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Demande directe (CEACR) - adoptée 2024, publiée 113ème session CIT (2025)

Convention (n° 122) sur la politique de l'emploi, 1964 - Pérou (Ratification: 1967)

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La commission prend note des observations formulées par la Coordination des centrales syndicales du Pérou (CCSP) et par la Confédération nationale des institutions des entreprises privées (CONFIEP), reçues le 1er septembre 2022, ainsi que des réponses du gouvernement à ces observations, reçues le 29 octobre 2022.
Articles 1 à 3 de la convention. Politique active de l’emploi. Participation des partenaires sociaux. Le gouvernement indique que la Politique nationale pour l’emploi décent (PED) a été approuvée en juin 2021 en application du décret suprême no 0132021-TR. Le gouvernement précise que le ministère du Travail et de la Promotion de l’emploi (MTPE) veille à la mise en œuvre de cette politique, qui a pour ambition de remédier au déficit d’emplois décents dans le pays et fixe pour objectifs, à l’horizon 2030, d’assurer l’accès d’un péruvien sur cinq à l’emploi décent, de faire passer le taux d’activité informelle au-dessous de 60 pour cent des actifs occupés, et de maintenir le taux de chômage à 5 pour cent. Le gouvernement indique que la PED est une politique multisectorielle, qui s’organise autour de six objectifs prioritaires (OP), 27 cibles et 55 services, et dont d’autres secteurs et acteurs sociaux sont également responsables. Les six objectifs prioritaires de la PED sont les suivants: renforcer les compétences professionnelles de la population en âge de travailler (OP1); améliorer l’adéquation entre l’offre et la demande de travail (OP2); accroître la création d’emploi formel au sein des unités de production (OP3); améliorer l’accès à la protection sociale, aux droits et aux prestations sociales, au profit des travailleurs (OP4); renforcer l’égalité face au travail des actifs potentiels (OP5); et créer un environnement social et institutionnel adéquat à l’échelle du pays (OP6). Le gouvernement ajoute que le MTPE publie des rapports sur l’état d’avancement de la PED. Pour ce qui touche à la participation des partenaires sociaux, le gouvernement indique que, lors de l’élaboration de la PED, les organisations de travailleurs et d’employeurs ont participé à certains ateliers de consultation sur les propositions relatives à cette politique, qui devaient permettre de recueillir leur avis et leurs observations et étaient organisés par l’intermédiaire du secrétariat technique du Conseil national du travail et de la promotion de l’emploi (STCNTPE).
La commission prend note des informations statistiques détaillées communiquées par le gouvernement sur la structure du marché du travail. Elle observe en particulier que 5,7 pour cent des actifs sont au chômage. Cependant, parmi les actifs occupés – un groupe traditionnellement plus masculin que féminin–, le taux de sous-emploi est de 47,4 pour cent.
Dans ses observations, la CCSP reconnaît que le gouvernement a approuvé récemment plusieurs réformes importantes dans le domaine du travail mais formule à ce propos un certain nombre de remarques. Au sujet de la PED, elle fait notamment les déclarations suivantes: i) cette politique envisage les problèmes avant tout du côté de l’offre (faible capital humain, manque de compétences, profil professionnel inadéquat) plutôt que du côté de la demande (absence de marché interne, capacité de production inutilisée); ii) aucune enveloppe budgétaire n’a été prévue pour sa mise en application et son suivi, alors que le budget alloué au MTPE figure parmi les plus faibles inscrits au budget général de la République; et iii) la politique n’aborde pas les questions qui intéressent la fonction publique, si bien qu’un million et demi de fonctionnaires environ ne sont pas pris en compte. En réponse à cela, le gouvernement fait les déclarations suivantes: i) la mission de la PED est d’assurer l’accès des travailleurs à l’emploi décent; vue sous cet angle, elle donne la priorité au travailleur, c’est-à-dire à l’offre de travail. En outre, les cibles et les services associés à l’objectif prioritaire no 3 (OP3) visent à lever les obstacles qui nuisent à la formalisation du travail et à remédier à la faible productivité des unités de production; ii) la PED prévoit la prestation de services et d’activités opérationnelles connexes, des activités qui doivent être corrélées avec les programmes opérationnels des organes du MTPE et des autres ministères concernés; en outre, des activités sont en cours en vue de faire le lien entre la PED et les chaînes de programmation budgétaire du MTPE et autres ministères compétents, de façon à assurer la mise en œuvre effective de la politique; et iii) la fonction publique présente déjà les caractéristiques constitutives du travail décent. Le gouvernement ajoute que la PED a été conçue conjointement avec les ministères compétents, chacun d’entre eux étant responsable de l’action relevant de son mandat et de ses fonctions, alors que le MTPE joue un rôle directeur vis-à-vis de la politique, du fait que sa compétence et ses fonctions sont plus étroitement liées aux objectifs qu’elle définit.
De son côté, la CONFIEP déclare dans ses observations que les politiques publiques pour l’emploi adoptées par le gouvernement ont eu un effet très limité, puisque le taux d’emploi informel a continué d’augmenter, s’établissant à 76,1 pour cent en septembre 2022. La CONFIEP ajoute que le MTPE et les centrales syndicales ont participé à plusieurs groupes de travail sur la promotion des politiques relatives au travail, à l’emploi et à la protection sociale, mais que les représentants des employeurs n’y siégeaient pas. La CONFIEP indique également que la Stratégie sectorielle pour la formalisation du travail est approuvée périodiquement, mais que les mesures en question ne répondent pas aux conditions fixées par le gouvernement en 2022, notamment dans le cas des suivantes: réforme relative aux services en sous-traitance (décret suprême no 001-2022-TR); revalorisation du salaire minimum vital (décret suprême no 003-2022-TR), et modification de la loi sur les relations collectives de travail (décret suprême no 0142022-TR). En réponse à cela, le gouvernement indique que la PED fait le lien entre trois variables: le travail décent, l’informalité et le chômage, qui constituent des réalités corrélées. Par conséquent, pour parvenir à l’objectif de travail décent qui a été fixé à l’horizon 2030, il faut que la mise en œuvre de la PED débouche sur une mise en réseau des secteurs concernés, qui doivent fournir conjointement les services prévus par la politique. Le gouvernement ajoute que le succès du projet fixé à l’horizon 2030 dépend d’un élément fondamental, à savoir l’existence, à l’échelle du pays, d’une croissance économique soutenue, donnant lieu à une progression de l’emploi formel, à des gains de productivité et à une augmentation du nombre d’unités de production. Par ailleurs, le gouvernement affirme que les cibles associées à l’objectif prioritaire no 3 (OP3) de la PED prévoient la prestation de différents services visant à lever les obstacles qui nuisent à la formalisation du travail et à remédier à la faible productivité des unités de production, parmi lesquels on peut citer l’allocation de fonds aux unités de production de l’agriculture, la prestation de services consultatifs en vue d’une formalisation des entreprises, la diffusion d’informations et de conseils en vue de faciliter le recours aux instruments financiers novateurs, des activités de formation et une assistance technique spécialisée sur la gestion des entreprises. En ce qui concerne la revalorisation du salaire minimum vital, le gouvernement indique que, dans le cadre de la PED, l’accès à un revenu équitable constitue un élément essentiel de l’emploi décent (un tel revenu constitue du reste l’un des cinq critères de l’indice du travail décent, un indicateur fondamental de la politique). Enfin, le gouvernement indique que le MTPE œuvre à la mise en place d’un espace de coordination multisectoriel pour le suivi de la mise en application de la PED, et que la participation d’autres intervenants, notamment des organisations des travailleurs et des employeurs, est prévue dans ce cadre, ce qui renforcera le dialogue social tripartite.
La commission prend note des conclusions du rapport sur l’évaluation de la PED pour 2021-2023 (MTPE, juin 2024), dans lequel il est indiqué que tous les indicateurs, sauf ceux qui correspondent aux objectifs prioritaires nos 3 et 4 (OP3 et OP4), se situent au-dessous du niveau de référence fixé en 2019 en moyenne. Le rapport indique que, dans ces conditions, il faudra, «pour atteindre les cibles fixées par la PED à l’horizon 2030, multiplier le rythme de progression par 2 pour les indicateurs sur la situation escomptée et par 2,7 pour les indicateurs associés aux objectifs prioritaires, sur la période 2024-2030».
La commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les mesures prises après l’évaluation des indicateurs portant sur la mise en œuvre de la Politique nationale pour l’emploi décent (PED) et de continuer à fournir des informations détaillées et actualisées sur les mesures adoptées ou envisagées en vue de réaliser les objectifs de la convention, notamment des indications détaillées sur la mise en œuvre de cette politique, en particulier sur la façon dont ces mesures aident les personnes à obtenir un emploi à plein temps, productif et durable. En outre, elle prie le gouvernement de continuer à fournir des informations sur les mesures prises ou envisagées afin de promouvoir la formalisation du travail, ainsi que sur leur effet. La commission prie aussi le gouvernement de continuer à communiquer des informations statistiques actualisées sur l’évolution du marché du travail, en particulier sur les taux d’activité, d’emploi et de chômage, tant dans l’économie formelle que dans l’économie informelle, ventilées par sexe et par âge et, si possible, par zone (urbaine ou rurale). Elle le prie aussi de communiquer des informations détaillées sur les consultations tenues avec les partenaires sociaux au sujet des aspects traités par la convention, dans le cadre de la mise en application de la PED.
Microentreprises et petites et moyennes entreprises (PME). Le gouvernement fait état du décret législatif no 1409, qui crée un régime de société à responsabilité limitée spécifique (la «société par actions simplifiée fermée» ou SACS), aux fins de la promotion et la formalisation des microentreprises et des PME. La commission prend note des données statistiques fournies par le gouvernement au sujet du nombre et de la nature des nouvelles entreprises. Elle observe que le gouvernement ne présente pas d’informations sur le nombre des postes de travail créés par ces entreprises, ni sur les mesures prises ou envisagées pour faciliter l’accès des microentreprises et PME au crédit. La commission prie à nouveau le gouvernement de communiquer des informations détaillées et actualisées sur les mesures prises ou envisagées pourfaciliter la création de microentreprises et de PME dans le pays, en particulier sur celles qui visent à promouvoir leur formalisation et leur accès au crédit. De même, la commission prie à nouveau le gouvernement de communiquer des données statistiques sur le nombre et le type des entreprises créées et sur le nombre des emplois que celles-ci ont généré. À cet égard, la commission appelle l’attention du gouvernement sur la recommandation (no 189) sur la création d’emplois dans les petites et moyennes entreprises, 1998, qui contient des orientations destinées à promouvoir la création d’emplois au sein des PME, par un ensemble de mesures clés visant à instaurer un environnement propice à ces entreprises, dans la perspective d’un développement économique durable et de la création de possibilités d’emplois décents et productifs.
Coordination des mesures pour l’enseignement et la formation techniques et professionnels avec la politique de l’emploi. Le gouvernement mentionne plusieurs mesures adoptées en faveur de l’enseignement et de la formation techniques, citant les orientations relatives au déroulement de l’année scolaire 2021 dans les établissements d’enseignement et les programmes éducatifs de l’enseignement de base, publiées dans le contexte de l’urgence sanitaire liée à la pandémie de COVID-19; le programme «Aprendo en casa» (j’apprends à la maison), destiné aux élèves et à leurs familles, disponible pour tous les niveaux et toutes les modalités d’enseignement du pays; et, enfin, le programme «Somos Promo» (nous sommes la promotion), également adopté dans le contexte de l’urgence sanitaire, mis en place pour aider les élèves de l’enseignement de base suivant le programme «Aprendo en casa» à réussir leur année. Le gouvernement ajoute que trois systèmes ont été mis en œuvre en 2021 en vue d’assurer l’accès à l’enseignement secondaire dans les zones rurales: i) un système d’enseignement en internat, disponible dans 76 établissements et 8 régions, ii) un système d’enseignement en alternance, suivi par 6 715 élèves, dans 78 centres de formation en alternance en zone rurale et 15 régions; et iii) un système par tutoriel, programme d’enseignement semi-présentiel permettant aux élèves des communautés rurales d’accéder à l’éducation secondaire et de mener ces études à leur terme avec succès. Le gouvernement signale aussi la poursuite, en 2021, du programme national «Beca 18», un système de bourse destiné à favoriser l’accès à l’éducation d’élèves particulièrement brillants, en cours d’insertion sociale. De même, le module de formation professionnelle mis à disposition sur la plateforme virtuelle du ministère du Travail et de la Promotion de l’emploi (MTPE), élaboré sous la responsabilité de la Direction générale de la normalisation, de la formation pour l’emploi et de la certification des compétences professionnelles, a permis de renforcer les compétences axées sur l’employabilité de 34 477 personnes. La commission note que les éléments fournis par le gouvernement ne contiennent pas d’informations détaillées sur les mesures adoptées pour coordonner les politiques d’enseignement et de formation professionnelle avec la prospection des possibilités d’emploi ni de données statistiques détaillées. Par conséquent, la commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées et actualisées sur les mesures adoptées ou envisagées, en collaboration avec les partenaires sociaux et les représentants des différents secteurs pour coordonner les politiques d’éducation et de formation avec les possibilités d’emploi. De même, elle prie à nouveau le gouvernement de communiquer des données statistiques, ventilées par sexe et par âge, sur l’effet de ces mesures sur la création d’emplois.
Coopératives. En ce qui concerne les normes adoptées pour promouvoir les coopératives, le gouvernement fait état de la promulgation, en 2021, de la loi no 31335 visant à renforcer les possibilités d’association entre producteurs agricoles au sein de coopératives agricoles, qui vise à renforcer le cadre normatif en vue de la promotion des coopératives agricoles et de leur renforcement organisationnel, ainsi que de la loi no 30822 de 2018 portant modification de la loi no 26702 (loi générale sur les systèmes financiers et les systèmes d’assurance et loi organique sur l’Autorité de surveillance des banques et des assurances) et de ses révisions, un texte qui vise à renforcer le système des coopératives, en cherchant à remédier à l’un des problèmes du système financier, à savoir l’existence d’entreprises informelles ou non contrôlées qui entrent en concurrence directe avec les entités de microcrédit. En ce qui concerne les programmes adoptés pour promouvoir les coopératives, le gouvernement mentionne les suivants: i) programme visant à promouvoir les modèles d’association d’entreprises, permettant de diffuser les avantages du système des coopératives et de renforcer l’articulation et la coordination avec d’autres acteurs, tels que les entités publiques, les institutions privées ou la coopération internationale; ii) programme de renforcement de la gestion et de la gouvernance des coopératives, qui vise à présenter les coopératives comme un modèle d’entreprise capable de contribuer au développement économique et social au niveau territorial; et iii) programme pour la formalisation des coopératives, qui vise à favoriser la création de coopératives et la transformation des associations en coopératives par une action de sensibilisation et d’assistance, en cherchant ainsi à encourager les coopératives durables, axées sur le marché. La commission prend note de l’information communiquée par le gouvernement selon laquelle, à la date de publication du rapport, le projet de loi générale sur les coopératives avait reçu l’avis favorable des membres du Conseil des ministres et devait être soumis au Congrès de la République aux fins de la procédure nécessaire à son approbation et à sa promulgation. Dans ces conditions, la commission prie le gouvernement de communiquer des informations sur l’adoption de la nouvelle loi générale sur les coopératives, de la politique publique destinée aux coopératives et de la norme relative à la supervision des coopératives, et de fournir le texte de ces instruments une fois qu’ils seront adoptés. La commission prie également le gouvernement de continuer à fournir des informations détaillées et actualisées sur l’effet des mesures prises ou envisagées pour faciliter la création d’emplois productifs et leur promotion par les coopératives.
Groupes de travailleurs en situation de vulnérabilité. Le gouvernement indique que l’objectif prioritaire no 5 de la PED (OP5) porte sur le renforcement de l’égalité au travail et est associé aux cibles suivantes: i) mettre en œuvre des instruments efficaces contre le harcèlement sexuel au travail et la discrimination fondée sur le genre, l’origine ethnique ou raciale, la situation de handicap, l’âge ou d’autres motifs au sein de la population active; ii) mettre en œuvre des mesures d’incitation ou autres pour promouvoir le recrutement des groupes visés par des discriminations ou en situation de vulnérabilité sur le plan de l’emploi; iii) offrir des aides en vue de promouvoir l’insertion professionnelle des membres des groupes vulnérables ou des personnes en situation de vulnérabilité en mettant l’accent sur les services de soins, et iv) renforcer les compétences des groupes vulnérables ou en situation de vulnérabilité afin d’améliorer leur employabilité. Le gouvernement fait état de différentes mesures, adoptées dans le domaine, qui sont décrites ci-dessous.
Femmes. Dans le cadre de la PED, le MTPE a approuvé le programme «Wiñay Warmi», spécifiquement destiné aux femmes, en application du décret suprême no 007022TR. Ce programme doit permettre de coordonner les services sectoriels fournis au niveau national, régional et local, afin de créer des synergies sur le territoire, aux fins de l’objectif visé, et d’inscrire, parmi les objectifs de l’action publique, des initiatives qui contribuent à l’autonomie économique des femmes. Il englobe 40 services, relevant de 8 secteurs, qui sont proposés dans 85 districts et 20 départements du pays. Le gouvernement ajoute que les instruments techniques opérationnels nécessaires au lancement du programme ont été approuvés par la résolution ministérielle no 161-2022-TR du 19 juin 2022. La commission prend note avec préoccupation de l’information fournie par le gouvernement selon laquelle le plan d’action relatif à l’organisation de formations à la création d’entreprises en faveur des «pallaqueras» (orpailleuses) et de leurs enfants à la Rinconada et à Cerro Lunar, dans les provinces de San Antonio de Putina, Sandia et Carabaya en Puno, approuvé par la résolution ministérielle no 136-2016-TR, n’a pas été exécuté, faute de fonds suffisants, et ce, à cause du non-renouvellement de la convention de collaboration interinstitutionnelle du projet sectoriel intitulé «Promotion de l’emploi et formation professionnelle en vue du renforcement de l’employabilité des groupes vulnérables, par l’intermédiaire des Guichets uniques pour la promotion de l’emploi (VUPE)». La commission prend note en outre que, dans ses observations finales datées du 1er mars 2022, concernant le neuvième rapport périodique du Pérou, le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) se félicite des efforts que le Pérou déploie pour promouvoir l’intégration des femmes sur le marché du travail, notamment par l’adoption du Plan d’action national sur les entreprises et les droits de l’homme (2021-2025), tout en prenant note avec préoccupation des éléments suivants: a) le fait que les femmes confrontées à des formes de discrimination croisée, notamment les femmes autochtones, afro-péruviennes ou d’ascendance africaine, les lesbiennes, bisexuelles, transgenres et intersexes et les femmes handicapées, ont un accès limité à l’emploi; b) les retards pris dans l’adoption du projet de loi portant création d’un système national de soins et la lenteur de la mise en application des mesures visant à assurer et à contrôler la protection des droits sociaux et des droits du travail des travailleuses et travailleurs domestiques; et c) l’efficacité limitée de la ligne directe gratuite pour ce qui est de lutter contre le harcèlement sexuel au travail (CEDAW/C/PER/CO/9, paragr. 35).
Personnes en situation de handicap. Le gouvernement indique que la Direction générale pour la promotion de l’emploi a ajouté une prestation relative aux aménagements raisonnables aux services déjà fournis par les centres pour l’emploi, au profit des personnes en situation de handicap, et ce, par la résolution ministérielle no 2392021TR du 3 décembre 2021. De même, le 22 septembre 2021, le MTPE a mis à la disposition des particuliers, des entreprises et du public en général une «Banque des aménagements raisonnable», outil virtuel qui répertorie 60 exemples de bonnes pratiques mettant en lumière des adaptations menées à bien au travail en faveur de travailleurs en situation de handicap. Le gouvernement évoque en outre la réalisation des «Journées de dialogue national pour la promotion de l’emploi des personnes en situation de handicap», journées d’examen, de discussion et de proposition sur les mesures visant à mettre en œuvre les politiques nationales et assurer l’inclusion des personnes en situation de handicap sur le marché du travail, conformément à la résolution ministérielle no 2652021TR du 29 décembre 2021. Le gouvernement fait état de son côté de la création du Groupe de travail multisectoriel à caractère temporaire, qui a pour mission de proposer des mesures en vue de faciliter la concrétisation des quotas fixés en ce qui concerne l’emploi de personnes en situation de handicap, conformément aux dispositions de l’article 49 de la loi générale no 29973 sur les personnes en situation de handicap, approuvée par la résolution ministérielle no 083-2022-TR. La commission note que, dans ses observations finales datées du 29 novembre 2023, concernant le rapport du Pérou valant deuxième et troisième rapports périodiques, le Comité des Nations Unies pour les droits des personnes handicapées (CRPD), tout en notant avec satisfaction les efforts déployés par le Pérou pour favoriser l’insertion des personnes handicapées sur le marché du travail, indique qu’il reste préoccupé: a) par le faible taux d’emploi des personnes handicapées, notamment des femmes handicapées, des personnes ayant des handicaps intellectuels et des personnes ayant des handicaps psychosociaux, et par le fait que les quotas pour l’emploi des personnes handicapées ne sont pas respectés dans la pratique; b) par l’écart salarial important entre les personnes handicapées et les autres, qui est exacerbé par d’autres situations de vulnérabilité, telles que celles des femmes handicapées ou des personnes handicapées vivant dans des zones rurales; c) par le fait que les personnes handicapées sont plus susceptibles de travailler dans le secteur informel et de ne pas bénéficier des mesures de protection sociale; d) par le manque d’inclusivité et d’accessibilité des programmes d’enseignement et de formation professionnelle, l’absence des programmes de formation professionnelle nécessaires, ainsi que par le manque d’informations sur les aménagements raisonnables apportés pour favoriser l’emploi des personnes handicapées; e) par la décision prise par le gouvernement d’interrompre le programme d’emploi aidé destiné aux personnes ayant des handicaps intellectuels et aux autistes, et f) par le taux de pauvreté élevé observé chez les personnes handicapées et par l’absence de mesures spécifiques pour aider ces personnes et améliorer leur situation économique (CRPD/C/PER/CO/2-3, paragr. 54 et 56).
Travail des enfants. La commission note que, dans ses observations finales datées du 5 avril 2023, concernant le sixième rapport périodique du Pérou, le Comité des Nations unies pour les droits de l’homme (CCPR): i) se dit préoccupé par les informations indiquant que les phénomènes de la traite des personnes et du travail forcé perdurent, en particulier dans l’industrie extractive, notamment dans les zones où l’activité minière est importante, ainsi que dans le secteur extractif informel et l’extraction minière à petite échelle; et ii) prend acte des mesures significatives prises par l’État pour protéger les droits de l’enfant et prévenir le travail des enfants, tout en constatant avec préoccupation que le taux de travail des enfants sur le territoire national reste élevé et a même augmenté ces dernières années (CCPR/C/PER/CO/6, paragr. 32 et 40).
Travailleurs autochtones et travailleurs âgés. La commission note avec préoccupation, une fois encore, que le rapport du gouvernement ne contient pas d’informations sur les mesures prises ou envisagées pour améliorer l’employabilité des travailleurs âgés et des peuples autochtones. Compte tenu des informations disponibles sur les groupes en situation de vulnérabilité, la commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées et actualisées sur les mesures adoptées ou envisagées, dans le cadre de la politique active de l’emploi, en faveur des différentes catégories de personnes et de travailleurs en situation de vulnérabilité, y compris les femmes, les travailleurs âgés et autochtones et les personnes en situation de handicap, ainsi que pour ce qui touche au travail des enfants. En particulier, la commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées et actualisées sur les mesures adoptées ou envisagées pour améliorer l’employabilité des personnes en situation de vulnérabilité et de rendre compte de leur effet. De même, la commission prie le gouvernement de fournir des informations sur les mesures adoptées pour pallier la non-exécution du plan d’action relatif à l’organisation de formations à la création d’entreprises en faveur des orpailleuses et de leurs enfants.
Emploi des jeunes. Le gouvernement indique qu’en application du décret suprême no 019-2020-TR du 22 octobre 2020, le programme national pour la promotion des possibilités d’emploi «Impulsa Perú» a été absorbé par le programme national pour l’emploi des jeunes «Jóvenes Productivos», et qu’il est désigné désormais comme le «Programme national pour l’employabilité» (PNE). Le PNE vise à renforcer l’employabilité des personnes de 15 ans et plus qui se trouvent dans une situation d’extrême pauvreté, de pauvreté ou de vulnérabilité sur le plan social ou relatif au travail, par une formation, axée sur l’emploi salarié ou sur l’activité indépendante, ou par une certification des compétences professionnelles. Les centres pour l’emploi fournissent une panoplie de services intégrés pour la promotion de l’emploi, qui visent à renforcer et améliorer les possibilités d’insertion pour les demandeurs d’emploi. Le gouvernement ajoute que les principaux services ouverts aux jeunes sont le service «Bolsa de Tabajo» (bourse pour l’emploi), une prestation gratuite qui doit permettre aux personnes à la recherche d’un emploi d’accéder de façon adéquate, opportune et efficace aux offres d’emploi, tout en aidant les entreprises à trouver le personnel dont elles ont besoin en utilisant le site Web «Empleos Perú»; le service de conseils pour la recherche d’emploi, une prestation gratuite qui permet aux demandeurs d’emploi de se familiariser avec les stratégies et méthodes efficaces dans le domaine; le Certificat de travail unique, un document électronique gratuit, signé numériquement, qui rassemble les informations nécessaires en vue d’un recrutement; et, enfin, le service d’orientation et d’information sur le travail, qui vise à aider les jeunes à se choisir un métier de façon appropriée, compte tenu de leur profil, et qui leur fournit des informations sur la situation du marché du travail et sur les possibilités de formation existantes. La commission note néanmoins que le gouvernement ne fournit pas d’informations détaillées sur l’effet des mesures prises en faveur de l’emploi des jeunes. Par conséquent, la commission prie le gouvernement de fournir des informations détaillées et actualisées sur les mesures adoptées pour promouvoir les possibilités d’emploi productif et durable pour les jeunes, en particulier celles visant à promouvoir l’accès de ces derniers à l’emploi formel, ainsi que des données précises, ventilées par sexe et par âge, sur l’effet de ces mesures.
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