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Préambule
Attendu qu'une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice
sociale;
Attendu qu'il existe des conditions de travail impliquant pour un grand nombre de personnes
l'injustice, la misère et les privations, ce qui engendre un tel mécontentement que la paix et
l'harmonie universelles sont mises en danger, et attendu qu'il est urgent d'améliorer ces
conditions: par exemple, en ce qui concerne la réglementation des heures de travail, la fixation
d'une durée maximum de la journée et de la semaine de travail, le recrutement de la
main-d'oeuvre, la lutte contre le chômage, la garantie d'un salaire assurant des conditions
d'existence convenables, la protection des travailleurs contre les maladies générales ou
professionnelles et les accidents résultant du travail, la protection des enfants, des
adolescents et des femmes, les pensions de vieillesse et d'invalidité, la défense des intérêts
des travailleurs occupés à l'étranger, l'affirmation du principe «à travail égal, salaire égal»,
l'affirmation du principe de la liberté syndicale, l'organisation de l'enseignement professionnel
et technique et autres mesures analogues;
Attendu que la non-adoption par une nation quelconque d'un régime de travail réellement humain
fait obstacle aux efforts des autres nations désireuses d'améliorer le sort des travailleurs dans
leurs propres pays;
Les Hautes Parties Contractantes, mues par des sentiments de justice et d'humanité aussi bien
que par le désir d'assurer une paix mondiale durable, et en vue d'atteindre les buts énoncés dans
ce préambule, approuvent la présente Constitution de l'Organisation Internationale du
Travail:
Chapitre premier - Organisation
Article 1
Etablissement
- 1. Il est fondé une organisation permanente chargée de travailler à la
réalisation du programme exposé dans le Préambule de la présente Constitution et dans la
Déclaration concernant les buts et objectifs de l'Organisation internationale du Travail qui
a été adoptée à Philadelphie le 10 mai 1944 et dont le figure en annexe à la présente
Constitution.
Membres
- 2. Les Membres de l'Organisation Internationale du Travail seront les Etats qui
étaient Membres de l'Organisation au 1er novembre 1945 et tous autres Etats qui deviendraient
Membres conformément aux dispositions des paragraphes 3 et 4 du présent article.
- 3. Tout Membre originaire des Nations Unies et tout Etat admis en qualité de
Membre des Nations Unies par décision de l'Assemblée générale conformément aux dispositions
de la Charte peut devenir Membre de l'Organisation internationale du Travail en communiquant
au Directeur général du Bureau international du Travail son acceptation formelle des
obligations découlant de la Constitution de l'Organisation Internationale du Travail.
- 4. La Conférence générale de l'Organisation Internationale du Travail peut
également admettre des Membres dans l'Organisation à la majorité des deux tiers des délégués
présents à la session, y compris les deux tiers des délégués gouvernementaux présents et
votants. Cette admission deviendra effective lorsque le gouvernement du nouveau Membre aura
communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail son acceptation formelle
des obligations découlant de la Constitution de l'Organisation.
Retrait
- 5. Aucun Membre de l'Organisation Internationale du Travail ne pourra s'en
retirer sans avoir donné préavis de son intention au Directeur général du Bureau
international du Travail. Ce préavis portera effet deux ans après la date de sa réception par
le Directeur général, sous réserve que le Membre ait à cette date rempli toutes les
obligations financières résultant de sa qualité de Membre. Lorsqu'un Membre aura ratifié une
convention internationale du travail, ce retrait n'affectera pas la validité, pour la période
prévue par la convention, des obligations résultant de la convention ou y relatives.
Réadmission
- 6. Au cas où un Etat aurait cessé d'être Membre de l'Organisation, sa
réadmission en qualité de Membre sera régie par les dispositions des paragraphes 3 ou 4 du
présent article.
Article 2
Organes
- L'Organisation permanente comprendra:
- (a) une Conférence générale des représentants des Membres;
- (b) un Conseil d'administration composé comme il est dit à l'article 7;
- (c) un Bureau international du Travail sous la direction du Conseil
d'administration.
Article 3
Conférence
Sessions et délégués
- 1. La Conférence générale des représentants des Membres tiendra des sessions
chaque fois que besoin sera et au moins une fois par an. Elle sera composée de quatre
représentants de chacun des Membres, dont deux seront les délégués du gouvernement et dont
les deux autres représenteront respectivement, d'une part, les employeurs, d'autre part, les
travailleurs ressortissant à chacun des Membres.
Conseillers techniques
- 2. Chaque délégué pourra être accompagné par des conseillers techniques, dont le
nombre pourra être de deux au plus pour chacune des matières distinctes inscrites à l'ordre
du jour de la session. Quand des questions intéressant spécialement des femmes doivent venir
en discussion à la Conférence, une au moins parmi les personnes désignées comme conseillers
techniques devra être une femme.
Représentation des territoires non métropolitains
- 3. Tout Membre responsable des relations internationales de territoires non
métropolitains pourra désigner comme conseillers techniques supplémentaires pour accompagner
chacun de ses délégués:
- (a) des personnes désignées par lui comme représentants d'un tel territoire pour
certaines questions entrant dans le cadre de la compétence propre des autorités dudit
territoire;
- (b) des personnes désignées par lui pour assister ses délégués au sujet des questions
intéressant des territoires qui ne se gouvernent pas eux-mêmes.
- 4. S'il s'agit d'un territoire placé sous l'autorité conjointe de deux ou plusieurs
Membres, des personnes pourront être désignées pour assister les délégués de ces
Membres.
Désignation des représentants non gouvernementaux
- 5. Les Membres s'engagent à désigner les délégués et conseillers techniques non
gouvernementaux d'accord avec les organisations professionnelles les plus représentatives
soit des employeurs, soit des travailleurs du pays considéré, sous la réserve que de telles
organisations existent.
Statut des conseillers techniques
- 6. Les conseillers techniques ne seront autorisés à prendre la parole que sur la
demande faite par le délégué auquel ils sont adjoints et avec l'autorisation spéciale du
Président de la Conférence; ils ne pourront prendre part aux votes.
- 7. Un délégué peut, par une note écrite adressée au Président, désigner l'un de
ses conseillers techniques comme son suppléant, et ledit suppléant, en cette qualité, pourra
prendre part aux délibérations et aux votes.
- 8. Les noms des délégués et de leurs conseillers techniques seront communiqués
au Bureau international du Travail par le gouvernement de chacun des Membres.
Pouvoirs des délégués et conseillers techniques
- 9. Les pouvoirs des délégués et de leurs conseillers techniques seront soumis à
la vérification de la Conférence, laquelle pourra, par une majorité des deux tiers des
suffrages exprimés par les délégués présents, refuser d'admettre tout délégué ou tout
conseiller technique quelle ne jugera pas avoir été désigné conformément aux termes du
présent article.
Article 4
Droit de vote
- 1. Chaque délégué aura le droit de voter individuellement sur toutes les
questions soumises aux délibérations de la Conférence.
- 2. Dans le cas où l'un des Membres n'aurait pas désigné l'un des délégués non
gouvernementaux auquel il a droit, l'autre délégué non gouvernemental aura le droit de
prendre part aux discussions de la Conférence, mais n'aura pas le droit de voter.
- 3. Au cas où la Conférence, en vertu des pouvoirs que lui confère l'article 3,
refuserait d'admettre l'un des délégués d'un des Membres, les stipulations du présent article
seront appliquées comme si ledit délégué n'avait pas été désigné.
Article 5
Lieu de réunion de la Conférence
- Les sessions de la Conférence se tiendront, sous réserve de toute décision
qu'aurait pu prendre la Conférence elle-même au cours d'une session antérieure, au lieu fixé
par le Conseil d'administration.
Article 6
Siège du Bureau international du Travail
- Tout changement du siège du Bureau international du Travail sera décidé par la
Conférence à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés par les délégués
présents.
Article 7
Conseil d'administration
Composition
- 1. Le Conseil d'administration sera composé de cinquante-six personnes:
- Vingt-huit représentant les gouvernements,
- Quatorze représentant les employeurs, et
- Quatorze représentant les travailleurs.
Représentants gouvernementaux
- 2. Sur les vingt-huit personnes représentant les gouvernements, dix seront
nommées par les Membres dont l'importance industrielle est la plus considérable et dix-huit
seront nommées par les Membres désignés à cet effet par les délégués gouvernementaux à la
Conférence, exclusion faite des délégués des dix Membres susmentionnés.
Principales puissances industrielles
- 3. Le Conseil d'administration déterminera, chaque fois qu'il y aura lieu, quels
sont les Membres ayant l'importance industrielle la plus considérable et établira des règles
en vue d'assurer l'examen, par un comité impartial, de toutes questions relatives à la
désignation des Membres ayant l'importance industrielle la plus considérable avant que le
Conseil d'administration ne prenne une décision à cet égard. Tout appel formé par un Membre
contre la déclaration du Conseil d'administration arrêtant quels sont les Membres ayant
l'importance industrielle la plus considérable sera tranché par la Conférence, mais un appel
interjeté devant la Conférence ne suspendra pas l'application de la déclaration tant que la
Conférence ne se sera pas prononcée.
Représentants des employeurs et des travailleurs
- 4. Les personnes représentant les employeurs et les personnes représentant les
travailleurs seront élues respectivement par les délégués des employeurs et les délégués des
travailleurs à la Conférence.
Renouvellement du Conseil
- 5. Le Conseil sera renouvelé tous les trois ans. Si, pour une raison quelconque,
les élections au Conseil d'administration n'ont pas lieu à l'expiration de cette période, le
Conseil d'administration restera en fonctions jusqu'à ce qu'il soit procédé à ces
élections.
Postes vacants, désignation de suppléants, etc.
- 6. La manière de pourvoir aux sièges vacants, la désignation des suppléants et
les autres questions de même nature pourront être réglées par le Conseil sous réserve de
l'approbation de la Conférence.
Bureau du Conseil
- 7. Le Conseil d'administration élira dans son sein un président et deux
vice-présidents. Parmi ces trois personnes, l'une sera une personne représentant un
gouvernement et les deux autres seront respectivement des personnes représentant les
employeurs et les travailleurs.
Règlement
- 8. Le Conseil d'administration établira son règlement et se réunira aux époques
qu'il fixera lui-même. Une session spéciale devra être tenue chaque fois que seize personnes
faisant partie du Conseil auront formulé une demande écrite à cet effet.
Article 8
Directeur général
- 1. Un Directeur général sera placé à la tête du Bureau international du Travail;
il sera désigné par le Conseil d'administration, de qui il recevra ses instructions et
vis-à-vis de qui il sera responsable de la bonne marche du Bureau ainsi que de l'exécution de
toutes autres tâches qui auront pu lui être confiées.
- 2. Le Directeur général ou son suppléant assisteront à toutes les séances du
Conseil d'administration.
Article 9
Personnel
Recrutement
- 1. Le personnel du Bureau international du Travail sera choisi par le Directeur
général conformément aux règles approuvées par le Conseil d'administration.
- 2. Le choix fait par le Directeur général devra porter, dans toute la mesure
compatible avec le souci d'obtenir le meilleur rendement, sur des personnes de différentes
nationalités.
- 3. Un certain nombre de ces personnes devront être des femmes.
Caractère international des fonctions
- 4. Les fonctions du Directeur général et du personnel auront un caractère
exclusivement international. Dans l'accomplissement de leurs devoirs, le Directeur général et
le personnel ne solliciteront ni n'accepteront d'instructions d'aucun gouvernement ni
d'aucune autorité extérieure à l'Organisation. Ils s'abstiendront de tout acte incompatible
avec leur situation de fonctionnaires internationaux qui ne sont responsables qu'envers
l'Organisation.
- 5. Chaque Membre de l'Organisation s'engage à respecter le caractère
exclusivement international des fonctions du Directeur général et du personnel et à ne pas
chercher à les influencer dans l'exécution de leur tâche.
Article 10
Fonctions du Bureau
- 1. Les fonctions du Bureau international du Travail comprendront la
centralisation et la distribution de toutes informations concernant la réglementation
internationale de la condition des travailleurs et du régime du travail et, en particulier,
l'étude des questions qu'il est proposé de soumettre aux discussions de la Conférence en vue
de la conclusion de conventions internationales, ainsi que l'exécution de toutes enquêtes
spéciales prescrites par la Conférence ou par le Conseil d'administration.
- 2. Sous réserve des directives que pourrait lui donner le Conseil
d'administration, le Bureau:
- (a) préparera la documentation sur les divers points à l'ordre du jour des sessions de
la Conférence;
- (b) fournira aux gouvernements, sur leur demande et dans la mesure de ses moyens, toute
aide appropriée pour l'élaboration de la législation sur la base des décisions de la
Conférence, ainsi que pour l'amélioration de la pratique administrative et des systèmes
d'inspection;
- (c) s'acquittera, en conformité des stipulations de la présente Constitution, des
devoirs qui lui incombent en ce qui concerne l'observation effective des conventions;
- (d) rédigera et fera paraître dans telles langues que le Conseil d'administration jugera
appropriées des publications traitant des questions concernant l'industrie et le travail
qui présentent un intérêt international.
- 3. D'une manière générale, il aura tous autres pouvoirs et fonctions que la
Conférence ou le Conseil d'administration jugeront à propos de lui attribuer.
Article 11
Relations avec les gouvernements
- Les ministères des Membres qui s'occupent des questions ouvrières pourront
communiquer directement avec le Directeur général par l'intermédiaire du représentant de leur
gouvernement au Conseil d'administration du Bureau international du Travail ou, à défaut de
ce représentant, par l'intermédiaire de tel autre fonctionnaire dûment qualifié et désigné à
cet effet par le gouvernement intéressé.
Article 12
Relations avec les organisations internationales
- 1. L'Organisation internationale du Travail collaborera, dans le cadre de la
présente Constitution, avec toute organisation internationale générale chargée de coordonner
les activités d'organisations de droit international public ayant des tâches spécialisées et
avec les organisations de droit international public ayant des tâches spécialisées dans des
domaines connexes.
- 2. L'Organisation internationale du Travail pourra prendre des dispositions
appropriées pour que les représentants des organisations de droit international public
participent, sans droit de vote, à ses délibérations.
- 3. L'Organisation internationale du Travail pourra prendre toutes dispositions
utiles pour consulter, selon qu'il lui paraîtra désirable, des organisations internationales
non gouvernementales reconnues, y compris des organisations internationales d'employeurs, de
travailleurs, d'agriculteurs et de coopérateurs.
Article 13
Arrangements financiers et budgétaires
- 1. L'Organisation internationale du Travail peut conclure avec les Nations Unies
tels arrangements financiers et budgétaires qui paraîtraient appropriés.
- 2. En attendant la conclusion de tels arrangements ou si, à un moment quelconque
il n'en est pas qui soient en vigueur:
- (a) chacun des Membres paiera les frais de voyage et de séjour de ses délégués et de
leurs conseillers techniques, ainsi que de ses représentants prenant part aux sessions de
la Conférence et du Conseil d'administration selon les cas;
- (b) tous autres frais du Bureau international du Travail, des sessions de la Conférence
ou de celles du Conseil d'administration seront payés par le Directeur général du Bureau
international du Travail sur le budget général de l'Organisation Internationale du
Travail;
- (c) les dispositions relatives à l'approbation du budget de l'Organisation
internationale du Travail, ainsi qu'à l'assiette et au recouvrement des contributions,
seront arrêtées par la Conférence à la majorité des deux tiers des suffrages émis par les
délégués présents et stipuleront que le budget et les arrangements concernant la
répartition des dépenses entre les Membres de l'Organisation seront approuvés par une
commission de représentants gouvernementaux.
- 3. Les frais de l'Organisation internationale du Travail seront à la charge des Membres,
conformément aux arrangements en vigueur en vertu du paragraphe 1 ou du paragraphe 2 c) du
présent article.
Contributions arriérées
- 4. Un Membre de l'Organisation en retard dans le paiement de sa contribution aux
dépenses de l'Organisation ne peut participer au vote à la Conférence, au Conseil
d'administration ou à toute commission ou aux élections de membres du Conseil
d'administration, si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due
par lui pour les deux années complètes écoulées. La Conférence peut néanmoins, par un vote à
la majorité des deux tiers des suffrages émis par les délégués présents, autoriser ce Membre
à participer au vote si elle constate que le manquement est dû à des circonstances
indépendantes de sa volonté.
Responsabilité du Directeur général pour l'emploi des fonds
- 5. Le Directeur général du Bureau international du Travail est responsable
vis-à-vis du Conseil d'administration pour l'emploi des fonds de l'Organisation
internationale du Travail.
Chapitre II - Fonctionnement
Article 14
Ordre du jour de la Conférence
- 1. Le Conseil d'administration établira l'ordre du jour des sessions de la
Conférence après avoir examiné toutes propositions faites par le gouvernement d'un des
Membres, par toute organisation représentative visée à l'article 3, ou par toute organisation
de droit international public, au sujet des matières à inscrire à cet ordre du jour.
Préparation des travaux de la Conférence
- 2. Le Conseil d'administration établira des règles pour assurer une sérieuse
préparation technique et une consultation appropriée des Membres principalement intéressés,
par une conférence préparatoire technique ou par tout autre moyen, avant l'adoption d'une
convention ou d'une recommandation par la Conférence.
Article 15
Communication de l'ordre du jour et rapports à soumettre à la Conférence
- 1. Le Directeur général remplira les fonctions de Secrétaire général de la
Conférence, et devra faire parvenir l'ordre du jour de chaque session, quatre mois avant
l'ouverture de cette session, à chacun des Membres et, par l'intermédiaire de ceux-ci, aux
délégués non gouvernementaux, lorsque ces derniers auront été désignés.
- 2. Les rapports sur chacun des points à l'ordre du jour seront transmis de façon
à atteindre les Membres à temps pour leur permettre de procéder à un examen approprié de ces
rapports avant la Conférence. Le Conseil d'administration formulera les règles faisant porter
effet à cette disposition.
Article 16
Contestation de l'ordre du jour
- 1. Chacun des gouvernements des Membres aura le droit de contester
l'inscription, à l'ordre du jour de la session, de l'un ou plusieurs des sujets prévus. Les
motifs justifiant cette opposition devront être exposés dans un mémoire adressé au Directeur
général, lequel devra le communiquer aux Membres de l'Organisation.
- 2. Les sujets auxquels il aura été fait opposition resteront néanmoins inclus à
l'ordre du jour si la Conférence en décide ainsi à la majorité des deux tiers des suffrages
exprimés par les délégués présents.
Inscription d'une nouvelle question à l'ordre du jour par la Conférence
- 3. Toute question au sujet de laquelle la Conférence décide, à la même majorité
des deux tiers, qu'elle doit être examinée (autrement que prévu dans l'alinéa précédent) sera
portée à l'ordre du jour de la session suivante.
Article 17
Bureau de la Conférence, fonctionnement et commissions
- 1. La Conférence élira un président et trois vice-présidents. Les trois
vice-présidents seront respectivement un délégué gouvernemental, un délégué des employeurs et
un délégué des travailleurs. La Conférence formulera les règles de son fonctionnement; elle
pourra nommer des commissions chargées de présenter des rapports sur toutes questions qu'elle
estimera devoir mettre à l'étude.
Votes
- 2. La simple majorité des suffrages exprimés par les membres présents de la
Conférence décidera dans tous les cas où une majorité plus forte n'est pas spécialement
prévue par d'autres articles de la présente Constitution ou par toute convention ou autre
instrument conférant des pouvoirs à la Conférence ou par les arrangements financiers ou
budgétaires adoptés en vertu de l'article 13.
Quorum
- 3. Aucun vote n'est acquis si le nombre des suffrages exprimés est inférieur à
la moitié du nombre des délégués présents à la session.
Article 18
Experts techniques
- 1. La Conférence pourra adjoindre aux commissions qu'elle constitue des
conseillers techniques qui n'auront pas voix délibérative.
Article 19
Conventions et recommandations
Décisions de la Conférence
- 1. Si la Conférence se prononce pour l'adoption de propositions relatives à un
objet à l'ordre du jour, elle aura à déterminer si ces propositions devront prendre la forme:
a) d'une convention internationale; b) ou bien d'une recommandation, lorsque l'objet traité
ou un de ses aspects ne se prête pas à l'adoption immédiate d'une convention.
Majorité requise
- 2. Dans les deux cas, pour qu'une convention ou qu'une recommandation soient
adoptées au vote final par la Conférence, une majorité des deux tiers des voix des délégués
présents est requise.
Modifications répondant à des conditions locales particulières
- 3. En formant une convention ou une recommandation d'une application générale,
la Conférence devra avoir égard aux pays dans lesquels le climat, le développement incomplet
de l'organisation industrielle ou d'autres circonstances particulières rendent les conditions
de l'industrie essentiellement différentes, et elle aura à suggérer telles modifications
qu'elle considérerait comme pouvant être nécessaires pour répondre aux conditions propres à
ces pays.
Textes authentiques
- 4. Deux exemplaires de la convention ou de la recommandation seront signés par
le Président de la Conférence et par le Directeur général. L'un de ces exemplaires sera
déposé aux archives du Bureau international du Travail et l'autre entre les mains du
Secrétaire général des Nations Unies. Le Directeur général communiquera une copie certifiée
conforme de la convention ou de la recommandation à chacun des Membres.
Obligations des Membres quant aux conventions
- 5. S'il s'agit d'une convention:
- (a) la convention sera communiquée à tous les Membres en vue de sa ratification par
ceux-ci;
- (b) chacun des Membres s'engage à soumettre, dans le délai d'un an à partir de la
clôture de la session de la Conférence (ou, si par suite de circonstances exceptionnelles,
il est impossible de procéder dans un délai d'un an, dès qu'il sera possible, mais jamais
plus de dix-huit mois après la clôture de la session de la Conférence), la convention à
l'autorité ou aux autorités dans la compétence desquelles rentre la matière, en vue de la
transformer en loi ou de prendre des mesures d'un autre ordre;
- (c) les Membres informeront le Directeur général du Bureau international du Travail des
mesures prises, en vertu du présent article, pour soumettre la convention à l'autorité ou
aux autorités compétentes, en lui communiquant tous renseignements sur l'autorité ou les
autorités considérées comme compétentes et sur les décisions de celles-ci;
- (d) le Membre qui aura obtenu le consentement de l'autorité ou des autorités compétentes
communiquera sa ratification formelle de la convention au Directeur général et prendra
telles mesures qui seront nécessaires pour rendre effectives les dispositions de ladite
convention;
- (e) si une convention n'obtient pas l'assentiment de l'autorité ou des autorités dans la
compétence desquelles rentre la matière, le Membre ne sera soumis à aucune autre
obligation, si ce n'est qu'il devra faire rapport au Directeur général du Bureau
international du Travail, à des périodes appropriées, selon ce que décidera le Conseil
d'administration, sur l'état de sa législation et sur sa pratique concernant la question
qui fait l'objet de la convention, en précisant dans quelle mesure l'on a donné suite ou
l'on se propose de donner suite à toute disposition de la convention par voie législative,
par voie administrative, par voie de contrats collectifs ou par toute autre voie, et en
exposant quelles difficultés empêchent ou retardent la ratification d'une telle
convention.
Obligations des Membres quant aux recommandations
- 6. S'il s'agit d'une recommandation:
- (a) la recommandation sera communiquée à tous les Membres pour examen, en vue de lui
faire porter effet sous forme de loi nationale ou autrement;
- (b) chacun des Membres s'engage à soumettre, dans le délai d'un an à partir de la
clôture de la session de la Conférence (ou, si par suite de circonstances exceptionnelles,
il est impossible de procéder dans le délai d'un an, dès qu'il sera possible, mais jamais
plus de dix-huit mois après la clôture de la session de la Conférence), la recommandation à
l'autorité ou aux autorités dans la compétence desquelles rentre la matière, en vue de la
transformer en loi ou de prendre des mesures d'un autre ordre;
- (c) les Membres informeront le Directeur général du Bureau international du Travail des
mesures prises, en vertu du présent article, pour soumettre la recommandation à l'autorité
ou aux autorités compétentes, en lui communiquant tous renseignements sur l'autorité ou les
autorités considérées comme compétentes et sur les décisions de celles-ci;
- (d) sauf l'obligation de soumettre la recommandation à l'autorité ou aux autorités
compétentes, les Membres ne seront soumis à aucune autre obligation, si ce n'est qu'ils
devront faire rapport au Directeur général du Bureau international du Travail, à des
périodes appropriées, selon ce que décidera le Conseil d'administration, sur l'état de leur
législation et sur leur pratique concernant la question qui fait l'objet de la
recommandation, en précisant dans quelle mesure l'on a donné suite ou l'on se propose de
donner suite à toutes dispositions de la recommandation et en indiquant les modifications
de ces dispositions qui semblent ou pourront sembler nécessaires pour leur permettre de
l'adopter ou de l'appliquer.
Obligations des Etats fédératifs
- 7. Dans le cas où il s'agit d'un Etat fédératif, les dispositions suivantes
seront appliquées:
- (a) à l'égard des conventions et des recommandations pour lesquelles le gouvernement
fédéral considère que, d'après son système constitutionnel, une action fédérale est
appropriée, les obligations de l'Etat fédératif seront les mêmes que celles des Membres qui
ne sont pas des Etats fédératifs;
- (b) à l'égard des conventions et des recommandations pour lesquelles le gouvernement
fédéral considère que, d'après son système constitutionnel, une action de la part des Etats
constituants, des provinces ou des cantons est, sur tous les points ou sur certains points,
plus appropriée qu'une action fédérale, ledit gouvernement devra:
- (i) conclure, en conformité avec sa Constitution et les Constitutions des Etats
constituants, des provinces ou des cantons intéressés, des arrangements effectifs pour
que ces conventions ou recommandations soient, au plus tard dans les dix-huit mois
suivant la clôture de la session de la Conférence, soumises aux autorités appropriées
fédérales, ou à celles des Etats constituants, des provinces ou des cantons en vue d'une
action législative ou de toute autre action;
- (ii) prendre des mesures, sous réserve de l'accord des gouvernements des Etats
constituants, des provinces ou des cantons intéressés, pour établir des consultations
périodiques, entre les autorités fédérales d'une part, et les autorités des Etats
constituants, des provinces ou des cantons d'autre part, en vue de développer à
l'intérieur de l'Etat fédératif une action coordonnée destinée à donner effet aux
dispositions de ces conventions et recommandations;
- iv) au sujet de chacune de ces conventions qu'il n'aura pas ratifiées, faire rapport
au Directeur général du Bureau international du Travail, à des intervalles de temps
appropriés, selon ce que décidera le Conseil d'administration, sur l'état de la
législation et de la pratique de la fédération et des Etats constituants, des provinces
ou des cantons concernant la question qui fait l'objet de la convention, en précisant
dans quelle mesure il a été donné ou l'on se propose de donner effet aux dispositions de
la convention par voie législative, par voie administrative, par voie de contrats
collectifs ou par toute autre voie;
- v) au sujet de chacune de ces recommandations, faire rapport au Directeur général du
Bureau international du Travail, à des intervalles de temps appropriés, selon ce que
décidera le Conseil d'administration, sur l'état de la législation et de la pratique de
la fédération et de ses Etats constituants, de ses provinces ou de ses cantons concernant
la question qui fait l'objet de la recommandation, en précisant dans quelle mesure il a
été donné ou l'on se propose de donner effet aux dispositions de la recommandation et en
indiquant quelles modifications de ces dispositions semblent ou pourront sembler
nécessaires pour les adopter ou les appliquer.
Effets des conventions et recommandations sur des dispositions plus favorables
- 8. En aucun cas, l'adoption d'une convention ou d'une recommandation par la
Conférence, ou la ratification d'une convention par un Membre ne devront être considérées
comme affectant toute loi, toute sentence, toute coutume ou tout accord qui assurent des
conditions plus favorables aux travailleurs intéressés que celles prévues par la convention
ou la recommandation.
Abrogation de conventions obsoletes
- 9. Sur la proposition du Conseil d'administration, la Conférence peut, à la
majorité des deux tiers des voix des délégués présents, abroger toute convention adoptée
conformément aux dispositions du présent article s'il apparaît qu'elle a perdu son objet ou
qu'elle n'apporte plus de contribution utile à l'accomplissement des objectifs de
l'Organisation.
Article 20
Enregistrement auprès des Nations Unies
- Toute convention ainsi ratifiée sera communiquée par le Directeur général du
Bureau international du Travail au Secrétaire général des Nations Unies, pour enregistrement
conformément aux dispositions de l'article 102 de la Charte des Nations Unies, mais ne liera
que les Membres qui l'ont ratifiée.
Article 21
Projets de conventions non adoptés par la Conférence
- 1. Tout projet qui, dans le scrutin final sur l'ensemble, ne recueillera pas la
majorité des deux tiers des suffrages exprimés par les Membres présents peut faire l'objet
d'une convention particulière entre ceux des Membres de l'Organisation qui en ont le
désir.
- 2. Toute convention ainsi conclue sera communiquée par les gouvernements
intéressés au Directeur général du Bureau international du Travail et au Secrétaire général
des Nations Unies, pour enregistrement conformément aux dispositions de l'article 102 de la
Charte des Nations Unies.
Article 22
Rapports annuels sur les conventions ratifiées
- Chacun des Membres s'engage à présenter au Bureau international du Travail un
rapport annuel sur les mesures prises par lui pour mettre à exécution les conventions
auxquelles il a adhéré. Ces rapports seront rédigés sous la forme indiquée par le Conseil
d'administration et devront contenir les précisions demandées par ce dernier.
Article 23
Examen et transmission des rapports
- 1. Le Directeur général présentera à la plus prochaine session de la Conférence
un résumé des informations et rapports qui lui auront été communiqués par les Membres en
application des articles 19 et 22.
- 2. Chaque Membre communiquera aux organisations représentatives reconnues telles
aux fins de l'article 3 copie des informations et rapports transmis au Directeur général en
application des articles 19 et 22.
Article 24
Réclamations au sujet de l'application d'une convention
- 1. Toute réclamation adressée au Bureau international du Travail par une
organisation professionnelle des travailleurs ou des employeurs, et aux termes de laquelle
l'un quelconque des Membres n'aurait pas assuré d'une manière satisfaisante l'exécution d'une
convention à laquelle ledit Membre a adhéré, pourra être transmise par le Conseil
d'administration au gouvernement mis en cause et ce gouvernement pourra être invité à faire
sur la matière telle déclaration qu'il jugera convenable.
Article 25
Possibilité de rendre la réclamation publique
- 1. Si aucune déclaration n'est reçue du gouvernement mis en cause dans un délai
raisonnable, ou si la déclaration reçue ne paraît pas satisfaisante au Conseil
d'administration, ce dernier aura le droit de rendre publique la réclamation reçue et, le cas
échéant, la réponse faite.
Article 26
Plaintes au sujet de l'application d'une convention
- 1. Chacun des Membres pourra déposer une plainte au Bureau international du
Travail contre un autre Membre qui, à son avis, n'assurerait pas d'une manière satisfaisante
l'exécution d'une convention que l'un et l'autre auraient ratifiée en vertu des articles
précédents.
- 2. Le Conseil d'administration peut, s'il le juge à propos, et avant de saisir
une Commission d'enquête selon la procédure indiquée ci-après, se mettre en rapport avec le
gouvernement mis en cause de la manière indiquée à l'article 24.
- 3. Si le Conseil d'administration ne juge pas nécessaire de communiquer la
plainte au gouvernement mis en cause, ou si, cette communication ayant été faite, aucune
réponse ayant satisfait le Conseil d'administration n'a été reçue dans un délai raisonnable,
le Conseil pourra former une Commission d'enquête qui aura pour mission d'étudier la question
soulevée et de déposer un rapport à ce sujet.
- 4. La même procédure pourra être engagée par le Conseil soit d'office, soit sur
la plainte d'un délégué à la Conférence.
- 5. Lorsqu'une question soulevée par l'application des articles 25 ou 26 viendra
devant le Conseil d'administration, le gouvernement mis en cause, s'il n'a pas déjà un
représentant au sein du Conseil d'administration, aura le droit de désigner un délégué pour
prendre part aux délibérations du Conseil relatives à cette affaire. La date à laquelle ces
discussions doivent avoir lieu sera notifiée en temps utile au gouvernement mis en
cause.
Article 27
Informations à soumettre à la Commission d'enquête
- 1.Dans le cas où une plainte serait renvoyée, en vertu de l'article 26, devant
une Commission d'enquête, chacun des Membres, qu'il soit ou non directement intéressé à la
plainte, s'engage à mettre à la disposition de la Commission toute information qui se
trouverait en sa possession relativement à l'objet de la plainte.
Article 28
Rapport de la Commission d'enquête
- 1. La Commission d'enquête, après un examen approfondi de la plainte, rédigera
un rapport dans lequel elle consignera ses constatations sur tous les points de fait
permettant de préciser la portée de la contestation, ainsi que les recommandations qu'elle
croira devoir formuler quant aux mesures à prendre pour donner satisfaction au gouvernement
plaignant et quant aux délais dans lesquels ces mesures devraient être prises.
Article 29
Suite à donner au rapport de la Commission d'enquête
- 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera le
rapport de la Commission d'enquête au Conseil d'administration et à chacun des gouvernements
intéressés dans le différend, et en assurera la publication.
- 2. Chacun des gouvernements intéressés devra signifier au Directeur général du
Bureau international du Travail, dans le délai de trois mois, s'il accepte ou non les
recommandations contenues dans le rapport de la Commission et, au cas où il ne les accepte
pas, s'il désire soumettre le différend à la Cour internationale de Justice.
Article 30
Infraction à l'obligation de saisir les autorités compétentes
- 1. Dans le cas où l'un des Membres ne prendrait pas, relativement à une
convention ou à une recommandation, les mesures prescrites aux paragraphes 5 b), 6 b) ou 7 b)
i) de l'article 19, tout autre Membre aura le droit d'en référer au Conseil d'administration.
Au cas où le Conseil d'administration trouverait que le Membre n'a pas pris les mesures
prescrites, il en fera rapport à la Conférence.
Article 31
Décisions de la Cour internationale de Justice
- 1. La décision de la Cour internationale de Justice concernant une plainte ou
une question qui lui aurait été soumise conformément à l'article 29 ne sera pas susceptible
d'appel.
Article 32
- 1. Les conclusions ou recommandations éventuelles de la Commission d'enquête
pourront être confirmées, amendées ou annulées par la Cour internationale de Justice.
Article 33
Non-application des recommandations de la Commission d'enquête ou de la CIJ
- 1. Si un Membre quelconque ne se conforme pas dans le délai prescrit aux
recommandations éventuellement contenues soit dans le rapport de la Commission d'enquête,
soit dans la décision de la Cour internationale de Justice, selon le cas, le Conseil
d'administration pourra recommander à la Conférence telle mesure qui lui paraîtra opportune
pour assurer l'exécution de ces recommandations.
Article 34
Application des recommandations de la Commission d'enquête ou de la CIJ
- 1. Le gouvernement en faute peut, à tout moment, informer le Conseil
d'administration qu'il a pris les mesures nécessaires pour se conformer soit aux
recommandations de la Commission d'enquête, soit à celles contenues dans la décision de la
Cour internationale de Justice, et peut lui demander de bien vouloir faire constituer une
Commission d'enquête chargée de vérifier ses dires. Dans ce cas, les stipulations des
articles 27, 28, 29, 31 et 32 s'appliqueront, et si le rapport de la Commission d'enquête ou
la décision de la Cour internationale de Justice sont favorables au gouvernement qui était en
faute, le Conseil d'administration devra aussitôt recommander que les mesures prises
conformément à l'article 33 soient rapportées.
Chapter III - Prescriptions générales
Article 35
Application des conventions aux territoires non métropolitains
- 1. Les Membres s'engagent à appliquer les conventions qu'ils auront ratifiées,
conformément aux dispositions de la présente Constitution, aux territoires non métropolitains
dont ils assurent les relations internationales, y compris tous territoires sous tutelle pour
lesquels ils seraient l'autorité chargée de l'administration, à moins que les questions
traitées par la convention ne rentrent dans le cadre de la compétence propre des autorités du
territoire ou que la convention ne soit rendue inapplicable par les conditions locales, ou
sous réserve des modifications qui seraient nécessaires pour adapter les conventions aux
conditions locales.
- 2. Chaque Membre qui ratifie une convention doit, dans le plus bref délai
possible après sa ratification, communiquer au Directeur général du Bureau international du
Travail une déclaration faisant connaître, en ce qui concerne les territoires autres que ceux
dont il s'agit aux paragraphes 4 et 5 ci-dessous, dans quelle mesure il s'engage à ce que les
dispositions de la convention soient appliquées, et donnant tous les renseignements prescrits
par ladite convention.
- 3. Chaque Membre qui aura communiqué une déclaration en vertu du paragraphe
précédent pourra périodiquement communiquer, conformément aux termes de la convention, une
nouvelle déclaration modifiant les termes de toute déclaration antérieure et faisant
connaître la situation concernant les territoires visés au paragraphe ci-dessus.
- 4. Lorsque les questions traitées par la convention entrent dans le cadre de la
compétence propre des autorités d'un territoire non métropolitain, le Membre responsable des
relations internationales de ce territoire devra communiquer dans le plus bref délai possible
la convention au gouvernement dudit territoire, afin que ce gouvernement puisse promulguer
une législation ou prendre d'autres mesures. Par la suite, le Membre, en accord avec le
gouvernement de ce territoire, pourra communiquer au Directeur général du Bureau
international du Travail une déclaration d'acceptation des obligations de la convention au
nom de ce territoire.
- 5. Une déclaration d'acceptation des obligations d'une convention peut être
communiquée au Directeur général du Bureau international du Travail:
- (a) par deux ou plusieurs Membres de l'Organisation pour un territoire placé sous leur
autorité conjointe;
- (b) par toute autorité internationale responsable de l'administration d'un territoire en
vertu des dispositions de la Charte des Nations Unies ou de toute autre disposition en
vigueur à l'égard de ce territoire.
- 6. L'acceptation des obligations d'une convention en vertu des paragraphes 4 ou
5 devra comporter l'acceptation, au nom du territoire intéressé, des obligations découlant
des termes de la convention et des obligations qui, aux termes de la Constitution de
l'Organisation, s'appliquent aux conventions ratifiées. Toute déclaration d'acceptation peut
spécifier les modifications aux dispositions de la convention qui seraient nécessaires pour
adapter la convention aux conditions locales.
- 7. Chaque Membre ou autorité internationale qui aura communiqué une déclaration
en vertu des paragraphes 4 ou 5 du présent article pourra périodiquement communiquer,
conformément aux termes de la convention, une nouvelle déclaration modifiant les termes de
toute déclaration antérieure ou dénonçant l'acceptation des obligations de toute convention
au nom du territoire intéressé.
- 8. Si les obligations d'une convention ne sont pas acceptées au nom d'un
territoire visé par les paragraphes 4 ou 5 du présent article, le Membre ou les Membres ou
l'autorité internationale feront rapport au Directeur général du Bureau international du
Travail sur la législation et la pratique de ce territoire à l'égard des questions traitées
dans la convention, et le rapport montrera dans quelle mesure il aura été ou sera donné effet
à toute disposition de la convention, par la législation, les mesures administratives, les
contrats collectifs ou toutes autres mesures, et le rapport déclarera de plus les difficultés
qui empêchent ou retardent l'acceptation de cette convention.
Article 36
Amendements à la Constitution
- 1. Les amendements à la présente Constitution adoptés par la Conférence à la
majorité des deux tiers des suffrages émis par les délégués présents entreront en vigueur
lorsqu'ils auront été ratifiés ou acceptés par les deux tiers des Membres de l'Organisation
comprenant cinq des dix Membres représentés au Conseil d'administration en qualité de Membres
ayant l'importance industrielle la plus considérable, conformément aux dispositions du
paragraphe 3 de l'article 7 de la présente Constitution.
Article 37
Interprétation de la Constitution et des conventions
- 1. Toutes questions ou difficultés relatives à l'interprétation de la présente
Constitution et des conventions ultérieurement conclues par les Membres, en vertu de ladite
Constitution, seront soumises à l'appréciation de la Cour internationale de Justice.
- 2. Nonobstant les dispositions du paragraphe 1 du présent article, le Conseil
d'administration pourra formuler et soumettre à la Conférence pour approbation des règles
pour l'institution d'un tribunal en vue du prompt règlement de toute question ou difficulté
relatives à l'interprétation d'une convention, qui pourront être portées devant le tribunal
par le Conseil d'administration ou conformément aux termes de ladite convention. Tous arrêts
ou avis consultatifs de la Cour internationale de Justice lieront tout tribunal institué en
vertu du présent paragraphe. Toute sentence prononcée par un tel tribunal sera communiquée
aux Membres de l'Organisation et toute observation de ceux-ci sera présentée à la
Conférence.
Article 38
Conférences régionales
- 1. L'Organisation Internationale du Travail pourra convoquer telles conférences
régionales et établir telles institutions régionales qui lui paraîtront utiles pour atteindre
les buts et objectifs de l'Organisation.
- 2. Les pouvoirs, fonctions et procédure des conférences régionales seront régis
par des règles formulées par le Conseil d'administration et présentées par lui à la
Conférence générale pour confirmation.
Chapitre IV - Mesures diverses
Article 39
Statut juridique de l'OIT
- 1. L'Organisation Internationale du Travail doit posséder la personnalité
juridique; elle a notamment la capacité:
- (a) de contracter;
- (b) d'acquérir des biens meubles et immeubles, de disposer de ces biens;
- (c)d'ester en justice.
Article 40
Privilèges et immunités
- 1. L'Organisation Internationale du Travail jouit, sur le territoire de chacun
de ses Membres, des privilèges et immunités qui lui sont nécessaires pour atteindre ses
buts.
- 2. Les délégués à la Conférence, les membres du Conseil d'administration ainsi
que le Directeur général et les fonctionnaires du Bureau jouissent également des privilèges
et immunités qui leur sont nécessaires pour exercer, en toute indépendance, leurs fonctions
en rapport avec l'Organisation.
- 3. Ces privilèges et immunités seront précisés dans un accord séparé qui sera
préparé par l'Organisation en vue de son acceptation par les Etats Membres.
Annexe
Déclaration concernant les buts et objectifs de l'Organisation Internationale du Travail (Déclaration de Philadelphie)
La Conférence générale de l'Organisation Internationale du Travail, réunie à Philadelphie en
sa vingt-sixième session, adopte, ce dixième jour de mai 1944, la présente Déclaration des buts
et objectifs de l'Organisation internationale du Travail, ainsi que des principes dont devrait
s'inspirer la politique de ses Membres.
I
La Conférence affirme à nouveau les principes fondamentaux sur lesquels est fondée
l'Organisation, à savoir notamment:
- (a) le travail n'est pas une marchandise;
- (b) la liberté d'expression et d'association est une condition indispensable d'un progrès
soutenu;
- (c) la pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous;
- (d) la lutte contre le besoin doit être menée avec une inlassable énergie au sein de
chaque nation et par un effort international continu et concerté dans lequel les
représentants des travailleurs et des employeurs, coopérant sur un pied d'égalité avec ceux
des gouvernements, participent à de libres discussions et à des décisions de caractère
démocratique en vue de promouvoir le bien commun.
II
Convaincue que l'expérience a pleinement démontré le bien-fondé de la déclaration contenue
dans la Constitution de l'Organisation internationale du Travail, et d'après laquelle une paix
durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale, la Conférence affirme que:
- (a) tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le
droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et
la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales;
- (b) la réalisation des conditions permettant d'aboutir à ce résultat doit constituer le
but central de toute politique nationale et internationale;
- (c) tous les programmes d'action et mesures prises sur le plan national et international,
notamment dans le domaine économique et financier, doivent être appréciés de ce point de vue
et acceptés seulement dans la mesure où ils apparaissent de nature à favoriser, et non à
entraver, l'accomplissement de cet objectif fondamental;
- (d) il incombe à l'Organisation Internationale du Travail d'examiner et de considérer à la
lumière de cet objectif fondamental, dans le domaine international, tous les programmes
d'action et mesures d'ordre économique et financier;
- (e) en s'acquittant des tâches qui lui sont confiées, l'Organisation internationale du
Travail, après avoir tenu compte de tous les facteurs économiques et financiers pertinents, a
qualité pour inclure dans ses décisions et recommandations toutes dispositions qu'elle juge
appropriées.
III
La Conférence reconnaît l'obligation solennelle pour l'Organisation internationale du Travail
de seconder la mise en oeuvre, parmi les différentes nations du monde, de programmes propres à
réaliser:
- (a) la plénitude de l'emploi et l'élévation des niveaux de vie;
- (b) l'emploi des travailleurs à des occupations où ils aient la satisfaction de donner
toute la mesure de leur habileté et de leurs connaissances et de contribuer le mieux au
bien-être commun;
- (c) pour atteindre ce but, la mise en oeuvre, moyennant garanties adéquates pour tous les
intéressés, de possibilités de formation et de moyens propres à faciliter les transferts de
travailleurs, y compris les migrations de main-d'oeuvre et de colons;
- (d) la possibilité pour tous d'une participation équitable aux fruits du progrès en
matière de salaires et de gains, de durée du travail et autres conditions de travail, et un
salaire minimum vital pour tous ceux qui ont un emploi et ont besoin d'une telle
protection;
- (e) la reconnaissance effective du droit de négociation collective et la coopération des
employeurs et de la main-d'oeuvre pour l'amélioration continue de l'organisation de la
production, ainsi que la collaboration des travailleurs et des employeurs à l'élaboration et
à l'application de la politique sociale et économique;
- (f) l'extension des mesures de sécurité sociale en vue d'assurer un revenu de base à tous
ceux qui ont besoin d'une telle protection ainsi que des soins médicaux complets;
- (g) une protection adéquate de la vie et de la santé des travailleurs dans toutes les
occupations;
- (h) la protection de l'enfance et de la maternité;
- (i) un niveau adéquat d'alimentation, de logement et de moyens de récréation et de
culture;
- (j) la garantie de chances égales dans le domaine éducatif et professionnel.
IV
Convaincue qu'une utilisation plus complète et plus large des ressources productives du
monde, nécessaire à l'accomplissement des objectifs énumérés dans la présente Déclaration, peut
être assurée par une action efficace sur le plan international et national, et notamment par
des mesures tendant à promouvoir l'expansion de la production et de la consommation, à éviter
des fluctuations économiques graves, à réaliser l'avancement économique et social des régions
dont la mise en valeur est peu avancée, à assurer une plus grande stabilité des prix mondiaux
des matières premières et denrées, et à promouvoir un commerce international de volume élevé et
constant, la Conférence promet l'entière collaboration de l'Organisation internationale du
Travail avec tous les organismes internationaux auxquels pourra être confiée une part de
responsabilité dans cette grande tâche, ainsi que dans l'amélioration de la santé, de
l'éducation et du bien-être de tous les peuples.
V
La Conférence affirme que les principes énoncés dans la présente Déclaration sont pleinement
applicables à tous les peuples du monde, et que, si, dans les modalités de leur application, il
doit être dûment tenu compte du degré de développement social et économique de chaque peuple,
leur application progressive aux peuples qui sont encore dépendants aussi bien qu'à ceux qui
ont atteint le stade où ils se gouvernent eux-mêmes, intéresse l'ensemble du monde
civilisé.
Amendement à la Constitution de l'Organisation internationale du Travail
Le texte original de la Constitution, établi en 1919, a été modifié par l'amendement de 1922,
entré en vigueur le 4 juin 1934; l'Instrument d'amendement de 1945, entré en vigueur le 26
septembre 1946; l'Instrument d'amendement de 1946, entré en vigueur le 20 avril 1948;
l'Instrument d'amendement de 1953, entré en vigueur le 20 mai 1954; l'Instrument d'amendement de
1962, entré en vigueur le 22 mai 1963; l'Instrument d'amendement de 1972, entré en vigueur le
1er novembre 1974, et l'Instrument d'amendement de 1997, entré en vigueur le
8 octobre 2015.