtes nécessaires à l'instruction du dossier.
- Le rapport établi par la mission d'observation judiciaire
- effectuée à Djibouti
- du 4 au 11 octobre 1997 pour la Fédération nationale des
- unions de jeunes
- avocats (FNUJA) mentionne les difficultés rencontrées à son
- arrivée par
- l'avocat chargé de la mission (tentative de refoulement) qui a
- pu ensuite
- rencontrer de nombreux représentants de la vie politique et
- sociale de
- Djibouti, plusieurs magistrats et recueillir de nombreuses
- informations.
- Relatant par ailleurs de multiples atteintes aux droits de
- l'homme et aux
- libertés à Djibouti, il fait état de graves irrégularités et violations
- de
- principes élémentaires garantissant un procès équitable
- commises au cours des
- procès concernant quatre parlementaires et le Président du
- Conseil
- constitutionnel (révoqué après avoir présidé la séance au
- cours de laquelle le
- Conseil avait estimé viciée la procédure de levée de l'immunité
- de ces
- parlementaires), pour lesquels Maître Aref avait été sollicité
- comme
- défenseur, le Conseil de l'Union interparlementaire réuni au
- Caire en
- septembre 1997 ayant exprimé sa profonde préoccupation à
- cet égard.
- Selon le rapport, Maître Aref lui-même, défenseur actif des
- droits de l'homme,
- a été inculpé pour escroquerie le 23 janvier 1997. Une
- réclamation purement
- disciplinaire avait été déposée par un cabinet d'avocats
- londonien en mars
- 1995 mais était restée plus d'un an sans suite après les
- explications fournies
- par Maître Aref au Bâtonnier et au cabinet d'avocats; puis il a
- été cité à
- comparaître pour tentative d'escroquerie devant le tribunal
- correctionnel à
- l'audience du 6 octobre 1997, sans avoir pu obtenir de
- précisions sur les
- faits retenus comme charges contre lui lors de l'audience
- antérieure de
- première comparution, depuis laquelle aucun acte d'instruction
- n'a été
- diligenté par le magistrat instructeur. Un avocat parisien
- sollicité par
- Maître Aref pour sa défense a été refoulé et a dû aussitôt
- regagner la France.
- Au cours de l'audience, le cabinet londonien et le ministère
- public
- demandaient le renvoi de l'affaire, que le tribunal a décidé sur
- le champ
- malgré l'opposition des défenseurs de Maître Aref, le Procureur
- de la
- République (sur l'intervention d'un avocat parisien) informant
- par la suite le
- tribunal que l'affaire était renvoyée jusqu'à décision de la Cour
- suprême sur
- un pourvoi de Maître Aref soulevant des moyens de nullité de
- la procédure,
- toujours pendant devant la Cour suprême.
- Sur le plan disciplinaire, le Conseil de l'Ordre des avocats de
- Djibouti avait
- décidé en février 1997, près de deux ans après la réclamation
- disciplinaire du
- cabinet britannique, d'interdire provisoirement à Maître Aref
- d'exercer ses
- fonctions d'avocat, dans l'attente de poursuites disciplinaires,
- décision
- contre laquelle il a formé un recours devant la Cour d'appel. En
- outre,
- l'avocat désigné par le Conseil de l'Ordre en qualité
- d'administrateur de son
- cabinet a informé la mission d'observation judiciaire que toutes
- les
- juridictions de Djibouti refusaient qu'il se constitue en cette
- qualité pour
- de nouveaux dossiers, bien qu'aucun texte en vigueur à
- Djibouti n'autorise une
- juridiction à refuser la constitution d'un avocat représenté par
- l'administrateur de son cabinet dûment mandaté par le Conseil
- de l'Ordre (ce
- qui serait de nature à entraîner la disparition de ce cabinet).
- Le rapport de la FNUJA conclut que les procédures pénales et
- disciplinaires
- engagées à l'encontre de Maître Aref ont été menées dans
- des conditions
- contraires à la présomption d'innocence et au respect des
- droits de la
- défense, en vue de l'empêcher d'exercer son activité de
- défenseur en justice.
- Elections sociales
- Les représentants des travailleurs ont indiqué à la mission qu'ils
- souhaitaient la tenue, à brève échéance, des élections
- sociales dans les
- entreprises et des élections syndicales afin d'être à même de
- participer
- pleinement au dialogue et à la concertation sociale en tant
- que partenaire
- social incontournable. Ils souhaitaient ainsi pouvoir désigner
- un représentant
- des travailleurs au tribunal du travail et des représentants des
- travailleurs
- dans les conseils d'administration des entreprises publiques et
- parapubliques
- et à la Commission consultative du travail. A cet égard, ils ont
- rappelé en
- particulier leur ferme souhait d'être consultés lors de la révision
- du Code du
- travail en cours.
- Les représentants des employeurs rencontrés par la mission
- ont indiqué, pour
- leur part, que le ministère du Travail et de la Formation
- professionnelle les
- avait consultés dans le cadre de la révision du Code du travail
- en cours, en
- particulier sur la question du titre III sur le contrat de travail
- ainsi que
- sur les autres modifications envisagées du code. Ils souhaitent
- que les
- représentants des travailleurs puissent à nouveau siéger dans
- les conseils
- d'administration, mais actuellement les dirigeants de
- l'UDT/UGTD ne
- représentent pas, selon eux, l'ensemble des travailleurs. Ils se
- sont donc
- également montrés favorables à la tenue des élections
- sociales.
- Réunions entre le ministre du Travail et les hauts représentants
- syndicaux de
- l'UDT/UGTD au ministère du Travail
- La mission avait demandé et a obtenu qu'une réunion de haut
- niveau ait lieu
- sous la présidence du ministre du Travail avec cinq dirigeants
- syndicaux de la
- coordination intersyndicale, UDT/UGTD. Lors de cette
- réunion, les
- représentants des travailleurs ont manifesté leur intention de
- voir le
- dialogue reprendre avec les autorités afin de pouvoir participer
- pleinement à
- la concertation sociale dans le pays. Le ministre du Travail a
- accepté de
- faire remettre à la coordination intersyndicale les clés des
- locaux syndicaux,
- fermés depuis le 7 mai 1996 sur intervention de la police. Le
- porte-parole de
- la coordination intersyndicale, UDT/UGTD, a donc déclaré
- par écrit avoir reçu
- les clés des locaux syndicaux le 15 janvier 1998. Le ministre a
- précisé, sur
- le point essentiel des revendications des dirigeants syndicaux,
- à savoir la
- réintégration dans leurs emplois et fonctions des membres de
- la haute
- direction des deux centrales ainsi que des syndicats
- d'enseignants du primaire
- et du secondaire, qu'un début de calendrier allait se mettre en
- place pour
- discuter de ces questions. Il a donné rendez-vous aux
- dirigeants syndicaux
- concernés pour une nouvelle réunion trois jours après la fin du
- Ramadan pour
- l'Aïd El Fitr, expliquant qu'il venait de prendre ses fonctions et
- qu'il était
- nécessaire qu'il puisse disposer d'un certain temps pour se
- concerter avec les
- autres membres du gouvernement sur ces questions
- importantes. Les
- représentants des travailleurs ont accepté ce nouveau délai
- dans l'espoir
- d'obtenir la réintégration dans leurs emplois et fonctions des
- dirigeants
- syndicaux licenciés ou radiés et la reconnaissance légale,
- pleine et entière,
- des organisations syndicales, à savoir de la coordination
- intersyndicale,
- UDT/UGTD, et du SYNESED et du SEP.
- Communication écrite du gouvernement
- Les autorités gouvernementales du ministère du Travail et de
- la Formation
- professionnelle ont assuré à la mission qu'une communication
- écrite en réponse
- aux deux cas en instance serait envoyée prochainement au
- Comité de la liberté
- syndicale.
- Résultats obtenus, assurances données par les autorités et
- perspectives
- d'avenir
- La mission a pu constater, malgré un contexte général
- demeuré à bien des
- égards répressif, à la fois que la situation s'était déjà clarifiée
- avant son
- arrivée sur certains points, en particulier sur les détentions et
- certaines
- poursuites judiciaires, mais qu'elle demeurait hypothéquée par
- une quasi
- totale absence de dialogue entre les autorités
- gouvernementales et
- administratives et les organisations syndicales, de sorte que les
- problèmes
- graves concernant les licenciements de dirigeants syndicaux
- et les radiations
- d'enseignants, ainsi que la fermeture et la privation des locaux
- syndicaux et
- du matériel syndical, restaient sans solution depuis un temps
- déjà long.
- A cet égard, la mission de contacts directs peut être
- considérée comme une
- bonne initiative et paraît avoir déjà porté des fruits dans la
- mesure où un
- dialogue vient de s'établir entre le ministre du Travail et les
- représentants
- des organisations syndicales et où l'accord auquel ceux-ci
- sont parvenus sera
- respecté et suivi d'effets.
- Résultats obtenus et assurances données par les autorités
- Un accord de contenu limité, mais de portée plus ample, a en
- effet été conclu
- à l'issue de la réunion commune suggérée par la mission,
- aussitôt acceptée par
- le ministre du Travail et proposée par celui-ci aux organisations
- syndicales.
- Cette réunion, tenue dans le bureau du ministre du Travail,
- rassemblant
- celui-ci et ses proches collaborateurs, les représentants des
- organisations
- syndicales, en présence de la mission, a certainement
- constitué le temps fort
- de celle-ci du fait qu'y a été manifesté la volonté d'établir un
- dialogue et
- d'expliquer et de comprendre les points de vue et les positions
- respectifs.
- Le représentant du Directeur général pouvait se féliciter
- d'emblée de la tenue
- de cette réunion, susceptible de dissiper des
- incompréhensions et des
- malentendus. D'autant plus que les problèmes à résoudre ne
- procèdent pas des
- textes et réglementations en vigueur, conformes aux principes
- de la liberté
- syndicale, mais concernent l'application de ces textes. Celle-ci
- devrait
- permettre, dans le contexte des changements politiques et
- économiques que
- vient de connaître la République de Djibouti, qui sollicite des
- aides, de
- constater que le principe de la liberté syndicale y est respecté
- et qu'une vie
- syndicale normale peut s'y rétablir non seulement grâce à la
- réintégration des
- syndicalistes licenciés ou radiés, mais par l'organisation des
- élections de
- représentants des travailleurs dans les entreprises, dans les
- conditions
- légales qui exigent la possibilité de la participation des
- syndicats; une
- préparation de ce rétablissement serait possible grâce à une
- session
- tripartite de formation à laquelle pourrait participer le BIT.
- Les représentants des syndicats ont vu dans cette réunion un
- pas positif leur
- permettant de ne plus être considérés comme des
- organisations subversives,
- mais comme des partenaires sociaux exerçant leurs droits et
- s'acquittant de
- leurs devoirs en vue du développement économique et social
- du pays. Aussi
- demandent-ils en priorité le rétablissement dans leurs emplois
- et fonctions,
- et donc dans leurs droits, des dirigeants syndicaux licenciés,
- sous prétexte
- d'abandon de poste, quelques jours après avoir exercé leur
- droit de grève
- constitutionnellement reconnu, alors qu'ils ont agi dans le
- cadre de la loi et
- de leur rôle de dirigeants syndicaux et qu'ils n'ont pas été
- réintégrés bien
- que la loi de finances (relative au Plan d'ajustement structurel),
- objet du
- conflit, ait été retirée trois mois plus tard pour
- inconstitutionnalité. Ils
- demandent aussi la reconnaissance légale des organisations
- syndicales
- existantes et de leurs dirigeants, quelle que soit leur situation
- personnelle,
- et souhaitent des élections sociales dans les entreprises ainsi
- que la
- création d'une commission de concertation sociale pour la
- mise en oeuvre du
- Plan d'ajustement structurel. Le mouvement syndical a besoin
- de formation et
- aussi de se restructurer. Quant au problème des locaux, il
- devrait pouvoir
- trouver une solution simple et rapide.
- Le ministre du Travail a déclaré qu'il est prêt à examiner les
- situations dans
- lesquelles sont intervenus les licenciements, dont il pense que
- les motifs
- étaient autres que d'ordre syndical et concernaient non des
- faits de grève
- mais des absences répétées au travail. Nouveau à ce
- ministère, il ne dispose
- pas de toutes les données de la question, les faits remontant à
- deux ans et
- demi; il lui faut du temps et il demande aux syndicalistes de lui
- donner les
- outils lui permettant de revoir ce problème sans a priori, et de
- travailler à
- réduire les préjugés de part et d'autre et à dissiper l'impression
- de certains
- selon laquelle les syndicalistes ont voulu jouer un rôle politique.
- Il y a une
- absence de culture syndicale et de compréhension du rôle des
- syndicats. Un
- dialogue sans a priori doit permettre de faire avancer les
- choses, et le
- ministre entend s'y employer, les syndicats devant de leur côté
- tenir compte
- des changements réalisés et en cours à Djibouti dans le sens
- du multipartisme
- et du pluralisme syndical.
- Le ministre propose alors aux représentants des organisations
- syndicales un
- début de calendrier de rencontres destinées à permettre
- d'examiner les
- problèmes; rendez-vous est pris pour une première rencontre le
- troisième jour
- après la fin du ramadan.
- Quant aux locaux syndicaux, fermés par la police depuis le 7
- mai 1996, le
- ministre charge le directeur du travail d'en remettre les clés au
- porte-parole
- de l'intersyndicale UGTD/UDT; la remise en est effectuée le
- jour même (15
- janvier 1998).
- Enfin, en ce qui concerne les enseignants licenciés ou radiés,
- le ministre du
- Travail prendra contact avec les autorités gouvernementales
- compétentes, et en
- particulier avec le ministre de l'Education nationale qui a déjà
- fait
- effectuer la reprise de certains d'entre eux.
- Perspectives d'avenir
- I. Ayant recueilli les informations fournies par le gouvernement
- et par les
- organisations syndicales rencontrées, et ayant participé à la
- réunion tenue au
- ministère du Travail, sur sa proposition, entre le ministre du
- Travail et les
- représentants des organisations syndicales, la mission a
- constaté que la
- situation avait connu une certaine amélioration à plusieurs
- égards, et en
- particulier sur les points suivants:
- -- il n'y a plus, actuellement, de personnes détenues en prison
- pour des faits
- intéressant l'exercice de la liberté syndicale ou du droit de
- grève, reconnus
- par la législation djiboutienne, ni de poursuites judiciaires pour
- les mêmes
- raisons, sous réserve de l'appel -- en suspens -- d'une
- condamnation pénale
- pour outrage;
- -- les locaux antérieurement occupés par les organisations
- syndicales, puis
- fermés par les forces de l'ordre, ont été remis à la disposition
- de
- l'intersyndicale à la fin de la réunion tenue au ministère du
- Travail le 15
- janvier 1998, la remise des clés constituant a priori un geste
- significatif de
- reconnaissance légale de l'intersyndicale UGTD/UDT en tant
- que coordination
- des deux organisations;
- -- il se confirme, par ailleurs, que les radiations massives
- d'instituteurs,
- alléguées dans la plainte de la CISL et de l'intersyndicale
- UGTD/UDT, ont été
- en réalité des opérations de remplacement temporaire des
- enseignants en grève
- par des personnes au chômage recrutées durant la grève pour
- assurer la garde
- des enfants.
- II. En revanche, tout en étant consciente des difficultés
- d'ordre économique
- et en matière d'emploi que connaît le pays, et tout en tenant
- compte des
- changements politiques intervenus depuis peu, la mission doit
- souligner la
- gravité des problèmes qui se posent encore et dont la solution
- commande le
- rétablissement d'une situation syndicale normale et conforme
- aux principes
- garantis par la convention no 87 de l'OIT. Elle a donc invité le
- gouvernement
- dans son ensemble et le ministre du Travail en particulier à
- mettre en oeuvre,
- en accord avec les organisations syndicales, les moyens
- propres à répondre aux
- demandes suivantes:
- 1) Au ministre du Travail elle a demandé de remplir le
- calendrier de
- rencontres, dont le début a été fixé à la fin de la réunion tenue
- au ministère
- du Travail avec les organisations syndicales, en vue
- d'examiner avec ces
- dernières les situations des dirigeants de l'UGTD et de l'UDT
- licenciés à la
- suite de grèves, de prendre les mesures nécessaires et
- d'utiliser tous les
- moyens légaux pour que soient rapportés ou annulés leurs
- licenciements et pour
- qu'ils soient réintégrés le plus rapidement possible dans leur
- poste de
- travail et dans leurs fonctions, dans des conditions (calendrier
- et conditions
- de reprise, etc.) négociées avec eux.
- 2) Relativement aux radiations d'enseignants titulaires à la
- suite de grèves,
- et tout en notant avec intérêt que certains enseignants
- contractuels ont été
- repris sur décision du ministre de l'Education nationale, elle a
- demandé
- qu'une concertation entre les ministres du Travail, de
- l'Education nationale
- et de la Fonction publique ait pour résultat que soient
- rapportées ces
- radiations et assurée la réintégration des enseignants
- concernés dans leur
- poste et dans leurs fonctions dans des conditions (calendrier
- et conditions de
- reprise) négociées avec eux.
- 3) De la part des autorités judiciaires, la mission estime
- nécessaire que la
- plus grande vigilance soit exercée pour la promotion et la
- défense de la
- liberté syndicale, et que soient prises des dispositions pour que
- soient
- instruites les plaintes déposées par les organisations
- syndicales ou les
- syndicalistes ainsi que celles déposées par Maître Aref,
- jusque-là restées
- sans suite, et pour que soit examinée en toute sérénité et en
- toute
- indépendance la situation personnelle et professionnelle de
- Maître Aref.
- 4) A tous les interlocuteurs des organisations syndicales, la
- mission a
- demandé de tout mettre en oeuvre pour que puissent
- continuer ou reprendre une
- vie et une activité syndicales normales à tous les niveaux et
- dans tous les
- secteurs de l'activité de travail, dans le respect des principes
- de la liberté
- syndicale et du pluralisme syndical. Elle a adressé la même
- recommandation aux
- organisations syndicales avec les représentants desquelles
- elle s'est
- entretenue.
- 5) Enfin, la mission a enregistré la demande, exprimée par les
- autorités
- gouvernementales et par les organisations syndicales
- rencontrées, relative à
- un besoin de formation et recommande en conséquence
- l'organisation prochaine à
- Djibouti, avec le concours du BIT, d'un séminaire tripartite
- consacré aux
- normes internationales relatives à la liberté syndicale en
- particulier ainsi
- qu'aux normes internationales du travail en général. Elle
- espère que le BIT
- pourra répondre favorablement à cette demande, qu'elle
- appuie sans réserve,
- dès que la situation syndicale sera rétablie.
- Elle a rappelé aussi la disponibilité constante du BIT pour
- assister le
- gouvernement dans la révision du Code du travail
- actuellement en cours.
- Paris, le 30 janvier 1998. M. Jean-Maurice Verdier
- Mme Anna-Juliette Pouyat
- Liste des personnes rencontrées pendant la mission
- Autorités gouvernementales
- Ministère du Travail et de la Formation professionnelle
- M. Mohamed Ali Mohamed, ministre du Travail et de la
- Formation professionnelle
- M. Iwad Hassan, secrétaire général
- M. Gérard Karche, conseiller technique
- M. Abdi Ilmi Achkir, directeur du travail
- M. Guedi Absiye Houssein, inspecteur du travail et des lois
- sociales
- M. Arbahim Ali, directeur de l'Organisme de protection sociale
- Mme Osman Fatouma, responsable du service juridique
- Ministère de la Justice
- M. Abdi Ismael Hersi, directeur général des affaires judiciaires
- Ministère de l'Education nationale
- M. Areitha, conseiller technique
- M. Fathi Chamsam, chef de service en charge de
- l'enseignement du second degré
- Ministère de la Fonction publique
- M. Yacin Ahmed Liban, directeur
- Présidence de la République
- M. Amin A. Robleh, secrétaire général du gouvernement
- Représentants des travailleurs
- Coordination intersyndicale -- Union générale des travailleurs
- de
- Djibouti/Union djiboutienne du travail (UGTD/UDT)
- M. Kamil Diraneh Hared, licencié pour abandon de poste le 16
- septembre 1995:
- secrétaire général de l'Union générale des travailleurs de
- Djibouti (UGTD),
- secrétaire général du Syndicat des cheminots, coprésident de
- la coordination
- intersyndicale
- M. Ahmed Djama Egueh, licencié pour abandon de poste le
- 12 septembre 1995:
- président de l'Union djiboutienne du travail (UDT), dirigeant du
- Syndicat des
- employés de l'aéroport international de Djibouti, coprésident de
- la
- coordination intersyndicale
- M. Aden Mohamed Abdou, licencié pour abandon du poste le
- 12 septembre 1995:
- secrétaire général de l'UDT, dirigeant du Syndicat des
- employés de
- l'Electricité de Djibouti (SEED), porte-parole de la coordination
- intersyndicale
- M. Mohamed Doubad Wais, licencié pour abandon de poste
- le 12 septembre 1995:
- secrétaire général adjoint de l'UGTD, secrétaire général du
- Syndicat des
- employés de l'Office des postes et télécommunications (OPT),
- membre du comité
- de la coordination intersyndicale
- ainsi que plusieurs dirigeants syndicaux du Syndicat des
- enseignants du second
- degré (SYNESED) et du Syndicat des enseignants du primaire
- (SEP), notamment:
- Syndicat des enseignants du second degré (SYNESED)
- M. Soulaiman Ahmad Mohamed, secrétaire général adjoint de
- l'UDT, ex-secrétaire
- général du SYNESED, suspendu de ses fonctions le 15 août
- 1996, puis radié de
- la fonction publique le 16 février 1997
- M. Farah Abdillahi Miguil, secrétaire général du SYNESED
- M. Osman Miguil Waiss, secrétaire général adjoint
- M. Ali Mohamed Dimbia, secrétaire à la documentation
- M. Hassan Isman Doubad, commissaire aux comptes
- M. Elmi Youssof Weiss, ex-délégué syndical, agent contractuel
- de
- l'enseignement, contrat non renouvelé, puis réintégré
- Mlle Mallyoun Benoit Frumence, secrétaire chargée de la
- documentation,
- suspendue de ses fonctions le 15 août 1996, radiée de la
- fonction publique le
- 16 février 1997
- Syndicat des enseignants du primaire (SEP)
- M. Mohamed Ali Djama, ex-secrétaire général adjoint du SEP,
- suspendu de ses
- fonctions le 15 août 1996, radié de la fonction publique le 16
- janvier 1997
- M. Abdoul Fatah Hassan, ex-secrétaire général du (SEP),
- secrétaire à
- l'organisation
- Représentants des employeurs
- M. Saïd Omar Moussa, président de l'Union syndicale
- interentreprises (USIE)
- M. Jean-Philippe Delarue, USIE
- Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
- M. Teoufik Ben Amara, Représentant résident
- Autre personnalité Maître Ali Dini, avocat, Bâtonnier de l'Ordre
- des avocats
- de Djibouti