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Commentaires adoptés par la Commission d'experts : Mexico

Adopté par la commission d'experts 2021

C014 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

Afin de donner une vue d’ensemble des questions relatives à l’application des conventions ratifiées relatives à la durée du travail, la commission estime qu’il convient d’examiner les conventions nos 30 (durée du travail), 14 (repos hebdomadaire dans l’industrie), 106 (repos hebdomadaire dans le commerce et les bureaux) et 153 (durée du travail et périodes de repos dans les transports routiers) dans un même commentaire.
La commission prend note des observations de la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM) sur l’application de la convention no 153, communiquées avec le rapport du gouvernement.
A. Durée du travail
Article 6 de la convention no 30. Durée moyenne du travail pour les périodes supérieures à une semaine. La commission relève que la loi fédérale sur le travail (LFT) ne contient pas de dispositions sur la durée moyenne du travail et que, dans de précédents rapports, le gouvernement avait indiqué que la législation nationale ne prévoit ni n’interdit l’utilisation d’une durée moyenne du travail. Dans ce contexte, la commission prie le gouvernement d’indiquer si des systèmes de durée moyenne du travail sont utilisés dans la pratique et, dans l’affirmative, de fournir des informations sur la manière dont ces systèmes sont appliqués, en précisant notamment les limites de la durée moyenne hebdomadaire du travail, les périodes de référence et la durée maximale quotidienne du travail. La commission prie également le gouvernement de fournir des informations sur la manière dont cet aspect est régi dans les négociations collectives et, de transmettre, lorsque celles-ci existent, copie des conventions collectives contenant des dispositions relatives à la durée moyenne du travail.
B. Repos hebdomadaire
Article 5 de la convention no 14, et articles 7, paragraphe 2, et 8, paragraphe 3, de la convention no 106. Repos compensatoire. La commission note que la LFT dispose en son article 73 que l’employeur doit verser au travailleur qui fournit des services pendant son jour de repos, indépendamment du salaire dû pour le repos, un double salaire pour le service rendu, mais ne prévoit pas l’octroi d’un repos compensatoire. À cet égard, la commission rappelle qu’il importe de veiller à ce que soit accordé aux travailleurs qui sont privés de leur repos hebdomadaire une période de repos en compensation dans tous les cas, sans considération de toute compensation pécuniaire éventuelle (voir étude d’ensemble de 2018 sur les instruments relatifs au temps de travail, paragr. 252 et 253). La commission prie le gouvernement d’indiquer les mesures, d’ordre législatif ou autre, prises ou envisagées pour que soit accordé un repos compensatoire aux personnes qui travaillent le jour de repos hebdomadaire, comme le prévoient les articles des conventions en question.
C. Durée du travail et périodes de repos (transports routiers)
Législation. La commission note que, dans son rapport, le gouvernement fait part de l’adoption en 2018 de la norme officielle mexicaine NOM-087-SCT-2-2017, qui fixe la durée de conduite et les pauses des conducteurs des services fédéraux de transport automobile, ainsi que d’une initiative législative soumise au Congrès de l’Union en 2020 pour ajouter à la LFT des dispositions relatives au repos des travailleurs des transports automobiles, conformément aux dispositions de la NOM-087-SCT-2-2017. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur l’état d’avancement de l’adoption de cette initiative législative.
Article 1 de la convention no 153. Champ d’application. La commission note que les dispositions de la NOM-087-SCT-2-2017: i) s’appliquent uniquement aux conducteurs de véhicules effectuant des services de transport automobile et de transport privé de marchandises et de personnes, circulant sur les routes et les ponts relevant de la compétence fédérale (section 3), sans faire référence aux conducteurs de véhicules effectuant d’autres types de transport; et, ii) ne précisent pas la nature publique ou privée des entités autorisées à effectuer des transports sur les routes fédérales et pour lesquelles les conducteurs sont employés. La commission note également que la LFT, qui comporte des dispositions applicables aux travailleurs des transports automobiles, exclut de son champ d’application les travailleurs des entreprises familiales en général (art. 351 et 352). Dans ce contexte, la commission prie le gouvernement: i) d’indiquer comment les dispositions de la convention s’appliquent aux catégories de conducteurs visées en son article 1 et qui ne sont couvertes ni par la NOM-087-SCT-2-2017 ni par la LFT, notamment les conducteurs de véhicules effectuant des transports routiers sous une juridiction autre que fédérale et les conducteurs qui sont membres de la famille des propriétaires de véhicules effectuant des transports routiers; et, ii) d’indiquer si la NOM-087-SCT-2-2017 s’applique aux conducteurs salariés fournissant des services à des entités publiques et privées autorisées à effectuer des transports routiers fédéraux.
Article 2. Exclusions. Notant l’absence d’informations actualisées à cet égard, la commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées sur les catégories de conducteurs exclues du champ d’application de la convention, en indiquant: i) l’autorité ou l’organisme qui a décidé de cette exclusion; ii) si l’exclusion porte sur l’ensemble ou sur une partie des dispositions de la convention; et iii) les dispositions relatives à la durée de conduite et aux périodes de repos applicables aux catégories de conducteurs exclues.
Articles 6 et 8. Durée totale maximum de conduite. Repos quotidien. La commission note que les paragraphes 4.7 et 4.6 de la NOM-087-SCT-2-2017 prévoient une durée totale maximale de conduite (14 heures par période de 24 heures) et une période maximale de repos quotidien (huit heures d’affilée, spécifiquement dans le transport routier fédéral), lesquelles ne sont pas conformes aux limites prévues aux articles 6, paragraphe 1, et 8, paragraphe 1, respectivement, de la convention. La commission note également que la LFT ne contient pas de dispositions spécifiques sur la durée totale maximum de conduite et le repos quotidien des conducteurs de transport routier. La commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées sur les mesures prises ou envisagées pour garantir que: i) la durée totale maximum de conduite (y compris les heures supplémentaires) des conducteurs visés à l’article 1 de la convention, y compris ceux auxquels la NOM-087-SCT-2-2017 est applicable, ne dépasse pas neuf heures par jour et quarante-huit heures par semaine; et, ii) le repos quotidien de ces conducteurs soit d’au moins dix heures consécutives par période de vingt-quatre heures, comptabilisées à partir du début de la journée de travail.
Application dans la pratique. La commission note que, dans ses observations, la CTM souligne que, si la convention est bien prise en compte dans la réglementation, elle n’est pas appliquée dans la pratique car les heures de travail sont longues, difficiles et pénibles en raison du manque de formation des conducteurs, de leur état de santé (ces derniers ont recours à certaines substances pour atténuer la fatigue), de l’état des véhicules et de l’absence de règles pertinentes dans les entreprises, entre autres facteurs. La commission prie le gouvernement de communiquer ses commentaires à cet égard.

C087 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

Articles 2 et 3 de la convention. Enregistrement des organisations syndicales et accréditation des représentants des syndicats élus («toma de nota»). Dans ses précédents commentaires, la commission avait pris note: i) des allégations, dans les observations d’IndustriALL Global Union (IndustriALL), de refus d’enregistrement syndical ainsi que de divers obstacles à la constitution et à la reconnaissance de syndicats indépendants; et ii) des observations de la Confédération syndicale internationale (CSI) et d’IndustriALL alléguant que la procédure consistant à la «toma de nota», en vertu de laquelle les dirigeants syndicaux élus ont besoin, pour exercer leurs fonctions, d’un document des autorités du travail attestant que les élections se sont tenues conformément aux statuts du syndicat, continuait de donner lieu à de nombreux abus qui limitaient la liberté des travailleurs d’élire leurs représentants, alors que la Cour suprême de justice de la Nation a restreint la portée de cette procédure par voie de jurisprudence. À ce sujet, la commission avait pris bonne note des informations statistiques détaillées fournies par le gouvernement sur la procédure d’enregistrement et de «toma de nota» des représentants élus. Le gouvernement s’était également engagé à examiner les allégations de refus d’enregistrement de syndicats indépendants dans plusieurs usines du secteur des maquiladoras de Ciudad Juárez. La commission l’avait prié de communiquer ses commentaires sur une autre allégation de refus d’enregistrement, concernant un syndicat du secteur pétrolier dont l’enregistrement était demandé depuis 2014. La commission note que le gouvernement indique de manière générale que: i) les fonctions d’enregistrement des organisations syndicales ont été transférées au Centre fédéral de conciliation et d’enregistrement du travail. Cette entité autonome se prononcera de manière impartiale sur le bien-fondé des enregistrements (conformément au plan gouvernemental de mise en œuvre, ces fonctions seront pleinement exercées à partir du 1er octobre 2021); ii) en vertu de la réforme de la loi fédérale du travail (LFT), les principes d’autonomie, d’équité, de démocratie, de légalité, de transparence, de certitude, de gratuité, d’immédiateté et de respect de la liberté syndicale, et ses garanties, doivent être observés l’enregistrement des organisations syndicales, ainsi que lors des élections de leur direction (l’article 364 bis a été ajouté à la LFT pour établir que, en matière d’enregistrement et d’élections syndicales, la volonté des travailleurs et l’intérêt collectif priment sur des aspects d’ordre formel, privilégiant ainsi l’autonomie des syndicats et évitant tout type d’ingérence dans leurs activités internes); et iii) un délai maximum de 10 jours est établi pour que l’autorité accorde les enregistrements correspondant au renouvellement des directions syndicales, et un délai de 20 jours pour l’enregistrement initial d’une organisation (ces délais ont été considérablement réduits afin d’assurer plus de certitude aux organisations, de délivrer les enregistrements plus rapidement, et d’éviter tout retard susceptible d’affecter leurs activités). La commission note cependant que IndustriALL continue de dénoncer l’utilisation de la procédure de «toma de nota» comme un mécanisme de contrôle syndical, en violation de la convention (par exemple, IndustriALL fait état de réticences et de retards dans la remise de la «toma de nota» à la direction du Syndicat mexicain des électriciens qui a été élue en juillet 2020). Tout en se félicitant de l’évolution de la réforme du travail mentionnée pour rationaliser et éliminer toute interférence dans la procédure de «toma de nota», la commission déplore de ne pas avoir reçu d’information du gouvernement sur les allégations spécifiques susmentionnées, alors que le gouvernement s’est engagé à donner suite à certaines d’entre elles. La commission encourage le gouvernement, dans le cadre du processus de mise en œuvre et de suivi de la réforme du travail, en consultation avec les partenaires sociaux intéressés, à surveiller et à donner effectivement suite aux allégations de violations de la convention qui portent sur la procédure de «toma de nota», et à donner des informations sur toute évolution à cet égard.
Article 3. Droit des organisations de travailleurs d’organiser leur activité et de formuler leur programme d’action. La commission rappelle que, depuis de nombreuses années, elle prie le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour modifier différents aspects de la législation relatifs au droit de grève des travailleurs au service de l’État, en particulier: i) l’article 99, paragraphe II, de la loi fédérale sur les travailleurs au service de l’État (LFTSE), qui dispose que, pour déclarer une grève, la décision doit être prise par les deux tiers des travailleurs de l’établissement public concerné; ii) la législation qui limite la reconnaissance du droit de grève de certains travailleurs au service de l’État (notamment les travailleurs du secteur bancaire et ceux de nombreux organismes publics décentralisés, comme la Loterie nationale ou l’Office du logement) aux seuls cas de violation générale et systématique de leurs droits (article 94, titre 4, de la LFTSE, et article 5 de la loi portant réglementation de l’article 123 B, titre XIII bis, de la Constitution); et iii) divers lois et règlements relatifs aux services publics (loi portant réglementation du Service ferroviaire, loi du Registre national des véhicules, loi sur les voies générales de communication et règlement intérieur du Secrétariat aux communications et aux transports) qui prévoient la possibilité de réquisitionner le personnel dans les cas où l’économie nationale pourrait être affectée. La commission note que le gouvernement avait précédemment fait état d’une initiative législative proposant la réforme de diverses dispositions de la LFTSE pour permettre aux travailleurs intéressés d’exercer le droit de grève. Toutefois, dans son dernier rapport, le gouvernement indique simplement que les modifications demandées n’ont pas été apportées. En outre, la commission note que l’UNT dénonce le fait que les travailleurs au service de l’État ne peuvent pas, dans la pratique, exercer le droit de grève. Tout en priant le gouvernement de transmettre ses observations à cet égard, la commission exprime le ferme espoir qu’elle pourra noter des progrès dans les différentes modifications de la LFTSE mentionnés précédemment, ainsi que toute autre mesure éventuellement nécessaire pour garantir que les travailleurs qui n’exercent pas de fonctions d’autorité au nom de l’État peuvent exercer le droit de grève. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur toute évolution à cet égard.

C087 - Observation (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

La commission prend note des observations de la Confédération authentique des travailleurs de la République mexicaine (CAT), la Confédération internationale des travailleurs (CIT), la Confédération régionale ouvrière mexicaine (CROM), la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM), l’Union nationale des travailleurs (UNT) et la Confédération des chambres industrielles des États-Unis du Mexique (CONCAMIN), communiquées avec le rapport du gouvernement, qui portent sur les questions qui font l’objet du présent commentaire.
La commission prend également note des observations de l’Union nationale des travailleurs (UNT), reçues le 24 juillet 2021, et d’IndustriALL Global Union (IndustriALL), reçues 1er septembre 2021, qui portent sur les questions soulevées dans le présent commentaire et sur les allégations qui font l’objet du cas no 2694 en instance devant le Comité de la liberté syndicale, ainsi que la réponse du gouvernement à cet égard.
Droits syndicaux et libertés publiques. Dans son précédent commentaire, la commission a pris note des observations de la Confédération syndicale internationale et l’UNT de 2018, alléguant de nouveaux actes de violence antisyndicale, notamment le meurtre le 18 novembre 2017 de deux mineurs qui participaient à une grève dans l’État de Guerrero, l’agression de 130 travailleurs universitaires syndiqués à San Cristóbal de las Casas le 9 février 2017, ainsi que le décès d’un militant syndical en janvier 2018, après avoir reçu des menaces pour avoir fait la promotion d’un nouveau syndicat. La commission note, d’après l’indication du gouvernement, qu’il va transmettre ses commentaires sur les observations des partenaires sociaux, qu’il est prêt à prendre les mesures nécessaires et qu’il remercie les organisations de bien vouloir communiquer toute information additionnelle dont elles disposent. En outre, la commission note que dans ses observations, IndustriALL soulignent qu’il y a encore des progrès à faire pour éliminer l’impunité et punir les responsables de la violence antisyndicale. La commission invite à nouveau les organisations concernées à communiquer au gouvernement les informations additionnelles concrètes dont elles disposent, et prie le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour enquêter sur ces allégations, ainsi que pour punir et éliminer tout acte de violence antisyndicale.
Article 2 de la convention. Conseils de conciliation et d’arbitrage. Réforme constitutionnelle de la justice du travail. Dans son précédent commentaire, tout en prenant note des préoccupations exprimées par les partenaires sociaux et des informations communiquées par le gouvernement concernant la mise en œuvre de la réforme, la commission a encouragé une fois encore le gouvernement à soumettre à la consultation tripartite les développements législatifs prévus pour donner effet à la réforme constitutionnelle. La commission note, d’après l’indication du gouvernement, que la mise en œuvre de la nouvelle règlementation du travail mexicaine progresse à la lumière de la convention et des commentaires des organes de contrôle de l’OIT. Le gouvernement fournit des informations détaillées sur le processus de mise en œuvre, et se réfère aux travaux du Conseil de coordination pour la mise en œuvre de la réforme du système de justice du travail (qui a approuvé une stratégie sur trois ans et en trois étapes – soit un achèvement de la réforme un an plus tôt que ce prévoyait celle-ci); le gouvernement reconnaît le changement culturel que cela entraîne, ainsi que le temps et les ressource nécessaires, et souligne le caractère prioritaire de cette réforme, qui exige l’engagement plein et entier des autorités. En ce qui concerne la consultation tripartite, le gouvernement souligne que: i) la réforme résulte d’un dialogue social permanent entre les autorités nationales, les spécialistes, les universitaires, les syndicalistes, les employeurs et les acteurs de la société civile; ii) afin d’enrichir la discussion et d’échanger des points de vue avec les secteurs concernés, la Chambre des députés du Congrès de l’Union a invité, entre le 25 février et le 6 mars 2019, des représentants des pouvoirs exécutif et judiciaire, des tribunaux du travail, des barreaux et ordres d’avocats, des universitaires, des organisations et groupes de la société civile, des organisations syndicales et le grand public à participer à six auditions publiques sur la réforme de la justice du travail, organisées en tables rondes thématiques de 62 intervenants; iii) les tables rondes no 2 (sur le droit de la négociation collective) et no 4 (sur les centres de conciliation et l’enregistrement des travailleurs) se composaient de représentants des syndicats et des employeurs de diverses organisations; iv) au cours de ces travaux parlementaires ouverts, un dialogue transparent et pluriel a eu lieu avec les organisations de travailleurs et d’employeurs les plus représentatives du pays, ainsi qu’avec des universitaires, des experts et des organisations de la société civile - y compris les organisations plaignantes concernées par le cas no 2694 examiné par le Comité de la liberté syndicale; v) le Sénat de la République a lui aussi organisé des travaux parlementaires ouverts, et a convoqué tous les secteurs concernés par la réforme. En ce qui concerne certaines préoccupations soulevées dans l’observation précédente, le gouvernement indique qu’un projet de loi portant règlementation a été élaboré en 2017, proposant une composition tripartite de l’organe fondamental chargé de faire respecter la démocratie syndicale (à savoir, le Centre fédéral de conciliation et d’enregistrement des travailleurs – CFCRL), mais que cela n’a pas abouti. Le gouvernement rappelle qu’il s’agit d’un organe décentralisé relevant du ministère du Travail et de la Prévoyance sociale (STPS), soutenu par un conseil se composant des responsables du ministère des Finances, de l’Institut national pour la transparence, l’accès à l’information et la protection des données personnelles, de l’Institut national électoral et de l’Institut national de la statistique et de la géographie. Enfin, le gouvernement dément les allégations selon lesquelles diverses organisations ont été écartées de ce dialogue – en mentionnant la pluralité d’intervenants, et affirme que le dialogue social a été renforcé ces dernières années.
En outre, la commission prend note des observations ci-après des partenaires sociaux sur cette question: i) la CONCAMIN indique qu’il faut veiller à ce que la mise en œuvre des nouveaux tribunaux du travail réponde réellement aux aspects critiqués des travaux des conseils; ii) la CAT considère qu’avec les réformes mises en place, les autorités ont davantage de pouvoir, ce qui porte atteinte à l’autonomie syndicale; iii) la CIT souligne les difficultés qu’il y a à mettre en œuvre des réformes dans un contexte où le syndicalisme indépendant est minoritaire, où la plupart des conventions collectives n’ont pas été légitimées et où il faudra beaucoup de temps pour remplacer les conseils, ce qui fera encore obstacle à l’exercice de la liberté syndicale; iv) la CROM considère que le système d’enregistrement du CFCRL permet l’ingérence du gouvernement; v) la UNT indique que les réformes ont été élaborées sans véritable dialogue social institutionnel et permanent avec les organisations représentatives, par le biais de travaux parlementaires ouverts simulés, centralisés, auxquels ont été invités directement certains acteurs, mais sans la participation des partenaires sociaux; et vi) IndustriALL, tout en reconnaissant les importants progrès accomplis pour mettre en œuvre une véritable réforme du travail capable de transformer le modèle existant, souligne que les pratiques limitant la liberté syndicale se perpétuent, en particulier dans les États situés en dehors de la capitale fédérale, et dénonce le fait que les entreprises et les syndicats des entreprises continuent de contrôler les conseils, et affirme qu’il faut instaurer un véritable dialogue social dans le cadre d’un syndicalisme indépendant et démocratique. A la lumière de ce qui précède et tout en saluant les efforts accomplis, la commission encourage le gouvernement à continuer de soumettre les prochaines étapes de la mise en œuvre de la réforme du travail à une consultation tripartite large et efficace, afin de prendre connaissance des préoccupations soulevées par les partenaires sociaux et d’envisager les mesures nécessaires pour assurer le plein respect de la convention en droit et dans la pratique. Rappelant que l’assistance technique du BIT reste à sa disposition, la commission prie le gouvernement de l’informer de tout fait nouveau à cet égard.
Représentativité syndicale. Syndicats et contrats de protection. Dans ses précédents commentaires, la commission a demandé une fois encore au gouvernement, en consultation avec les partenaires sociaux, de prendre les mesures législatives et pratiques nécessaires pour trouver des solutions aux problèmes soulevés par le phénomène des syndicats de protection et des contrats de protection. À cet égard, le gouvernement indique que des ajustements législatifs et réglementaires ont été apportés pour mettre en place un nouveau modèle de relations de travail qui garantit le plein exercice de la liberté syndicale et la représentation des travailleurs dans les négociations collectives. Le gouvernement souligne que les principales modifications apportées à la législation du travail mexicaine consistent, entre autres, en des procédures visant à: i) légitimer les conventions collectives signées avant l’entrée en vigueur de la réforme, moyennant le vote majoritaire des travailleurs, exprimé de manière personnelle, libre, secrète et directe. À cette fin, un protocole de légitimation des conventions collectives existantes a été publié le 31 juillet 2019 et, le 1er mai 2021, la fonction de vérification a été transférée au CFCRL (jusqu’à ce que le CFCRL prenne ses fonctions, c’était le STPS qui était habilité à vérifier les procédures de légitimation). Le gouvernement indique qu’au cours de la période considérée, 2 231 consultations sur la légitimation ont été tenues, lors desquelles plus de 348 000 travailleurs ont voté de manière personnelle, libre, directe et secrète pour exprimer leur souhait de conserver ou non 1 297 conventions collectives; ii) démontrer que, préalablement à la négociation d’une convention collective, le syndicat représente au moins 30 pour cent des travailleurs, et ce, au moyen d’un document délivré par le CFCRL et d’un processus de vote personnel, libre, secret et direct – également applicable à l’élection des responsables syndicaux; et iii) approuver les dispositions des conventions collectives négociées par le syndicat, après achèvement des négociations avec l’employeur, au moyen du vote majoritaire des travailleurs, exprimé de manière personnelle, libre, secrète et directe. Cette obligation de consultation vaut aussi pour les révisions générales des conventions (qui doivent être effectuées tous les deux ans), ainsi que pour les différends qui opposent les syndicats à propos de la qualité de signataire des conventions collectives (qui sont réglés par des tribunaux impartiaux et indépendants). Le gouvernement fournit des informations détaillées dans son rapport sur la mise en œuvre de ces procédures, et affirme que celles-ci, ainsi que la création du CFCRL, ont permis de régler le problème des conventions signées à l’insu des travailleurs ou sans leur consentement.
En ce qui concerne les observations des partenaires sociaux, la CIT met en garde contre la persistance du problème des syndicats et des contrats de protection malgré les réformes, et mentionne une estimation selon laquelle les contrats de protection représenteraient 80 pour cent des conventions collectives de travail. IndustriALL, tout en reconnaissant les efforts que le gouvernement déploie en permanence pour faire progresser la réforme qui permettrait de supprimer le système des syndicats de protection et des contrats de protection: i) dénonce la prolifération de ceux-ci et le fait qu’ils soient signés par les autorités publiques; ii) se réfère à des cas spécifiques qui illustrent le fonctionnement de ce système (par exemple, dans une entreprise automobile transnationale ou dans le secteur des stations-service); iii) dénonce la répression de l’action syndicale (par exemple, dans des secteurs comme celui de l’industrie électronique dans l’État de Jalisco); iv) met en évidence les défis importants qui se posent dans la pratique pour garantir que les processus de légitimation respectent la liberté syndicale (citant des exemples de non-respect des résultats qui n’étaient pas favorables au syndicat de protection, ou d’entraves à l’enregistrement d’organisations indépendantes); et v) renvoie au rapport du Comité indépendant d’experts du travail du Canada du 7 juillet 2021, qui recense les stratégies appliquées pour intimider les travailleurs ou les empêcher de voter. D’autre part, IndustriALL mentionne à titre d’exemple de règlement de conflits finalement positif, le cas d’un syndicat d’une entreprise automobile à Silao, dans lequel les travailleurs ont dénoncé des intimidations et de graves irrégularités dans les procédures de légitimation de conventions collectives de travail, et ont eu recours au mécanisme de réponse rapide au travail du Mexique-États-Unis-Canada (T-MEC), grâce auquel un nouveau vote a été organisé en août 2021. Les procédures de légitimation ont été supervisées et contrôlées par l’Institut national électoral et une mission d’observateurs de l’OIT, et ont débouché sur le rejet du contrat de protection.
La commission note qu’en réponse à IndustriALL, le gouvernement: i) a fourni des informations actualisées sur l’application des procédures susmentionnées (au 12 octobre 2021, 1 890 conventions collectives faisaient l’objet de procédures légales, couvrant près d’un million de travailleurs); ii) réfute l’allégation selon laquelle une complicité persiste entre employeurs et travailleurs avec l’aval de l’autorité du travail, et rejette toute remise en cause de l’impartialité ou de la probité des fonctionnaires ou des fonctionnaires du système de justice du travail, ainsi que du processus de leur sélection; iii) en ce qui concerne le Comité d’experts indépendants du travail, il souligne que les rapports de ce comité ont également fait état des progrès accomplis par le gouvernement, d’autant plus notables dans le contexte de la pandémie, et indiquent que certains aspects de la réforme doivent encore être mis en œuvre, et qu’il conviendrait donc d’attendre l’achèvement total de la réforme avant d’en faire une évaluation complète; iv) se réfère aux enseignements tirés du processus de légitimation déjà réalisé, lesquels permettront d’améliorer les fonctions de vérification et de modifier le protocole susmentionné; et v) mentionne également à titre d’exemple positif, le processus de légitimation de Silao qui démontre l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre la réforme et à mettre en place un nouveau modèle de relations de travail se fondant sur une plus grande transparence et démocratie syndicale. À la lumière de ce qui précède, la commission encourage le gouvernement à prendre les mesures supplémentaires nécessaires pour veiller à ce que le processus de légitimation de conventions collectives, en droit et dans leur application pratique, garantisse le plein et opportun respect de la liberté syndicale. Tout en se félicitant des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la réforme, la commission prend note avec préoccupation de la persistance d’allégations de violations de la convention et invite le gouvernement, en consultation avec les partenaires sociaux, de continuer à prendre les mesures additionnelles nécessaires pour trouver des solutions efficaces aux problèmes posés par le phénomène des syndicats et des contrats de protection dans l’exercice des droits des travailleurs de former des organisations de leur choix et de s’y affilier.
Publication de l’enregistrement des organisations syndicales. Dans sa précédente observation, la commission a demandé au gouvernement de continuer à communiquer des informations sur la mise en œuvre de l’obligation légale des conseils de conciliation et d’arbitrage de publier l’enregistrement et les statuts des syndicats, ainsi que sur toute incidence de la mise en œuvre de la nouvelle réforme constitutionnelle et sa législation secondaire sur la procédure d’enregistrement des syndicats, notamment la publication de l’enregistrement et des statuts des syndicats. À cet égard, le gouvernement indique que: i) la réforme du 1er mai 2019, conformément à la réforme constitutionnelle de 2017, a transféré les fonctions d’enregistrement des organisations syndicales et des conventions collectives au CFCRL, y compris l’obligation de publier les registres correspondants; ii) selon le plan de mise en œuvre du nouveau modèle de travail, le CFCRL assumera pleinement ses fonctions d’enregistrement des syndicats à compter du 1er octobre 2021, date à partir de laquelle un registre unique des syndicats et des conventions collectives sera mis en place au niveau national, sous la responsabilité du CFCRL (jusqu’à présent, ces fonctions ne sont effectives que dans les entités concernées par la première étape de mise en œuvre du nouveau modèle de travail); iii) le CFCRL, le STPS et les conseils de conciliation et d’arbitrage ont collaboré à la numérisation de tous les dossiers du registre et à leur transfert au CFCRL dans les délais légaux, afin que ce dernier puisse se conformer à l’obligation de les rendre publics une fois ce travail terminé; iv) sans préjudice de ce qui précède, les nouveaux registres des syndicats et des conventions collective accordés par le CFCRL sont déjà disponibles sur son site web, et celui-ci intégrera progressivement les syndicats et les conventions collectives actuellement enregistrés auprès des conseils de conciliation et d’arbitrage, ce qui devrait avoir lieu entre le second semestre de 2021 et le premier semestre de 2022; et v) au 17 septembre 2021, 95,5 pour cent des organisations syndicales enregistrées au niveau fédéral et 38 pour cent de celles enregistrées au niveau local avaient mis leurs statuts en conformité avec les règles applicables au nouveau registre du travail.
En outre, la commission note que dans ses observations: i) l’UNT affirme qu’en juillet 2021, les documents publiés étaient toujours opaques et ne mentionnaient pas les conventions collectives enregistrées quotidiennement; et ii) IndustriALL a fait part de ses préoccupations devant le fait qu’en 2021, l’obligation légale de publier l’enregistrement et les statuts des syndicats, ainsi que les conventions collectives existantes, ne soit toujours pas pleinement respectée et indique que, dans la pratique, de nombreux travailleurs relevant des conventions collectives ne savent toujours pas que ces conventions existent et ne peuvent en obtenir une copie.
Tout en prenant bonne note des progrès récents accomplis dans la mise en place d’un registre unique des syndicats et des conventions collectives au niveau national, sous la direction du CFCRL, ainsi que de la persistance des allégations selon lesquelles des difficultés d’accès à l’information sur les syndicats et les conventions collectives persistent dans la pratique, la commission prie le gouvernement de donner suite à ces allégations et de continuer à communiquer des informations sur tout fait nouveau à cet égard.
Articles 2 et 3. Travailleurs de la fonction publique. La commission rappelle que, depuis de nombreuses années, elle demande au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour modifier les dispositions suivantes qui limitent le pluralisme syndical dans les administrations publiques et la possibilité de réélection de dirigeants syndicaux: articles 68, 71, 72 et 73 de la loi fédérale sur les travailleurs au service de l’État (LFTSE), ainsi que l’imposition par voie législative du monopole syndical en faveur de la Fédération nationale des syndicats des établissements bancaires (FENASIB). La commission a noté que le gouvernement réaffirmait que, en vertu de la jurisprudence de la Cour suprême de justice, les restrictions législatives à la liberté syndicale susmentionnées des fonctionnaires ne s’appliquent pas, soulignant que la réélection des dirigeants est possible et qu’un enregistrement de syndicats multiples est effectué, et que le fait que les syndicats demandeurs dépendent d’une même unité n’est pas un obstacle à leur enregistrement. La commission note que le gouvernement répète les mêmes explications et se réfère au décret portant modification, ajout et abrogation de diverses dispositions de la loi fédérale sur les travailleurs au service de l’État, qui réglemente l’article 123(B) de la Constitution.
La commission note avec satisfaction que ce décret apporte les modifications suivantes à la loi LFTSE: i) abroge l’article 68 (interdisant la coexistence de plusieurs syndicats au sein d’une même administration publique); et ii) modifie les articles 69 (supprimant l’interdiction faite aux membres d’un syndicat de cesser de faire partie de ce syndicat et introduisant le droit des travailleurs de s’affilier à un syndicat et de former des syndicats sans autorisation préalable), et 71 (supprimant des conditions requises pour constituer un syndicat la mention «Il n’existe pas d’autre groupement syndical comptant un plus grand nombre de membres dans l’administration publique»), 73 (supprimant la mention «Il n’existe pas d’autre groupement syndical comptant un plus grand nombre de membres dans l’administration publique» des motifs de dissolution d’un syndicat), 79 (supprimant l’interdiction faite aux syndicats de fonctionnaires de s’affilier à des syndicats d’ouvriers ou de paysans) et 84 (supprimant la référence à la Fédération des syndicats des travailleurs au service de l’État en tant qu’unique centrale syndicale reconnue par l’État).
Toutefois, la commission note que certains articles de la LFTSE restent inchangés, à savoir l’article 72 (dans lequel figure toujours la mention problématique «Le tribunal fédéral de conciliation et d’arbitrage, lorsqu’il reçoit la demande d’enregistrement, vérifie par les moyens qu’il juge les plus pratiques et efficaces, qu’il n’existe pas d’autre syndicat dans l’unité concernée et que le demandeur représente la majorité des travailleurs de cette unité, afin de procéder, le cas échéant, à l’enregistrement») et l’article 75 (maintenant l’interdiction de réélection au sein des syndicats), ainsi que le maintien de l’imposition par voie législative du monopole syndical en faveur de la FENASIB à l’article 23 de la loi portant réglementation du titre XIIIbis, paragr. B, de l’article 123 de la Constitution.
En outre, la commission note que dans ses observations, IndustriALL: i) dénonce la persistance dans le secteur public centralisé du système de contrôle syndical par le biais d’organisations syndicales dont la direction est liée au pouvoir politique en place et que, s’il est vrai que les syndicats d’organes décentralisés ont fait appel à la jurisprudence pour échapper à ce système de contrôle, leur liberté syndicale est inexistante du fait de l’impossibilité d’exercer leurs droits de négociation collective et de grève; et ii) allègue que les travailleurs de base ont été illégalement classés dans la catégorie «personnel de confiance», qui est systématiquement exclu du droit de liberté syndicale; et que le Conseil fédéral de conciliation et d’arbitrage refuserait systématiquement à ces travailleurs la possibilité de constituer leur propre syndicat, en leur imposant de s’affilier au syndicat de contrôle.
La commission prie le gouvernement de transmettre ses commentaires à cet égard, en précisant si les travailleurs de confiance couverts par la LFTSE ont le droit de s’affilier à un syndicat ou de constituer leurs propres syndicats, et de fournir des informations sur l’exercice de ce droit. Elle lui demande également de continuer à prendre les mesures nécessaires pour que tous les travailleurs du secteur public, à l’exception de la police et des forces armées, bénéficient des garanties prévues par la convention, tant en droit (en attendant la modification des dispositions susmentionnées) que dans la pratique.
Article 3. Droit d’élire librement les représentants syndicaux. Interdiction faite aux étrangers d’accéder aux fonctions de dirigeant syndical (art. 372 de la LFTSE). Dans ses précédents commentaires, la commission a pris note de l’indication du gouvernement selon laquelle: i) l’article 372 de la LFTSE, disposant que les étrangers ne peuvent accéder aux fonctions de dirigeant syndical, a été tacitement abrogé par la modification de l’article 2 de cette loi, qui interdit toute discrimination fondée sur l’origine ethnique ou nationale; et ii) les autorités chargées de l’enregistrement ne font pas de la nationalité mexicaine un préalable à la candidature aux fonctions de dirigeant syndical, cette interdiction n’étant pas appliquée dans la pratique. La commission note que, dans son dernier rapport, le gouvernement réaffirme que la restriction législative ne s’applique pas dans la pratique, en précisant que les autorités chargées de l’enregistrement ne sont pas habilitées à vérifier cette question. En outre, la commission note que dans ses observations, l’UNT souligne la nécessité de supprimer cette interdiction et la discrimination fondée sur la nationalité, afin de mettre la loi en conformité avec la convention. Rappelant à nouveau qu’il est nécessaire de garantir la conformité des dispositions législatives avec la convention, même si ces dispositions sont désormais sans effet ou ne s’appliquent pas dans la pratique, la commission prie le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour modifier l’article 372 de la LFTSE afin que la restriction en question, qui fait l’objet d’une abrogation tacite, soit expressément abrogée.
La commission soulève d’autres questions dans une demande qu’elle adresse directement au gouvernement.

C098 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

La commission prend note du premier rapport du gouvernement. La commission prend note des observations de la Confédération authentique des travailleurs de la République mexicaine (CAT), de la Confédération autonome des travailleurs et employés du Mexique (CATEM), de la Confédération internationale des travailleurs (CIT), de la Confédération régionale ouvrière mexicaine (CROM), et de la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM) communiquées avec le rapport du gouvernement, sur les questions couvertes par le présent commentaire.
La commission prend également note des observations d’IndustriALL, reçues le 1er septembre 2021, sur des questions couvertes par le présent commentaire et sur des allégations qui font l’objet du cas n° 2694 examiné par le Comité de la liberté syndicale. La commission prend note aussi de la réponse du gouvernement à ces observations.
La commission rappelle que, faisant suite aux observations d’organisations de travailleurs qui affirmaient que le fonctionnement des conseils de conciliation et d’arbitrage entravait l’exercice de la liberté syndicale, elle avait noté avec satisfaction, lors de son examen de l’application de la convention (no 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948: l’adoption et l’entrée en vigueur, en février 2017, de la réforme de la Constitution politique des Etats-Unis du Mexique; et le processus de réforme de la justice du travail que la réforme constitutionnelle a introduit, ainsi que les difficultés qui se posaient pour l’appliquer effectivement. La réforme porte entre autres sur des questions essentielles pour la mise en œuvre de la convention. Dans ce contexte, des modifications apportées à la loi fédérale du travail (LFT), le 1er mai 2019, et d’autres réformes législatives et réglementaires ont permis des changements importants, afin que la justice du travail soit rendue par des organes du pouvoir judiciaire fédéral ou local (auxquels sont transférées les fonctions exercées auparavant par les conseils de conciliation et d’arbitrage); que les processus de conciliation (étape qui précède généralement la saisine des tribunaux du travail) soient plus rapides et efficaces (création de centres de conciliation spécialisés et impartiaux dans chaque entité fédérée); et que l’organe fédéral de conciliation soit un organe décentralisé habilité à connaitre du statut d’enregistrement de toutes les conventions collectives de travail et des organisations syndicales. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement concernant la Stratégie nationale pour la mise en œuvre du système judiciaire du travail. Ses axes fondamentaux sont notamment les suivants: i) garantir la liberté syndicale, la démocratie syndicale, la négociation collective authentique et le principe de représentativité des syndicats, par le vote personnel, libre, secret et direct des travailleurs; et ii) veiller à ce que l’enregistrement des conventions collectives de travail et des organisations syndicales soit régi par les principes de certitude, de transparence, de démocratie et de liberté.
Article 1 de la convention. Protection contre la discrimination antisyndicale. Procédures efficaces et rapides. La commission note que la Constitution politique des Etats-Unis du Mexique et la LFT protègent d’une manière générale les individus et les travailleurs contre les actes de discrimination (par exemple, les articles 2, 3 et 133, paragr. I de la LFT, sur l’interdiction des actes de discrimination en général, et l’article 133, paragr. IX, qui interdit d’une manière générale à l’employeur ou à ses représentants d’utiliser des «listes noires» pour les travailleurs qui démissionnent ou qui ont été licenciés, afin qu’on ne leur donne plus d’emploi). La commission prend également note des informations fournies par le gouvernement sur l’interdiction pour les employeurs ou leurs représentants de contraindre les travailleurs – par la coercition ou par tout autre moyen – à s’affilier à un syndicat ou à un groupement, ou à quitter le syndicat ou le groupement auquel ils appartiennent, ainsi que tout acte ou omission portant atteinte au droit des travailleurs de décider qui doit les représenter dans la négociation collective, et de contraindre les travailleurs à s’affilier ou à ne pas s’affilier à un syndicat, une fédération ou une confédération (article 133, paragr. IV, article 358, paragr. I de la LFT). À cet égard, la commission note que la LFT prévoit des protections générales concernant: i) la modification des conditions de travail et des procédures et des conditions requises; ii) la cessation, individuelle ou collective, de la relation de travail, les causes justifiées de la cessation, les procédures et les conditions requises dans ce cas, ainsi que la possibilité de réintégration dans l’emploi et le versement d’indemnités. La commission note que ces protections sont générales et s’appliquent à tous les travailleurs, mais qu’il n’y a pas de protection spéciale contre les actes de discrimination antisyndicale à l’encontre de représentants et de dirigeants syndicaux. À ce propos, la commission rappelle que, si la convention requiert d’assurer une protection contre les actes de discrimination antisyndicale à l’égard de tous les travailleurs, la protection de la convention est particulièrement importante pour les représentants et dirigeants syndicaux (voir l’Étude d’ensemble de 2012 sur les conventions fondamentales, paragr. 186). La commission note également que les réformes de la LFT prévoient que, outre les mesures correctives qui peuvent être prises en cas de violation des dispositions susmentionnées, des sanctions peuvent également être imposées. Les amendes correspondant à ces sanctions équivalent à un nombre d’unités de mesure et d’actualisation compris entre 250 et 5 000 – en 2021, le montant journalier d’une unité de mesure et d’actualisation est de 89,62 pesos mexicains (4,19 dollars des États-Unis). Ainsi, l’employeur coupable de tout acte ou comportement discriminatoires sur le lieu de travail est passible d’une amende équivalant à un nombre d’unités de mesure et d’actualisation compris entre 250 et 5 000, soit 1 047,50 à 20 950 dollars des États-Unis. Ce montant peut doubler en cas de récidive. En vertu de la LFT, pour appliquer ces sanctions et les amendes correspondantes, l’autorité prend en compte le nombre de travailleurs affectés, l’intention de commettre l’infraction, la gravité de l’infraction, le dommage survenu ou susceptible de survenir et la capacité économique de l’auteur de l’infraction. Tout en saluant ces réformes et ces mesures de protection, la commission prie le gouvernement d’indiquer leur impact dans la pratique en fournissant des statistiques détaillées sur le nombre de cas de discrimination antisyndicale examinés, tant par les organes récemment créés que par les conseils de conciliation et d’arbitrage encore en activité à l’échelle fédérale et locale, y compris des informations spécifiques sur les cas concernant des représentants et des dirigeants syndicaux, la durée des procédures, ainsi que le type de sanctions et de mesures compensatoires imposées.
Article 2. Protection contre les actes d’ingérence. Procédures rapides et impartiales. Sanctions efficaces et suffisamment dissuasives. La commission note avec intérêt l’introduction, dans la réforme de la LFT, de l’interdiction d’actes d’ingérence de l’employeur ou de ses représentants, notamment les suivants: i) intervenir dans les affaires internes du syndicat, empêcher sa constitution ou la réalisation de l’activité syndicale au moyen de représailles contre les travailleurs; ii) tout acte tendant à exercer un contrôle sur le syndicat de ses travailleurs; iii) obliger les travailleurs, par la coercition ou par tout autre moyen, à rejoindre ou à quitter un syndicat, ou à voter pour un candidat en particulier, ou tout autre acte ou omission portant atteinte à leur droit de décider qui doit les représenter dans les négociations collectives; et iv) prendre des initiatives ou des mesures pour encourager la constitution d’organisations de travailleurs dominées par un employeur ou par une organisation d’employeurs, ou soutenir de quelque manière que ce soit des organisations de travailleurs dans le but de les placer sous le contrôle de l’employeur. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement sur l’établissement de sanctions applicables aux personnes qui tentent d’intervenir dans une organisation syndicale ou de la dominer en ce qui concerne sa constitution, son fonctionnement et son administration. À cet égard, la commission note que l’article 994 de la LFT prévoit la faculté d’imposer des amendes aux employeurs qui enfreignent les dispositions prévues dans des termes identiques à ceux établis pour la discrimination antisyndicale et décrits plus haut. La commission prend note également des observations de la CROM selon lesquelles la réforme de la LFT comporte de nouvelles obligations et interdictions pour les employeurs et les syndicats. L’objectif est de garantir la liberté syndicale et de permettre aux travailleurs de manifester leur volonté, grâce à des éléments essentiels de la démocratie, au moyen du vote personnel, libre et secret pour garantir ainsi la protection de la négociation collective. À cet égard, la commission prend note des mesures établies à l’article 378 de la LFT pour faire face aux problèmes liés aux contrats de protection. Ces mesures comprennent l’interdiction: i) d’enregistrer ou d’utiliser des documents indiquant que le vote ou la consultation des travailleurs a eu lieu alors que cela n’a pas été le cas; et ii) d’entraver la participation des travailleurs à l’élection de la direction de leur syndicat, en imposant des conditions dénuées de fondement légal ou en faisant indûment obstacle à l’exercice du droit de vote et d’éligibilité. Par ailleurs, la commission note que le gouvernement a souligné, dans sa Stratégie nationale pour la mise en œuvre du système de tribunaux du travail mentionnée précédemment, que le règlement des différends par la conciliation préjudicielle obligatoire est un élément fondamental de l’application de la réforme du travail. Toutefois, le gouvernement ajoute qu’il n’est pas nécessaire de mener à son terme la conciliation, et que les parties pourront avoir directement accès aux tribunaux du travail dans le cas de différends portant sur la protection des droits fondamentaux et des libertés publiques, y compris la liberté d’association, la liberté syndicale et la reconnaissance effective de la négociation collective (article 685 ter de la LFT). La commission note que, pour pouvoir accéder directement aux tribunaux du travail, il faut apporter les éléments nécessaires pour que le tribunal puisse avoir le soupçon ou la présomption raisonnables de l’existence de l’infraction de l’un de ces droits. La commission note aussi que, comme l’indique le gouvernement, dans le cas d’une violation des droits collectifs fondamentaux qui affecterait la liberté d’association, la liberté syndicale et le droit de négociation collective, ou dans le cas de la contestation de procédures d’élection de dirigeants syndicaux, ou de sanctions syndicales limitant le droit de vote et d’éligibilité, la LFT établit aux articles 897 à 897-G une procédure spéciale de référé. La commission note que, dans le cas de différends entre des syndicats sur la question de savoir lequel est l’agent de la négociation d’une convention collective, et dans le cas où, au cours de ces différends, il existerait des preuves de l’ingérence de l’employeur en faveur de l’un des syndicats, ou des preuves de la perpétration d’actes de violence, le tribunal du travail prendra les mesures nécessaires pour garantir le libre exercice du droit de vote des travailleurs en toute sécurité, et pourra porter les faits à la connaissance des autorités pénales et administratives compétentes. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur l’application de ces protections et interdictions dans la pratique, y compris sur le règlement des différends relatifs à la protection contre les actes d’ingérence susmentionnés. En ce qui concerne les cas d’infractions aux droits fondamentaux à la liberté syndicale et à la négociation collective, la commission prie aussi le gouvernement d’adresser des statistiques détaillées sur le nombre de cas qu’ont examinés tant les organes récemment créés que les conseils de conciliation et d’arbitrage encore en activité à l’échelle fédérale et locale, ainsi que des statistiques détaillées sur la durée des procédures, le type de sanctions et les mesures compensatoires imposées.
Article 4. Critères de représentativité. La commission note avec intérêt les différentes dispositions introduites par la réforme du travail pour promouvoir la négociation collective, entre autres: i) l’obligation pour les employeurs de fournir aux travailleurs copie des conventions collectives; ii) l’obligation d’afficher et de diffuser les convocations à la consultation sur la convention collective des travailleurs, ou sur la question de savoir qui sera le signataire d’une convention collective; iii) l’obligation du Centre fédéral de conciliation et du registre du travail en ce qui concerne la transparence et la publicité des registres syndicaux, des « prises de note » (« toma de nota »), des procès-verbaux des assemblées, entre autres; et iv) l’établissement de règles spécifiques de représentativité. À propos de ce dernier point, la commission prend note des informations fournies par le gouvernement sur les différents amendements et mécanismes prévus dans la LFT pour garantir le principe de la représentativité, laquelle se fonde sur le vote personnel, libre, secret et direct des travailleurs, en particulier dans les situations suivantes: i) l’élection des conseils de direction des syndicats; ii) le vote des travailleurs avant et au moment de la conclusion de la négociation des conventions collectives; iii) la validation des conventions collectives de travail en vigueur avant la réforme; et iv) les différends entre des syndicats sur la question de savoir qui doit être le signataire des conventions collectives. La commission note que, pour négocier une convention collective, le syndicat qui en fait la demande doit d’abord disposer du justificatif de représentativité délivré par le Centre fédéral de conciliation et du registre du travail (prévu à l’article 390bis de la LFT). Le gouvernement indique que ce justificatif doit indiquer que le syndicat a le soutien d’au moins 30 pour cent des travailleurs couverts par la convention collective, conformément au principe constitutionnel de représentativité des organisations syndicales dans la négociation collective. La commission note que, lorsque plusieurs syndicats se présentent, le droit de négocier et de conclure la convention collective reviendra au syndicat qui aura obtenu le plus grand nombre de voix, conformément aux règles énoncées à l’article 388 de la LFT qui porte sur la négociation collective au niveau de l’entreprise (le nombre de votants doit atteindre au moins 30 pour cent des travailleurs couverts par la convention collective soumise au scrutin): i) lorsque des syndicats d’entreprise et/ou des syndicats sectoriels sont en lice, le signataire de la convention collective sera le syndicat qui a obtenu le plus grand nombre de voix des travailleurs au niveau de l’entreprise; ii) lorsque des syndicats par profession sont en concurrence, les signataires de la convention collective seront l’ensemble des syndicats majoritaires qui représentent les professions, à condition qu’ils parviennent à un accord. Dans le cas contraire, chaque syndicat conclura une convention collective pour sa propre profession; et iii) lorsque des syndicats par profession et des syndicats d’entreprise ou sectoriels sont représentés, les premiers peuvent conclure une convention collective pour leur profession, à condition que le nombre de travailleurs qui leur sont favorables soit supérieur au nombre des travailleurs de la même profession qui votent pour le syndicat d’entreprise ou sectoriel. La commission souligne à cet égard qu’elle considère que la condition d’un pourcentage de représentativité trop élevé pour être autorisé à participer à la négociation collective peut freiner la promotion et le déroulement d’une négociation collective libre et volontaire, tel que le prévoit la convention. La commission prie donc le gouvernement de donner des informations sur l’application dans la pratique des règles prévues lorsque l’appui d’au moins 30 pour cent des travailleurs couverts par la convention collective n’est pas atteint, y compris dans les situations où il y a plusieurs syndicats en concurrence pour négocier la convention collective dans une entreprise.
Promotion de la négociation collective à tous les niveaux. La commission note que la LFT ne fixe pas de limite pour le niveau auquel la négociation collective peut avoir lieu, mais que la plupart des dispositions de la loi se réfèrent à la négociation au niveau de l’entreprise. À ce sujet, la commission rappelle la nécessité d’assurer que la négociation collective soit possible à tous les niveaux, tant au plan national qu’au niveau des entreprises (voir l’Étude d’ensemble de 2012, paragr. 222). La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur la manière dont la négociation collective est réglementée et encouragée à tous les niveaux, y compris au niveau de plusieurs entreprises et du secteur. La commission prie aussi le gouvernement d’indiquer l’impact de la réforme du travail sur l’exercice de la négociation collective, en communiquant des données comparatives sur le nombre de conventions collectives conclues par niveau et par secteur – en distinguant en particulier le niveau de l’entreprise et les niveaux supérieurs – et en indiquant également le nombre de travailleurs couverts. La commission prie finalement le gouvernement de préciser le nombre et la proportion de travailleurs de petites entreprises couverts par des conventions collectives.
Travailleurs couverts par la négociation collective. La commission note que le titre VI de la LFT énumère différentes catégories d’emplois spécifiques, notamment les suivantes: les travailleurs occupant des postes de confiance (pour lesquels l’article 183 de la LFT dispose qu’ils ne peuvent pas faire partie des syndicats des autres catégories de travailleurs: toutefois, cet article n’indique pas expressément qu’ils ne peuvent pas se syndiquer ou négocier collectivement); les travailleurs agricoles; les travailleurs des transports; les acteurs et musiciens; les sportifs professionnels; les agents commerciaux et assimilés; les travailleurs à domicile; et les travailleurs domestiques (cette dernière catégorie comprend les travailleurs migrants). La commission note que, dans certains cas seulement, par exemple celui des travailleurs domestiques, les dispositions de la catégorie correspondante indiquent expressément que les conditions de ces travailleurs peuvent être couvertes par des conventions collectives. La commission prend note aussi des observations d’IndustriALL, qui met en garde contre l’existence de certaines formes de contrats et d’organisation du travail (travailleurs rémunérés par des honoraires; travailleurs boursiers; travailleurs associés; travailleurs rémunérés au pourboire; travailleurs autonomes; travailleurs rémunérés au mérite; travailleurs de plateformes électroniques) qui seraient parfois utilisées pour contourner les obligations en matière de travail et entraver la liberté syndicale et la négociation collective. La commission prie le gouvernement de communiquer ses commentaires à cet égard, en particulier d’indiquer les mesures ou mécanismes en place pour promouvoir la négociation collective en ce qui concerne ces catégories de travailleurs et différentes formes de contrats.
Contrats de protection. Enfin, la commission renvoie à ses commentaires sur la représentativité et sur les syndicats et contrats de protection dans le cadre de l’application de la convention no 87. La commission prend note des indications du gouvernement selon lesquelles les ajustements législatifs et réglementaires nécessaires ont été apportés pour mettre en œuvre un nouveau modèle de relations professionnelles qui garantira le plein exercice de la liberté syndicale et de la représentation des travailleurs dans la négociation collective, en cessant de recourir aux contrats de protection, de façon à promouvoir la négociation libre et volontaire. À propos des processus de légitimation qui ont été menés à bien pour que les conventions collectives en vigueur passent au nouveau modèle de relations professionnelles, le gouvernement indique que, au 12 octobre 2021, 1 890 conventions collectives couvrant plus de 900 000 travailleurs ont été reconnues comme légitimes. À ce sujet, la commission prie le gouvernement d’inclure, dans la vaste consultation tripartite au sujet de la mise en œuvre de la réforme du travail, la problématique des contrats de protection à la lumière de la promotion de la négociation collective, d’indiquer les résultats de la consultation, de donner des informations sur la détermination des mesures supplémentaires nécessaires en vertu de l’article 4 de la convention, et de continuer à communiquer des informations sur le nombre de conventions collectives reconnues comme légitimes et de travailleurs couverts par ces conventions.
Articles 4 et 6 de la convention. Négociation collective des fonctionnaires qui ne sont pas commis à l’administration de l’État. La commission note que la loi fédérale sur les travailleurs au service de l’État (LFTSE) exclut de la négociation collective tous les travailleurs couverts par la loi: son article 87 dispose que les conditions générales de travail des travailleurs couverts par cette loi sont déterminées par le responsable de l’administration concernée, compte étant tenu de l’avis formulé par le syndicat correspondant à la demande de celui-ci, et que les conditions générales de travail doivent être réexaminées tous les trois ans. La commission rappelle que les travailleurs employés dans le secteur public mais qui ne sont pas commis à l’administration de l’État (employés des entreprises publiques, employés municipaux, employés des institutions décentralisées, enseignants du secteur public, personnel du secteur des transports, etc.) sont couverts par la convention et devraient donc pouvoir négocier collectivement leurs conditions d’emploi, y compris leurs conditions salariales, et que la simple consultation des syndicats intéressés ne répond pas suffisamment aux prescriptions de la convention à cet égard (voir l’Étude d’ensemble de 2012, paragr. 172 et 219). Compte tenu de ce qui précède, la commission prie le gouvernement d’indiquer quels mécanismes de promotion de la négociation collective sont disponibles et établis conformément à la convention, pour les travailleurs employés dans le secteur public mais qui ne sont pas commis à l’administration de l’État.

C102 - Observation (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

Article 28 de la partie V (prestations de vieillesse), articles 65 et 66 de la partie XI (calcul des paiements périodiques) et annexe. Garantie du niveau minimum de prestation. S’agissant de ses précédents commentaires selon lesquels la protection assurée par le régime de pensions n’offre pas les garanties requises par l’article 65 de la convention eu égard au taux minimal de remplacement des pensions de vieillesse, la commission prend note des données statistiques de l’Institut mexicain de sécurité sociale (IMSS) communiquées par le gouvernement dans son rapport, et qui indiquent un niveau de remplacement allant de 73,6 à 74,6 pour cent du salaire moyen antérieur des bénéficiaires, pour ce qui est des pensions de cessation en âge avancé et de vieillesse octroyées, suivant les lois sur l’IMSS de 1973 et de 1997, entre 2013 et mai 2016. S’agissant du niveau de remplacement moyen des pensions de vieillesse octroyées par l’Institut de sécurité et services sociaux des travailleurs de l’État (ISSSTE) jusqu’en 2016, celui-ci était de 55 pour cent, soit un salaire moyen de 7.567,86 pesos et une pension moyenne de 4.188,57 pesos.
Tout en prenant note de cette information, la commission considère qu’elle ne démontre pas la capacité des actuels régimes de pensions de l’IMSS et de l’ISSSTE à garantir une pension de vieillesse qui corresponde au moins à 40 pour cent du revenu antérieur d’un bénéficiaire-type (tel qu’il est défini dans le tableau de la partie XI de la convention) après 30 années de cotisation. Comme elle l’a indiqué à diverses reprises, la commission rappelle que le montant des pensions garanties par les régimes IMSS et ISSSTE qui, depuis les réformes de 1997 et 2007, consistent en des comptes individuels de capitalisation obligatoire, ne se détermine pas à l’avance puisqu’il est fonction du capital accumulé sur les comptes individuels des travailleurs, et plus particulièrement du rendement obtenu. Par conséquent, et comme cela a été conclu auparavant, ils ne répondent pas aux exigences de l’article 65 de la convention.
D’autre part, la commission prend note du fait que le régime de pensions de l’IMSS garantit une pension minimum aux travailleurs âgés de soixante ans et ayant cumulé mille semaines de cotisation, dont le montant se calcule comme il est indiqué au tableau figurant à l’article 170 de la loi sur la sécurité sociale (LSS) modifiée en 2020. Suivant le gouvernement, cette modification a eu pour effet d’augmenter le montant de la pension que l’État garantit aux travailleurs n’ayant pas de crédits suffisants sur leur compte individuel. De même, le régime de pensions de l’ISSSTE prévoit une pension mensuelle garantie de 3.034,20 pesos, ajustée annuellement suivant l’évolution de l’indice national des prix à la consommation (article 92 de la loi de l’ISSSTE). L’État garantit cette pension aux travailleurs affiliés qui remplissent les conditions énoncées à l’article 89 de la loi en matière d’âge et de période de stage.
La commission rappelle une fois de plus que la pension minimum garantie prévue par l’IMSS et de l’ISSSTE peut être évaluée à la lumière de l’article 66 de la convention, qui requiert que le montant des prestations de vieillesses corresponde à au moins 40 pour cent du salaire de référence d’un travailleur ordinaire non qualifié, adulte, de sexe masculin (déterminé selon les dispositions des paragraphes 4 à 7 de l’article 66), après 30 années de cotisation.
La commission réitère sa demande et espère fermement que le gouvernement sera en mesure, de fournir, dans les plus brefs délais, les informations nécessaires afin de démontrer que le montant de la pension minimum garantie par les régimes de l’IMSS et de l’ISSSTE répond aux critères prévus à l’article 28, lu conjointement avec l’article 66, de la convention. La commission prie le gouvernement de communiquer les calculs nécessaires à cette fin, suivant la méthodologie instaurée à l’article 66 de la convention.
La commission soulève d’autres questions dans une demande qu’elle adresse directement au gouvernement.

C102 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

Afin de donner une vue d’ensemble des questions relatives à l’application des conventions ratifiées en matière de sécurité sociale, la commission estime qu’il convient d’analyser les conventions no 17 (réparation des accidents du travail), no 102 (norme minimum), et no 118 (égalité de traitement, sécurité sociale) dans un même commentaire.
Article 2 de la convention n° 17. Couverture des travailleurs en cas d’accidents du travail. i) Couverture des apprentis. La commission prend note des informations communiquées par le gouvernement en réponse à sa précédente demande, dans laquelle elle le priait d’expliquer de quelle manière les personnes effectuant un travail au sein d’une entreprise ou d’une institution dans le cadre d’une formation professionnelle étaient protégées, en droit comme dans la pratique, en cas d’accident du travail, comme le requiert la convention.
La commission note les indications fournies par le gouvernement dans son rapport, selon lesquelles la loi fédérale sur le travail prévoit une forme juridique similaire à celle de l’apprentissage, appelée «contrat pour formation initiale», par laquelle le travailleur acquiert les connaissances ou capacités nécessaires pour exercer l’activité pour laquelle il pourra être embauché. La formation initiale a une durée maximum de trois mois mais peut être étendue à six mois pour les postes hiérarchiques, et la relation de travail doit être consignée par écrit afin de garantir la sécurité sociale du travailleur. La commission prend note que ladite loi prévoit en outre une période d’essai d’une durée de trente à quatre-vingts jours, pendant laquelle le travailleur peut bénéficier des droits à la sécurité sociale. Enfin, la commission note que la Constitution politique des États-Unis mexicains dispose en son article 123, alinéa A, que les employeurs ont l’obligation de verser les indemnités pour cause d’accidents de travail et de maladies professionnelles des travailleurs, quelle que soit la catégorie professionnelle du travailleur. La commission prend dûment note de ces informations.
ii) Couverture de certains travailleurs du secteur public en cas d’accidents du travail. Dans ses précédents commentaires, la commission a demandé au gouvernement de fournir des données statistiques sur le nombre d’employés du secteur public qui ne bénéficient pas d’une assurance contre les accidents du travail et de prendre les mesures nécessaires afin d’assujettir les catégories de travailleurs cités à l’assurance sociale obligatoire, y compris en cas d’accident du travail. À cet égard, la commission prend note de la réponse du gouvernement qui indique qu’au premier trimestre 2016, sur près de 5 millions d’agents du secteur public, 670 688 personnes, représentant 13,6 pour cent du personnel, n’avaient pas accès à la sécurité sociale. La commission rappelle que l’article 2 de la convention exige que les législations et réglementations sur la réparation des accidents du travail s’appliquent aux ouvriers, employés ou apprentis occupés par les entreprises, exploitations ou établissements de quelque nature qu’ils soient, publics ou privés. En conséquence, la commission prie le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour garantir à toutes les victimes d’accidents du travail couvertes par la convention ou à leurs ayants-droit une réparation en conformité avec la convention. De même, la commission prie le gouvernement de l’informer de toute mesure prise ou prévue à cet effet.
Article 5 de la convention n° 17. Paiement des indemnités d’accident du travail sous la forme d’un capital. Dans son précédent commentaire, la commission a noté que, selon l’article 58 III, paragraphe 3, de la loi sur l’assurance sociale de 1995 (LSS), lorsque le taux d’incapacité permanente partielle est compris entre 25 et 50 pour cent, l’intéressé peut choisir entre le versement d’une rente ou d’un capital, et a invité le gouvernement à prendre les mesures nécessaires afin de garantir le respect de l’article 5 de la convention. La commission prend note de la réponse du gouvernement qui confirme que le paiement de la totalité de l’indemnité en lieu et place du versement d’une pension n’est pas conforme au principe substantiel de la Constitution politique des États-Unis mexicains de la protection de l’assuré. De fait, la personne indemnisée pourrait ne pas réserver de moyens pour des traitements médicaux habituels ni prévoir l’ampleur de ses frais, compromettant ainsi l’objectif de l’indemnisation.
Compte tenu de ce qui précède, et observant l'absence de garanties suffisantes de l’emploi judicieux du capital fournies à l’autorité compétente, la commission considère que la condition posée à l'article 5 de la convention no 17 pour que l'indemnité soit versée sous forme de capital plutôt que sous forme de rente n’est pas remplie. Par conséquent, la commission prie le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour donner effet à cette disposition de la convention, et de communiquer des informations sur les mesures prises ou prévues à cet égard.
Article 8 de la convention n° 17. Procédure de révision du degré d’incapacité. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement à propos des dispositions législatives ou réglementaires sur la révision du degré d’incapacité au-delà du délai de deux ans prévu à l’article 60 de la LSS.
Article 10 de la convention n° 17. Usure normale des appareils de prothèse et d’orthopédie. Dans ses précédents commentaires, la commission a prié le gouvernement d’indiquer comment est mis en œuvre dans la pratique le droit au renouvellement des appareils de prothèse et d’orthopédie fournis aux victimes d’accidents du travail à la suite de leur usure normale. La commission note que le gouvernement indique que la LSS prévoit la fourniture d’appareils de prothèse et d’orthopédie, et que les politiques et activités médico-administratives que doit observer le personnel de l’Institut mexicain de sécurité sociale (IMSS) sont assujetties à la Procédure pour la dotation ou réparation de prothèses, orthèses et aides fonctionnelles aux patients assurés dans les services et unités de médecine physique et réadaptation de l’IMSS (2680-A03-002). De même, la commission observe que la loi de l’ISSSTE de 2007 prévoit en son article 61 le droit à la fourniture en nature d’appareils de prothèse et d’orthopédie. La commission prie le gouvernement d’indiquer les dispositions législatives ou réglementaires qui prévoient le droit au renouvellement normal des appareils de prothèse et d’orthopédie pour les travailleurs affiliés à l’ISSSTE et pour les autres travailleurs protégés par la convention.
Article 11 de la convention n° 17. Garanties en cas d’insolvabilité de l’organisme assureur. Dans ses précédents commentaires, la commission a prié le gouvernement d’indiquer la manière dont le paiement des indemnités d’accidents du travail est garanti dans le cas où, en dépit des mesures conservatoires, surviendrait l’insolvabilité de l’organisme assureur, d’indiquer si les mécanismes destinés à préserver les créances des travailleurs en cas de liquidation ou de dissolution des organismes assureurs ont été mis en place, et d’indiquer dans quelle mesure et de quelle manière l’État pourrait se substituer aux organismes assureurs pour compenser les pertes essuyées par ces derniers.
La commission note, selon les indications du gouvernement que, conformément aux articles 5, sections I et XIII bis et 56 de la loi sur les régimes d’épargne pour la retraite (LSAR) de 1996, il appartient à la Commission nationale du régime d’épargne pour la retraite de prendre toutes les mesures nécessaires à la protection des intérêts des travailleurs. Elle note d’autre part qu’en vertu des articles 26 et 27, section II, en corrélation avec le 2, section VI de la loi sur les institutions d’assurances et de cautionnement (LISF) de 2013, les institutions d’assurances ou sociétés mutualistes peuvent avoir comme objet les assurances dérivées des lois sur la sécurité sociale. De même, la commission note que l’IMSS a la possibilité de procéder au recouvrement forcé des cotisations de sécurité sociale par la procédure administrative d’exécution, tandis que l’intervention d’autres organismes dont la fonction est de couvrir les pensions à charge de l’IMSS font que les fondements juridiques des assurances de rente viagère et de pension de survie relèvent de la loi sur la sécurité sociale, de la LSAR et la LISF. La commission note en outre que, d’après la LISF, en ce qui concerne les institutions d’assurances, il est obligatoire de constituer des réserves et des fonds spéciaux pour chacun des régimes de sécurité sociale, dont l’administrateur fiduciaire est, entre autres, le gouvernement fédéral. La commission prie le gouvernement d’indiquer si, en ce qui concerne les sociétés d’investissement administrées par les assureurs il existe des fonds spéciaux et des réserves pour garantir la solvabilité des institutions d’assurance et s’il incombe à l’État d’assumer la responsabilité d’indemniser les travailleurs en cas d’insolvabilité de ces entités, et d’indiquer les dispositions pertinentes de la législation qui le prévoient.
Article 18 de la convention n° 102. Partie III (Indemnités de maladie). Limitation de la période de versement des indemnités de maladie. Dans son précédent commentaire, la commission a noté les indications du gouvernement selon lesquelles, suivant l’article 37 de la loi sur l’ISSSTE, les indemnités de maladie étaient accordées pendant une durée de 30 à 120 jours, en fonction de l’ancienneté du travailleur. Rappelant que, selon la convention, le versement des prestations doit être accordé pendant toute la durée de l’éventualité, autorisant toutefois que cette durée puisse être limitée à 26 semaines par cas de maladie, la commission a prié le gouvernement d’indiquer les mesures adoptées ou prévues afin de respecter cette disposition de la convention.
À cet égard, la commission note que, selon l’article 37 de la loi précitée, le soutien économique peut aller jusqu’à 78 semaines (52 au départ et 26 par la suite). Ce même article prévoit que les travailleurs ayant moins d’une année d’ancienneté peuvent obtenir jusqu’à 30 jours; ceux ayant d’une à cinq années d’ancienneté, jusqu’à 60 jours; et ceux ayant de cinq à dix années d’ancienneté, jusqu’à 90 jours; et ceux ayant dix années d’ancienneté et plus, jusqu’à 120 jours, dont la moitié avec la totalité du salaire et l’autre moitié avec salaire réduit de moitié. Si, à la fin de l’autorisation, le travailleur n’est pas apte à reprendre le travail, il pourra obtenir une autorisation de congé sans salaire pour la durée de son incapacité, jusqu’à 52 semaines à compter du début de celle-ci, pendant laquelle l’Institut lui versera une subvention en espèces équivalente à cinquante pour cent du salaire de base que percevait le travailleur au moment où son incapacité est survenue, et pour 26 semaines de plus si l’incapacité persiste. Tenant compte du nombre moyen des prestations accordées, la commission prie le gouvernement de préciser si la subvention de maladie pouvant aller jusqu’à 78 semaines est garantie, au terme de l’autorisation, à tous les groupes de travailleurs affiliés à l’ISSSTE précités, indépendamment de leur ancienneté, et, de ce fait, également aux travailleurs ayant moins d’une année d’ancienneté.
Article 29, paragraphe 2 a) de la convention n° 102. Partie V (Prestations de vieillesse). Pension réduite après quinze années de cotisation ou d’emploi. La commission prend note qu’en réponse à sa demande d’informations sur le droit à une pension de vieillesse réduite après quinze années de cotisation ou d’emploi, le gouvernement indique qu’en vertu de la réforme de la LSS du 16 décembre 2020, i) les cotisations hebdomadaires requises pour avoir droit à la prestation de l’assurance de vieillesse sont ramenées de 1 250 à 1 000 (article 162 de la LSS); ii) les articles 154 et 170 de la LSS, tels que modifiés, prévoient une période de stage de 1 000 cotisations hebdomadaires pour ouverture du droit aux prestations de la branche de la cessation en âge avancé, ainsi qu’à la pension, qui correspond approximativement à 20 années de cotisation; iii) l’article quatrième transitoire du décret réformant la LSS prévoit pour 2021 un délai de stage transitoire de 750 semaines, correspondant à 15 ans, qui augmentera chaque année de vingt-cinq semaines jusqu’à atteindre, en 2031, les 1 000 semaines prévues à l’article 170.
En outre, la commission note qu’en ce qui concerne le régime de pensions de l’ISSSTE (article 80 de la loi de l’ISSSTE de 2007), une pension de vieillesse peut être obtenue alors qu’on a cotisé moins de 15 années, sous réserve de l’obtention de crédits suffisants sur le compte individuel pour la constitution d’une pension supérieure de 30 pour cent au montant de la pension garantie correspondante. La commission observe toutefois que le nombre d’années nécessaire à l’obtention des crédits requis pour ouverture du droit à pension peut varier d’une personne à l’autre, et que la loi ne garantit donc pas l’ouverture du droit à une pension réduite pour toutes les personnes protégées ayant complété 15 années de cotisation ou d’emploi, tel que le requiert l’article 29, paragraphe 2 de la convention. La commission note toutefois que l’article dixième transitoire de la loi sur l’ISSSTE de 2007, section I, alinéa c, prévoit la possibilité d’obtenir une pension de cessation en âge avancé à partir de 10 années de cotisation.
La commission prend également note des mesures rapportées par le gouvernement afin de réduire le nombre de semaines de cotisations requises pour l’obtention d’une pension réduite pour les personnes assurées auprès du régime de pensions de l’IMSS, en vue de l’application du paragraphe 2 de l’article 29 de la convention.
La commission prie le gouvernement de préciser si les régimes de pensions de l’ISSSTE et de l’IMSS, après la phase transitoire 2021-2022 prévue dans le décret de réforme publié le 16 décembre 2020, garantiront une prestation de vieillesse réduite pour tous les travailleurs affiliés ayant effectué une période de stage de quinze années de cotisation ou d’emploi . De même, la commission prie le gouvernement de transmettre les informations statistiques requises pour démontrer l’application de l’article 29 de la convention.
Articles 71, paragraphe 3, et 72, paragraphe 2. Partie XIII (Dispositions communes. Responsabilité générale de l’État en ce qui concerne le service des prestations et la bonne administration des institutions et services de sécurité sociale. La commission prend note qu’en réponse à sa demande de communication d’une étude actuarielle portant sur les différents régimes de pension et services de santé, le gouvernement indique que l’ISSSTE réalise chaque année le Rapport financier et actuariel (IFA) et l’Évaluation financière et actuarielle (VFA). Elle note également les références aux études réalisées ces dernières années, transmises par le gouvernement. Par ailleurs, le gouvernement fait part de l’accord 15.1368.2019, portant approbation du Programme institutionnel 2019-2024 de l’ISSSTE qui prévoit, entre autres, l’analyse de l’état actuel de l’institut, incluant un diagnostic des problèmes, objectifs et actions prioritaires. La commission prie le gouvernement de l’informer des actions entreprises dans le cadre de la mise en œuvre du Programme institutionnel 2019-2024 de l’ISSSTE, à la lumière des dispositions des articles 71, paragraphe 3, et 72, paragraphe 2 de la convention.
Article 5 (lu conjointement avec l’article 10) de la convention n° 118. Paiement de prestations de longue durée à l’étranger. Prenant note des informations communiquées par le gouvernement en réponse à ses précédents commentaires, la commission invite à nouveau le gouvernement à fournir des informations sur les prestations versées à ses propres ressortissants et aux réfugiés et apatrides en cas de résidence dans un pays avec lequel n’a été conclu aucun accord bilatéral.

C131 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

Afin de donner une vue d’ensemble des questions relatives à l’application des conventions ratifiées sur les salaires, la commission estime qu’il convient d’examiner les conventions nos 131 (salaire minimum) et 95 (protection du salaire) dans un même commentaire.
La commission prend note des observations de la Confédération régionale ouvrière mexicaine (CROM) et de la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM) sur l’application des conventions nos 131 et 95, respectivement, qui ont été communiquées avec les rapports du gouvernement.
Article 3 de la convention no 131. Éléments à prendre en considération pour déterminer le niveau des salaires minima. La commission note que la CROM indique dans ses observations que, s’ils ont augmenté, les salaires minima ne suivent pas l’inflation et sont donc insuffisants pour répondre aux besoins d’une petite famille. À ce sujet, la commission note que le gouvernement indique dans son rapport que, tel qu’amendé en 2021, l’article 90 de la loi fédérale du travail (LFT) dispose que le taux d’ajustement des salaires minima, ou de leur révision, ne peut jamais être inférieur à celui de l’inflation constatée pendant la période prise en compte. Compte tenu de ces informations, la commission s’attend à ce que le prochain ajustement des salaires minima prendra en considération, autant qu’il sera possible et approprié, compte tenu de la pratique et des conditions nationales, les besoins des travailleurs et de leur famille ainsi que les facteurs d’ordre économique, comme l’exige l’article 3 de la convention.
Article 8 de la convention no 95. Retenues sur les salaires autorisées dans des conditions et limites prescrites. La commission note que, dans ses observations, la CTM souligne que la plupart des employeurs paient les salaires de leurs travailleurs mais que, dans le secteur informel, des retenues qui ne sont pas prévues dans le cadre légal sont parfois appliquées aux salaires qui sont versés aux travailleurs. Tout en notant que le gouvernement n’a pas répondu à ces observations, la commission rappelle que, conformément à l’article 8, paragraphe 1, de la convention, les retenues sur les salaires ne seront autorisées que dans des conditions et limites prescrites par la législation nationale, ou fixées par une convention collective ou une sentence arbitrale. La commission prie le gouvernement de communiquer ses commentaires à cet égard.
Article 5 de la convention no 131 et article 15 b) de la convention no 95. La commission note que, en réponse à ses précédents commentaires, le gouvernement indique que les mécanismes de contrôle autres que l’inspection du travail prévus aux articles 46 et 47 du Règlement général de l’inspection du travail et de l’application de sanctions de 2014 ne sont pas utilisés pour s’assurer du respect des dispositions relatives aux salaires, y compris les salaires minima. Ils ne sont utilisés que pour s’assurer du respect des conditions générales concernant la sécurité et la santé au travail. Le gouvernement note également qu’il a l’intention de lancer en 2021 le mécanisme «Distintivo de Trabajo Digno», en vertu duquel une distinction sera décernée aux centres de travail qui démontrent leur respect des dispositions de la LFT, y compris les dispositions relatives aux salaires en général et aux salaires minima en particulier. La commission prie le gouvernement de donner des informations détaillées sur la mise en œuvre et le fonctionnement du mécanisme «Distintivo de Trabajo Digno», en précisant comment est assuré le contrôle de l’application effective des dispositions relatives à la protection des salaires et aux salaires minima prévues par les conventions nos 95 et 131, respectivement. Elle prie en outre le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les mesures prises par l’inspection du travail concernant les salaires minima et les résultats achevés. Enfin, la commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les activités menées par le Secrétariat du travail et de la prévoyance sociale dans le domaine de la protection des salaires, suite à l’attribution en 2019 des fonctions et des pouvoirs du Comité national mixte de la protection des salaires, dont le décret de création a été abrogé cette année-là.

C150 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

La commission prend note des observations du Syndicat national des travailleurs des ponts et chaussées et services connexes (SNTCPF), reçues en 2016, ainsi que des observations de la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM) et de la Confédération internationale des travailleurs (CIT), jointes au rapport du gouvernement.
La commission prend également note des commentaires communiqués par le gouvernement au sujet des observations du SNTCPF reçues en 2014 et 2015, concernant la nécessité d’adopter des normes de sécurité et de santé au travail (SST) applicables aux activités liées à l’extraction du grisou associé au carbone, du gaz de schiste, du gaz naturel et du pétrole. La commission note également que le Programme d’inspection 2021, joint au rapport du gouvernement, prévoit la mise à jour du cadre réglementaire en matière de SST, portant modification, entre autres, de la norme officielle mexicaine NOM-032-STPS-2008 sur la sécurité dans les mines souterraines de charbon. La commission renvoie le gouvernement aux commentaires qu’elle a formulés à ce sujet dans le cadre du contrôle de l’application de la convention (n° 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981.
Articles 4 et 6, paragraphes 1) et 2 a), de la convention. Organisation et fonctionnement du système d’administration du travail. Politique nationale du travail. La commission note que dans ses observations, la CTM indique qu’il n’est pas possible de planifier, d’élaborer et de mettre en œuvre une politique nationale en matière d’administration du travail puisque le système d’administration du travail fonctionne selon l’idéologie et les critères du gouvernement en place, que le personnel engagé initialement par le gouvernement n’a pas la formation nécessaire à l’exercice de ses fonctions et que, parfois, les mesures prises par l’administration du travail ne protègent pas les travailleurs. La commission note également que, selon les observations de la CIT, les activités d’inspection du travail du Secrétariat au travail et à la prévoyance sociale (STPS) sont faibles, partielles et font l’objet de peu d’attention, et que le SNTCPF, pour sa part, indique dans ses observations que le processus d’inspection du travail s’avère inefficace pour réfréner les violations de la SST qui sont commises sur les sites miniers (en particulier dans les mines de charbon illégales et clandestines), en raison des limites de la portée de l’inspection, de la longueur du processus et de la bureaucratie que cela implique. À cet égard, la commission prend note des informations fournies par le gouvernement dans son rapport au sujet de l’adoption du Programme sectoriel du travail et de la prévoyance sociale (PSTPS) 2020-2024 et du Programme d’inspection 2021. Ces documents prévoient des stratégies et des mesures en matière d’inspection du travail visant à: i) la restructuration de l’inspection du travail en mettant l’accent sur la simplification de la réglementation, la formation, le recours aux nouvelles technologies et la lutte frontale contre la corruption, de manière à garantir le respect de la législation du travail en vigueur pour parvenir à la non-discrimination et l’inclusion (stratégie prioritaire 4.4 du PSTPS 2020-2024); et ii) la mise en œuvre, par la Direction générale de l’inspection fédérale du travail du STPS, d’une stratégie d’inspections ciblées en fonction des besoins et des problèmes actuels du pays, en faisant porter les activités d’inspection sur le contrôle des conditions générales de travail et la SST des travailleurs des mines, entre autres (stratégie 1, plan d’action 1 du Programme d’inspection 2021). La commission prie le gouvernement de communiquer ses commentaires concernant toutes les observations mentionnées ci-dessus, en se référant en particulier à la mise en œuvre et aux résultats des stratégies et mesures prévues dans le cadre du PSTPS 2020-2024 et le Programme d’inspection 2021 (ou les programmes ultérieurs), dans le domaine de l’inspection du travail, ainsi qu’à leur impact sur le fonctionnement de l’inspection du travail en tant que partie du système d’administration du travail.
Articles 5. Consultation, coopération et négociation entre les autorités publiques et les partenaires sociaux. Suite à ses précédents commentaires sur les actions coordonnées avec les partenaires sociaux et les comités de sécurité et de santé établis sur les lieux de travail, la commission prend note: i) des informations fournies par le gouvernement sur le fonctionnement, entre 2015 et 2020, des organes tripartites comme la commission consultative nationale relative à la SST et le comité consultatif national de normalisation de la SST; ii) les rapports sur les travaux du STPS pour 2018-2019 et 2019-2020, communiqués par le gouvernement, qui contiennent des informations sur les actions de coordination et de coopération interinstitutions mises en œuvre par le STPS; et iii) les stratégies et mesures prévues par le PSTPS 2020-2024, comprenant la coopération entre les autorités publiques et les partenaires sociaux, ainsi que la participation de ces derniers aux fins de garantir que les conditions de SST sur les lieux de travail sont de nature à prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles (stratégie prioritaire 4.3). La commission renvoie le gouvernement aux commentaires qu’elle a formulés sur l’application de la convention (n° 144) sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail, 1976).
Article 10. Personnel du système d’administration du travail. En ce qui concerne ses précédents commentaires concernant les mesures prises pour augmenter le nombre d’inspecteurs du travail chargés de contrôler les conditions de SST dans le secteur minier, la commission prend note des informations fournies par le gouvernement, qui font état de l’augmentation du nombre d’inspecteurs pour tous les secteurs entre 2013 et 2017, et précisent qu’il y avait 776 inspecteurs en 2013, 926 en juin 2016 et 946 en juin 2017. La commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur le nombre d’inspecteurs du travail, en précisant combien d’entre eux sont chargés de contrôler les conditions de SST dans le secteur minier. La commission le prie également de fournir des informations sur les mesures prises ou envisagées, le cas échéant, pour augmenter le nombre d’inspecteurs du travail, en particulier ceux chargés de contrôler les conditions de SST dans le secteur minier.

C150 - Observation (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

La commission prend note des observations du Syndicat national des travailleurs des ponts et chaussées et services connexes (SNTCPF), reçues en 2016.
Article 4 de la convention. Organisation et fonctionnement du système d’administration du travail. Coordination de ses fonctions et responsabilités. La commission note que, en réponse à sa demande d’information sur les mesures prises pour améliorer la coordination entre les secrétariats d’État concernés par les inspections effectuées, le gouvernement indique dans son rapport que: i) le Secrétariat au travail et à la prévoyance sociale (STPS) assure la communication et la coordination avec les secrétariats des différentes entités fédératives, en vue d’obtenir leur collaboration, dans leur champ de compétences, aux activités d’inspection; et ii) la Direction générale fédérale de l’inspection du travail du STPS est toujours habilitée, en vertu de son règlement intérieur adopté en 2019, à fixer des règles générales qui permettent de signer des accords de coordination et de coopération en matière d’inspection du travail avec les autorités des entités fédératives, et avec d’autres entités publiques et privées.
La commission rappelle que, suite aux graves accidents qui se sont produits par le passé dans le secteur minier, elle a demandé, dans son précédent commentaire, des informations sur les progrès réalisés dans la mise en place d’un registre unique de toutes les entreprises minières, afin de renforcer les visites d’inspection. À cet égard, la commission note, d’après les observations du SNTCPF, que le gouvernement ne dispose pas de registre adéquat et efficace des entreprises minières, comprenant celles qui sont en sous-traitance, que l’inscription à ce registre n’est pas obligatoire et qu’il contient souvent des informations incorrectes. La commission prie à nouveau le gouvernement de communiquer des informations sur l’évolution de la mise en place, du fonctionnement et de la portée du registre des entreprises minières.
La commission prend également note de l’indication du gouvernement selon laquelle, dans le cadre d’une réforme de la loi fédérale du travail adoptée en 2021, plusieurs dispositions relatives à la sous-traitance du travail ont été modifiées pour limiter la sous-traitance aux seules activités spécialisées, afin de protéger les droits des travailleurs et d’empêcher les entreprises contractantes de se soustraire aux obligations en matière fiscale et de travail. Suite à cette réforme, l’article 15 de la loi fédérale du travail prévoit l’obligation des entreprises qui souhaitent exercer des activités spécialisées de s’inscrire au registre public des prestataires de services spécialisés ou de travaux spécialisés, géré par le Secrétariat au travail et à la prévoyance sociale. Le nouvel article 1004-C de la loi fédérale du travail, mis en place dans le cadre de la réforme susmentionnée, prévoit l’imposition de sanctions financières aux personnes physiques ou morales qui fournissent des services de sous-traitance et qui ne sont pas enregistrées dans le registre correspondant, cette sanction étant aussi imposée aux bénéficiaires de ces services. La commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées sur l’impact du fonctionnement du registre des prestataires de services spécialisés ou de travaux spécialisés sur le fonctionnement du système d’administration du travail, y compris sur les activités de l’inspection du travail en tant que partie de ce système ainsi que le montant des pénalités imposées aux personnes bénéficiaires des services de sous-traitance qui ne sont pas inscrits dans le registre mentionné. La commission prie également le gouvernement d’indiquer s’il y a une relation entre le registre des prestataires de services spécialisés ou de travaux spécialisés et le registre des entreprises minières mentionné au paragraphe précédent.
Article 10. Formation du personnel au système d’administration du travail. Moyens matériels nécessaires à l’exercice effectif de leurs fonctions. Dans ses précédents commentaires, la commission a prié le gouvernement de: 1) continuer à fournir des informations sur la formation dispensée aux inspecteurs du travail, en particulier en matière de SST dans les mines, ainsi que sur les certifications délivrées auxdits inspecteurs; et 2) décrire les moyens de transport et l’équipement de sécurité dont dispose le personnel d’inspection dans l’exercice de ses fonctions. À cet égard, la commission note que le gouvernement communique des informations sur: i) les formations dispensées au cours de l’année 2018 en matière de sécurité et santé au travail (y compris le nombre de formations dispensées ainsi que le nombre et la fonction des participants) et sur les certifications accordées à des fonctionnaires du Secrétariat au travail et à la prévoyance sociale (notamment en matière de SST dans les mines de charbon); et, ii) qu’il s’emploie actuellement à prendre les mesures nécessaires pour veiller à ce que, dans le contexte de l’utilisation et de la répartition des ressources allouées au Secrétariat au travail et à la prévoyance sociale, les inspecteurs disposent de moyens et outils de travail en plus grand nombre et de meilleure qualité.
La commission note que dans ses observations, le SNTCPF fait état des conditions inadéquates dans lesquelles travaille le personnel de la sous-délégation du STPS dans l’État de Coahuila, lequel est un bassin charbonnier important. À cet égard, le SNTCPF indique que le nombre de membres du personnel et de véhicules qui lui sont affectés est insuffisant, que les espaces de travail sont inadéquats, que les inspecteurs ne disposent pas des équipements de sécurité nécessaires (autosauveteurs) pour se rendre dans les mines, et que c’est la raison pour laquelle le budget alloué à la sous-délégation devrait être augmenté. Tout en prenant note des activités de formation des inspecteurs menées en 2018, la commission prie le gouvernement de continuer à prendre des mesures pour que les inspecteurs bénéficient d’une formation continue dans les domaines requis pour l’exercice de leurs fonctions. La commission prie également le gouvernement de fournir des informations sur les ressources spécifiques dont dispose ce personnel pour l’exercice de ses fonctions, en indiquant en particulier ce dont dispose le personnel de la sous-délégation du STPS de l’État de Coahuila, qui fait partie du système d’administration du travail.
La commission soulève d’autres questions dans une demande qu’elle adresse directement au gouvernement.

C155 - Observation (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

Articles 4 et 7 de la convention. Examen de la politique et de la situation nationales en matière de sécurité et de santé au travail et de milieu de travail. En ce qui concerne sa précédente demande de fournir des informations sur les statistiques disponibles concernant le nombre d’accidents survenus dans le secteur minier, la commission note, d’après l’indication du gouvernement dans son rapport, que, selon les statistiques de l’Institut mexicain de sécurité sociale (IMSS), entre 2017 et 2020, près de 1,5 million d’accidents du travail ont été déclarés au niveau national, dont moins de 1 pour cent sont survenus dans l’industrie de l’extraction et de l’exploitation des ressources souterraines (mines, gaz et pétrole). Le gouvernement précise que ces statistiques n’indiquent pas les accidents survenus spécifiquement dans le secteur minier. La commission prend également note des informations générales concernant les accidents du travail et les maladies professionnelles disponibles sur le site Internet du ministère du Travail et de la Prévoyance sociale, selon lesquelles entre 2009 et 2019: i) le nombre d’accidents du travail montre une tendance à la baisse ces dernières années (395 024 en 2009; 422 043 en 2011; 415 660 en 2013; 425 063 en 2015; 410 266 en 2017; et 399 809 en 2019); ii) le nombre de maladies professionnelles montre principalement une tendance régulière à la hausse (4 101 en 2009; 4 105 en 2011; 6 364 en 2013; 12 009 en 2015; 14 159 en 2017; et 13 309 en 2019); et, iii) le nombre d’accidents du travail mortels est en baisse (1 109 en 2009; 1 221 en 2011; 982 en 2013; 1 133 en 2015; 993 en 2017; et 939 en 2019). Compte tenu de ces statistiques, la commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les raisons de l’augmentation du nombre de maladies professionnelles entre 2009 et 2019. La commission prie également le gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises ou envisagées au niveau national et dans des secteurs spécifiques (y compris le secteur minier) pour poursuivre l’examen périodique de la politique nationale en matière de sécurité et de santé au travail (SST), en consultation avec les organisations d’employeurs et de travailleurs les plus représentatives, afin de prévenir les accidents et les atteintes à la santé résultant du travail. La commission prie également le gouvernement de continuer à fournir des informations, si possible ventilées par année et par secteur, sur les statistiques disponibles concernant les accidents du travail, les maladies professionnelles et les accidents mortels enregistrés.
Article 9. Système d’inspection approprié et suffisant. Sanctions appropriées. Suite à sa précédente demande de communiquer des informations sur le nombre d’inspections ainsi que sur le nombre et la nature des violations constatées dans le secteur minier, la commission prend note des informations fournies par le gouvernement concernant le nombre de visites d’inspection effectuées dans les mines souterraines (5 533 visites), le nombre de travailleurs couverts (258 272 travailleurs) et le nombre et la nature des mesures prises (23 327 mesures techniques de sécurité et de santé) au cours de la période 2016-2018, et mentionne en particulier les mines de charbon (dans lesquelles 219 visites ont été réalisées, couvrant 5 258 travailleurs, et suite auxquelles 1 991 mesures techniques ont été prises). La commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur le fonctionnement des services d’inspection en matière de SST, en indiquant en particulier, en ventilant les données par année et par secteur (y compris le secteur minier), le nombre de visites d’inspection, le nombre et la nature des infractions constatées, le nombre et le type de mesures prises (y compris les sanctions infligées).
Article 13. Protection du travailleur qui s’est retiré d’une situation de travail qui présentait un péril imminent et grave pour sa vie ou sa santé. En ce qui concerne son précédent commentaire concernant la suppression de l’obligation, en vertu de l’article 343-D de la loi fédérale du travail, d’informer préalablement la Commission mixte de sécurité et d’hygiène ou d’obtenir son autorisation pour permettre aux travailleurs de se retirer d’une situation présentant un danger, la commission note que selon le gouvernement, la notification que les travailleurs sont tenus de faire en vertu de cette disposition n’est pas une condition préalable ni une condition à l’exercice de leur droit de se retirer du lieu de travail exposé à un risque imminent, mais une obligation d’informer l’employeur pour que ce dernier prenne les mesures nécessaires pour réduire le risque. La commission rappelle toutefois que l’article 343-D de la loi fédérale du travail prévoit expressément que les travailleurs peuvent refuser de fournir leurs services si et quand la Commission mixte de sécurité et d’hygiène confirme l’existence d’une situation présentant un péril imminent pouvant mettre en danger leur vie, leur intégrité physique ou leur santé. La disposition susmentionnée ne prévoit donc pas la possibilité pour les travailleurs de se retirer d’une situation de travail dont ils ont des motifs raisonnables de penser qu’elle présente un danger imminent et grave pour leur vie ou leur santé, sans que la Commission mixte de sécurité et d’hygiène détermine au préalable que la situation présente un risque imminent pour les travailleurs. Notant que l’article 343-D de la loi fédérale du travail ne donne pas pleinement effet à l’article 13 de la convention, la commission prie encore une fois le gouvernement de prendre sans délai les mesures nécessaires, y compris législatives, pour que tout travailleur qui estime nécessaire de se retirer d’une situation de travail dont il a des motifs raisonnables de penser qu’elle présente un danger imminent et grave pour sa vie ou sa santé, soit protégé contre des conséquences injustifiées. Elle prie également le gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises à cet égard.
La commission soulève d’autres questions dans une demande qu’elle adresse directement au gouvernement.

C170 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2021, publiée 110ème session CIT (2022)

Afin de fournir une vue d’ensemble des questions relatives à l’application des conventions ratifiées sur la sécurité et la santé au travail (SST), la commission estime qu’il convient d’examiner les conventions nos 45 (travaux souterrains (femmes)), 115 (protection contre les radiations), 155 (SST), 161 (services de santé au travail), 167 (SST dans la construction) et 170 (produits chimiques) dans un même commentaire.
La commission prend note des observations de la Confédération régionale ouvrière mexicaine (CROM) qui concernent l’application de la convention n° 45, et de la Confédération internationale des travailleurs (CIT) portant sur l’application des conventions nos 155, 167 et 170, jointes au rapport du gouvernement. La commission prend également note des observations de la Confédération des chambres industrielles des États-Unis du Mexique (CONCAMIN) sur l’application des conventions nos 45 et 155, jointes au rapport du gouvernement.
A. Dispositions générales

1. Convention (n° 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981

La commission note que, dans leurs observations, la CONCAMIN et la CIT, indiquent respectivement, que: i) la récente décision du gouvernement d’utiliser le charbon pour la production d’énergie électrique, avec pour conséquence l’augmentation possible de l’intérêt pour la production et l’exploitation de ce minerai et donc l’augmentation du risque pour la santé et la sécurité au travail associé à l’exploitation de mines de charbon irrégulières (appelées «pocitos»), en particulier dans l’État de Coahuila; et, ii) l’arrêt du fonctionnement, pendant la pandémie de COVID-19, des commissions mixtes de sécurité et d’hygiène (CMSH) mises en place sur les lieux de travail. La commission prie le gouvernement de communiquer ses commentaires sur cette question.
Législation. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement dans son rapport sur l’adoption en 2018 des normes officielles mexicaines NOM-036-1-STPS-2018 et NOM-035-STPS-2018 concernant, respectivement, les facteurs de risques ergonomiques et psychosociaux au travail, ainsi que sur l’inclusion récente du chapitre XII BIS sur le télétravail dans la loi fédérale du travail, qui contient des dispositions spécifiques (articles 330-B, paragraphe IV; 330-E, paragraphe IV, 330-F, paragraphe III; 330-J et 330-K, paragraphe I) sur la SST. En outre, la commission note que le Programme national d’infrastructure de la qualité adopté en 2021, le Programme sectoriel 2020-2024 sur le travail et la prévoyance sociale et le Programme d’inspection de 2021, communiqués par le gouvernement, prévoient des stratégies et des mesures visant à actualiser le cadre réglementaire en matière de SST, dont la responsabilité incombe au Secrétariat au travail et à la prévoyance sociale. La commission veut croire que le processus de révision de la législation sur la SST, mentionné par le gouvernement, tiendra compte des questions relatives à l’application des conventions ratifiées sur la SST exposées ci-après et dans le commentaire qu’elle a formulé sur la convention n° 155, afin d’assurer la pleine conformité du cadre réglementaire de la SST avec ces conventions. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur tout progrès réalisé à cet égard.
Article 11 d) de la convention. Réalisation d’enquêtes. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement, en réponse à ses précédents commentaires, sur la faculté de l’inspection du travail et de la commission consultative nationale tripartite sur la SST de mener des enquêtes et des études en matière de SST, afin de réduire les risques sur le lieu de travail, entre autres. Se référant à ses commentaires sur l’application des articles 4 et 7 (sur l’examen de la politique et de la situation nationales en matière de sécurité et de santé au travail et de milieu de travail) de la convention, la commission prie le gouvernement de fournir des informations, si possible ventilées par année et par secteur, sur les enquêtes menées à la suite d’accidents du travail, de cas de maladies professionnelles ou de toute autre atteinte à la santé survenant au cours du travail ou en rapport avec celui-ci, qui paraît refléter une situation grave.
Article 17. Collaboration entre deux ou plusieurs employeurs se livrant simultanément à des activités sur le même lieu de travail. La commission prend note de l’information du gouvernement selon laquelle, en 2021, l’article 15-C de la loi fédérale du travail, qui prévoyait que l’entreprise qui contractait des services devait veiller en permanence à ce que l’entreprise sous-traitante respecte les dispositions applicables aux travailleurs de cette dernière en matière de SST, a été abrogé. La commission note, d’après l’indication du gouvernement, que l’abrogation susmentionnée fait suite à une réforme de la loi fédérale du travail adoptée en 2021 qui visait à interdire la sous-traitance de personnel, sauf en cas d’activités spécialisées. La commission prie le gouvernement d’indiquer les dispositions législatives ou autres qui, après l’abrogation de l’article 15-C de la loi fédérale du travail, continuent d’obliger les entreprises se livrant simultanément à des activités sur le même lieu de travail à coopérer pour mettre en œuvre les mesures prévues par la convention. Si de telles dispositions n’existent pas, la commission prie le gouvernement, notamment dans le cadre de la révision de la législation sur la SST, de prendre des mesures pour donner effet aux dispositions de l’article 17 de la convention.

2. Convention (n° 161) sur les services de santé au travail, 1985

Article 3, paragraphes 1 et 2, de la convention. Instituer progressivement des services de santé au travail pour tous les travailleurs. La commission prie à nouveau le gouvernement de fournir des informations sur la mise en place dans la pratique de services de prévention en matière de SST réglementés par la norme officielle mexicaine NOM-030-STPS-2009, en indiquant notamment les secteurs ou entreprises dans lesquels ils existent et fonctionnent déjà et ceux dans lesquels ils doivent encore être mis en place (dans ce dernier cas, en indiquant les plans élaborés pour la mise en place de ces services en consultation avec les organisations d’employeurs et de travailleurs les plus représentatives, lorsqu’elles existent).
B. Protection contre les risques spécifiques

1. Convention (n° 115) sur la protection contre les radiations, 1960

Articles 3, paragraphe 1, 6, paragraphe 2, et 7, paragraphe 1, de la convention. Adoption de mesures appropriées pour la protection des travailleurs en fonction de l’évolution des connaissances. Révision des doses maximales admissibles de radiations ionisantes. Suite à ses précédents commentaires sur la révision des doses maximales admissibles de radiations ionisantes prévues par le Règlement général de la sécurité radiologique de 1988, en particulier en ce qui concerne les radiations dans le cristallin de l’œil, la commission note que le gouvernement se réfère aux limites de dose prévues par la norme officielle mexicaine NOM-041-NUCL-2013, indiquant que les limites de l’équivalent de dose annuelles sont de 50 mSv et de 500 mSv pour un organe ou un tissu (article 4.9). La commission note également que le gouvernement prévoit de modifier la norme susmentionnée via l’adoption du projet de norme officielle mexicaine PROY-NOM-041-NUCL-2021 sur les limites annuelles d’exposition et de concentration dans les rejets, qui mentionne à l’article 3.7 une limite de l’équivalent de la dose annuelle à 150 mSv pour le cristallin. La commission note que ni la norme mentionnée par le gouvernement ni son projet d’amendement ne prévoient des limites de dose pour le cristallin applicables en fonction des nouvelles connaissances, ni ne font référence à des limites de dose applicables aux stagiaires âgés de 16 à 18 ans qui sont exposés à des radiations dans le cadre de leur formation. Se référant aux paragraphes 32 et 34 de son observation générale de 2015 sur l’application de la convention, la commission prie le gouvernement, notamment dans le cadre de la révision de la législation sur la SST, de prendre sans délai des mesures pour que: i) la limite de dose d’exposition pour le cristallin soit de 20 mSv par an, en moyenne sur une période définie de cinq ans, sans dépasser une valeur de 50 mSv au cours d’une année; et, ii) en ce qui concerne les stagiaires âgés de 16 à 18 ans, les limites de dose soient : une dose efficace de 6 mSv par an; b) une dose équivalente pour le cristallin de l’œil de 20 mSv par an; et c) une dose équivalente pour les extrémités (mains et pieds) ou la peau de 150 mSv par an.

2. Convention (n° 170) sur les produits chimiques, 1990

La commission note que dans ses commentaires, la CIT fait état du recours généralisé à des substances dangereuses pour la santé des travailleurs dans les activités minières, métallurgiques, sidérurgiques, ainsi que dans les usines de production d’engrais. La commission prie le gouvernement de communiquer ses commentaires à ce sujet.
La commission prend note des informations fournies par le gouvernement sur l’application de la convention dans la pratique.
Article 4 de la convention. Politique nationale cohérente de sécurité dans l’utilisation des produits chimiques au travail. Suite à ses précédents commentaires concernant l’inclusion des questions couvertes par la convention dans les politiques de SST élaborées aux niveaux fédéral et des États, la commission prend note des informations fournies par le gouvernement sur le cadre réglementaire applicable à l’utilisation de produits chimiques au travail au niveau national, portant en particulier sur les produits chimiques dangereux ou polluants. Elle prend également note de l’adoption d’une politique nationale complète de gestion des produits chimiques visant à mettre en œuvre un système de gestion complet et adéquat des produits et substances chimiques, qui assure une protection rigoureuse de la santé de la population et de l’environnement contre les risques liés à l’exposition à ces produits et substances. La commission prie le gouvernement de communiquer copie de la politique nationale complète de gestion des produits chimiques, de fournir des informations sur sa mise en œuvre, et d’indiquer la manière dont les organisations d’employeurs et de travailleurs les plus représentatives ont été consultées dans le cadre de la formulation et de la mise en œuvre de cette politique, ainsi que la manière dont il est envisagé de les consulter lors de son réexamen périodique.
La commission note que le gouvernement fait aussi état de l’adoption du projet de norme officielle mexicaine PROY-NOM-005-STPS-2017 sur la manipulation de produits chimiques dangereux ou leurs mélanges sur les lieux de travail - conditions et procédures de sécurité et de santé, qui modifient et actualisent les dispositions relatives à ces questions prévues par la norme officielle mexicaine NOM-005-STPS-1998, actuellement en vigueur. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur tout progrès réalisé à cet égard.
Article 5. Interdiction ou limitation de l’utilisation de produits chimiques dangereux ou obligation de notification ou d’autorisation préalable pour leur utilisation. En ce qui concerne ses précédents commentaires concernant l’existence de mécanismes pour donner effet à cet article de la convention, la commission note que le gouvernement: i) communique une liste des pesticides dont l’importation, la fabrication, la formulation et la commercialisation ont été interdites et limitées dans le pays par décrets ; et ii) indique qu’il s’emploie actuellement à élaborer des mesures visant à interdire et à limiter les substances énumérées dans la convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, via notamment l’adoption d’amendements à la loi sur les taxes générales sur l’importation et l’exportation, afin d’interdire l’importation de certaines substances. La commission prie le gouvernement d’indiquer les autres produits chimiques dangereux dont l’utilisation a été interdite ou limitée, ainsi que les produits chimiques dangereux dont l’utilisation nécessite une notification ou une autorisation préalable, en précisant quelle est l’autorité compétente à cet égard.
Article 6. Systèmes de classification pour tous les produits chimiques. La commission note que le gouvernement fait état de son objectif de disposer d’un registre national des produits chimiques pour faciliter la bonne gestion, l’évaluation, l’autorisation, la limitation de l’utilisation et l’élimination des substances dangereuses. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur la mise en place, le fonctionnement et la portée du registre national des substances chimiques, et d’indiquer la manière dont ce registre, le cas échéant, donne effet à l’article 6 de la convention.
Article 10, paragraphes 3 et 4. Responsabilités des employeurs: utilisation de produits classés ou identifiés et étiquetés ou marqués, et tenue d’un registre des produits chimiques dangereux utilisés. En ce qui concerne ses précédents commentaires sur la législation donnant effet à ces articles de la convention, la commission note que le gouvernement fait état, entre autres, de la norme officielle mexicaine NOM-018-STPS-2015, qui prévoit la mise en place d’un système harmonisé d’identification et de notification des dangers et des risques liés aux produits chimiques dangereux sur les lieux de travail, par laquelle la norme officielle mexicaine NOM-018-STPS-2000 qui réglementait ces questions a été abrogée. La commission note qu’en vertu de la norme officielle mexicaine NOM-018-STPS-2015, les employeurs doivent: i) marquer les cuves, les conteneurs, les rayonnages ou les zones de stockage contenant des produits chimiques et des mélanges dangereux, à la lumière des règles spécifiques de marquage (articles 6.5 et 10)); et, ii) disposer d’une liste à jour des produits chimiques et des mélanges dangereux manipulés sur le lieu de travail, laquelle doit contenir certains éléments au moins, dont le marquage et l’étiquetage de ces substances (article 8.1) La commission prie le gouvernement d’indiquer les mesures prises pour que la liste des produits chimiques et mélanges dangereux dont les employeurs doivent disposer, conformément à l’article 8.1 de la norme officielle mexicaine NOM-018-STPS-2015, contienne des références aux fiches de données de sécurité appropriées visées à l’article 8 de la convention, et que cette liste soit accessible à tous les travailleurs concernés et à leurs représentants.
Article 18, paragraphes 1 et 2. Droit des travailleurs de s’écarter lorsqu'ils ont un motif raisonnable de croire qu'il existe un risque imminent et sérieux pour leur sécurité ou leur santé. Protection des travailleurs contre les conséquences injustifiées de cet acte. Se référant à ses précédents commentaires concernant l’absence de dispositions législatives donnant effet à cet article de la convention, la commission note que le gouvernement mentionne de manière générale l’adoption du projet de norme officielle mexicaine susmentionné PROY-NOM-005-STPS-2017 sur la manipulation de produits chimiques dangereux ou leurs mélanges sur les lieux de travail - conditions et procédures de sécurité et de santé. La commission prie encore une fois le gouvernement de prendre, sans délai, les mesures nécessaires, y compris dans le cadre du projet de norme mexicaine PROY-NOM-005-STPS-2017, pour garantir le droit des travailleurs à: i) s’écarter de tout danger découlant de l’utilisation de produits chimiques lorsqu’ils ont des motifs raisonnables de croire qu’il existe un risque imminent et grave pour leur sécurité ou leur santé ; et ii) être protégés contre les conséquences injustifiées découlant de cet acte. La commission renvoie le gouvernement aux commentaires qu’elle a formulés dans son observation sur l’application de l’article 13 (protection des travailleurs qui se retirent d’une situation de travail dont ils avaient des motifs raisonnables de croire qu’elle présentait un danger imminent et grave) de la convention n° 155.
C. Protection dans des secteurs d’activité spécifiques

1. Convention (n° 45) sur les travaux souterrains (femmes), 1935

La commission note que, dans ses observations, la CROM indique que des discussions sont en cours sur le refus d’engager des femmes pour travailler dans les mines et que, dans la plupart des cas, ce sont des hommes qui y sont engagés. La commission note également que les observations de la CONCAMIN recommandent au gouvernement de dénoncer la convention.
La commission rappelle que le Conseil d’administration du BIT (à 334e session, d’octobre-novembre 2018), sur recommandation du Groupe de travail tripartite du mécanisme d’examen des normes (MEN), a confirmé la classification de la convention comme instrument dépassé, et a inscrit un point à l’ordre du jour de la 112e session de la Conférence internationale du travail de 2024 concernant son abrogation. Le Conseil d’administration a également demandé au Bureau de prendre des mesures de suivi pour encourager activement la ratification des instruments à jour en matière de SST, y compris la convention (n° 176) sur la sécurité et la santé dans les mines, 1995, et pour mener une campagne visant à promouvoir la ratification de la convention n° 176. La commission encourage donc le gouvernement à donner suite à la décision prise par le Conseil d’administration à sa 334e session (octobre-novembre 2018) approuvant les recommandations du Groupe de travail tripartite du MEN, et à envisager de ratifier les instruments les plus à jour dans ce domaine. La commission rappelle que le gouvernement peut solliciter l’assistance technique du Bureau dans le cadre de ce processus.

2. Convention (n° 167) sur la sécurité et la santé dans la construction, 1988

La commission prend note des informations fournies par le gouvernement en réponse à ses précédents commentaires sur les articles 16, paragraphe 2, (véhicules et engins de terrassement ou de manutention, voies d’accès sûres et contrôle de la circulation), 19 a), b), d) et e) (prise de précautions adéquates dans les excavations, puits, remblais, travaux souterrains et tunnels) et 21, paragraphe 2, (vérification de l’aptitude physique des travailleurs affectés à des travaux dans l’air comprimé) de la convention.
La commission note que, dans ses observations, la CIT souligne que sur la plupart des lieux de travail, l’obligation prévue par la loi fédérale du travail de former des commissions mixtes de sécurité et d’hygiène n’est pas remplie, et qu’elle exprime sa préoccupation face à la faiblesse de l’inspection pour couvrir le vaste domaine de la construction. La commission prie le gouvernement de faire part de ses commentaires à cet égard.
Article 8 (2). Coopération effective en matière de sécurité et de santé chaque fois que deux employeurs ou plus entreprennent simultanément des travaux sur le même chantier. Suite à ses précédents commentaires sur la manière dont il est donné effet à cet article de la convention, la commission note que le gouvernement se réfère à diverses dispositions concernant l’obligation de coopération entre employeurs et travailleurs en matière de SST (notamment dans le cadre des commissions mixtes de sécurité et d’hygiène qu’il faut mettre en place sur les chantiers), contenues dans la norme officielle mexicaine NOM-031-STPS-2011 sur la SST dans la construction. La commission note toutefois que le gouvernement ne fait pas référence aux dispositions de la norme officielle mexicaine NOM-031-STPS-2011 ou de toute autre norme prévoyant une coopération en matière de SST entre employeurs (ou entre travailleurs indépendants) entreprenant simultanément des travaux sur le même chantier. La commission prie le gouvernement de prendre sans délai, notamment dans le cadre de la révision des normes de sécurité et de santé au travail, des mesures pour que les employeurs (ou les travailleurs indépendants) entreprenant simultanément des travaux sur le même chantier aient l’obligation de coopérer pour mettre en œuvre les mesures de sécurité et de santé au travail prescrites par la législation nationale. La commission renvoie le gouvernement aux commentaires qu’elle a formulés sur l’application de l’article 17 (concernant la collaboration entre deux ou plusieurs employeurs entreprenant simultanément des travaux sur le même lieu de travail) de la convention n° 155.
Article 9. Obligation pour les personnes responsables de la conception et de la planification d’un projet de construction de prendre en compte la sécurité et la santé des travailleurs. Se référant à ses précédents commentaires concernant l’adoption de mesures donnant effet à cet article de la convention, la commission note que le gouvernement se réfère aux dispositions de la norme officielle mexicaine NOM-031-STPS-2011 susmentionnée, qui contiennent uniquement les définitions d’entrepreneur, de constructeur, de responsable de chantier et de sous-traitant, et que ces dispositions ne prévoient pas l’obligation des personnes responsables de la conception et de la planification d’un projet de construction de prendre en considération la sécurité et la santé des travailleurs. La commission prie le gouvernement de préciser si, selon la pratique nationale, les personnes responsables de la conception et de la planification des projets de construction sont obligées de prendre en considération la sécurité et la santé des travailleurs de la construction. La commission encourage le gouvernement à envisager, dans le cadre de la révision des normes de SST, de prendre des mesures visant à garantir que l’obligation susmentionnée figure dans la législation qui sera adoptée.
Article 12. Droit de tout travailleur de s’éloigner d’un danger en cas de péril imminent et grave pour sa sécurité ou sa santé, et obligation de l’employeur d’adopter des mesures immédiates pour arrêter le travail. Se référant à ses précédents commentaires concernant l’adoption de mesures donnant effet à cet article de la convention, la commission note l’indication du gouvernement selon laquelle les articles 343-C (obligations des employeurs dans le secteur minier) et 343-D (cas dans lesquels les travailleurs des mines peuvent refuser de fournir des services) pourraient être étendus au secteur de la construction en vertu de l’article 17 de la loi fédérale du travail, qui prévoit qu’en l’absence de disposition expresse contenue dans cette loi ou ses règlements, entre autres normes, les dispositions de la loi fédérale du travail réglementant des cas similaires seront prises en considération. La commission note également, d’après les observations de la CIT, que la loi fédérale du travail ne contient pas de disposition similaire à celle de l’article 12 de la convention et que les articles 343-C et 343-D de cette loi ne se réfèrent pas aux travailleurs de la construction mais aux travailleurs des mines, lesquels représentent une minorité par rapport au nombre total de travailleurs. Notant que les dispositions de la loi fédérale du travail susmentionnées ne donnent pas effet à l’article 12 de la convention, la commission prie le gouvernement de prendre sans délai les mesures nécessaires pour: i) veiller à ce que la législation prévoie le droit de tous les travailleurs auxquels s’applique la présente convention de s'éloigner d'un danger lorsqu'il a de bonnes raisons de penser qu'il y a un péril imminent et grave pour sa sécurité ou sa santé ; et, ii) donner effet à l’obligation faite aux employeurs, en présence d'un péril imminent pour la sécurité des travailleurs, de prendre des dispositions immédiates pour arrêter le travail et, selon le cas, procéder à l’évacuation des travailleurs. La commission renvoie le gouvernement aux commentaires qu’elle a formulés dans son observation sur l’application de l’article 13 (protection des travailleurs qui se retirent d’une situation de travail dont ils avaient un motif raisonnable de penser qu’elle présentait un péril imminent et grave) de la convention n° 155.
Article 20, paragraphe 1. Qualité de construction des batardeaux et caissons. Article 22. Conception et construction de charpentes et de coffrages assurant la protection des travailleurs contre les dangers provenant de la fragilité ou de l’instabilité temporaire d’un ouvrage. Article 23. Travail au-dessus ou à proximité immédiate d’un plan d’eau. Se référant à ses précédents commentaires sur la manière dont la législation donne effet à ces articles de la convention, la commission note, d’après l’indication du gouvernement, que le système juridique national ne prévoit pas de dispositions spécifiques portant sur la bonne construction des batardeaux et des caissons. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur la manière dont est garantie dans la pratique l’application des articles 20, paragraphe 1, (construction appropriée des batardeaux et des caissons), 22 (conception et construction des charpentes et des coffrages assurant la protection des travailleurs contre les dangers provenant de la fragilité ou de l’instabilité temporaire d’un ouvrage) et 23 (travail au-dessus ou à proximité immédiate d’un plan d’eau) de la convention.

Adopté par la commission d'experts 2020

C100 - Observation (CEACR) - adoptée 2020, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note du rapport du gouvernement et des informations supplémentaires qu’il a fournies à la lumière de la décision adoptée par le Conseil d’administration à sa 338e session (juin 2020), ainsi que des observations de la Confédération authentique des travailleurs de la République mexicaine (CAT), transmises avec les informations supplémentaires du gouvernement. La commission prend également note des observations de la Confédération autonome des travailleurs et employés du Mexique (CATEM), de la Confédération internationale des travailleurs (CIT) et de la Confédération régionale ouvrière mexicaine (CROM) jointes au rapport du gouvernement.
Article 1 b) de la convention. Égalité de rémunération entre hommes et femmes pour un travail de valeur égale. Législation. Dans ses précédents commentaires, la commission a relevé que l’article 86 de la loi fédérale du travail prévoyait qu’à un travail égal accompli dans un poste, une journée et des conditions d’efficacité eux aussi égaux devait correspondre un salaire égal et a prié le gouvernement de prendre des mesures pour traduire pleinement dans la législation le principe de la convention. La commission note que, dans son rapport, le gouvernement indique que de nombreuses modifications ont été apportées à la législation afin d’y intégrer le principe de l’égalité de genre (que la commission examine plus en détail dans sa demande directe relative à la convention (no 111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958). Elle constate néanmoins que ces réformes n’ont pas porté modification de l’article 86 de la loi fédérale du travail. Elle rappelle que la législation ne devrait pas seulement prévoir l’égalité de rémunération pour un travail égal, pour le même travail ou pour un travail similaire, mais appréhender aussi les situations dans lesquelles les hommes et les femmes accomplissent des travaux différents mais qui sont néanmoins de valeur égale (Étude d’ensemble de 2012 sur les conventions fondamentales, paragr. 679). La commission prie de nouveau le gouvernement de prendre des mesures pour traduire pleinement dans la législation le principe de l’égalité de rémunération entre hommes et femmes pour un travail de valeur égale posé par la convention.
La commission soulève d’autres questions dans une demande qu’elle adresse directement au gouvernement.

C100 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2020, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note du rapport du gouvernement et des informations supplémentaires qu’il a fournies à la lumière de la décision adoptée par le Conseil d’administration à sa 338e session (juin 2020), ainsi que des observations de la Confédération authentique des travailleurs de la République du Mexique (CAT), transmises avec les informations supplémentaires du gouvernement. La commission prend également note des observations de la Confédération autonome des travailleurs et employés du Mexique (CATEM), de la Confédération internationale des travailleurs (CIT) et de la Confédération régionale ouvrière mexicaine (CROM) jointes au rapport du gouvernement.
Article 1 de la convention. Écart de rémunération. Dans ses précédents commentaires, la commission a prié le gouvernement de prendre des mesures pour réduire l’écart de rémunération entre hommes et femmes. Elle relève que le gouvernement fait part des éléments suivants: 1) l’adoption d’une nouvelle politique relative aux salaires minima 2018-2024 dont l’un des objectifs principaux est la réduction des inégalités de revenus, y compris l’écart de rémunération entre hommes et femmes; 2) les effets positifs de l’augmentation du salaire minimum sur la réduction de l’écart de rémunération entre hommes et femmes puisque davantage de femmes que d’hommes perçoivent un salaire minimum; 3) en mai 2019, la Commission nationale des salaires minima (CONASAMI) a présenté une proposition visant à fixer un salaire minimum pour le travail domestique (selon les informations fournies par le gouvernement, neuf personnes sur dix employées dans ce secteur sont des femmes); 4) l’adoption de la norme mexicaine no NMX-R-025-SCFI-2015 relative à l’égalité au travail et à la non-discrimination, qui établit une procédure de certification pour les lieux de travail qui appliquent des pratiques visant l’égalité au travail et la non-discrimination (y compris en matière d’égalité de rémunération); 5) l’organisation, entre 2016 et 2019, de plusieurs manifestations et ateliers pour expliquer le contenu de cette norme et encourager les lieux de travail privés et publics à obtenir cette certification; et 6) la conduite d’une série d’activités dans le cadre du programme de coopération entre l’Union européenne et l’Amérique latine (EuroSocial+), afin de faciliter les échanges de bonnes pratiques en ce qui concerne l’application de cette norme. S’agissant des répercussions de ces mesures, la commission note que le gouvernement: 1) indique que l’enquête nationale sur la profession et l’emploi (ENOE), publiée par l’Institut national de statistique et de géographie (INEGI), permet de mesurer l’écart de rémunération entre hommes et femmes; 2) fournit des données détaillées sur l’évolution de cet écart (par exemple: au cours de la période 2005-2019, l’écart entre les revenus mensuels moyens réels des hommes et des femmes n’a que peu fluctué, s’établissant à 5,4 pour cent en 2018; et l’écart entre le revenu moyen par heure travaillée a diminué de 4,5 points de pourcentage puisque, en 2005, le revenu moyen des femmes était inférieur de 6,2 pour cent à celui des hommes alors qu’en 2019, il était inférieur de 1,7 pour cent à celui des hommes); et 3) indique dans ses informations supplémentaires que, grâce à l’augmentation du salaire minimum, l’écart salarial entre hommes et femmes dans la Zone franche de la frontière nord (ZLFN) est passé de 24,88 pour cent à 22,25 pour cent. La commission note également que le gouvernement fait référence au prix pour les entreprises qui ne font pas obstacle à la vie de famille et indique être face à quelques difficultés pour en finir avec les inégalités au travail entre hommes et femmes, le travail non rémunéré que les femmes effectuent étant l’un des principaux obstacles à l’accès au marché du travail sur un pied d’égalité. La commission note également que, dans ses observations, la CROM indique que l’augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail n’a pas suffi à combler le grand écart de rémunération. D’après la CROM, les femmes passent à côté de possibilités d’emploi parce qu’elles ne peuvent abandonner leurs responsabilités familiales; le dialogue social doit permettre d’agir conjointement en faveur du renforcement des politiques publiques visant l’égalité de rémunération. Par ailleurs, la commission relève que la CIT souligne qu’il est important de faire respecter la législation applicable en matière d’égalité de rémunération. Elle note également que la CATEM propose des modifications à la loi de finances afin d’y ajouter une mesure incitative liée à l’imposition des entreprises qui obtiennent une certification pour bonnes pratiques en matière d’égalité de rémunération. La commission prie le gouvernement de continuer de déployer tous les efforts possibles pour mesurer et réduire l’écart de rémunération entre hommes et femmes.
Article 3. Évaluation objective des emplois. Dans ses précédents commentaires, la commission a prié le gouvernement d’indiquer s’il existait un mécanisme d’évaluation objective des emplois en ce qui concernait la fixation des taux de rémunération dans les secteurs public et privé. En ce qui concerne le secteur privé, la commission note que le gouvernement indique que, à la suite de la réforme de la loi fédérale du travail de 2019, l’article 280bis prévoit l’établissement de salaires minima pour le travail agricole en tenant compte de la nature des travaux, de leur quantité et de leur qualité, des efforts physiques qu’ils impliquent et des salaires et avantages perçus dans des établissements et des entreprises qui produisent des produits agricoles. En ce qui concerne le secteur privé et la certification en vertu de la norme mexicaine, la commission note également que: 1) la certification est accordée selon des critères «essentiels» (indispensables pour obtenir la certification) et des critères «non essentiels» (non indispensables mais pertinents pour l’évaluation); 2) le gouvernement indique que le critère no 7 porte sur la garantie de l’égalité salariale et se mesure en vérifiant que les critères d’évaluation des emplois pour fixer et augmenter les salaires sont établis sans discrimination; et 3) la CAT fait référence au critère no 3 qui concerne les processus de recrutement et de sélection du personnel et la commission note que ce critère évalue l’existence d’une liste d’emplois et d’une grille salariale qui reprend les fourchettes minimales et maximales pour les différents niveaux de recrutement. La commission prie le gouvernement de: i) préciser si, avant d’accorder la certification en vertu de la norme mexicaine, l’on vérifie que les lieux de travail utilisent des méthodes d’évaluation des emplois visant à déterminer la valeur de ceux-ci, et que ces méthodes sont fondées sur des facteurs de comparaison objectifs (par exemple, les qualifications, la pénibilité, les responsabilités et les conditions de travail), en particulier en ce qui concerne les critères nos 3 et 7 de cette certification; et ii) transmettre des informations sur l’application de l’article 280bis de la loi fédérale du travail. La commission prie à nouveau le gouvernement de communiquer des informations sur le système d’établissement des grilles salariales dans le secteur public et de préciser s’il comprend un mécanisme pour mesurer et comparer objectivement la valeur relative des différents emplois, y compris les mesures prises pour garantir que la fixation de ces salaires est exempte de tout préjugé sexiste.

C110 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2020, publiée 109ème session CIT (2021)

La convention prend note des informations supplémentaires communiquées par le gouvernement au vu de la décision adoptée par le Conseil d’administration à sa 338e session (juin 2020). La commission procède à l’examen de la convention sur la base des informations supplémentaires reçues du gouvernement cette année, ainsi que sur la base des informations dont elle disposait en 2019.
La commission prend note des observations de la Confédération patronale de la République du Mexique (COPARMEX) transmises par le gouvernement dans son rapport 2019. La commission prend note également des observations de la Confédération authentique des travailleurs de la République du Mexique (CAT), transmises par le gouvernement dans son rapport supplémentaire, reçu le 21 septembre 2020.
Impact de la pandémie de COVID-19. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement dans son rapport supplémentaire sur les mesures prises pour atténuer les effets de la pandémie sur les conditions de travail et de vie des travailleurs dans les plantations. Entre autres mesures, le gouvernement fait état de l’élaboration du «Guide d’action pour les lieux de travail agricoles face à la COVID-19» par le ministère du Travail et de la Protection sociale (STPS), en coordination avec le ministère de la Santé. Le gouvernement indique que le guide fournit du matériel de sensibilisation, ainsi qu’une série de recommandations pratiques pour la planification, la formation, la prévention, la protection et la surveillance sur les lieux de travail agricoles face à la pandémie de COVID-19, en tenant compte du cadre réglementaire en matière de sécurité et de santé, tant général que spécifique au secteur agricole. Le gouvernement fait également référence à la mise en œuvre de l’aide économique aux travailleurs du secteur agricole, y compris les travailleurs journaliers agricoles, comme la création du fonds public appelé «Fonds renouvelable de Sonora», qui offre un financement et des aides, entre autres, aux travailleurs agricoles journaliers; et l’approbation du «Plan d’urgence de soutien aux agriculteurs de Zacatecas dans le contexte de la COVID-19», qui prévoit la livraison de nourriture, l’octroi de financements et de crédits à plus de 80 000 travailleurs et agriculteurs de Zacatecas. Le 26 mai 2020, le «Programme d’État de soutien aux journaliers agricoles et à leurs familles» a été approuvé. Il prévoit un contrôle permanent des conditions de travail des journaliers agricoles dans les champs du Michoacán, afin de vérifier le respect de la législation du travail concernant le travail des enfants, les installations sanitaires et la fourniture d’équipements adaptés à l’exécution des tâches. La commission prie le gouvernement de communiquer dans son prochain rapport des informations détaillées sur l’impact de la pandémie sur l’application de cette convention, y compris des informations sur les mesures adoptées ou prévues pour assurer des conditions de travail et de vie décentes à tous les travailleurs dans les plantations.
Articles 24 à 35 de la convention. Salaires. Dans ses commentaires précédents, la commission faisait état de sa demande directe de 2012 concernant l’application de la convention (no 131) sur la fixation des salaires minima, 1970, dans laquelle elle rappelait que la fixation des salaires minima devrait avoir comme objectif essentiel d’assurer aux travailleurs des niveaux de salaire décents aptes à satisfaire leurs besoins élémentaires ainsi que ceux de leur famille. À cet égard, la commission priait le gouvernement d’examiner, en consultation avec les partenaires sociaux, toutes les mesures appropriées de protection du pouvoir d’achat du salaire minimum par rapport à un ensemble de produits de base déterminés. La commission note avec intérêt l’inclusion de l’article 280 bis dans la loi générale sur le travail du 1er mai 2019, qui prévoit que la Commission nationale des salaires minima (CONASAMI) fixe les salaires minima professionnels des agriculteurs en tenant compte, entre autres circonstances, de la nature, de la quantité et de la qualité du travail, de l’usure physique causée par les conditions de travail et des salaires et avantages perçus par les travailleurs dans les établissements et entreprises de production de produits agricoles. Le gouvernement indique qu’en 2020, la CONASAMI, dans le cadre d’une proposition de fixation d’un salaire minimum pour les journaliers agricoles, a consulté différents groupes de journaliers. La commission note également l’adoption, en décembre 2018, de la résolution du Conseil des représentants de la CONASAMI, qui fixe le salaire minimum applicable dans tout le pays à compter du 1er janvier 2019 à 102,68 pesos par jour (environ 5 dollars É.-U.) et à 176,72 pesos par jour (8 dollars É. U.) dans la zone franche de la frontière nord (ZLFN). Le gouvernement ajoute que la CONASAMI a pris en compte les initiatives et les propositions des secteurs des employeurs et des travailleurs dans la fixation des salaires. Le gouvernement indique qu’en conséquence, en 2019, le salaire minimum a atteint pour la première fois le seuil de pauvreté des revenus urbains (LPIU), calculé par la CONASAMI, garantissant ainsi que les travailleurs reçoivent un salaire minimum qui leur permet d’acquérir le panier de base. De même, le gouvernement indique qu’en 2020, le salaire minimum s’élevait à 123,22 pesos par jour (6 dollars É.-U.) et à 185,56 pesos par jour (9 dollars É.-U.) dans la ZLFN. Le gouvernement indique que cette augmentation s’inscrit dans la hausse générale du salaire minimum visant à ce qu’il soit suffisant pour subvenir aux besoins de la personne qui travaille et de sa famille. La commission prend toutefois note de la préoccupation exprimée par le groupe de travail des Nations Unies sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, dans son rapport du 27 avril 2017 concernant la situation dramatique des journaliers et des ouvriers travaillant dans les grandes plantations au Mexique, confirmée par les statistiques officielles qui indiquent que, sur un total de 2,42 millions de travailleurs journaliers et d’ouvriers agricoles (44 pour cent de la main-d’œuvre agricole totale), plus de 800 000 (34 pour cent) ne reçoivent aucune rémunération, tandis que 750 000 autres (31 pour cent) ne touchent que le salaire minimum (document A/HRC/35/32/Add.2, 27 avril 2017, paragr. 68). La commission prie le gouvernement de la tenir informée de tout développement concernant la fixation par la CONASAMI de salaires professionnels minima pour les agriculteurs, et de la manière dont les représentants des organisations d’employeurs et de travailleurs concernées ont été consultés dans le cadre de cette fixation. La commission prie également le gouvernement de fournir des informations sur la manière dont il s’assure que les travailleurs du secteur des plantations reçoivent le salaire minimum établi, y compris des informations sur le nombre et les résultats des inspections effectuées concernant le paiement des salaires minima dans les plantations.
Articles 71 à 84. Inspection du travail. Dans ses commentaires précédents, la commission, notant que le travail des enfants dans les plantations demeure un problème dans le pays, avait prié le gouvernement de fournir des informations sur l’impact des mesures prises en matière de travail des enfants dans les plantations. La commission accueille favorablement l’indication du gouvernement selon laquelle, suite à l’adoption en juin 2015 des modifications de la loi fédérale sur le travail, l’âge minimum pour travailler a été porté de 14 à 15 ans et les activités agricoles ont été qualifiées de dangereuses, interdisant ainsi qu’elles soient réalisées par des enfants de moins de 18 ans. La commission prend également note des données statistiques fournies par le gouvernement pour la période 2013-2017. En particulier, le gouvernement indique que, selon les données de l’unité sur le travail des enfants, le taux des activités non autorisées a reculé de 4,6 pour cent à 3,6 pour cent pour les activités réalisées en dessous de l’âge minimum pour le travail et de 18,7 pour cent à 18,2 pour cent pour les activités dangereuses. La commission prend également note des diverses actions et initiatives mises en œuvre par le gouvernement en vue d’éradiquer le travail des enfants dans le pays. Le gouvernement se réfère, entre autres mesures, à la mise en œuvre du «Distintivo Empresa Agrícola Libre de Trabajo Infantil» (Label Entreprise agricole exempte de travail des enfants) par le STPS, qui salue publiquement les entreprises agricoles qui adoptent des politiques de soins et de protection des enfants, par le biais d’actions pour le plein développement des enfants des familles de travailleurs journaliers, ainsi que des mesures visant à éliminer le recours au travail des enfants, tout en promouvant la protection des familles d’ouvriers agricoles. Le gouvernement indique qu’entre 2013 et 2019, le STPS a accordé cette distinction à 483 centres de travail agricole, 230 861 personnes issues de familles de travailleurs journaliers en bénéficiant. Le gouvernement fait également état de la mise en œuvre, en 2017, du modèle d’identification des risques liés au travail des enfants par le STPS, en coordination avec l’OIT et la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC). Le gouvernement indique que, dans le cadre de ce projet, les facteurs et les niveaux de travail des enfants dans le pays sont identifiés de façon à concevoir et à mettre en œuvre des politiques publiques. La commission prend également note des informations statistiques fournies par le gouvernement sur le nombre d’inspections effectuées dans les domaines agricoles dans le cadre du programme annuel d’inspection. Notamment, le gouvernement indique qu’entre septembre 2016 et juin 2017, 326 inspections ont été effectuées, au cours desquelles 62 enfants travailleurs âgés de 16 à 18 ans ont été identifiés et 10 984 mesures techniques ont été prises. La commission note toutefois que la CAT signale que, malgré la mise en œuvre des procédures d’inspection et de contrôle susmentionnées, un nombre élevé de travailleurs agricoles sont toujours victimes de disparités salariales importantes. À cet égard, la CAT fait valoir qu’il est nécessaire d’intensifier la surveillance en imposant des sanctions efficaces aux employeurs qui ne respectent pas les obligations que leur impose la législation. Enfin, la commission note que, dans son rapport du 27 avril 2017, le Groupe de travail des Nations Unies sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises indique qu’il a été informé par le STPS de l’existence d’un protocole sur les conditions de travail des travailleurs agricoles, qui sert de guide aux inspections du travail pour vérifier si les employeurs respectent les droits des travailleurs. En outre, dans le rapport susmentionné, le groupe de travail des Nations Unies a recommandé au Mexique de renforcer la capacité des inspecteurs du travail à contrôler le respect des normes du travail, y compris les conditions de travail des journaliers agricoles (document A/HRC/35/32/Add.2, paragr. 69 et 108 j)). La convention prie le gouvernement de continuer à fournir des informations détaillées et actualisées sur les différentes mesures prises en vue d’éradiquer le travail des enfants dans les plantations, ainsi que sur leur impact dans la pratique. La convention prie également le gouvernement de continuer à communiquer des informations statistiques sur les inspections du travail effectuées dans les plantations, y compris le nombre de visites menées, le nombre et le type de violations observées, et les sanctions imposées.
Articles 85 à 88. Logement. Dans ses commentaires précédents, la commission priait le gouvernement de la tenir informée de toute mesure envisagée pour fixer des normes et des conditions minimales pour le logement des travailleurs des plantations. La commission prend note de la modification de l’article 283, paragraphe II, de la Loi fédérale sur le travail du 5 mai 2019, qui ajoute aux obligations des employeurs la mise à disposition gratuite aux travailleurs de logements convenables et salubres, alimentés en eau potable et dotés d’un sol ferme. À cet égard, la commission rappelle que, conformément au paragraphe 2 de l’article 86 de la convention, les normes et prescriptions minima concernant les logements «comprennent des prescriptions concernant les éléments suivants: a) matériaux de construction à employer; b) dimensions minima du logement, sa disposition, sa ventilation et superficie et hauteur des pièces; et c) superficie pour une véranda, installations pour cuisine, buanderie, resserre et approvisionnement en eau et installations sanitaires». En outre, la commission prend note de l’indication du gouvernement selon laquelle, grâce à l’application du protocole d’inspection sur la santé et la sécurité, la formation et l’éducation pour les lieux de travail ayant des activités agricoles, l’inspection fédérale du travail veille à ce que les normes et conditions minimales relatives au logement des travailleurs des plantations soient respectées sur les lieux de travail. Le gouvernement fait également référence au Programme en faveur des journaliers agricoles (PAJA), qui fournit des aides pour la construction, la remise en état, l’extension, l’aménagement et/ou l’équipement de logements pour les journaliers agricoles. Le gouvernement ajoute que 82,8 millions de pesos ont été utilisés pour mettre en œuvre 165 projets d’infrastructure destinés à soutenir le logement dans le secteur agricole. La commission prie à nouveau le gouvernement de prendre les mesures nécessaires en vue d’établir les normes et prescriptions minima concernant les logements des travailleurs dans les plantations, comme le prévoit l’article 86 de la convention. La commission prie également le gouvernement d’indiquer si des consultations ont eu lieu avec les organisations d’employeurs et de travailleurs concernées à ce sujet, et de lui envoyer des informations détaillées et actualisées sur la teneur et les résultats de ces consultations (articles 85 et 86 de la convention).
Application dans la pratique. La commission note que le gouvernement indique qu’il y a 2 330 305 travailleurs agricoles, ce qui représente 4,2 pour cent de la population active et 6,1 pour cent des travailleurs subordonnés et rémunérés. Le gouvernement ajoute que 98,7 pour cent des journaliers agricoles se trouvent dans les zones rurales, 48,1 pour cent sont concentrés dans les États de Veracruz, Michoacán, État de Mexico, Puebla et Chiapas. La commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées sur l’application pratique de la convention, notamment: i) études récentes sur les conditions socio-économiques des travailleurs dans les plantations; ii) informations statistiques, ventilées par sexe et par âge, sur le nombre d’exploitations et de travailleurs auxquels s’applique la convention; iii) copie des conventions collectives applicables au secteur; et iv) nombre d’organisations de travailleurs et d’employeurs établies dans le secteur des plantations et toute autre information permettant à la commission d’évaluer la situation des travailleurs dans les plantations par rapport aux dispositions de la convention.

C111 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2020, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note des informations supplémentaires fournies par le gouvernement à la lumière de la décision adoptée par le Conseil d’administration à sa 338e session (juin 2020). La commission a procédé à l’examen de l’application de la convention sur la base des informations supplémentaires reçues du gouvernement cette année, ainsi que sur la base des informations dont elle disposait en 2019. La commission prend note des observations de la Confédération autonome des travailleurs et employés du Mexique (CATEM), de la Confédération internationale des travailleurs (CIT) et de la Confédération régionale ouvrière mexicaine (CROM), jointes au rapport du gouvernement. Enfin, la commission prend également note des observations du Syndicat indépendant des travailleurs et travailleuses du gouvernement de l’État de San Luis de Potosí (SITTGE), reçues le 6 décembre 2016, en complément de celles envoyées en 2015 et en septembre 2016.
Article 1, paragraphe 1 a), de la convention. Motifs de discrimination dans la législation. Dans ses précédents commentaires, la commission a observé que la loi fédérale du travail du 1er avril 1970 ne couvrait pas expressément les motifs suivants: la race, la couleur, l’ascendance nationale et l’opinion politique. La commission note que le gouvernement indique que: 1) l’article 1 de la loi fédérale pour la prévention et l’élimination de la discrimination (LFED) du 11 juin 2003 vise notamment les motifs de discrimination suivants: «l’origine ethnique ou l’origine nationale, la couleur de peau, la culture, […] l’apparence physique, […] les opinions, […] l’identité ou la filiation politique […]»; et 2) l’«origine ethnique» englobe la race et le fait d’être une personne autochtone, l’«origine nationale» englobe le fait d’être étranger, l’«apparence physique» englobe la couleur, et les «opinions» englobent les opinions politiques.
Discrimination pour motifs fondés sur l’opinion politique et l’origine sociale. La Commission note que le SITTGE allègue des actes de discrimination fondée sur l’opinion politique et l’origine sociale dans l’État de San Luis Potosí à l’encontre de ses membres qui travaillent dans le secteur de la sécurité et qui sont traités comme « travailleurs de confiance » par rapport à d’autres travailleurs qui ont les mêmes fonctions administratives mais qui ont une «nomination permettant l’affiliation syndicale» (entre autres faits, il allègue un traitement différencié qui comprend l’imposition de longues heures de travail, des changements soudains des horaires de fin de travail, l’imposition d’examens de contrôle et de tests de confiance, du harcèlement pour qu’ils effectuent d’autres activités que celles prévues dans leur emploi, et le lancement de procédures de sanction lorsque ces travailleurs défendent leurs droits au travail, ainsi que de procédures de licenciement et de destitution). Le SITTGE allègue également que le préjudice subi par ses membres constitue une discrimination fondée sur des motifs politiques et allègue que l’appartenance au SITTGE, par opposition à d’autres syndicats, est l’expression d’une opinion politique. La commission note que, dans sa réponse aux observations du SITTGE, le gouvernement indique que les personnes concernées sont membres du corps de sécurité et de garde, même si elles n’exercent pas de fonctions opérationnelles, et que ces postes sont dotés d’une investiture spéciale parce qu’il s’agit de fonctionnaires qui accomplissent des actes d’autorité. Le gouvernement ajoute qu’au sein des corps de sécurité et de garde, il existe des catégories administratives mais avec une éducation et une formation en matière de police, et que, étant au service de l’intérêt général, leur travail ne peut pas être limité à une journée de travail spécifique et réduite comme c’est le cas pour le personnel syndiqué. Ainsi, le gouvernement déclare qu’il n’y a aucune similitude de fonctions entre le personnel de base et le personnel de sécurité et de garde qui pourrait justifier une discrimination. De même, le gouvernement indique que les deux personnes concernées ont été démises de leurs fonctions, et que l’une d’entre elles a fait appel aux instances judiciaires, où divers organes ont rejeté sa demande.
Discrimination fondée sur la race et la couleur. La commission note avec intérêt que, en application du décret du 9 août 2019, «ajoutant une partie C à l’article 2o. de la Constitution politique des États-Unis du Mexique», la Constitution politique des États-Unis du Mexique a été modifiée pour reconnaître la population et les communautés mexicaines d’ascendance africaine comme faisant partie de la composition multiculturelle de la nation. De plus, elle note que: 1) le gouvernement indique que le Plan de travail du Mexique relatif à la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine 2015-2024 a été élaboré; 2) l’Institut national des peuples autochtones (INPI) a été créé en 2019; et 3) le Programme national pour les peuples autochtones 2018-2024 a été approuvé. Tout en accueillant favorablement ces avancées, la commission observe également que, dans ses observations finales, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) a constaté avec préoccupation que la population et les communautés mexicaines d’ascendance africaine continuaient d’être touchées par la discrimination et caractérisées par des taux de marginalisation et d’exclusion sociale plus élevés (CERD/C/MEX/CO/18-21, 11 septembre 2019, paragr. 16 et 17). La commission prie le gouvernement de continuer de s’efforcer autant que possible d’en finir avec la discrimination à l’encontre de la population et des communautés mexicaines d’ascendance africaine, y compris grâce au Plan de travail du Mexique relatif à la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Elle renvoie également le gouvernement aux commentaires qu’elle a formulés au sujet de l’application de la convention (no 169) relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989.
Observation générale de 2018. En ce qui concerne les points susmentionnés, et de manière plus générale, La commission souhaiterait appeler l’attention du gouvernement sur son observation générale sur la discrimination fondée sur la race, la couleur et l’ascendance nationale, adoptée en 2018. Dans cette observation générale, la commission note avec préoccupation que les attitudes discriminatoires et les stéréotypes fondés sur la race, la couleur ou l’ascendance nationale des travailleurs et travailleuses continuent d’entraver leur accès à l’enseignement, aux programmes de formation professionnelle et leur accès à un plus large éventail d’opportunités d’emplois, ce qui entraîne une ségrégation professionnelle persistante et des rémunérations inférieures pour un travail de valeur égale. La commission estime donc qu’il est nécessaire d’adopter une approche globale et coordonnée pour s’attaquer aux barrières et obstacles auxquels se heurtent les personnes dans l’emploi et la profession en raison de leur race, de leur couleur ou de leur ascendance nationale, et pour promouvoir l’égalité de chances et de traitement pour tous. Une telle approche devrait comprendre l’adoption de mesures convergentes visant à combler les lacunes en matière d’éducation, de formation et de compétences, à assurer une orientation professionnelle impartiale, à reconnaître et à valider les qualifications obtenues à l’étranger, et à valoriser et reconnaître les connaissances et compétences traditionnelles qui peuvent être utiles pour accéder à un emploi et progresser dans la vie active et pour exercer une profession. La commission rappelle également que, pour être efficaces, ces mesures doivent comprendre des actions concrètes, telles que l’adoption de législations, de politiques, de programmes, de mécanismes, de processus participatifs, de procédures de recours et de réparation, visant à combattre les préjugés et les stéréotypes et à promouvoir la compréhension mutuelle et la tolérance entre toutes les composantes de la population.
La commission attire l’attention du gouvernement sur son observation générale de 2018 et le prie de fournir des informations en réponse aux questions posées dans ladite observation.
Discrimination fondée sur le sexe. Dans ses précédents commentaires, la commission avait prié le gouvernement de préciser la portée de l’article 2 de la loi fédérale du travail qui dispose que l’égalité réelle «suppose l’égalité de chances, compte tenu des différences biologiques, sociales et culturelles entre les femmes et les hommes». La commission note que, dans son rapport, le gouvernement indique que cet article s’applique à toutes les relations professionnelles. En revanche, il ne précise pas si, dans la pratique, les différences de traitement entre les travailleurs et les travailleuses, «compte tenu des différences biologiques, sociales et culturelles entre les femmes et les hommes», sont autorisées. La commission rappelle que la discrimination fondée sur le sexe inclut les distinctions reposant sur les caractéristiques biologiques ainsi que les inégalités de traitement découlant des rôles et responsabilités socialement construits qui sont assignés à un sexe particulier (genre). La commission prie le gouvernement de préciser si les différences de traitement entre les travailleurs et les travailleuses sont autorisées, «compte tenu des différences biologiques, sociales et culturelles entre les femmes et les hommes».
Harcèlement sexuel. La commission note que le gouvernement fait référence aux articles 3 et 994 de la loi fédérale du travail en tant qu’articles «définissant le concept juridique du harcèlement sexuel». Elle note que: 1) l’article 3 bis) de la loi fédérale du travail définit le harcèlement comme «l’exercice du pouvoir dans un rapport de subordination réelle de la victime face à son agresseur, dans l’environnement de travail, les faits prenant la forme de paroles et/ou de comportements» et le harcèlement sexuel comme «une forme de violence isolée ou répétée dans laquelle, même en l’absence de lien de subordination, le pouvoir est exercé de manière abusive, empêchant la victime de se défendre et la rendant vulnérable»; et 2) l’article 994 de la loi fédérale du travail établit une peine d’amende comprise «entre 250 et 5 000 unités [entre 21 750 et 430 000 pesos mexicains] qu’encourt tout chef d’entreprise qui se comporte de manière discriminatoire au travail, qui commet des actes de harcèlement sexuel ou qui tolère ou permet des actes de harcèlement ou de harcèlement sexuel sur ses travailleurs […]». De même, la commission: 1) prend note avec intérêt des modifications apportées à la loi fédérale du travail, en application du décret du 1er mai 2019, «modifiant, ajoutant et abrogeant plusieurs dispositions de la loi fédérale du travail, de la loi organique sur le pouvoir judiciaire de la Fédération, de la loi fédérale sur les services du Défenseur public, de la loi sur l’Institut de la Caisse nationale pour le logement des travailleurs et de la loi sur l’assurance sociale, relatives à la justice au travail, à la liberté syndicale et à la négociation collective», qui prévoient l’obligation faite au chef d’entreprise «de mettre en place, d’entente avec les travailleurs, un protocole de prévention de la discrimination fondée sur le genre et le traitement des cas de violence, de harcèlement ou de harcèlement sexuel […]» (article 132 de la loi fédérale sur le travail); et 2) note que le gouvernement, dans ses informations supplémentaires, fait référence à la promotion de l’adoption d’un modèle de Protocole pour prévenir, prendre en charge et éradiquer la violence au travail, et à la publication du Protocole pour identifier, prendre en charge et accompagner les personnes qui recourent au Bureau du procureur fédéral chargé de la défense des travailleurs (PROFEDET) pour des cas de harcèlement sexuel et de harcèlement au travail. La commission prie le gouvernement de donner des informations sur l’application, dans la pratique, de la législation et des protocoles contre le harcèlement au travail (nombre de plaintes déposées et de cas repérés, nombre de sanctions imposées et de réparations accordées, données relatives aux décisions des instances concernées, efficacité des protocoles adoptés, etc.).
Discrimination pour motif de grossesse. Dans ses précédents commentaires, la commission avait prié le gouvernement de donner des informations sur l’application, dans la pratique, des articles 56 et 133 de la loi fédérale du travail qui interdisent à l’employeur d’exiger des femmes un certificat prouvant qu’elles ne sont pas enceintes préalablement à l’obtention, la conservation d’un emploi, ou la promotion, et de licencier les femmes enceintes ou de les contraindre directement ou indirectement à démissionner en raison d’une grossesse. Dans son rapport, le gouvernement indique qu’entre 2016 et 2017, le Conseil national pour la prévention de la discrimination (CONAPRED) a reçu 217 plaintes ayant un lien avec l’état de grossesse. La commission prend également note des modifications apportées à la loi fédérale du travail, en 2019, établissant que le secrétaire instructeur du tribunal pourra demander au chef d’entreprise de ne pas faire radier la travailleuse enceinte licenciée auprès de l’institution de sécurité sociale à laquelle elle est affiliée (article 857 de la loi fédérale sur le travail). La commission prie le gouvernement de donner des informations sur l’application, dans la pratique, de la législation contre la discrimination pour motif de grossesse (nombre de cas repérés et de plaintes présentées, sanctions imposées et réparations accordées, données relatives aux décisions des instances concernées, etc.).
Article 1, paragraphe 1 b). Discrimination fondée sur l’âge. La commission note que, dans ses observations, la CROM indique que, comme suite à l’application de la loi d’austérité républicaine du 19 novembre 2019, on estime que 300 000 postes d’agents de l’État ont été supprimés et que ces suppressions touchent essentiellement les travailleurs et travailleuses de plus de 50 ans et qui ont plus de vingt ans d’expérience. La commission prie le gouvernement de transmettre ses commentaires à cet égard.
Travailleuses domestiques. Dans son précédent commentaire, la commission a prié le gouvernement de communiquer des informations sur l’accès des travailleuses domestiques victimes de discrimination dans l’emploi et la profession à la justice. La commission note avec intérêt que le gouvernement indique que les réformes législatives introduites par le décret du 2 juillet 2019, «modifiant, ajoutant et abrogeant plusieurs dispositions de la loi fédérale du travail et de la loi sur l’assurance sociale», confèrent une sécurité juridique aux employés de maison, et prend également note de la ratification de la convention (no 189) sur les travailleuses et travailleurs domestiques, 2011. Tout en prenant note de ces avancées, elle constate que, dans ses observations finales, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale s’est dit préoccupé par les multiples formes de discrimination dont font l’objet les autochtones mexicaines, les migrantes d’Amérique centrale et les Mexicaines d’ascendance africaine, qui sont particulièrement nombreuses dans le secteur domestique, victimes de violations de leurs droits au travail, violations qui prennent la forme d’exploitation au travail (CERD/C/MEX/CO/18-21, 11 septembre 2019, paragr. 24 et 32). La commission prie le gouvernement de donner des informations sur les effets de la récente réforme législative (et des autres mesures adoptées) sur l’élimination de la discrimination dans l’emploi et la profession à l’égard des travailleuses domestiques et sur la facilitation de leur accès à la justice.
Article 2. Politique nationale d’égalité. La commission note que, dans son rapport et dans ses informations supplémentaires, le gouvernement indique que: 1) les politiques publiques doivent intégrer l’approche antidiscriminatoire prônée par la loi fédérale pour la prévention et l’élimination de la discrimination; 2) le Plan national de développement 2019-2024 a été adopté et prévoit que le gouvernement «fera de l’égalité l’un de ses principes directeurs»; 3) le Programme national pour l’égalité et la non-discrimination (PRONAIND) 2019-2024 a été élaboré et vise à «supprimer les pratiques discriminatoires normalisées dans divers domaines clés pour la gouvernance, le bien-être et le développement de la société, la priorité étant accordée aux groupes sociaux en situation de vulnérabilité»; et 4) un prix de responsabilité professionnelle a été créé. Le gouvernement fait également référence à la norme mexicaine no NMX-R-025-SCFI-2015 relative à l’égalité au travail et à la non-discrimination (NMX) qui établit une procédure de certification pour les lieux de travail qui appliquent des pratiques visant l’égalité au travail et la non discrimination (et explique, dans ses informations supplémentaires, qu’en date du 20 août 2019, 408 lieux de travail ont été certifiés et que des travaux ont été entamés pour analyser la norme et évaluer la transition vers une norme officielle mexicaine sur l’égalité et la non-discrimination). La commission prie le gouvernement de fournir des informations à jour sur sa politique nationale d’égalité et, plus précisément, sur les effets des mesures prises pour mettre en œuvre le PRONAIND 2019-2024.
Politique nationale et mesures pour promouvoir l’égalité de genre. La commission note avec intérêt que, en application du décret du 6 juin 2019, «réformant les articles 2, 4, 35, 41, 52, 53, 56, 94 et 115 de la Constitution politique des États-Unis du Mexique, en lien avec l’égalité de genre», de nouvelles dispositions relatives au principe de parité entre les hommes et les femmes ont été intégrées à la Constitution pour ce qui concerne les mandats électifs et la nomination des hauts fonctionnaires. En outre, la commission constate que le gouvernement indique que: 1) une consultation publique a été organisée pour concevoir le Programme national pour l’égalité de chances et la non discrimination à l’égard des femmes (PROIGUALDAD) 2019-2024; et 2) de 2016 à 2018, 1 377 prix pour les entreprises qui ne font pas obstacle à la vie de famille ont été remis à des lieux de travail mettent en œuvre de bonnes pratiques en matière d’égalité. La commission note par ailleurs que l’Institut national de la femme (INMUJERES) a mis en place un programme de renforcement de la transversalité de la perspective de genre (PFTPG). La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur: i) l’élaboration du plan PROIGUALDAD 2019-2024; et ii) les effets de ce plan et du programme de renforcement de la transversalité de la perspective de genre 2020 sur l’égalité de genre, en fournissant des informations statistiques à jour sur le taux d’hommes et de femmes suivant un enseignement ou une formation, dans l’emploi ou exerçant une profession, ventilées par poste et catégorie professionnelle, dans les secteurs public et privé et dans l’économie informelle. Elle le prie également de continuer de fournir des informations sur les mesures adoptées pour favoriser la participation des femmes au marché du travail, surtout dans les secteurs où elles sont le moins présentes.
Contrôle de l’application. La commission note que le gouvernement fournit des informations sur les activités de l’inspection du travail et indique que: 1) depuis 2014, l’opération Travail digne et décent dans un environnement salubre et exempt de violence vise notamment à vérifier l’application du principe de la non-discrimination; 2) l’inspection du travail vérifie qu’il n’existe pas de discrimination sur le lieu de travail; 3) s’agissant de la formation des inspecteurs, entre décembre 2012 et mai 2016, six cours ont été organisés sur les droits de l’homme (634 participants) et quatre sur le travail digne ou décent (1 159 participants); et 4) la Direction générale de l’Inspection fédérale du travail (DGIFT) ne dispose d’aucune information sur des inspections menées en lien avec des questions visées par la présente convention pour la période allant de juillet 2016 à août 2019. La commission note que le programme d’inspection 2019 (qui fait de la promotion de l’accès garanti à un travail digne sans la moindre discrimination l’une des priorités nationales) ne contient ni stratégie ni ligne d’action relative à la lutte contre la discrimination. Par conséquent, la commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les activités de l’inspection du travail en la matière, par exemple, le nombre de plaintes adressées à l’inspection du travail et de cas de discrimination que celle-ci a repérés, le traitement réservé à ces plaintes, etc. En outre, dans son précédent commentaire, la commission avait prié le gouvernement d’évaluer l’efficacité des procédures relatives à la discrimination dans le cadre du CONAPRED. Dans son rapport, le gouvernement indique que le CONAPRED a pris des décisions contre des employeurs privés, notamment en cas de discrimination ayant entraîné le refus d’embauche ou le licenciement de travailleurs en raison de leur état de santé ou de leur âge. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur le nombre de plaintes déposées devant le CONAPRED, en en précisant le motif et l’issue (réparations accordées et sanctions imposées).
Accès à la justice. La commission prend note des modifications apportées par le décret du 1er mai 2019, «modifiant, ajoutant et abrogeant plusieurs dispositions de la loi fédérale du travail […]», pour mieux traiter les cas de discrimination dans l’environnement de travail et note surtout que: 1) l’autorité de conciliation prendra les mesures nécessaires pour éviter que la victime présumée et l’auteur présumé ne se croisent ni se retrouvent au même endroit (article 684-E de la loi fédérale du travail); 2) la saisine de l’instance de conciliation n’est pas obligatoire en cas de conflit lié à une discrimination dans l’emploi et la profession (article 685 ter de la loi fédérale du travail); et 3) le secrétaire instructeur du tribunal peut prendre les mesures nécessaires pour empêcher qu’un individu ne soit privé de ses droits fondamentaux, tels que le droit à la sécurité sociale, quand il existe des indices raisonnables de discrimination (article 857 de la loi fédérale du travail). La commission prend également note des indications du gouvernement et de la CATEM selon laquelle le PROFEDET dispose d’une plateforme destinée à fournir des informations en plus grand nombre et de meilleure qualité sur l’égalité, la non-discrimination et les droits de l’homme et au travail. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les effets de cette réforme de la loi fédérale du travail sur l’accès à la justice en matière de discrimination dans l’emploi et la profession, en précisant le nombre de cas traités (par conciliation ou par le tribunal), les réparations accordées et les sanctions imposées. Elle le prie également de fournir des informations sur les effets des informations et des orientations fournies par le biais de la plateforme du PROFEDET.

C140 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2020, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note des informations supplémentaires fournies par le gouvernement à la lumière de la décision adoptée par le Conseil d’administration à sa 338e session (juin 2020). La commission a procédé à l’examen de l’application de la convention sur la base des informations supplémentaires reçues du gouvernement cette année, ainsi que sur la base des informations dont elle disposait en 2019. La commission prend également note des observations de la Confédération authentique des travailleurs de la République mexicaine (CAT) qui se réfèrent de manière générale à l’application de la convention et qui ont été transmises par le gouvernement dans son rapport supplémentaires, reçu en septembre 2020.
Articles 2 à 5 de la convention. Politique visant à promouvoir l’octroi de congé-éducation payé. La commission prend note des informations détaillées fournies par le gouvernement dans son rapport de 2019. Le gouvernement se réfère aux modifications qui ont été apportées le 1er juin 2016 aux articles 10 et 45 de la loi générale sur l’éducation, en application du décret portant modification, ajout ou abrogation de diverses dispositions de la loi générale sur l’éducation. Le gouvernement indique que ces deux articles disposent que les établissements du système d’éducation nationale doivent dispenser l’enseignement de manière à permettre à l’apprenant d’être pleinement inclus dans la société et d’y participer et, en temps voulu, d’exercer une activité productive tout en lui permettant d’étudier. En outre, dans ses informations supplémentaires, le gouvernement mentionne la mise en œuvre du Programme sectoriel 2019-2024 pour le travail et la sécurité sociale, publié dans le Journal officiel de la Fédération du Mexique le 13 décembre 2018. Le gouvernement indique que ce programme prévoit la mise en œuvre de mesures visant à renforcer la formation des travailleurs en leur offrant des cours en présentiel et à distance; à diffuser et à promouvoir les réglementations en vigueur en matière de formation et d’éducation; et à proposer des stratégies pour promouvoir la formation des travailleurs. Le gouvernement se réfère également à l’adoption de mesures visant à promouvoir la formation des travailleurs, telles que des réunions consultatives dans différents états du pays pour encourager le respect des obligations légales des employeurs en matière de formation, d’éducation et de productivité des travailleurs, ainsi que la mise en œuvre du programme de formation à distance pour les travailleurs (PROCADIST), qui offre une formation à distance virtuelle gratuite. La commission prend note que, du 1er janvier 2016 au 30 juin 2020, 409 476 utilisateurs (44 % de femmes et 56 % d’hommes) ont été formés par le biais de PROCADIST. La commission prend également note des informations statistiques détaillées fournies par le gouvernement dans ses rapports 2019 et 2020 sur le nombre de travailleurs ayant bénéficié d’une formation, d’une certification et d’un encadrement entre 2017 et 2019 dans le cadre de divers programmes de formation. D’autre part, le gouvernement indique qu’entre 2013 et 2018, 33 254 inspections du travail ont été effectuées dans le but de vérifier le respect des réglementations relatives à l’octroi de bourses, à l’alphabétisation et la promotion des activités culturelles et sportives. Le gouvernement ajoute que, comme résultat de ces inspections, 98 315 mesures ont été prises en faveur de 3 002 430 travailleurs. La commission note cependant que le gouvernement ne donne pas d’informations sur l’élaboration et l’application d’une politique tendant à promouvoir le congé-éducation payé. La commission prie donc le gouvernement de fournir des informations détaillées et actualisées sur l’élaboration et la mise en œuvre, en collaboration avec les partenaires sociaux, de politiques tendant à promouvoir le congé-éducation payé à des fins de formation à tous les niveaux, d’éducation générale, sociale ou civique, et d’éducation syndicale, comme prévu à l’article 2 de la convention, et de communiquer les textes pertinents. La commission prie également le gouvernement de joindre des documents, par exemple des rapports, des études et des données statistiques, afin qu’elle puisse évaluer l’application de la convention dans la pratique.

C142 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2020, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note des informations supplémentaires fournies par le gouvernement à la lumière de la décision adoptée par le Conseil d’administration à sa 338e session (juin 2020). La commission a procédé à l’examen de l’application de la convention sur la base des informations supplémentaires reçues du gouvernement cette année, et sur celle des informations dont elle disposait en 2019. La commission a également pris note des observations de la Confédération des employeurs de la République du Mexique (COPARMEX) et de la Confédération authentique des travailleurs de la République du Mexique (CAT), jointes dans les rapports du gouvernement de 2019 et 2020, respectivement.
Articles 1 à 4 de la convention. Politiques et programmes d’orientation et de formation professionnelles. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié le gouvernement de fournir des informations sur les résultats obtenus dans le cadre des différents plans et programmes exécutés d’orientation et de formation professionnelles. La commission prend note des informations supplémentaires fournies par le gouvernement, qui indiquent que le Programme de soutien à l’emploi (PAE), qui relève du Service national de l’emploi, a élaboré quatre sous-programmes en 2019 dans les domaines suivants: services pour obtenir un emploi, mesures de soutien à la formation axées sur l’employabilité, promotion du travail indépendant et mobilité interne de la main-d’œuvre. Le gouvernement indique qu’en 2020 le PAE prévoit de mettre en œuvre trois sous-programmes: i) intermédiation du travail (bourse de l’emploi et portail de l’emploi, entre autres); ii) mobilité professionnelle des journaliers agricoles (ce sous-programme inclut le programme Mexique-Canada de travailleurs agricoles temporaires); et iii) formation axée sur l’employabilité. Ce dernier sous-programme est assuré à la demande des employeurs qui ont besoin de personnel formé, et en consultation avec eux. La commission note également que le gouvernement mentionne l’adoption du règlement intérieur du Secrétariat du travail et de la sécurité sociale, qui définit les facultés et les compétences du Service national de l’emploi (SNE), ainsi que diverses dispositions relatives à la mise en valeur des ressources humaines dans la carrière administrative. La commission prend note aussi de l’adoption de la loi générale sur le service professionnel du corps enseignant, qui fixe les critères et les modalités et les conditions d’entrée, de promotion, de reconnaissance et de maintien dans le service de l’enseignement. De plus, le décret du 11 septembre 2019 introduit de nouvelles dispositions et des amendements à la loi générale sur l’éducation, et la loi sur l’éducation spéciale et l’éducation préscolaire, qui vise aussi les personnes en situation de handicap, a été adoptée. Le gouvernement mentionne aussi la modification de la législation sur l’accès à la science et à la technologie dont le but est de promouvoir le développement des carrières technologiques et de recherche ainsi que l’utilisation des nouvelles technologies de l’information dans l’éducation. En outre, le site Internet de l’Observatoire du travail, qui relève également du SNE, donne des orientations aux jeunes sur les études techniques et professionnelles. La commission prend note des informations statistiques fournies par le gouvernement sur les bénéficiaires du programme et des sous-programmes. Le gouvernement adresse également des informations sur la formation dispensée pour entrer dans l’administration publique et y rester, et sur le nombre de bénéficiaires. Dans ses observations, la CAT indique que, grâce à la négociation collective, l’éducation et la formation sont devenues un principe général des centres de travail. La CAT estime par ailleurs qu’il faudrait accroître le nombre de travailleurs ayant droit à une éducation et à une formation payées par l’employeur.
La commission prend également note du programme de formation des ressources humaines axée sur les compétences (PROFORHCOM) 2014-2021 du Secrétariat de l’éducation publique, qui vise fondamentalement à améliorer l’employabilité des diplômés de l’enseignement technique, en tenant compte de la demande du marché du travail et des intérêts des jeunes. Le programme apporte un soutien à l’enseignement secondaire supérieur qui débouche sur le baccalauréat technologique ou professionnel technique, et un soutien dans les centres de formation pour le travail. Le programme est mis en œuvre par le biais de diverses institutions – entre autres, les Unités d’enseignement technologique du secondaire supérieur, le Collège national d’enseignement technique professionnel (CONALEP) et la Direction générale des centres de formation pour le travail (DGCFT). Le programme vise également à renforcer le système national de compétences en améliorant le Conseil national pour la normalisation et la certification des compétences professionnelles (CONOCER), afin d’accroître la productivité de la main-d’œuvre et d’orienter la formation pour le travail. La commission note que dans le cadre de ce programme, au 30 juin 2019 64 802 enseignants ont été formés et 43 570 bourses ont été accordées pour des stages professionnels, 7 125 bourses pour une formation en alternance, 13 890 bourses et formations pour le travail (CAPACITA T) et 3 137 bourses pour des entrepreneurs, entre autres; 84 carrières ont été actualisées et diverses études effectuées pour renforcer des secteurs productifs et développer les compétences dans les secteurs de l’énergie, de l’aérospatiale, des télécommunications, de l’électricité et de l’électronique. La commission note également la création en 2017 du Réseau d’innovation éducative (RIE360), dont l’objectif est la collaboration entre les universités et les établissements de l’enseignement supérieur pour améliorer les programmes universitaires et, ainsi, mieux prendre en compte les besoins actuels et les innovations technologiques. La commission invite le gouvernement à continuer de fournir des informations actualisées sur les politiques et la législation administratives adoptées qui contiennent des dispositions spécifiques sur l’orientation et la formation professionnelles, ainsi que sur leur impact. La commission prie également le gouvernement de communiquer des informations sur les systèmes d’éducation générale, technique et professionnelle et d’orientation scolaire et professionnelle, pour avoir une vue d’ensemble du système d’orientation et de formation professionnelles. En outre, la commission prie le gouvernement d’indiquer comment une coordination efficace est assurée entre, d’une part, les politiques et les programmes d’éducation et de formation professionnelles élaborés par le Secrétariat de l’éducation et le Secrétariat du travail et de la sécurité sociale ou par tout autre organisme compétent, et d’autre part l’emploi et les services publics de l’emploi.
Article 3. Jeunes et personnes en situation de handicap. La commission prend également note du programme «Jeunesse - Construire l’avenir» destiné aux jeunes de 18 à 29 ans qui ne sont ni scolarisés ni dans l’emploi. Le programme comporte deux volets: l’éducation destinée aux jeunes souhaitant poursuivre des études universitaires et la formation professionnelle, grâce à laquelle les jeunes seront mis en relation avec des centres de travail afin de bénéficier d’un an de formation et de tutorat. Dans le cadre de ce programme, une bourse mensuelle est accordée aux jeunes pour une formation d’un an dans des entreprises, des institutions publiques et des organisations sociales, où une formation leur sera dispensée pour obtenir les compétences qui leur permettront d’entrer dans le monde du travail. Les boursiers bénéficient aussi d’une assurance maladie de l’Institut mexicain de sécurité sociale qui couvre les accidents, les maladies, la maternité et les risques professionnels pendant la durée du programme. La commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les programmes de formation spécifiquement conçus pour les jeunes, en précisant dans quelles mesures les personnes en situation de handicap peuvent également bénéficier de ces programmes. Prière de communiquer des statistiques sur les bénéficiaires de ces programmes, ventilées par sexe, ainsi que des informations sur la manière dont on promeut l’accès des femmes aux carrières scientifiques et technologiques.
Article 5. Collaboration des partenaires sociaux et formation professionnelle en alternance. La commission prend note de l’accord N 06/0615 établissant le système de formation en alternance en tant qu’option éducative dans l’enseignement secondaire supérieur. La commission note avec intérêt que la COPARMEX déploie des activités avec des établissements d’enseignement et des entreprises dans le cadre de cette formation alternée, notamment avec les centres d’enseignement technique supérieur et les universités technologiques. Dans ses observations, la COPARMEX indique que cette formation tient particulièrement compte de l’influence de la technologie sur les processus de production, de la mécatronique, de la perspective de la révolution 4.0 et de son impact sur l’emploi. La commission note que, selon le profil national sur l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) pour le Mexique présenté à l’UNESCO et préparé avec le soutien du CONALEP, ce programme d’éducation en alternance est développé en collaboration avec l’Institut fédéral de l’Allemagne pour l’éducation et la formation professionnelle dans 11 secteurs économiques. La commission prie le gouvernement d’adresser un complément d’information sur le fonctionnement et l’impact du système d’éducation en alternance et sur les secteurs économiques dans lesquels il est en place. De plus, la commission prie le gouvernement de donner des informations sur toute forme de collaboration entre les organisations de travailleurs et d’employeurs dans l’élaboration et l’application des politiques et des programmes d’orientation et de formation professionnelles.
Éducation et formation professionnelles et COVID-19. Dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID-19, la commission rappelle les orientations fournies par la recommandation (nº 195) sur la mise en valeur des ressources humaines, 2004. La commission invite le gouvernement à adresser des informations au sujet de l’impact de la pandémie sur l’éducation et la formation professionnelles au Mexique, et sur les mesures et les bonnes pratiques adoptées par le gouvernement et les partenaires sociaux (par exemple, des mécanismes novateurs d’enseignement à distance et d’apprentissage tout au long de la vie) pour faire face aux difficultés et aux défis existants, et d’indiquer comment l’égalité des chances et de traitement a été garantie dans ces circonstances.

C144 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2020, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note des informations supplémentaires fournies par le gouvernement à la lumière de la décision adoptée par le Conseil d’administration à sa 338e session (juin 2020). La commission a procédé à l’examen de l’application de la convention sur la base des informations supplémentaires reçues du gouvernement cette année, ainsi que sur la base des informations dont elle disposait en 2019.
La commission prend note des observations de la Confédération patronale de la République du Mexique (COPARMEX), qui figurent dans le rapport du gouvernement de 2019, ainsi que des observations de la Confédération authentique des travailleurs de la République du Mexique (CAT), transmises par le gouvernement dans son rapport supplémentaire, reçu le 21 septembre 2020.
Dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID-19, la commission rappelle les orientations complètes fournies par les normes internationales du travail. Elle encourage les États Membres à recourir plus amplement à des consultations tripartites et au dialogue social, lesquels constituent une base solide pour élaborer et mettre en œuvre des réponses efficaces aux profondes répercussions socio-économiques de la pandémie. La commission invite le gouvernement à continuer de fournir dans son prochain rapport des informations actualisées sur les mesures prises à cet égard, conformément à l’article 4 de la convention et aux paragraphes 3 et 4 de la recommandation no 152, pour renforcer les capacités des mandants tripartites ainsi que les mécanismes et procédures, et sur les défis et les bonnes pratiques identifiés.
Article 5 de la convention. Consultations tripartites efficaces. La commission prend note des informations détaillées fournies par le gouvernement sur les consultations tripartites tenues au cours de la période sous examen à propos de toutes les questions concernant les normes internationales du travail couvertes par l’article 5, paragraphe 1, de la convention. La commission note toutefois que le gouvernement ne fournit pas d’informations sur l’issue de ces consultations. Dans ce contexte, la commission prend note des observations formulées par la COPARMEX qui estime indispensable que le gouvernement communique aux partenaires sociaux des informations plus détaillées sur les raisons pour lesquelles on prévoit de ratifier ou non une convention. La COPARMEX ajoute que, ainsi, les partenaires sociaux pourraient exprimer leurs opinions avec plus de précision et de cohérence à propos d’une convention, ainsi que leur vision du pays dans ce domaine. À cet égard, la commission rappelle que «pour être "efficaces", les consultations doivent nécessairement être préalables à la décision définitive, quelles que soient la nature ou la forme des procédures retenues (…). L’efficacité des consultations supposera donc, dans la pratique, que les représentants des employeurs et des travailleurs disposent suffisamment à l’avance de tous les éléments nécessaires à la formation de leur propre opinion.» (Voir l’étude d’ensemble de 2000 sur les consultations tripartites, paragraphe 31.) La commission note que la CAT indique avoir participé à différentes commissions établies dans le cadre de la Conférence internationale du Travail pour discuter de nouvelles conventions et recommandations. L’organisation signale également qu’elle a participé à la préparation de rapports sur des conventions ratifiées et qu’elle souhaiterait également prendre part aux consultations tripartites sur les autres éléments cités à l’article 5, paragraphe 1, de la convention. La commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées et actualisées sur la teneur spécifique, la fréquence et l’issue des consultations tripartites concernant toutes les questions relatives aux normes internationales du travail qui sont visées à l’article 5, paragraphe 1, de la convention. La commission prie aussi le gouvernement de communiquer sa réponse aux observations de la COPARMEX. Elle l’invite également à indiquer si des consultations ont eu lieu avec les partenaires sociaux sur la manière d’améliorer le fonctionnement des procédures requises par la convention, afin qu’ils disposent suffisamment à l’avance de tous les éléments nécessaires à la formation de leur propre opinion, avant qu’une décision finale ne soit prise sur la question faisant l’objet de la consultation, en particulier sur les instruments qui n’ont pas été ratifiés (article 5, paragraphe 1 c), de la convention).

C159 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2020, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note des informations supplémentaires fournies par le gouvernement à la lumière de la décision adoptée par le Conseil d’administration à sa 338e session (juin 2020). La commission a procédé à l’examen de l’application de la convention sur la base des informations supplémentaires reçues du gouvernement cette année (voir Article 3), ainsi que sur la base des informations dont elle disposait en 2019.
La commission prend note également des observations de la Confédération internationale des travailleurs (CIT), la Confédération régionale ouvrière mexicaine (CROM), la Confédération autonome des travailleurs et employés du Mexique (CATEM), la Confédération patronale de la république mexicaine (COPARMEX) et la Confédération des chambres d’industrie des États-Unis du Mexique (CONCAMIN), jointes au rapport du gouvernement de 2019. La commission prend note également des observations de la Confédération authentique des travailleurs de la République du Mexique (CAT) qui se réfèrent d’une manière générale à l’application de la convention, transmises par le gouvernement dans son rapport supplémentaire, reçu en septembre 2020. Enfin, la commission prend note de la réponse du gouvernement aux observations de 2015 du Syndicat indépendant des travailleurs et travailleuses du gouvernement de l’État de San Luis Potosí (SITTGE), qui est arrivée trop tard pour être examinée.
Article 2 de la convention. Application d’une politique concernant la réadaptation professionnelle et l’emploi des personnes en situation de handicap. Faisant suite aux commentaires précédents de la commission, le gouvernement présente les éléments suivants relatifs à la mise en œuvre du Programme national de travail et d’emploi pour les personnes en situation de handicap (PNTEPD) 2014–2018. Des groupes de travail ont été constitués au titre du PNTEPD; ils ont siégé à 30 reprises entre 2014 et juin 2018; diverses activités ont été entreprises dans ce cadre, notamment l’élaboration d’un catalogue de programmes et de services destinés aux personnes en situation de handicap; la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a mené des activités de réaffirmation des droits de ces personnes auprès des instances gouvernementales des États de Guerrero et de Tamaulipas et il a été procédé à un pointage des personnes en situation de handicap employées dans l’administration publique fédérale. C’est ainsi qu’entre juillet 2016 et juin 2018, on dénombrait dans le secteur public 5176 personnes ayant un handicap (2566 personnes ayant un handicap sensoriel; 2255 personnes ayant d’une manière générale un handicap physique; 297 personnes ayant un handicap mental et 58 un handicap intellectuel). Pour parvenir à ce que les bénéfices de ces politiques pour les personnes en situation de handicap parviennent à un niveau optimal, les comités d’État ont procédé, au fil des 32 réunions qu’ils ont eues entre septembre 2016 et juin 2017, à une évaluation des diverses politiques et des divers programmes déployés dans le cadre du PNTEPD et de leurs effets. La commission prend également note de la promulgation, le 20 juillet 2016, de la norme intitulée «conditions de sécurité de l’accès et de l’exercice des activités des travailleurs en situation de handicap sur les lieux de travail» (NOM-034-STPS-2016). Cette nouvelle norme instaure une série d’obligations pour les employeurs qui engagent des personnes en situation de handicap, comme l’obligation de procéder à une évaluation de la compatibilité du poste de travail avec le handicap de la personne concernée, d’adapter les lieux de travail occupant plus de 50 travailleurs en les dotant de moyens facilitant leur accessibilité et, enfin, de procéder aux adaptations nécessaires des installations, des procédures et des postes de travail.
La commission prend note, par ailleurs, de l’élaboration en mai 2016 par le Secrétariat au développement social du «diagnostic de la situation des personnes ayant un handicap au Mexique», qui fait ressortir que, selon le Conseil national pour l’évaluation de la politique de développement social (CONEVAL) en 2014, le taux de pauvreté chez les personnes ayant un handicap s’élevait à 54,1 pour cent alors qu’il était de 46,2 pour cent parmi la population en général au niveau national. De plus, le taux de pauvreté extrême atteignait 12,7 pour cent chez les personnes en situation de handicap alors qu’il était de 9,6 pour cent parmi la population en général. Dans ses observations, la CATEM relaye des informations de l’organisation Impunité Zéro selon lesquelles en 2017 seulement 39,1 pour cent des personnes en situation de handicap avaient un emploi et que le revenu de ces personnes n’atteignait que 66,5 pour cent de celui des travailleurs sans handicap. La commission prie le gouvernement de continuer de communiquer des informations actualisées et détaillées sur la nature et les effets des mesures prises ou envisagées pour promouvoir l’emploi des personnes en situation de handicap, y compris des personnes ayant un handicap mental ou intellectuel, sur le marché libre du travail, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé.
Article 3. Promouvoir les possibilités d’emploi des personnes en situation de handicap sur le marché libre du travail. La commission prend note des informations communiquées par le gouvernement quant aux mesures déployées afin de promouvoir les possibilités d’emploi des personnes en situation de handicap sur le marché libre du travail, et quant aux effets de ces mesures. Le gouvernement évoque en particulier la mise en œuvre de la stratégie «Ouvrir des espaces», dans le cadre de laquelle le Service national de l’emploi (SNE) propose un éventail de services destinés à améliorer l’employabilité des personnes ayant un handicap, comme le rapprochement de l’offre et de la demande, la formation pour l’emploi et la promotion des opportunités de formation proposées par le secteur de l’éducation et par les entreprises. Dans son rapport supplémentaire, le gouvernement indique qu’entre juillet 2016 et juin 2020, un soutien a été apporté à 117 363 hommes et 72 668 femmes en situation de handicap 45 980 d’entre eux ont trouvé un emploi. De même, entre janvier 2016 et décembre 2017, le SNE a déployé diverses campagnes de sensibilisation portant sur les avantages fiscaux accordés lors de l’emploi de personnes ayant un handicap, qui ont permis de toucher 2493 employeurs, chambres patronales, organismes de la société civile et syndicats. Le gouvernement indique également qu’à travers le Programme de promotion de l’économie sociale déployé par l’Institut national de l’économie sociale (INAES), plus de 59 millions de pesos ont été affectés à non moins de 372 projets soutenus par des organismes du secteur social de l’économie ou des structures employant des personnes en situation de handicap. Il indique qu’entre janvier 2016 et novembre 2018, le label «Gilberto Rincón Gallardo» de l’entreprise intégratrice a été attribué à non moins de 1712 lieux de travail, pour saluer leur politique d’égalité de chances et d’inclusion des personnes en situation de vulnérabilité, comme les personnes en situation de handicap. De même, la CATEM et la COPARMEX évoquent les mesures fiscales incitatives dont bénéficient les entreprises qui engagent des personnes en situation de handicap, comme la déduction de 100 pour cent de l’impôt sur le revenu (ISR) des travailleurs en situation de handicap. Dans ses observations, la CROM déclare que les mesures destinées à promouvoir l’intégration des travailleurs en situation de handicap dans l’emploi devraient être adoptées au terme d’une démarche concertée entre les partenaires sociaux et le gouvernement. La CONCAMIN, quant à elle, déclare qu’il serait nécessaire de poursuivre le déploiement des programmes adoptés en vue de faciliter l’insertion des personnes en situation de handicap dans l’emploi, et aussi d’introduire des mesures incitatives au profit des entreprises qui engagent des personnes en situation de handicap. La commission relève enfin que le gouvernement n’a pas inclus dans son rapport des informations sur l’application du système de quotas et son impact. Le gouvernement n’a pas fourni non plus d’informations statistiques telles que demandé par la commission, quant à la participation des personnes en situation de handicap sur le marché libre de l’emploi. Par suite, la commission prie le gouvernement de continuer de communiquer des informations détaillées et actualisées sur l’impact des mesures prises pour promouvoir la réadaptation professionnelle des personnes en situation de handicap, en termes de création de possibilités d’emploi de ces personnes sur le marché libre de l’emploi. Elle réitère également sa précédente demande, priant le gouvernement de fournir des données actualisées sur l’application du système des quotas et leur impact. De même, réitérant sa demande précédente, elle prie le gouvernement de communiquer des données statistiques, ventilées par sexe, niveau d’instruction et type de handicap, sur la participation des personnes en situation de handicap dans le marché de l’emploi.
Article 4. Égalité effective de chances et de traitement. La commission prend note avec intérêt de l’adoption le 12 juillet 2018 du décret portant réforme, insertion ou abrogation de diverses dispositions de la loi générale sur l’intégration des personnes en situation de handicap. Ce décret introduit dans la loi un nouvel article 4, premier paragraphe énonçant que les personnes ayant un handicap jouiront de tous les droits que l’Ordre juridique mexicain établit, sans distinction d’origine ethnique ou nationale, de genre, d’âge, de handicap physique, de situation économique et sociale, d’état de santé, de religion, d’opinion, de situation sur le plan de l’état civil, de préférence sexuelle, d’état de grossesse, d’identité politique, de langue, de situation au regard des règles de séjour, ou pour toute autre caractéristique. Les mesures dirigées contre la discrimination ont pour finalité d’empêcher qu’une personne en situation de handicap soit traitée, de manière directe ou indirecte, moins favorablement qu’une autre personne qui ne l’est pas, dans une situation comparable. La commission note cependant que, dans ses observations finales du 17 avril 2018, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CESC) de l’ONU se déclarait préoccupé par la persistance de la discrimination à laquelle se heurtent certains groupes et par l’inexistence de politiques appropriées de lutte contre les multiples discriminations auxquels sont confrontés certains groupes tels que les femmes indigènes ayant un handicap (E/C. 12/MEX/CO/5-6, paragraphe 18). En outre, dans ses observations finales du 25 juillet 2018, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) de l’ONU se déclarait préoccupé par l’accès limité au marché de l’emploi informel pour les femmes migrantes, les femmes indigènes, les femmes afro-mexicaines et les femmes ayant un handicap (CEDAW/C/MEX/CO/9, paragraphe 39, alinéa e)). La commission note en outre que la CATEM, relayant certaines informations de l’organisation Impunité Zéro, déclare que, chez les personnes ayant un handicap, les hommes ont deux fois plus de chances que les femmes d’accéder à un emploi. La commission prie le gouvernement de communiquer des informations détaillées et actualisées sur les mesures prises ou envisagées en vue de garantir l’égalité effective de chances et de traitement entre les travailleurs et les travailleuses, y compris ceux et celles qui appartiennent à des communautés indigènes, qui ont un handicap et les autres travailleurs. Elle le prie également de communiquer des informations détaillées sur l’impact de ces mesures.
Article 8. Services de réadaptation professionnelle et d’emploi pour les personnes en situation de handicap dans les zones rurales et les collectivités isolées. La commission prie le gouvernement de communiquer des informations détaillées sur les services de réadaptation professionnelle et d’emploi, y compris ceux qui sont assurés par le SNE, pour les personnes en situation de handicap dans les zones rurales et les collectivités isolées.
Pandémie de COVID-19. Dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID-19, la commission rappelle les orientations larges données par les normes internationales du travail. À ce propos, elle appelle l’attention du gouvernement sur la recommandation (n° 205) sur l’emploi et le travail décent pour la paix et la résilience, 2017, qui contient des lignes directrices pour l’adoption et la mise en œuvre de mesures dans les domaines de l’éducation, de la formation et de la réadaptation professionnelles et l’emploi qui permettent de faire efficacement face aux profondes répercussions socio-économiques de la pandémie. À titre d’exemple, la commission appelle l’attention du gouvernement sur le paragraphe 7, alinéa h) de cet instrument, qui préconise que, lorsqu’ils prennent des mesures sur l’emploi et le travail décent en réponse à des situations de crise résultant de conflits et de catastrophes, et aux fins de prévention, les membres devraient tenir compte de la nécessité d’accorder une attention spéciale aux catégories de population et aux individus que la crise a rendus particulièrement vulnérables, notamment les personnes en situation de handicap. La commission invite le gouvernement à fournir dans son prochain rapport des informations actualisées sur les incidences que la pandémie mondiale de COVID-19 a pu avoir sur le déploiement des politiques et programmes de réadaptation professionnelle et d’emploi des personnes en situation de handicap.

Adopté par la commission d'experts 2019

C029 - Observation (CEACR) - adoptée 2019, publiée 109ème session CIT (2021)

Article 1, paragraphe 1, article 2, paragraphe 1, et article 25 de la convention. Traite. 1. Cadre institutionnel de lutte contre la traite des personnes. La commission avait incité le gouvernement à poursuivre les efforts entrepris dans le domaine de la lutte contre la traite, notamment à travers la mise en œuvre du cadre légal et institutionnel prévu par la loi générale de 2012 visant à prévenir, sanctionner et éradiquer les infractions relatives à la traite et à protéger et aider les victimes, et aussi à travers la mise en œuvre correspondante du deuxième Programme national pour 2014-2018. Elle avait noté, d’après l’évaluation réalisée dans le cadre du Programme national, que les efforts avaient porté principalement sur le renforcement de la coordination et de la collaboration entre les diverses institutions compétentes des organes judiciaires, législatifs et exécutifs, et elle avait prié le gouvernement d’indiquer les mesures prises à cet égard par le secrétariat d’Etat à l’Intérieur, ainsi que des mesures prises pour continuer de renforcer les moyens d’action dont dispose la Commission interministérielle pour prévenir, réprimer et éradiquer la traite.
La commission note que le gouvernement se réfère dans son rapport aux rapports annuels pour 2015 et 2016 de la Commission interministérielle ainsi qu’aux rapports sur les activités du Programme national, documents faisant ressortir l’organisation d’un nombre important d’activités de sensibilisation et de développement des capacités au niveau fédéral et à celui des Etats, ainsi qu’une large diffusion de documents d’information auprès du grand public. La commission note aussi que, de 2013 à 2018, non moins de 153 548 personnes ont bénéficié d’une formation et d’une sensibilisation sur la question de la traite grâce aux 4 648 activités déployées dans des établissements commerciaux par l’Institut national pour les migrations afin de prévenir la traite et, le cas échéant, détecter les personnes étrangères en situation irrégulière au regard des règles de séjour. La commission note que, dans ses observations jointes au rapport du gouvernement, la Confédération des employeurs de la République du Mexique (COPARMEX) considère que toutes les mesures prises par le gouvernement fédéral, en coordination avec les gouvernements des Etats, pour faire face au fléau de la traite revêtent une grande importance. La commission observe que le deuxième Programme national de prévention, répression et éradication de la traite et de protection et assistance aux victimes s’est terminé en 2018 et qu’en 2019 a été adopté un programme annuel de travail de la Commission interministérielle (PATCI) qui prévoit notamment la création d’un groupe devant être chargé de mettre en œuvre le Protocole de prévention de la traite et de prise en charge de ses victimes sur les lieux de travail, promulgué en 2017 par le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale. La commission note cependant que, dans son rapport de diagnostic de la situation de la traite au Mexique publié en 2019, la Commission des droits de l’homme estime que les actions menées sous l’égide de la Commission interministérielle ne témoignent pas d’une approche, d’une planification et d’une évaluation suffisamment exhaustive. Elle note en outre que, dans ses observations finales de 2018, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes des Nations Unies (CEDAW) se déclare préoccupé par: i) l’absence de mécanismes harmonisés et coordonnés au niveau des Etats et des municipalités qui garantiraient l’application effective de la loi générale de 2012; ii) l’absence de stratégie globale de lutte contre la traite; et iii) l’insuffisance de la coordination avec les Etats voisins pour la prévention de la traite (CEDAW/C/MEX/CO/9, 25 juillet 2018, paragr. 29). La commission note que, dans le cadre de l’Examen périodique universel, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies recommande que le gouvernement prenne de nouvelles mesures pour améliorer la coordination de la mise en œuvre d’une politique nationale de prévention, d’élimination et de répression de la traite. Il recommande également d’accroître les ressources humaines et financières des unités spécialisées pour leur permettre de traiter plus efficacement des affaires de traite (A/HRC/40/8, 27 décembre 2018, paragr. 132). La commission prie le gouvernement de poursuivre les efforts entrepris pour lutter contre la traite des personnes. Elle le prie de continuer de donner des informations sur les mesures prises, y compris dans le cadre de tout nouveau programme national contre la traite, pour assurer la prévention et la détection de ces pratiques, l’assistance, la protection et le rapatriement des victimes et la poursuite en justice et la sanction des auteurs, de même que sur toute évaluation de l’impact de telles mesures. Prenant dûment note des mesures prises par le gouvernement, la commission le prie de continuer à renforcer les capacités des différents organes judiciaire, législatif et exécutif du niveau fédéral et de celui des Etats, y compris celles de la Commission interministérielle. Elle le prie également de renforcer la coordination et la collaboration entre ces divers organes, de même que la coopération avec les pays voisins pour agir contre la traite.
2. Implication de représentants de la force publique dans la traite des personnes. La commission se réfère à ses précédents commentaires concernant les allégations de complicité et de participation directe de représentants de l’autorité publique dans les affaires de traite des personnes. Elle avait noté qu’il est énoncé dans le Programme national que le gouvernement doit faire de la transparence l’un des éléments majeurs de la nouvelle relation entre lui et la société pour parvenir à une plus grande responsabilisation et pour combattre la corruption. Elle note que, selon le gouvernement, d’après le rapport sur les activités menées par l’Unité du ministère public spécialisée dans les infractions relevant de la violence à l’égard des femmes et de la traite des êtres humains (FEVIMTRA), une enquête a été menée, de juillet 2015 à mai 2018, sur une affaire de traite des personnes comportant du travail forcé ou des services forcés dans laquelle un représentant de l’autorité publique a été identifié comme présumé responsable. La commission note en outre que, d’après le rapport 2019 de la Commission nationale des droits de l’homme sur le diagnostic de la situation de la traite au Mexique, sur l’ensemble des enquêtes menées de juin 2012 à juillet 2017 sur des affaires concernant la traite des personnes, des représentants de l’autorité publique étaient impliqués à huit reprises au niveau des enquêtes préliminaires et des dossiers d’enquête. La commission note en outre que plusieurs organes des Nations Unies chargés de l’application des traités se sont récemment déclarés préoccupés par les faits de complicité signalés entre des agents de l’Etat et les milieux du crime organisé ou les réseaux de traite opérant au niveau international, et par la corruption que ce constat révèle et l’impunité qui en découle (A/HRC/WG.6/31/MEX/2. 3 septembre 2018, paragr. 38); CEDAW/C/MEX/CO/9, 25 juillet 2018, paragr. 29; et CMW/C/MEX/CO/3, 27 septembre 2017, paragr. 21). La commission veut croire que le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour que des enquêtes appropriées soient menées sur les plans administratif et judiciaire et, le cas échéant, que des sanctions appropriées soient prises à l’égard de tout représentant de l’autorité publique reconnu coupable de tels actes. Elle prie également le gouvernement de continuer de donner des informations sur les affaires dans lesquelles la complicité ou la participation directe de représentants de l’autorité publique dans des affaires de traite des personnes a été avérée, et sur les sanctions imposées.
3. Protection des victimes. La commission avait noté que la loi de 2012 consacre de manière détaillée les droits et la protection intégrale qui doivent être accordés aux victimes (art. 59 à 83) et qu’un protocole d’utilisation des procédures et des ressources destinées à secourir, assister et protéger les victimes de la traite, protocole qui fixe des directives spécifiques pour l’ensemble des autorités appelées à intervenir, depuis l’identification des victimes jusqu’à la réinsertion sociale de ces personnes, a été élaboré au niveau fédéral et sous l’égide de la Commission interministérielle. Le gouvernement déclare que, pour permettre la réinsertion sociale des victimes de la traite, l’unité FEVIMTRA attachée au ministère public propose, par le biais de son service soins intensifs, une aide psychologique, sociale et juridique visant à mettre un terme au phénomène d’isolement engendré par les situations relevant de la traite. La commission note en outre que la FEVIMTRA collabore avec la Commission mexicaine d’aide aux réfugiés (COMAR) afin d’aider les victimes de situations relevant de la traite à accéder au statut de réfugié. Le gouvernement ajoute, en outre, que le Centre d’hébergement spécialisé assurant des soins et une protection globale aux victimes de violences extrêmes fondées sur le genre et de situations relevant de la traite, qui est placé sous l’égide du ministère public général, propose lui aussi un hébergement temporaire et une aide médicale psychologique et sociale et de l’assistance juridique à ces victimes. La commission note que les groupes Beta de protection des migrants déployés par l’Institut pour les migrations en des points stratégiques du pays – dans 22 municipalités de neuf Etats différents – avec pour mission d’assurer la protection et la défense des droits de l’homme des travailleurs migrants, sans considération de leur nationalité ou de leur situation au regard des règles de séjour, ont fourni une assistance à 533 633 migrants entre juillet 2015 et mai 2018 et une assistance juridique à 413 d’entre eux en orientant leurs plaintes vers l’autorité compétente. Au cours de la même période, l’Institut national pour les migrations a organisé au profit de 683 fonctionnaires une formation sur la prévention et l’identification de possibles victimes de traite ainsi que sur le traitement inapproprié des migrants, et il a assuré la diffusion en 2016, en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), d’un protocole pour l’identification et la prise en charge des migrants victimes de situations relevant de la traite au Mexique. La commission note en outre que, d’après le rapport d’activité pour 2016 de la Commission interministérielle, 889 victimes possibles de traite ont été identifiées (194 par les autorités fédérales et 695 par des entités locales) et des interventions ont été organisées pour libérer de leur situation 433 victimes probables. La commission note que, dans ses observations finales de 2018, le CEDAW se déclarait préoccupé par l’insuffisance des services d’assistance, de réadaptation et de réintégration accessibles aux victime, notamment par l’insuffisance du nombre des centres d’accueil, ainsi que par les difficultés auxquelles se heurtent les victimes de la traite, en particulier les migrantes, quant à l’accès à des services de conseil, à des soins médicaux, à un soutien psychologique et à des mesures de réparation (CEDAW/C/MEX/CO/9, 25 juillet 2018, paragr. 29). Elle note que, dans ses observations finales de 2017, le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille des Nations Unies (CMW) s’est déclaré profondément préoccupé par la présence de nombreuses personnes victimes de traite dans les centres de rétention de migrants et a recommandé que le gouvernement adopte des mécanismes efficaces pour l’identification et la prise en charge des victimes de traite qui peuvent se trouver internées dans ces centres (CMW/C/MEX/CO/3, 27 septembre 2017, paragr. 37). Tout en prenant note des mesures prises par le gouvernement, la commission exprime le ferme espoir que celui-ci poursuivra les efforts entrepris pour assurer de manière effective la sécurité et la protection des victimes de traite dans l’ensemble du pays, y compris lorsqu’il s’agit de migrants placés dans des centres de rétention, de telle sorte que ces personnes puissent faire valoir leurs droits devant les autorités compétentes. Elle prie le gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises à cette fin et de continuer de donner des informations sur le nombre de victimes identifiées, le nombre de personnes qui ont pu faire valoir leurs droits auprès des autorités compétentes et les mesures de réparation qui leur ont été accordées.
Article 25. Sanctions efficaces et strictement appliquées. Dans ses précédents commentaires, la commission a noté que la loi de 2012 confère au ministère public et à la police des attributions et pouvoirs spéciaux en matière de lutte contre la traite des personnes. Elle a également noté que, d’après les rapports annuels de la Commission interministérielle, l’un des plus grands obstacles à surmonter est l’impunité dont bénéficient toujours les actes relevant de la traite, malgré une augmentation notable du nombre des poursuites judiciaires engagées ces dernières années par suite des activités de formation organisées, en particulier au niveau fédéral. Le gouvernement indique que l’unité FEVIMTRA attachée au ministère public a organisé une formation des fonctionnaires pour mieux instruire les affaires de traite des personnes au sein du nouveau système judiciaire pénal et que diverses réunions et autres activités ont été organisées en 2016 et 2017 en collaboration avec le Département de la justice des Etats-Unis, notamment avec du personnel du ministère public de ce pays, afin de renforcer la coordination entre le Mexique et les Etats-Unis dans les actions dirigées contre la traite des personnes. Le gouvernement ajoute que, de 2015 à 2018, l’unité FEVIMTRA a organisé quatre réunions nationales des procureurs et des unités spécialisées dans la répression de la traite afin de mieux coordonner les stratégies et de renforcer les liens propices à une collaboration efficace entre les autorités fédérales et celles des Etats pour parvenir à une plus grande efficacité dans l’investigation et la poursuite des crimes relevant de la traite. La commission note cependant que, d’après le rapport de la Commission nationale des droits de l’homme pour 2018 sur l’intervention de l’inspection du travail dans la prévention des situations de traite et l’identification des victimes possibles de telles situations dans l’agriculture, 36,4 pour cent des inspecteurs du travail ne signalaient pas les situations de cette nature et ne prenaient pas non plus de mesures propres à y mettre un terme, alors que l’on estimait que 32,6 pour cent des travailleurs de l’agriculture ne percevaient aucune rémunération. Selon ce rapport, 60 pour cent des administrations de l’inspection du travail du niveau des Etats comptent moins de 10 inspecteurs et 51,5 pour cent de ces administrations n’ont pas d’informations et n’assurent pas non plus une formation des inspecteurs du travail sur le phénomène de la traite. La commission note que d’après les données statistiques communiquées par le gouvernement, de 2015 à 2017, 3 576 personnes victimes de la traite ont été enregistrées auprès des autorités et que 23,9 pour cent de ces personnes étaient victimes de traite à des fins de travail forcé et, au cours de la même période, le nombre des condamnations prononcées par les tribunaux est resté stable avec un total de 377 jugements rendus, dont 11 concluaient à une situation de travail forcé, 38 à une situation d’exploitation au travail et 2 à une situation d’esclavage. La commission note que, dans ses observations finales de 2018, le CEDAW s’est déclaré préoccupé par les faibles taux de poursuites et de condamnations dans les affaires de traite et que, dans ses observations finales de 2019, le Comité contre la torture des Nations Unies (CAT) a recommandé au gouvernement de s’assurer que les affaires de traite donnent lieu à des investigations approfondies et que les auteurs présumés sont poursuivis et, si reconnus coupables, condamnés par des sanctions appropriées (CEDAW/C/MEX/CO/9, 25 juillet 2018, paragr. 29 et CAT/C/MEX/CO/7, 24 juillet 2019, paragr. 60 et 61). Considérant le caractère particulièrement complexe du crime de traite des personnes, la commission prie instamment le gouvernement de continuer de prendre les mesures nécessaires pour renforcer les capacités des autorités policières, de l’inspection du travail et du ministère public à l’identification des victimes de traite, tant à des fins d’exploitation sexuelle que d’exploitation au travail, et de mener des enquêtes approfondies pour réunir les preuves permettant d’engager des poursuites et, conformément à l’article 25 de la convention, d’imposer des sanctions pénales réellement efficaces et de les appliquer strictement. A cet égard, la commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les procédures judiciaires en cours et les sanctions imposées aux personnes condamnées.

C095 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2019, publiée 109ème session CIT (2021)

Afin de fournir une vue d’ensemble des questions relatives à l’application des conventions ratifiées sur les salaires, la commission estime qu’il convient d’examiner les conventions nos 131 (salaire minimum) et 95 (protection du salaire) dans un même commentaire.

Salaire minimum

Articles 1 et 3 de la convention no 131. Système de salaires minima. Eléments à prendre en considération pour déterminer le niveau des salaires minima. Se référant à ses commentaires précédents, la commission prend note des informations fournies par le gouvernement dans son rapport au sujet du salaire minimum général et des salaires minima professionnels, en particulier sur: i) les résolutions prises entre 2012 et 2017 par le Conseil des représentants de la Commission nationale des salaires minima (CONASAMI) pour ajuster les salaires minima; ii) les deux augmentations spéciales du salaire minimum général en 2017, à savoir le Montant indépendant de redressement (MIR) et une autre augmentation supplémentaire de 3,9 pour cent (applicable aussi aux salaires minima professionnels); et iii) l’objectif du MIR de contribuer au redressement du pouvoir d’achat du salaire minimum général.

Système d’inspection

Article 5 de la convention no 131 et article 15 b) de la convention no 95. Se référant à ses commentaires précédents, la commission prend note des informations fournies par le gouvernement au sujet des mesures prises par l’inspection du travail sur le salaire minimum et des résultats obtenus entre 2013 et juin 2017, des plans annuels de travail de la direction technique de la CONASAMI pour la période 2012 à 2017 et, enfin, des activités menées entre 2012 et 2017 par le Comité national mixte de protection du salaire. La commission note également que les articles 46 et 47 du Règlement général de l’inspection du travail et de l’application de sanctions, adopté en 2014, prévoient respectivement que: i) les autorités du travail peuvent s’assurer du respect des dispositions juridiques dans le domaine du travail par d’autres mécanismes que l’inspection du travail – entre autres, par des avis de fonctionnement, questionnaires, évaluations ou obligations analogues – pour que les employeurs ou leurs représentants, les travailleurs ou leurs représentants et les membres des commissions que mentionne la loi fédérale du travail fournissent les informations demandées; et ii) les autorités du travail doivent faire connaître dans le Journal officiel, ou dans les organes de diffusion des entités fédératives, selon le cas, les mécanismes autres que l’inspection qu’elles mettent en œuvre. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur la manière dont les mécanismes autres que l’inspection du travail sont appliqués dans la pratique, en particulier pour s’assurer de l’application des dispositions relatives aux salaires en général et aux salaires minima.

C152 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2019, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission note que la loi sur les ports du 19 juillet 1993, modifiée par le décret du 26 décembre 2013 et par le décret du 19 décembre 1993, établit dans ses articles 19 bis et 19 ter, la constitution du Centre unifié pour la sûreté maritime et portuaire (CUMAR), qui a notamment pour fonction d’évaluer la sûreté portuaire et d’élaborer le plan de sûreté portuaire. A cet égard, la commission invite le gouvernement à communiquer des informations sur les activités du CUMAR qui donnent effet aux dispositions de la convention.
Point V du formulaire de rapport. Application en pratique. La commission note les informations statistiques fournies par le gouvernement concernant les inspections réalisées entre 2012 et 2017. La commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur l’application pratique de la convention, notamment sur le nombre et la nature des infractions signalées et les mesures prises à leur égard, et sur le nombre et la nature des accidents du travail et des maladies professionnelles signalés.

C169 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2019, publiée 109ème session CIT (2021)

Article 1 de la convention. Auto-identification. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié le gouvernement d’indiquer comment est promue l’auto-identification des peuples indigènes. Le gouvernement indique dans son rapport que l’Institut national des peuples indigènes (INPI) a établi une méthode d’identification de la population indigène, en application de laquelle est considérée comme membre d’une population indigène toute personne qui fait partie d’un ménage dans lequel le chef de famille, son conjoint ou l’un de leurs ascendants déclarent parler une langue indigène, même si un des membres du ménage ne parle pas une langue indigène. Le gouvernement indique aussi que l’Institut national de statistique et de géographie (INEGI) encourage l’auto identification de la population indigène en recueillant et en publiant des informations sur ces populations selon le critère de l’autoreconnaissance. La commission note à cet égard que l’enquête interrecensements de 2015 a inclus le critère de l’auto-appartenance, qui a permis d’établir que 25 694 928 personnes se considéraient comme indigènes, soit 21,5 pour cent de la population nationale; le critère de ménage indigène a permis d’établir que la population indigène comptait 12 025 947 personnes, soit 10,1 pour cent de l’ensemble de la population du pays. La commission salue l’utilisation du critère de l’auto-appartenance pour identifier la population indigène du pays et prie le gouvernement de donner des exemples de la manière dont ce critère est utilisé pour définir les bénéficiaires des politiques et programmes destinés aux peuples indigènes et afro-mexicains.
Article 7, paragraphe 3, et article 15, paragraphe 2. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié le gouvernement de continuer à fournir des renseignements sur les consultations menées à propos de projets hydroélectriques. Le gouvernement présente des informations détaillées sur les procédures de participation et de consultation relatives aux projets hydroélectriques de Paso de la Reina (Etat d’Oaxaca) et de Las Cruces (Etat de Nayarit), notamment sur la réalisation d’études d’impact social et environnemental. La commission prend dûment note du fait que, à l’issue des consultations sur le projet Las Cruces, il a été convenu qu’un plan de développement régional 2015-2025 serait élaboré pour les communautés indigènes de San Pedro Ixcatán, San Juan Corapan, Rosarito, San Blasito et Saycota.
La commission note que la loi sur les hydrocarbures (art. 120) et la loi sur l’électricité (art. 119), promulguées en août 2014, prévoient l’obligation de mener des procédures de consultation libre, préalable et éclairée des communautés et des peuples indigènes où sont développés des projets dans les domaines des hydrocarbures et de l’électricité, respectivement. La commission note que, conformément à la loi sur les hydrocarbures, les procédures de consultation ont pour objet de parvenir à des accords ou, le cas échéant, à un consentement, conformément à la réglementation applicable. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les processus de consultation menés auprès des communautés indigènes en vertu de la loi sur les hydrocarbures et de la loi sur l’électricité, en indiquant les moyens et les ressources dont disposent les autorités chargées des processus de consultation pour leur application appropriée, ainsi que sur les accords conclus.
La commission note que, dans ses observations, IndustriALL Global Union indique que les communautés indigènes ne disposent pas des mécanismes appropriés pour s’informer sur les évaluations d’impact environnemental publiées par le Secrétariat à l’environnement et aux ressources naturelles, ce qui les empêche de participer aux consultations publiques au sujet de ces évaluations. La commission prie le gouvernement d’indiquer la manière dont est assuré l’accès des communautés indigènes aux informations sur les études d’impact environnemental des projets qui ont un impact sur leur vie et sur leur environnement, ainsi que leur coopération à la préparation de ces évaluations.
Article 8. Droit coutumier. En réponse aux commentaires précédents de la commission, le gouvernement rappelle que le nouveau système de justice pénale, entré en vigueur en juin 2016, reconnaît la juridiction indigène pour le règlement des différends qui n’ont pas un caractère grave. La commission note que la loi générale sur les institutions et les procédures électorales, promulguée en mai 2014, dispose que les peuples et les communautés indigènes des entités fédératives peuvent choisir, conformément à leurs normes, procédures, pratiques et principes traditionnels, des autorités ou des représentants pour exercer leurs propres formes de gouvernement interne, en garantissant la participation des hommes et des femmes sur un pied d’égalité. La commission prie le gouvernement de fournir des exemples de cas dans lesquels les peuples indigènes ont eu recours à leurs procédures et pratiques traditionnelles pour l’élection des représentants, conformément à la loi générale sur les institutions et les procédures électorales. La commission prie à nouveau le gouvernement de donner des exemples d’affaires examinées par la juridiction indigène.
Article 12. Accès à la justice. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement en réponse à ses commentaires précédents concernant les mesures prises pour faciliter l’accès des peuples indigènes à la justice, notamment dans le cadre du Programme des droits indigènes (PRODEI). Elle prend note aussi des mesures prises pour que les personnes appartenant à des peuples indigènes aient un nom et une identité, notamment la mise en place, en 2016, de 33 modules d’enregistrement pour les peuples indigènes, dans des centres de coordination pour le développement indigène, ainsi que de campagnes d’enregistrement dans divers Etats. La commission note avec intérêt que la loi nationale sur l’application des peines, promulguée en juin 2016, dispose que, pour choisir un centre pénitentiaire pour la détention de personnes indigènes privées de liberté, il faut prendre en compte l’importance que revêt pour ces personnes le fait d’appartenir à leur communauté. La loi oblige l’administration pénitentiaire à adopter les moyens nécessaires pour que ces personnes puissent préserver leurs usages et leurs coutumes dans les centres, et disposer d’un interprète dans leur langue indigène (art. 35). Le gouvernement indique que, entre janvier 2013 et mai 2018, 5 157 indigènes primodélinquants, dont 491 femmes, ont pu être libérés grâce à un soutien économique en vue de l’application de mesures provisoires ou de sorties en alternance. L’Institut fédéral de la défense publique a créé une unité pour la prise en charge des indigènes, qui se déplace partout dans le pays où il est nécessaire de défendre une personne indigène. L’unité est composée de 25 défenseurs publics fédéraux, 21 agents administratifs, 1 expert en ethnopsychologie et un autre en anthropologie, qui ensemble parlent 34 langues et variantes linguistiques indigènes. Le gouvernement considère que le défi qui se pose est celui d’accréditer davantage d’avocats publics fédéraux pour défendre les peuples indigènes. La commission salue les efforts déployés par le gouvernement pour garantir l’accès à la justice des personnes appartenant à des peuples indigènes, et elle le prie de continuer à communiquer des informations sur les mesures prises pour garantir l’accès à la justice et la défense des peuples indigènes dans les procédures administratives et judiciaires, notamment devant des tribunaux agraires.
Article 14. Terres. La commission rappelle que la Constitution et la loi agraire protègent l’intégrité des terres des groupes indigènes. Le gouvernement mentionne le Programme de régularisation et d’enregistrement des actes juridiques agricoles. En vigueur depuis 2016, son objectif est de faciliter la régularisation des droits fonciers et l’enregistrement d’actes juridiques agricoles afin de donner une sécurité juridique à la propriété rurale. Il indique qu’il existe 55 tribunaux agraires compétents pour statuer sur les demandes de reconnaissance de leurs terres présentées par les peuples indigènes, et que le procureur pour les questions agricoles est chargé de veiller pleinement à la défense des droits agraires, y compris ceux des peuples indigènes. La commission prend note des informations sur les conventions de conciliation entre des communautés conclues pour déterminer des démarcations, avec l’intervention du procureur pour les questions agricoles. La commission prie le gouvernement de communiquer des informations actualisées sur toutes les terres qui ont été identifiées et pour lesquelles des titres de propriété ont été attribués en faveur des communautés indigènes, en indiquant le régime de propriété. Prière aussi d’indiquer les capacités et les moyens dont dispose le procureur pour les questions agricoles pour traiter les demandes présentées par les peuples intéressés.
La commission prie le gouvernement de transmettre ses commentaires sur les observations communiquées en 2016 par le Syndicat des travailleurs au service de l’Etat et des municipalités de Tabasco qui portent sur la demande d’indemnisation de la population de Ribera Alta de Quintín Arauz, Centla, Etat de Tabasco, comme suite à la décision du tribunal supérieur agraire de ne pas protéger une partie de leurs terres communales (ejido).
Article 20. Conditions de travail. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié le gouvernement de continuer à indiquer les mesures prises pour garantir une inspection du travail adéquate dans les zones où des travailleurs et des travailleuses appartenant aux peuples indigènes exercent leurs activités. Le gouvernement indique que, depuis 2013, la Direction générale de l’Inspection fédérale du travail applique le protocole d’inspection dans les domaines de la sécurité et de l’hygiène, de la formation et du perfectionnement pour les centres de travail agricole, qui permet de vérifier notamment la formalisation de l’emploi et le respect des normes de sécurité et de santé au travail, l’accent étant mis sur les travail des femmes enceintes ou allaitantes. Le gouvernement fournit également des informations sur l’action «Promotion du travail décent des jeunes universitaires indigènes». Lancée par la Direction générale de l’insertion professionnelle et du travail des mineurs, cette action cherche à renforcer l’employabilité des étudiants et étudiantes indigènes dans les Etats où la présence indigène est importante. La commission note que, selon l’étude diagnostique du droit au travail 2018 publiée par le Conseil national pour l’évaluation de la politique de développement social (CONEVAL), le taux d’emploi des locuteurs d’une langue indigène est de 73,8 pour cent chez les hommes et de 31,4 pour cent chez les femmes. La commission note en outre que, dans son rapport de 2018 sur le Mexique, la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a évoqué les graves violations des droits de l’homme et au travail dont sont victimes les travailleurs et les travailleuses indigènes en milieu rural, notamment l’exposition à des produits agrochimiques, l’absence de sécurité sociale et de services de santé, et la violence sexuelle (A/HRC/39/17/Add.2, paragr. 88). La commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les mesures prises pour que les services de l’inspection du travail puissent exercer leurs fonctions de manière appropriée là où se trouvent des travailleurs indigènes, afin de leur garantir une protection efficace en matière de conditions de travail. La commission prie également le gouvernement de communiquer des informations sur l’impact des mesures prises pour améliorer l’accès à l’emploi des hommes et des femmes indigènes.
Articles 24 et 25. Santé et sécurité sociale. La commission prend note des informations fournies par le gouvernement sur les mesures prises pour contribuer à réduire l’écart existant entre la population indigène et le reste de la population dans l’accès aux soins médicaux hospitaliers. Le gouvernement indique que, au cours de la période 2013-2018, une aide économique, consultative et de gestion a été fournie à plus de 13 000 patients indigènes, dont la plupart provenaient de municipalités ayant des niveaux élevés, voire très élevés, de marginalisation, pour leur permettre d’accéder aux services médicaux spécialisés et de recevoir des soins. La commission prend note de l’intégration du critère d’interculturalité dans l’évaluation qui est effectuée en vue de l’octroi de cartes d’accréditation aux établissements de soins de santé. Elle note également que, en 2017, 12 944 583 indigènes au total, soit 49,54 pour cent de la population indigène estimée, sont affiliés à l’assurance populaire (Seguro Popular). La commission prie le gouvernement de communiquer des informations sur le nombre et la répartition des centres de soins de santé dans les zones où les peuples indigènes sont plus nombreux, ainsi que sur les mesures prises pour que ces peuples jouissent du plus haut niveau possible de soins de santé physique et mentale, et d’indiquer la manière dont leurs méthodes de soins préventifs, pratiques de guérison et remèdes traditionnels sont pris en compte. La commission prie aussi le gouvernement d’indiquer les mesures prises pour accroître le nombre d’indigènes couverts par le système de sécurité sociale ou bénéficiaires d’autres prestations sociales.
Articles 26 à 31. Education et médias. La commission note avec intérêt que l’article 3 de la Constitution, telle que modifiée en mai 2019, dispose que les peuples et communautés indigènes reçoivent une éducation multilingue et interculturelle fondée sur le respect, la promotion et la préservation du patrimoine historique et culturel, et que les plans et programmes d’études doivent inclure la connaissance des langues indigènes. La commission prend note des informations fournies sur les mesures prises pour combler les lacunes en matière d’éducation de la population indigène dans l’enseignement primaire et dans l’enseignement secondaire supérieur. Elle prend également note des informations sur les activités menées dans le cadre du Programme d’appui à l’éducation indigène (PAEI), dont le but est de contribuer au maintien, au développement et à l’achèvement des études des enfants, adolescents et jeunes indigènes âgés de 5 à 29 ans qui appartiennent aux peuples et aux communautés indigènes et afro-mexicaines, au moyen de services d’alimentation, de logement et d’activités complémentaires, en donnant la priorité à ceux qui ne bénéficient pas de possibilités éducatives dans leur communauté. Entre 2013 et 2018, un total de 32 043 personnes ayant bénéficié du PAEI ont pu terminer leurs études secondaires et 16 029 obtenir leur baccalauréat. La commission note que, selon l’étude diagnostique du droit à l’éducation 2018 réalisée par le CONEVAL, 13,7 pour cent des enfants et des jeunes indigènes âgés de 3 à 17 ans ne fréquentent pas l’école, la désertion scolaire étant plus élevée parmi les adolescents indigènes. Selon l’étude, le taux d’analphabétisme de la population indigène âgée de 30 à 64 ans est de 21 pour cent.
La commission note que, dans ses observations finales concernant le Mexique en juillet 2018, le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes fait état de représentations stéréotypées et négatives des femmes autochtones et des femmes afro-mexicaines dans les médias (CEDAW/C/MEX/CO/9, paragr. 19(c)). Le gouvernement indique que le Secrétariat à l’éducation produit des contenus et des matériels qui donnent de la visibilité à la population indigène et afro-mexicaine, et dont les thèmes transversaux sont la non-discrimination, la diversité sociale, ethnique et culturelle et les droits de l’homme, afin de sensibiliser la population scolaire et la communauté éducative en général.
La commission salue les efforts visant à promouvoir la reconnaissance du droit des peuples indigènes à une éducation interculturelle et bilingue, et prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur l’impact des mesures prises pour diminuer le taux d’abandon scolaire chez les adolescents indigènes et pour réduire l’analphabétisme chez les adultes indigènes. La commission prie également le gouvernement de fournir des exemples des matériels élaborés, en coopération avec les peuples indigènes, pour éliminer les préjugés à l’égard de ces peuples, et en particulier des femmes indigènes, et d’indiquer comment ces matériels sont diffusés.

C169 - Observation (CEACR) - adoptée 2019, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note des observations du Syndicat des travailleurs au service de l’Etat et des municipalités de Tabasco, reçues le 28 avril 2016, et d’IndustriALL Global Union (IndustriALL), reçues le 1er septembre 2017. Elle prend note aussi des observations de la Confédération patronale de la République du Mexique (COPARMEX) et de la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM) transmises par le gouvernement avec son rapport. De plus, la commission prend note des observations de l’Organisation internationale des employeurs (OIE), reçues le 2 septembre 2019, qui comprennent des commentaires généraux sur l’application de la convention.
Articles 2 et 33 de la convention. Action coordonnée et systématique. Institut national des peuples indigènes. La commission prend note avec intérêt de la création de l’Institut national des peuples indigènes (INPI), en vertu de la loi du 4 décembre 2018, qui remplace la Commission nationale pour le développement des peuples indigènes. Le gouvernement indique dans son rapport que l’INPI est un organe décentralisé, placé sous l’autorité du pouvoir exécutif fédéral, qui est chargé de définir, réglementer, concevoir, exécuter, suivre et évaluer les politiques et programmes en faveur des peuples indigènes et afro mexicains, et de garantir l’application de leurs droits. Dans le cadre de ses fonctions, l’INPI doit mener des actions concertées et coordonnées avec les organismes et les entités de l’administration publique fédérale, les autorités des entités fédérales et les municipalités; assurer la participation des peuples indigènes et afro-mexicains; et se concerter avec les secteurs sociaux et privés, ainsi qu’avec les organisations internationales. La commission note que, au sein de l’INPI, le Conseil national des peuples indigènes a été créé en tant qu’organe de participation, de consultation et de liaison avec les peuples indigènes et afro mexicains. Le conseil est composé de représentants des peuples indigènes et afro mexicains, de centres universitaires spécialisés dans les questions indigènes, d’organisations indigènes, de peuples indigènes migrants qui résident à l’étranger, de conseils d’administration des commissions des affaires indigènes du Congrès de l’Union, d’autorités des entités fédératives et d’organismes internationaux (articles 11 et 18 de la loi). La commission salue la création de l’Institut national des peuples indigènes en tant qu’institution chargée des affaires indigènes, et veut croire que cette mesure contribuera à la mise en œuvre d’une action coordonnée et systématique des institutions et des entités gouvernementales à tous les niveaux, avec la participation des peuples indigènes et afro-mexicains, afin de garantir l’application effective de la convention. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les moyens et les ressources dont dispose l’institut pour s’acquitter convenablement de ses fonctions, et d’indiquer comment, dans la pratique, le Conseil national des peuples indigènes participe à l’élaboration et au suivi des politiques et programmes confiés à l’institut.
Article 2, paragraphe 2 b), et article 7. Développement. Programme national des peuples indigènes. Dans ses commentaires précédents, la commission a prié le gouvernement de fournir des informations sur les programmes et les projets visant à promouvoir les droits économiques et sociaux des peuples indigènes. La commission prend note des informations détaillées fournies par le gouvernement concernant les activités menées dans le cadre de divers programmes de développement économique et social des peuples indigènes, en particulier le Programme d’infrastructure indigène (PROII) et le Programme pour l’amélioration de la production et de la productivité indigènes (PROIN). Elle note également les informations concernant la répartition du budget alloué à ces programmes. Le gouvernement indique que, entre 2014 et 2018, 52 899 hommes et 53 299 femmes au total ont bénéficié d’une aide du PROIN pour des projets communautaires productifs, tandis que 67 230 hommes et 51 858 femmes ont bénéficié de mesures visant à atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter. Toutefois, la commission note que, selon les statistiques publiées en 2018 par le Conseil national pour l’évaluation de la politique de développement social (CONEVAL), 2,2 millions de personnes s’exprimant dans une langue indigène souffrent de carences faute d’un accès suffisant à l’alimentation. La commission note que, dans ses observations figurant dans le rapport du gouvernement, la COPARMEX souligne l’ample cadre normatif de la protection des droits des peuples indigènes, ainsi que les progrès réalisés dans les politiques publiques spécifiques menées dans ce domaine. La COPARMEX note toutefois que des lacunes subsistent: en 2016, selon les données du CONEVAL, 71,9 pour cent de la population indigène, soit 8,3 millions de personnes, se trouvaient en situation de pauvreté; ce chiffre passe à 77,6 pour cent pour la population parlant une langue indigène, c’est-à-dire bien plus que la moyenne nationale (43,65 pour cent).
La commission salue l’adoption du Programme national en faveur des peuples indigènes 2018 2024, dont les principes fondamentaux sont le renforcement des processus d’autonomie et d’organisation des peuples indigènes et afro-mexicains, ainsi que leur participation effective à la conception, à l’exécution et à l’évaluation des politiques publiques et programmes gouvernementaux qui les concernent. Ce programme cherche notamment à élaborer des plans intégraux de développement régional en coordination avec les peuples indigènes et afro-mexicains, à renforcer les projets productifs ayant une perspective de genre, à créer des emplois, à améliorer les infrastructures de communication et à promouvoir et à appliquer le droit à la participation et à la consultation. La commission veut croire que le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs énoncés dans le Programme national des peuples indigènes 2018 2024, et le prie de fournir des informations, y compris des données statistiques, au sujet de l’impact des mesures et des programmes adoptés dans ce cadre sur la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels des membres des peuples indigènes et afro-mexicains. La commission prie également le gouvernement d’indiquer la manière dont les peuples indigènes et afro-mexicains participent à la conception, à la mise en œuvre et à l’évaluation des initiatives de développement menées dans le cadre du programme, tant au niveau fédéral que dans les différentes entités fédératives.
Article 3. Droits de l’homme. Santé reproductive. Dans ses commentaires précédents, la commission a prié le gouvernement d’indiquer comment le consentement éclairé des membres des peuples indigènes est garanti dans les programmes de planification familiale et de contraception. Le gouvernement indique que, depuis 2013, des programmes de planification familiale et de contraception avec une optique interculturelle ont été mis en œuvre à l’intention des adolescents des populations indigènes. Le gouvernement indique également que des «liens interculturels» ont été organisés dans 11 entités fédératives, lesquels réunissent des personnes issues de communautés indigènes formées aux soins de santé maternelle et néonatale. Elles servent d’interprètes entre les professionnels de la santé et les femmes indigènes, ce qui renforce la confiance dans les services de santé et leur crédibilité parmi la population indigène. La commission prend note de la recommandation générale no 31/2017 de la Commission nationale des droits de l’homme (organe gouvernemental décentralisé habilité à formuler des recommandations à l’adresse des autorités publiques dans le domaine des droits de l’homme). La recommandation indique que les sages-femmes, de même que les femmes indigènes enceintes, sont l’objet de mauvais traitements culturels et sociaux en ce qui concerne la santé reproductive, et que les mesures nécessaires doivent être prises pour renforcer le lien entre la pratique traditionnelle de l’accouchement et le système national de santé. La commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées sur la manière dont les adolescents et les adolescentes indigènes participent à la conception et à l’exécution des programmes de planification familiale et de contraception, compte étant tenu de leur culture et de leur mode de vie. La commission prie également le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour prévenir les mauvais traitements infligés aux femmes indigènes et afro-mexicaines qui ont recours aux soins obstétricaux, et de continuer à promouvoir le respect de l’accouchement traditionnel dans le cadre du système sanitaire national.
Article 6. Consultation. Dans ses commentaires précédents, la commission a pris note du protocole de consultation des peuples et des communautés indigènes, approuvé en 2013 par la Commission nationale pour le développement des peuples indigènes, et a prié le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les progrès réalisés dans le sens de l’adoption d’une législation sur la consultation. Le gouvernement indique que le protocole est un document général qui établit les principes et les procédures méthodologiques et techniques applicables à tout un ensemble de situations. Sur la base de ce protocole, l’INPI a élaboré et publié en mars 2019 un protocole spécifique pour la consultation des peuples indigènes et afro-mexicains au sujet du Plan national de développement 2019 2024, qui prévoit une phase d’informations, de délibérations, de consultations et d’accords, ainsi qu’une phase de suivi. La commission note que, conformément à la loi sur l’Institut national des peuples indigènes, l’INPI sera l’organe technique de consultation préalable, libre et éclairée sur les mesures législatives et administratives au niveau fédéral (art. 4), et que le Programme national pour les peuples indigènes 2018-2024 prévoit l’élaboration d’une initiative en vue d’une loi sur la consultation préalable, libre et éclairée des peuples indigènes.
La commission renvoie à son observation générale adoptée en 2018 dans laquelle elle a rappelé l’importance de consulter préalablement les peuples couverts par la convention avant d’adopter une législation ou d’établir des mécanismes de consultation («consultation pour la consultation»). Dans ces conditions, la commission prie le gouvernement de communiquer des informations sur les progrès réalisés dans l’adoption d’une législation sur la consultation, et d’indiquer les mesures prises pour garantir sur ce sujet des consultations approfondies et éclairées des peuples indigènes et du peuple afro-mexicain. Dans l’attente de l’adoption de la législation, la commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les processus de consultation engagés sur la base du protocole pour la mise en œuvre des consultations des peuples et des communautés indigènes et sur leurs résultats, et d’indiquer la manière dont les peuples concernés y participent par l’intermédiaire de leurs institutions représentatives, sur les difficultés rencontrées dans ces processus et sur les mesures prises par l’INPI pour y remédier. Prière aussi de communiquer des informations sur le respect des accords conclus dans le cadre du processus de consultation du Plan national de développement 2019 2024.
Consultation sur la réforme constitutionnelle et législative concernant les droits des peuples indigènes et afro-mexicains. La commission prend note avec intérêt du processus de dialogue et de consultation sur la réforme constitutionnelle et législative concernant les droits des peuples indigènes et afro-mexicains qui s’est déroulé entre juin et août 2019, dans le cadre de 54 réunions régionales qui ont couvert 68 peuples indigènes et le peuple afro mexicain. Ce processus, organisé par le ministère de l’Intérieur et l’INPI, visait à recueillir des vues et des propositions sur l’initiative de réforme constitutionnelle et sur les lois réglementaires correspondantes concernant les peuples indigènes et le peuple afro-mexicain. A l’issue de ces consultations, des propositions ont été formulées, notamment sur la reconnaissance constitutionnelle des peuples indigènes en tant que sujets de droit public, ainsi que la reconnaissance de la relation particulière des peuples indigènes avec leur territoire, de leur droit à la participation politique, à la représentation et à la consultation, et des droits des personnes indigènes déplacées. Les propositions ont été remises au Président de la République en août 2019 pour qu’elles servent de point de départ à l’élaboration d’initiatives de réforme constitutionnelle et législative. La commission prie le gouvernement d’indiquer la manière dont les propositions formulées par les peuples indigènes et le peuple afro mexicain, dans le cadre du processus de dialogue et de consultation sur la réforme constitutionnelle et législative concernant les droits des peuples indigènes et afro mexicains, ont été prises en compte dans le processus de réforme constitutionnelle et législative en ce qui concerne leurs droits et les mesures qui les touchent directement.
Articles 14 et 18. Conflits fonciers. Intrusion. La commission a pris note de plusieurs conflits liés à l’occupation de terres qui touchaient des communautés indigènes. Elle a prié le gouvernement d’indiquer les mesures prises pour garantir la protection effective des droits des peuples indigènes sur les terres qu’ils occupent traditionnellement, et de répondre à leurs revendications. Le gouvernement donne plusieurs exemples de conflits territoriaux entre des communautés qui ont été résolus grâce à l’intervention du Procureur pour les questions agricoles. La commission note que, en mars 2017, la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a pris des mesures provisoires en faveur des membres de la communauté indigène de Choréachi de la Sierra Tarahumara dans l’Etat de Chihuaha, en raison de la situation de violence créée par les tentatives d’organisations criminelles d’occuper les terres communautaires. La commission note également que, dans son rapport de 2018 pour le Mexique, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones mentionne la situation du peuple autochtone Cucapa de Basse-Californie, dont les activités traditionnelles ont été limitées en raison de la création d’une zone protégée et de la présence de pêcheurs illégaux (A/HRC/39/17/Add.2 paragr. 28). La commission prie le gouvernement d’intensifier ses efforts pour protéger la possession par les peuples indigènes des terres qu’ils occupent traditionnellement, pour protéger leur droit d’utiliser les terres auxquelles ils ont traditionnellement accès pour leurs activités traditionnelles et de subsistance, et pour prévenir et sanctionner toute intrusion sur les terres des peuples concernés. La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les résultats des mesures prises à ce sujet, en particulier en ce qui concerne la situation de la communauté indigène de Choréachi dans l’Etat de Chihuahua et de la communauté Cucapa dans l’Etat de Basse-Californie. La commission prie aussi le gouvernement de fournir des informations actualisées sur les mesures prises pour régler définitivement le différend territorial concernant la communauté de San Andrés de Cohamiata, auquel elle a fait référence dans ses commentaires précédents.
La commission soulève d’autres questions dans une demande qu’elle adresse directement au gouvernement.

C173 - Réponses reçues aux questions soulevées dans une demande directe qui ne donnent pas lieu à d’autres commentaires (CEACR) - adoptée 2019, publiée 109ème session CIT (2021)

La commission prend note des informations communiquées par le gouvernement qui répondent aux points soulevés dans sa précédente demande directe et n’a pas d’autres points à soulever à cet égard.

C182 - Observation (CEACR) - adoptée 2019, publiée 109ème session CIT (2021)

Article 3 a) et article 7, paragraphe 1, de la convention. Vente et traite et sanctions. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié instamment le gouvernement d’intensifier ses efforts pour assurer l’élimination dans la pratique de la traite des enfants, en veillant à ce que des enquêtes approfondies soient menées à leur terme et que des sanctions suffisamment efficaces et dissuasives soient imposées dans la pratique contre des personnes qui se livrent à de tels actes, y compris des fonctionnaires de l’Etat soupçonnés de complicité. Elle l’avait prié en outre de continuer à fournir des informations détaillées sur la mise en œuvre de la loi contre la traite de 2012, par les Etats de la Fédération, soit notamment sur le nombre d’infractions signalées, d’enquêtes menées, de poursuites engagées, de condamnations prononcées et de sanctions pénales imposées dans les cas d’enfants et d’adolescents victimes.
Conformément aux mesures prises par le gouvernement dans le cadre de l’application de la loi générale de 2012 contre la traite des personnes, la commission prend note des informations fournies par le gouvernement dans son rapport, selon lesquelles, en 2016, 24 entités fédératives spécialisées dans la poursuite des délits de traite des personnes ont été constituées, comprenant 375 employés, parmi lesquels 215 femmes.
La commission prend également note des rapports d’activités de 2016 de la Commission interministérielle pour la prévention, la lutte et les sanctions en matière de traite des personnes et pour la protection et l’assistance aux victimes de ces crimes. Sur un total de 760 victimes de sexe féminin recensées, 152 sont des filles de moins de 18 ans, victimes de traite à des fins de prostitution infantile ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, 15 filles victimes d’exploitation par le travail, 3 filles victimes de traite relative à des travaux forcés et, finalement, 3 filles victimes de traite à des fins d’activités criminelles illicites. Sur un total de 129 victimes de sexe masculin reportées, 20 sont des garçons de moins de 18 ans, victimes de traite à des fins de prostitution infantile ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, 17 garçons victimes d’exploitation par le travail, 3 garçons victimes de traite pour le travail forcé et 1 garçon victime de traite à des fins d’activités criminelles illicites. Sur les 107 délits de traite portés devant la justice, 27 acquittements ont eu lieu et 77 condamnations ont été prononcées.
En outre, la commission prend note du suivi d’un dossier d’enquête pour délit d’exploitation par le travail contre un fonctionnaire d’Etat, ainsi que de trois enquêtes préalables et une enquête en cours contre des fonctionnaires d’Etat pour délits de pornographie infantile, sans pouvoir préciser le nombre de victimes de moins de 18 ans dans le cas de ces délits. Réitérant sa préoccupation sur le nombre peu élevé de condamnations obtenues pour des faits de traite d’enfants de moins de 18 ans en vue de leur exploitation sexuelle à des fins commerciales et par les allégations de complicité de fonctionnaires de l’Etat dans cette traite, la commission prie à nouveau le gouvernement d’intensifier ses efforts à cet égard. Elle prie le gouvernement de continuer à fournir des informations détaillées sur le nombre d’infractions signalées, d’enquêtes menées, de poursuites engagées, de condamnations prononcées et de sanctions pénales imposées dans les cas d’enfants et d’adolescents victimes, ventilées par genre et par âge.
Article 3 b). Utilisation, recrutement ou offre d’un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel pornographique ou de spectacles pornographiques. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la prostitution infantile et la pornographie infantile, en veillant notamment à ce que des enquêtes approfondies soient menées à leur terme et que des sanctions suffisamment efficaces et dissuasives soient prononcées contre les auteurs de tels actes. Elle l’avait également prié de continuer à fournir des informations sur le nombre d’infractions signalées, d’enquêtes menées, de poursuites engagées, de condamnations prononcées et de sanctions pénales imposées pour les infractions en matière de prostitution infantile et de pornographie infantile.
La commission prend note de l’indication du gouvernement selon laquelle la publication du rapport qui fait suite aux observations finales du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies de 2015 (CRC/C/MEX/CO/4-5) est prévue pour octobre 2020. La commission prend note de la création, depuis 2015, d’un groupe de travail d’une trentaine d’institutions publiques, chargé du suivi des recommandations du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies. Elle prend également note de la création d’une commission suite à l’adoption de la loi générale sur les droits des filles, des garçons et des adolescents de 2014, visant à coordonner et à articuler le respect des recommandations du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, ainsi que les obligations internationales du Mexique en matière de respect, de garantie et de protection des droits des filles, des garçons et des adolescents.
La commission prend note des indications du gouvernement sur l’opération nationale Chinaulta qui vise un groupe d’individus utilisant des enfants de moins de 18 ans à des fins de production de matériel pornographique infantile à travers le réseau social WhatsApp.
La commission prend également note des informations du service du Procureur spécial chargé de la violence envers les femmes et de la traite des personnes (FEVIMTRA) qui recense, entre le 1er juillet 2015 et le 31 mai 2018, 87 enquêtes réalisées dans des affaires de traite des enfants sous forme de pornographie infantile et 10 enquêtes réalisées dans le cadre de la traite des enfants sous d’autres formes d’exploitation sexuelle. Finalement, 18 condamnations pour délit de traite des enfants sous forme de pornographie infantile ont été prononcées. Concernant ces dossiers et ces enquêtes, un total de 159 enfants, victimes de traite des enfants sous forme de pornographie infantile, et un total de 22 enfants, victimes de traite des enfants sous d’autres formes d’exploitation sexuelle, ont été enregistrés par le FEVIMTRA. La commission prie le gouvernement de continuer à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la prostitution infantile et la pornographie infantile, en veillant notamment à ce que des enquêtes approfondies soient menées à leur terme et que des sanctions suffisamment efficaces et dissuasives soient prononcées contre les auteurs de tels actes. Elle le prie à nouveau de fournir des informations sur le type de sanctions pénales imposées pour les infractions en matière de prostitution infantile et de pornographie infantile.
Article 3 d) et article 4, paragraphe 1. Travaux dangereux et détermination de la liste de travaux dangereux. Dans ses commentaires précédents, la commission avait encouragé le gouvernement à intensifier ses efforts pour assurer que, dans la pratique, aucun enfant de moins de 18 ans ne peut être engagé dans un travail susceptible de nuire à sa santé, à sa sécurité ou à sa moralité, conformément aux articles 175 et 176 du décret. La commission avait prié le gouvernement de fournir des informations sur le nombre d’infractions détectées et de sanctions imposées à cet égard.
La commission prend note de la diminution de 26,6 pour cent à 18,2 pour cent d’utilisation d’enfants et d’adolescents de moins de 18 ans dans des travaux dangereux, entre 2007 et 2017, selon l’enquête du Module du travail des enfants de l’Institut national de statistique et de géographie. Tout en accueillant favorablement la diminution du taux d’enfants engagés dans les travaux dangereux au Mexique, la commission prie à nouveau le gouvernement de continuer à prendre des mesures pour s’assurer qu’aucun enfant de moins de 18 ans ne peut être engagé dans un travail susceptible de nuire à sa santé, à sa sécurité ou à sa moralité. Elle le prie de fournir des informations détaillées par genre et par tranche d’âge, sur le nombre d’infractions détectées et sur les sanctions imposées à cet égard.
Article 6. Programmes d’action. Traite. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié le gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises dans le cadre du programme national visant à prévenir, réprimer et éliminer les crimes liés à la traite des personnes ainsi qu’à protéger et à apporter une assistance aux victimes de ces crimes, en particulier pour ce qui a trait à l’élimination de la vente et de la traite d’enfants.
La commission prend note, selon le rapport du gouvernement, des actions réalisées par le FEVIMTRA conformément aux quatre objectifs du programme national visant à prévenir, réprimer et éliminer les crimes liés à la traite des personnes ainsi qu’à protéger et apporter une assistance aux victimes de ces crimes. Concernant la prévention, le FEVIMTRA a coordonné des activités de sensibilisation auprès de la population et des actions de renforcement des capacités du personnel chargé des victimes de la traite des personnes. Il a également distribué du matériel de sensibilisation relatif au crime de traite des personnes.
La commission prend bonne note des mécanismes annuels de collaboration entre entités fédérales pour les enquêtes et les opérations conjointes dans la poursuite des crimes de traite des personnes. De même, elle prend note que la Commission interministérielle pour la prévention, la lutte et les sanctions en matière de traite des personnes et pour la protection et l’assistance aux victimes de ces crimes réalise des rapports trimestriels, semestriels et annuels en matière de traite de personnes. La commission prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les mesures prises dans le cadre du programme national visant à prévenir, réprimer et éliminer les crimes liés à la traite des personnes ainsi qu’à protéger et prendre en charge les victimes de ces crimes, en particulier pour ce qui a trait à l’élimination de la vente et de la traite d’enfants.
Article 7, paragraphe 2. Mesures efficaces dans un délai déterminé. Alinéas a) et b). Empêcher que des enfants ne soient engagés dans les pires formes de travail des enfants et les soustraire à ces pires formes, et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale. Traite et exploitation sexuelle à des fins commerciales. Dans ses commentaires précédents, la commission avait encouragé le gouvernement à continuer de prendre des mesures pour soustraire les enfants de la traite et de l’exploitation sexuelle à des fins commerciales et pour assurer leur réadaptation et leur intégration sociale. Elle l’avait également prié de continuer à fournir des informations sur les mesures prises à cet égard ainsi que sur les résultats obtenus en ce qui concerne le nombre d’enfants soustraits à ces pires formes de travail des enfants puis réadaptés et intégrés socialement.
La commission prend note, selon le rapport du gouvernement, des diverses actions de protection et de réinsertion des victimes des délits de traite des personnes et des victimes d’exploitation sexuelle, réalisées par le FEVIMTRA. L’Unité de soins d’urgence s’occupe des femmes, des filles et des garçons victimes de traite des personnes et elle fournit un accompagnement psychologique et social, notamment en vue des entretiens des victimes avec le corps policier et des audiences. Cette unité fournit un accompagnement juridique, sous la forme de conseils et de suivi juridique, un appui en vue d’une régularisation de la situation du statut migratoire ou d’un retour assisté et, si besoin, pour l’octroi de visas pour des raisons humanitaires. La commission prend note également des actions de réintégration socio-économique du FEVIMTRA à travers les activités d’un centre d’accueil spécialisé, qui favorise entre autres la réinsertion sociale des victimes de traite et d’exploitation sexuelle à des fins commerciales.
La commission prend également note des différentes collaborations entre le FEVIMTRA, la Commission mexicaine d’aide aux réfugiés (COMAR) et la Commission exécutive de l’attention aux victimes, ainsi que la création du Bureau fédéral de protection des filles, des garçons et des adolescents qui a débuté ses actions en octobre 2015 dans 32 Etats fédérés du Mexique. La commission prie à nouveau le gouvernement de fournir des informations sur le nombre d’enfants qui auront été soustraits de ces pires formes de travail des enfants puis réadaptés et intégrés socialement. Elle encourage le gouvernement à continuer de prendre des mesures pour soustraire les enfants de la traite et de l’exploitation sexuelle à des fins commerciales et pour assurer leur réadaptation et leur intégration sociale.
Article 8. Coopération internationale. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié à nouveau le gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises et les résultats obtenus dans le cadre des mémorandums d’accord signés avec les gouvernements du Guatemala, du Honduras, d’El Salvador et du Nicaragua.
La commission prend note de l’indication du gouvernement dans son rapport selon laquelle le Mexique n’a qu’un accord d’échange d’informations et d’expériences en vue de combattre le crime organisé transfrontalier, le trafic de drogues/stupéfiants et d’autres crimes connexes entre le Bureau du procureur général (PGR) de la République du Mexique et le PGR d’El Salvador, et qu’aucune activité en matière de traite des personnes n’a été reportée.
La commission prend note du programme des agents de protection à l’enfance de l’Institut national des migrations (INM), dont l’objectif est de garantir le respect des droits des filles, des garçons et des adolescents migrants, particulièrement aux non-accompagnés. Il existe 331 bureaux de protection de l’enfance dans 32 délégations fédérales de l’INM, qui reçoivent régulièrement des renforcements de capacités par des entités nationales, telles que le Système national pour le développement intégral de la famille, la COMAR, l’Institut national des femmes, la Commission nationale des droits de l’homme et le Conseil national pour la prévention de la discrimination ou encore, par des organisations internationales, telles que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, l’Organisation internationale pour les migrations et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Entre 2015 et mai 2018, selon le rapport du gouvernement, l’INM a assisté 3 500 migrants, dont 169 victimes du délit de traite des personnes parmi lesquelles trois victimes sont des enfants de moins de 18 ans. La commission prend note que, en mai 2018, 12 249 filles, garçons et adolescents migrants de moins de 18 ans avaient été recensés à l’INM, dont 4 416 enfants non accompagnés.
La commission prend également note, selon le rapport du gouvernement, que le FEVIMTRA a participé à plusieurs réunions de groupes de travail appuyés par le Département de justice des Etats-Unis d’Amérique dans le but d’améliorer les actions conjointes dans la lutte contre les délits de traite des personnes entre le Mexique et les Etats-Unis.
De même, la commission prend note de la participation du gouvernement à l’opération régionale ROCA «Rompiendo Cadenas» actuellement dans sa troisième phase, dont l’objectif est de développer des actions régionales pour lutter contre les activités criminelles organisées de traite des personnes et contre les infractions analogues envers les enfants et les adolescents, en portant assistance aux victimes et en leur fournissant des soins et de la protection, tout en menant des enquêtes sur les structures criminelles organisées. Dans la période considérée, 91 interventions ont été effectuées et 70 victimes ont bénéficié d’une assistance. La commission prend note que le gouvernement a participé, en 2018, à l’évaluation de l’Opération ROCA II au Costa Rica sur laquelle se basent les plans de ROCA III. En outre, la commission prend note de la participation du gouvernement du Mexique à l’opération internationale DRACART qui vise à optimiser les enquêtes sur la pornographie infantile en vue de poursuites pénales dans 23 pays du monde entier. La commission encourage le gouvernement à continuer de poursuivre ses efforts de coopération internationale avec les pays voisins pour combattre la traite des enfants. Elle le prie également de continuer à fournir des informations sur les mesures prises dans le cadre de ses programmes, ainsi que sur les résultats obtenus. Dans la mesure du possible, ces informations devraient être ventilées par sexe et par âge.
La commission soulève d’autres questions dans une demande qu’elle adresse directement au gouvernement.

C182 - Demande directe (CEACR) - adoptée 2019, publiée 109ème session CIT (2021)

Article 3 de la convention. Pires formes de travail des enfants. Alinéa c). Utilisation, recrutement ou offre d’un enfant aux fins d’activités illicites. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié une nouvelle fois le gouvernement de fournir des informations détaillées sur le nombre de violations signalées et sur les sanctions imposées au titre de l’article 201 du Code pénal fédéral.
La commission prend note, selon le rapport du gouvernement, que des consultations auprès des autorités compétentes ont été menées dans le but d’obtenir des informations sur les délits de corruption de mineurs, relatifs au Code pénal fédéral, mais qu’il n’a pas fourni de détails concernant ces consultations. La commission prie donc instamment le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour fournir des informations détaillées sur le nombre de violations signalées et sur les sanctions imposées au titre de l’article 201 du Code pénal fédéral.
Article 7, paragraphe 2. Mesures efficaces prises dans un délai déterminé. Alinéa a). Empêcher que des enfants ne soient engagés dans les pires formes de travail des enfants. Accès à l’éducation de base gratuite. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié le gouvernement de poursuivre ses efforts afin d’améliorer le fonctionnement du système éducatif, en prêtant une attention particulière aux garçons, aux enfants des zones rurales, aux communautés autochtones et aux enfants de travailleurs migrants, tout en mettant l’accent sur le relèvement du taux de fréquentation scolaire dans l’enseignement secondaire. Elle l’avait prié également de continuer à fournir des informations sur les résultats obtenus à cet égard, dans le cadre de ses divers programmes d’éducation et d’inclusion sociale.
La commission prend note selon le rapport du gouvernement, des statistiques du Système national de contrôle éducatif pour la population migrante (SINACEM), dans le cadre du Programme pour une éducation inclusive et équitable. En 2015, le SINACEM a recensé un total de 38 451 élèves, en 2016, un total de 39 455 élèves et, en 2017, un total de 47 773 élèves bénéficiant de ce programme. La commission prend également note de la création de salles de classes mobiles pour les niveaux préscolaire, primaire et secondaire, destinées aux enfants et aux adolescents migrants. Ces salles de classe sont situées dans des abris, des camps, des exploitations agricoles ou, le cas échéant, proches de ces lieux, afin de soutenir l’éducation au sein de la population migrante. La commission prend également note de la collaboration du gouvernement avec d’autres entités gouvernementales et non gouvernementales, avec des universités, ainsi qu’avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, concernant les actions éducatives entreprises envers la population autochtone et la population migrante.
La commission prend également bonne note des statistiques du Programme d’inclusion sociale (PROSPERA) fournissant des bourses d’études pour l’éducation primaire et secondaire et pour le deuxième cycle de secondaire, ainsi que des aides pour les fournitures scolaires, dans le but de réduire la prévalence du travail des enfants dans le pays. Selon les informations statistiques du PROSPERA, un total de 6 133 087 élèves ont bénéficié d’une bourse en 2016, 6 144 165 élèves en 2017 et 6 145 951 élèves en 2018.
La commission note que le ministère du Travail et des Affaires sociales (STPS), en tant qu’organe d’exécution de la ligne d’action «Contribuer à l’éradication du travail des enfants», a présenté, en 2017, le label «Mexique sans travail des enfants». Cette stratégie incorpore les gouvernements des Etats fédérés et des municipalités, ainsi que les organisations du secteur privé, les syndicats et la société civile, dans la conception et la mise en œuvre d’activités qui contribuent à la prévention et l’éradication du travail des enfants et à la protection des adolescents dans le travail autorisé.
La commission prend également note de la révision de la «Feuille de route sur la mise en œuvre du modèle éducatif» du ministère de l’Éducation publique. Cette dernière offre une réorganisation du système éducatif pour améliorer l’incorporation de l’inclusion et l’équité, sans distinction d’origine, de sexe, de statut socio-économique, tout en reconnaissant les spécificités du contexte social et culturel des élèves. Elle offre également des mesures compensatoires pour les élèves en situation de vulnérabilité. Toutefois la commission souligne le manque d’informations détaillées ventilées par genre, concernant les communautés autochtones et le relèvement du taux de fréquentation scolaire dans l’enseignement secondaire. La commission prie donc le gouvernement de poursuivre ses efforts afin d’améliorer le fonctionnement du système éducatif et de fournir des informations détaillées sur les résultats obtenus dans le cadre de ses différents programmes, notamment concernant les garçons et des enfants des communautés autochtones et en mettant l’accent sur le relèvement du taux de fréquentation scolaire dans l’enseignement secondaire.
Alinéa d). Enfants particulièrement exposés à des risques. 1. Travail domestique des enfants. Dans ses commentaires précédents, considérant la forte incidence du travail domestique des enfants dans le pays, la commission avait prié instamment le gouvernement de prendre des mesures immédiates et efficaces pour protéger les enfants, en particulier les filles qui travaillent comme domestiques, des pires formes de travail des enfants et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale. Elle l’avait prié de communiquer des informations sur les mesures prises et les résultats obtenus à cet égard.
La commission prend note avec intérêt des données statistiques du gouvernement dans son rapport, selon lesquelles, en 2017, la participation des filles, des garçons et des adolescents âgés entre 5 et 17 ans, impliqués dans les pires formes de travail des enfants et qui effectuent un travail domestique, a diminué de 23,57 pour cent par rapport à 2015. Elle prend également note de l’objectif du gouvernement de réduire le travail domestique effectué par les enfants de 5,7 pour cent à 4,7 pour cent d’ici à 2025 le taux de tâches ménagères – au sein du domicile – dans des conditions inadéquates pour les enfants de 5 à 17 ans. En outre, elle observe que, d’après les résultats de l’Enquête nationale sur l’emploi et la profession, en 2018, 3,2 millions d’enfants entre 5 et 17 ans travaillent; 7,1 pour cent de ces enfants sont impliqués dans les pires formes de travail des enfants, alors que le travail dans des activités domestiques au domicile, sans rémunération et dans des conditions inappropriées, s’élève à 1 pour cent. Tout en prenant note des efforts du gouvernement, la commission le prie de continuer à prendre des mesures efficaces pour protéger les enfants des pires formes de travail des enfants, en particulier les filles qui travaillent comme domestiques, et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale. De même, elle le prie à nouveau de communiquer des informations sur les mesures prises et les résultats obtenus à cet égard.
2. Enfants engagés dans des travaux agricoles ou dans des activités urbaines informelles. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié instamment le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour protéger les enfants engagés dans des activités informelles en milieu urbain et dans l’agriculture des travaux dangereux, et elle l’avait prié de fournir des informations sur l’impact et les résultats obtenus, notamment dans le cadre de ses programmes.
La commission prend bonne note, dans le rapport du gouvernement, des statistiques fournies sur le Programme d’aide aux journaliers agricoles. Ce programme contribue à l’éradication des pires formes de travail des enfants grâce à une stratégie globale visant à prévenir et décourager l’intégration des enfants dans le monde du travail à un âge précoce par l’octroi de bourses et de soutiens alimentaires. De juillet 2015 à mai 2018, le programme de bourse a pris en charge un total de 47 933 enfants de journaliers agricoles (24 836 garçons et 23 097 filles). Le programme a également accordé une aide alimentaire pour un total de 174 759 enfants de moins de 14 ans (86 070 garçons et 88 689 filles). De plus, il prévoit l’octroi d’un soutien aux services de base, par le biais de subventions à la construction, à la réhabilitation, à l’expansion et au matériel d’infrastructure de logements temporaires pour les journaliers agricoles et leur famille.
La commission prend bonne note des actions du STPS qui obligent les entreprises demandeuses de subventions relatives à l’amélioration de leurs abris, à présenter le certificat de «Société agricole, libre du travail des enfants». Le STPS leur offre en outre la possibilité d’obtenir des conseils, un audit et un suivi sur deux ans, afin de satisfaire les exigences du certificat. La commission prie le gouvernement de continuer à prendre les mesures nécessaires pour protéger les enfants engagés dans des activités informelles en mettant l’accent sur les enfants en milieu urbain. Elle le prie de continuer à fournir des informations sur l’impact et les résultats obtenus, notamment dans le cadre de ces programmes.
3. Enfants des rues. Dans ses commentaires précédents, la commission avait encouragé le gouvernement à poursuivre ses efforts pour retirer les enfants des rues et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale dans chaque Etat.
La commission note que le gouvernement n’a pas fourni de nouvelles informations dans son rapport sur les enfants des rues. Rappelant une nouvelle fois que les enfants des rues sont particulièrement exposés aux pires formes de travail des enfants, la commission prie à nouveau le gouvernement de poursuivre ses efforts pour retirer les enfants des rues et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale dans chaque Etat. Elle le prie à nouveau de continuer à fournir des informations sur le nombre d’enfants retirés de la rue, réadaptés et intégrés socialement.
4. Application de la convention dans la pratique et inspection du travail. Dans ses commentaires précédents, la commission avait prié le gouvernement de continuer à fournir des statistiques et d’autres informations sur la nature, l’ampleur et l’évolution des pires formes de travail des enfants, le nombre d’enfants couverts par les mesures donnant effet à la convention, le nombre et la nature des infractions constatées, des enquêtes, des poursuites, des condamnations et des sanctions pénales imposées.
La commission observe, selon les résultats du Module du travail des enfants de l’Institut national de statistique et de géographie de 2017, qu’un total de 2 312 414 filles, garçons et adolescents de 5 à 17 ans se trouvent impliqués dans le travail des enfants et que 89,4 pour cent de ces enfants sont soumis aux pires formes de travail des enfants. Cependant, le taux de travail des enfants de moins de 18 ans s’est réduit de 6,6 pour cent au niveau national (69,8 pour cent concernant les garçons et 30,1 pour cent concernant les filles).
La commission prend note de la version 2017 du protocole de l’inspection du travail en matière de sécurité et l’hygiène et en matière de conditions générales de travail et de formation pour les centres agricoles, publié par le STPS. Il soulève la nécessité de prendre les mesures nécessaires pour prévenir, traiter et sanctionner les cas dans lesquels des filles, des garçons ou des adolescents sont victimes du délit de traite des personnes ou de tout autre type d’exploitation, ainsi que dans le cas des autochtones qui travaillent dans le secteur agricole. Elle prend également note des 151 215 inspections du travail menées lors de la période considérée par le rapport, des 33 589 mesures dictées et d’un total de 751 756 enfants détectés par l’inspection du travail.
En outre, la commission prend note du Programme national de protection des filles, des enfants et des adolescents 2016-2018 coordonné par 35 instances de l’administration publique fédérale. Il fournit des informations ventilées et géoréférencées par municipalités sur le travail des enfants de 12 à 17 ans. La commission prend note également de la mise en place d’une stratégie dite «de raccourci» par les délégations fédérales, les gouvernements des Etats et les administrations municipales. Cette stratégie permet de donner la priorité aux enfants à risque, vivant dans des décharges et les briqueteries, et elle priorise les questions d’abandon scolaire et de grossesse chez les adolescentes, ceci afin de diminuer le risque de travail des adolescentes dans des conditions dangereuses. Prenant bonne note des mesures prises par le gouvernement, la commission le prie de continuer à fournir des statistiques et d’autres informations sur la nature, l’ampleur et l’évolution des pires formes de travail des enfants, le nombre d’enfants couverts par les mesures donnant effet à la convention, le nombre et la nature des infractions constatées, des enquêtes, des poursuites, des condamnations et des sanctions pénales imposées. Dans la mesure du possible, toutes ces informations devraient être ventilées par sexe et par âge.
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